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Lost - Tout le monde remonte dans l’avion. Encore !

316: Le Retour du Roibat-joie

Par Ju, le 19 février 2009
Par Ju
Publié le
19 février 2009
Saison 5
Episode 6
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Elle était pourtant bien partie, cette saison 5 de Lost. Il commençait pourtant bien, ce sixième épisode. Mais dans le cas de la saison, comme dans le cas de 316, un obstacle est venu perturber leur bon déroulement. Cet obstacle porte un nom. Enfin… un surnom. C’est « Docteur Ducon ». Son surnom. A l’obstacle.

Ouais, c’est ce qu’on appelle une introduction laborieuse. Mais à côté de quarante minutes de Jack Shephard, à froid, comme ça, sans prévenir, je la trouve plutôt impeccable.

Résumé Caricatural, à 28 épisodes de la fin…

Le Docteur Ducon prépare ses petites affaires avant de prendre l’avion.

Un bon démarrage…

Comme j’essayais de le dire dans l’introduction (le petit paragraphe en gras que vous avez sûrement lu il y a trente secondes et qui ne mérite sûrement pas qu’on y revienne si vite), le premier quart d’heure de 316 est très réussi.
La scène d’ouverture sur Lildelost en référence directe au pilote, où Jack se réveille au milieu des bambous avant de retrouver Hurley et Kate, est assez fabuleuse. La cassure avec l’épisode précédent et le fait qu’on retrouve aussi vite ces personnages sur l’île sans aucune transition donnent un aspect irréel à toute la séquence. C’est surprenant, c’est très agréable, et c’est également la première fois que le côté héroïque de Jack parait complètement justifié. Le plongeon est absolument overzetop, bien sûr, mais le contraste avec le Jack barbu et drogué à Los Angeles n’en est pas moins fort.

A peine revenu sur l’île, Jack renait.

La suite est toute aussi réussie. La petite visite guidée de la station Dharma par Mrs. Hawking, bien qu’un peu lourde dans sa façon de lancer des révélations plus ou moins dignes d’intérêt, devient carrément jouissive quand Desmond se décide enfin à réagir. Pendant un moment, j’ai eu très peur que les scénaristes passent complètement sur le fait que Desmond et Hawking s’étaient déjà rencontrés dans la saison 3 (et quelque chose comme 15 ans plus tôt dans la chronologie de la série). Heureusement, ce n’est pas le cas, la révolte de Desmond et sa colère sont justifiées, ce qu’il dit à Jack est intéressant (tout laisse à penser qu’ils ne sont en effet rien de plus que des pions dans une espèce de jeu), et la scène est très originale dans sa construction. Bah ouais, c’est quand même rare dans une série de se demander si un personnage ne va pas à tout moment se prendre un Pendule Géant sur le coin de la tronche.

Notons au passage, à propos du discours d’Hawking sur les « îles qui bougent » et les « poches d’énergies sur Terre » que, si tout est toujours plus drôle en espagnol, tout parait toujours plus intelligent avec un accent britannique irréprochable.

Enfin, dernier point positif avant que l’épisode ne sacrifie tout à l’autel du Docteur Ducon, la petite phrase de Ben avant qu’il ne quitte l’église fout des frissons. Sa promesse à un vieil ami, c’est évidemment celle qu’il avait faite à Widmore de tuer Penny. Et c’est comme ça qu’on fait grimper les enjeux d’un épisode d’un cran.
Ou plutôt, dans ce cas précis, c’est comme ça qu’on fait monter la tension avant qu’elle ne retombe complètement, deux minutes plus tard.

… pour un épisode raté

Passer la moitié d’un épisode avec Jack qui prépare ses valises, rend visite à son grand-père (Hein ?), et qui met des chaussures au cadavre de Locke, quelque part, ça me gène. Et si les épisodes centrés sur le Docteur Ducon sont rarement passionnants, j’ai découvert avec 316 qu’ils deviennent carrément insupportables quand il agit comme un illuminé.

Car oui, cette semaine, le Docteur Ducon est à côté de la plaque. Qu’il soit tout content de voir Sun et Hurley à l’aéroport, pourquoi pas. Qu’il s’attende à de chouettes embrassades en souvenirs du bon vieux temps, ça devient inquiétant. Mais sa façon de se comporter avec Kate, c’est encore d’un autre niveau.
Visiblement, elle ne va pas bien. Visiblement, elle a abandonné Aaron. Mais ça, le Docteur Ducon, il s’en fout un peu. Donc il se tape Kate, lui prépare un café, et vient sans arrêt la voir à son siège dans l’avion, comme un collégien en voyage scolaire, complètement aveugle au fait qu’elle tire une tronche de trois mètres de long. Lui, il est bien trop content que tous ses amis soient là, et il veut juste lui rouler des pelles au fond du bus.

Ou de l’avion.

