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Ma Semaine à Nous - Critique de l'épisode Semaine de la saison Semaine

N°52: Semaine du 07 au 13 janvier 2008

Par la Rédaction, le 14 janvier 2008
Publié le
14 janvier 2008
Saison Semaine
Episode Semaine
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C’est toujours la grève, mais on tient bon à pErDUSA ! Cette semaine, Ju nous parle de son point de vue sur la grève, et également du prochain Survivor ; Joma nous parle de The Wire, et Blackie nous parle de Gossip Girl et de Grey’s Anatomy. Tigrou aurait du nous écrire un petit quelque chose mais il est difficile de trouver une connexion Internet quand on est SDF. Blair est en page d’accueil, c’est la semaine n°52, et c’est Ma Semaine Supplémentaire de Désespoir à Nous.

Speechless
Ju est laconique, et il n’est pas le seul

Je ne me sens pas trop d’humeur à déconner aujourd’hui. D’avance, excusez-moi si ce qui suit vous semble un peu pompeux et bizarrement nostalgique : c’est ce vers quoi je tends naturellement quand je ne suis pas en train de me moquer des gens avec des jeux de mots foireux.

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais cela fait maintenant deux mois que les scénaristes américains sont entrés en grève, et depuis il apparaît de plus en plus clairement, chaque semaine, que c’est toute la production télévisuelle qui s’éteint doucement.
Tout ça, à cause des scénaristes.

Ca peut paraître douloureux, mais c’est surtout surprenant.
Surprenant dans le sens où, il y a quelques années encore, j’ignorais absolument tout de ce qu’était un scénariste, et du rôle qu’il ou elle pouvait bien jouer dans le produit que je consommais fréquemment à la télévision. Et même si déjà à l’époque je regardais un certain nombre de séries, je ne portais pas plus d’attention que ça au petit « Ecrit par » qui défilait sur mon écran au début de chaque épisode.

Tout ça a changé avec mon premier coffret DVD. La saison 1 de Buffy.
Plus particulièrement, le commentaire audio de Joss Whedon sur le pilote de la série. Un commentaire audio que j’ai écouté par curiosité, d’abord avec étonnement, puis avec une admiration toute naissante. Un commentaire où un mec inconnu il y a quelques minutes encore, parlait de pourquoi il avait créé la série, de ce qu’il avait voulu dire avec cette réplique, et d’où venait son inspiration pour tel ou tel personnage et situation, le tout avec le talent pour la formule, l’autodérision, et une disposition naturelle pour capter l’attention du public que j’ai appris, plus tard, à attendre du bonhomme.
Un nouveau monde s’ouvrait à moi. Un monde où ce qui était devenu « Written by » pouvait changer en quelques secondes mes attentes vis-à-vis d’un épisode. Un monde où, les premiers, les scénaristes de Buffy m’ont appris à reconnaître leur style bien à eux. Un monde qui bientôt s’ouvrait à de nouveaux noms. Un nouveau monde où des Fuller et des Sorkin me donnaient envie de découvrir une série, rien que par leur présence éphémère au générique.

De penser que Jaaaaane, Drew, Brian, Joss, et même Damon et Ron, se pèlent dans la rue en plein hiver au lieu d’être bien au chaud devant leur clavier à travailler à mon unique divertissement, ça m’embête un peu, mine de rien.
Go, Writers.


You know you love her. xoxo
Blackie est une Gossip Girl

C’est au moment où les séries de mi-saison reviennent nous sauver de la crise d’ennui (et d’Oprah) que Gossip Girl connait son dernier épisode pré-grève. Un season-finale-malgré-lui plutôt réussi, qui renvoi au Pilote non seulement par la situation inversée entre Blair et Serena, mais aussi parce que la bloggeuse du titre se trouve enfin une véritable utilité. Ses commérages ont une réelle influence sur l’intrigue et le sentiment paranoïaque que cette paparazzo en herbe pourrait être n’importe qui est bien plus présent. Ce que ne rendent jamais les commentaires vides de la voix off à chaque scène, qui en font une narratrice omnisciente plus qu’un personnage fouineur sans visage.

Ce qui a rendu GG bien meilleur qu’à ses débuts et m’a gardée accrochée tient bien sûr en un seul personnage, qui porte quasiment tout le charisme de la série sur ses épaules.
Blair Waldorf est la belle garce au cœur blessé dans toute sa splendeur, celle qui provoque des rires sadiques suivis de larmichettes en un clin d’œil, et cultive l’envie irrépressible de s’acheter plein de fringues immettables. En somme, la parfaite incarnation de ce qu’aurait été une Julie Cooper née avec les privilèges de Summer Roberts. Josh Schwartz a clairement trouvé sa nouvelle Melinda Clarke : vénéneuse, fascinante, d’une classe à toute épreuve.
Si Serena évite d’être une Marissa 2.0 à ses côtés, c’est vraiment de justesse.

Je pourrais reprocher à cette première saison des intrigues généralement faibles, des tensions souvent trop vite réglées, ainsi qu’un casting masculin plutôt têtes-à-claques. Mais voilà, les histoires d’alcool et de cul de gens beaux très riches, enrobées d’une bande son plutôt cool, c’est une recette que Schwartz a du mal à rater. Surtout lorsqu’il retombe dans ses ‘travers’ en faisant des parents les personnages les plus réussis de son teen show. Gossip Girl n’est pas The OC et ce n’est peut-être pas un mal. Elle se termine sur une assez jolie note pour en souhaiter vite fait le retour, avec une Queen B au top de sa forme.


pErDUSurvivor
Ju est un Survivor, un vrai

Je vais vous révéler un petit secret de fabrication : en ce moment, dans les locaux de pErDUSA, c’est plutôt la déprime. La grève qui se fait vraiment sentir, et tout ça. Heureusement, une lueur lointaine, là-bas à l’horizon, nous permet de résister à la rigueur hivernale et de garder le moral. Cette lueur, c’est la seizième saison de Survivor, qui opposera des fans à des anciens candidats.

Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce que chacun d’entre nous a choisi (plus ou moins) un fan et un favori à défendre, en se basant uniquement sur leurs livres/séries/jeux/boissons/céréales préférés. Chacun a son équipe. Chacun veut remporter un million de dollars. Par procuration.
Voici les résultats.

Les "Favoris"
Les "Fans"

Avec les pastilles roses, Jéjé a choisi Ami, la lesbienne sexy de Vanuatu, et Mickey B., un pseudo écrivain de Boston qui n’a aucune actrice préférée et boit de la bière. Comme Jéjé.
Armée des pastilles mauves, Feyrtys mise tout sur Cirie d’Exile Island (celle qui a peur des feuilles), et Tracy, une bûcheronne effrayante qui n’a pas été au cinéma depuis 25 ans.
Joma, en vert, n’a pas choisi Eliza et Mary, les deux jolies brunes à forte poitrine, par hasard. En fait, il ne les a pas choisi du tout, mais il est obligé de jouer, comme tout le monde.
Blackie, elle, n’a aucune chance de gagner. Non seulement une de ses pastilles jaunes s’est arrêtée sur Parvati Shallow, mais en plus elle a été contrainte et forcée de choisir Eric parmi les nouveaux. Le geek à la tignasse blonde et au mini short vert. Elle a de drôles de goûts, Blackie.
En orange, Drum a choisi Amanda parmi les anciens, en dépit du fait qu’elle vient de perdre Survivor China. Ensuite, parce qu’il n’était pas dans le coin pendant que ce texte a été écrit, il doit se coltiner Chet dans l’autre équipe. Rien de mieux qu’un mec qui s’occupe de concours de beauté pour aller avec une ancienne Miss.
Moi-même, en « Bleu Edusa », j’ai choisi Jonathan et Alexis. Jonathan de Cook Island parce que c’est un gros traître. Et Alexis en suivant ma technique de sélection habituelle : parce qu’elle est toute mignonne.

Enfin, Tigrou (en bleu ciel), Gizz (en vert foncé) et Lyssa (en rouge) n’étant pas là, leurs équipes ont du leur être donnée au hasard. Presque au hasard.

Les deux candidats aux pastilles noires n’ont aucune chance de gagner, ils n’appartiennent donc à aucune équipe. Quoi qu’il en soit, soyez sûrs qu’on vous tiendra au courant, dans les semaines à venir, des éliminations de vos rédacteurs préférés.
Sauf si, évidemment, un des deux outsiders venait à remporter la saison, prouvant une bonne fois pour toute qu’on n’y connaît vraiment rien en Survivor et qu’on ferait mieux de se taire.


Allo ? J’écoute !
Joma a cédé à The Wire. Mais pas à l’appel de la conformité

Il m’aura fallu une grève, la trêve de Noël, et une âme charitable qui me prête enfin les épisodes de The Wire, pour que je redonne sa chance à la série... Enfin, plutôt que je lui donne sa chance. Parce que ce n’était pas un ou deux épisodes vus vite fait sur Canal Jimmy lors de sa diffusion française, puis la vision de la première moitié de la saison 4 qui m’avait vraiment donné un aperçu de la série. Des fois, faut être honnête.
Au final, je suis content de comprendre enfin pourquoi au dernier pErDUSAparis, lors de la soirée au restaurant, Jeje s’était exclamé : Homard ! Homard ! En regardant la carte.

Si je ne suis pas surpris de la qualité, après tout, l’unanimité sur la série devait bien venir de quelque part, je ne me range pas dans le groupe de soutien qui jure que The Wire est la plus grande série du monde.
"The show has become an object of worship among critics and culture snobs". Cette phrase, dixit Jeje, s’adresse bien au fan de The Wire qui semble être devenu peu à peu un objet de culte. Or, ce n’est pas parce que notre société baigne dans un monothéisme béat qu’on ne peut pas faire cohabiter plusieurs séries dans notre panthéon.
The Wire est bien une des meilleures séries écrites, mais de là à dire que Oz, Rome, Deadwood, Carnivale, ou Six Feet Under (je rajouterais bien The Sopranos si je regardais mais bon, j’attendrais la prochaine grève pour ça) ne sont pas du même niveau, est un pas que je ne franchirais pas. (Ah tiens c’est marrant ce ne sont que des séries HBO.)
Certes, les personnages de la série sont fouillés, loin de tout stéréotype, et ils évoluent au contact des intrigues comme des gens qu’ils croisent. Mais les Fisher, Tobias Beecher, ou Seth Bullock par exemple en font tout autant.
Toute bonne série avec un minimum d’action doit avoir des méchants de qualité. Et la série n’en manque pas avec Omar, l’homme au canon scié de West Baltimore qui flingue et détrousse les dealers. Stringer, le chef de bande qui voulait aussi être un chef d’entreprise. Marlo le petit nouveau bien plus intelligent qu’il n’y paraît. Mais franchement, est-ce que Brother Justin a à rougir de la comparaison ? Pas besoin de drogue pour corrompre les âmes pour cette imposante silhouette, juste sa voix et une radio. Vern Schillinger ou Adebisi n’ont rien à envier à la violence des dealers de Baltimore et Ems city vaut bien les quartiers ouest de la ville du Maryland. L’intelligence d’Al Swearengen rivalise avec celle de Stringer, et les deux utilisent les moyens légaux mis à disposition par la société, ou les détournent, pour leur profit. Et que dire des femmes de Rome, qui, j’en suis sur, prendraient le contrôle de n’importe quel