Donc oui, Jack nous fait une Duconïte Aiguë, sans doute du fait de sa proximité avec Lildelost, mais mon problème avec l’épisode n’est même pas là. Non, mon problème avec 316, c’est qu’il manque d’ambition et qu’on s’y ennuie ferme.
Quelques mystères sont introduits, principalement sur les motivations de chacun pour monter dans l’avion, mais l’épisode manque terriblement de suspense. Et si je pense que ces mystères, couplés au fait que l’action va maintenant se dérouler uniquement sur Lildelost, semblent indiquer un retour prochain des flashbacks, je ne suis pas pour autant sûr d’en vouloir. Un flashback pour m’expliquer que Kate a probablement laissé Aaron avec la mère de Claire, ou que le fantôme de Charlie a donné tous les détails à Hurley et lui a dit d’emmener une guitare, ça ne me branche pas plus que ça.
Quant aux parallèles avec le début de la série, certains sont sympas (une nouvelle BD, Y, El Ultimo Hombre, excellent choix de lecture pour Hurley), d’autres un peu moins. Et la scène de Lapidus, sans barbe, m’a un peu gêné par le ton hyper détendu de sa conversation avec Jack. Ah ? On va se crasher ? Cool.

Sans parler du fait qu’il a perdu sa barbe, lui aussi.

Le manque d’enjeu de l’épisode vient surtout du fait qu’on suit les préparations de Jack, et uniquement de Jack. La scène d’ouverture balaie tout doute (s’il y en avait) sur son retour sur l’île. Il n’y a aucune question non plus sur ses motivations, Jack étant quand même le seul personnage dont on sait qu’il veut retourner sur l’île depuis l’instant même où on a appris qu’il l’avait quittée.
En bref, aucun suspense, pas d’incertitude sur le choix du seul personnage qu’on suit, et un retour sur l’île dont l’aspect le plus spectaculaire est de savoir si nos vaillants héros allaient réussir à passer le portail de sécurité de l’aéroport du premier coup.

Reviens, Ulysse !

Avec tout ça, je n’ai pas encore parlé de mon aspect préféré de l’épisode. Ce qui est arrivé à Ben, Desmond, le petit Charlie, et cette pauvre Penny. Qui est morte. Morte ? Morte. Aucun doute là-dessus. Malheureusement.

Cette toute petite partie de l’épisode est vraiment la plus réussie, et aussi la plus frustrante. On en voit juste assez pour être paniqué, et de ce point de vue le coup de téléphone de Ben depuis un port, le visage ensanglanté, est particulièrement efficace. Mais on ne nous confirme rien. Cet enfoiré de Ben lit même Ulysse dans l’avion, dont le parallèle avec Desmond n’est plus à prouver, mais on continue à ne rien nous confirmer.

Pourtant, pour moi, Penny est forcément morte, car c’est la seule intrigue qui ait du sens, d’un point de vue dramatique. Il va bien falloir ramener Desmond au cœur des intrigues. Il va bien falloir ramener Desmond sur l’île. Et je pense que le besoin de se venger de Ben serait la seule motivation qui pourrait le convaincre d’y retourner. Sans doute avec l’aide de personnes qu’il n’apprécie pas forcément, disons Hawking ou Widmore.
Mais tout n’est pas perdu pour Penny. Desmond nous est présenté depuis le début de la saison comme l’exception, la seule personne capable de changer l’Histoire, celui auquel les règles du voyage dans le Temps ne s’appliquent pas. Suivre Desmond en train d’essayer de changer le passé pour sauver Penny, je trouve que c’est un arc plutôt alléchant.

Ou alors Ben s’est blessé en tombant dans les escaliers, hein.

La Petite Partie Plutôt Pointue : Parenthèse Pompe et Proxy

Dans la critique précédente, je n’ai pas du tout parlé de l’apparition de Christian Shephard qui se la coulait douce au fond d’un gouffre en attendant que Locke vienne tourner la Roue. La raison en est simple : je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il peut bien être. Et, surtout, je suis toujours coincé sur la question la plus passionnante à son sujet : Mais pourquoi il a changé de vêtements, le Docteur Ducon Senior ?

Cette semaine, dans la Petite Partie, on parle de fringues. Et non, je n’ai pas honte. Si la moitié de l’épisode peut être consacré à l’Incroyable Quête du Docteur Ducon pour retrouver une paire de pompes, une quête qui le mènera quand même jusqu’à la maison de retraite de son grand-père, je peux bien parler de fringues.
Et ça m’évitera de me demander si le clan Ducon fait partie de ce genre de famille où le grand-père est en fait le frère du père. Parce qu’ils ont sensiblement le même âge. Et que la grand-mère est aussi la mère.

Donc oui, les fringues, c’est préférable.

Depuis sa première apparition fantomatique, dans le troisième ou quatrième épisode de la série, et jusqu’à la fin de la saison 4, Christian était toujours habillé de la même façon, avec le costume qu’il portait dans son cercueil, et de chouettes baskets blanches trop classes. Cinq ans plus tard, on n’est toujours pas plus avancé sur le pourquoi de son existence, mais on a finalement eu une explication sur ses baskets.
Ceux qui disent que Lost ne répond jamais aux questions les plus importantes peuvent aller se rhabiller.

Et hop ! Une métaphore filée.

Sinon, à part ça, et dans des considérations beaucoup moins fripières, Mrs. Hawking raconte à Jack que le cadavre de Locke doit agir en qualité de proxy, et tenir le rôle que jouait celui de son père dans le vol 815. Quant à savoir pourquoi Lildelost tient absolument à ce qu’un corps soit présent quand un avion vient s’écraser, c’est comme les nouvelles fringues de Christian, un peu décousu.

Ju
P.S. La semaine prochaine, on essayera de ne pas penser au personnage que Zuleikha Robinson jouait dans Rome. Cette garce.
Et on parlera un peu de Lost.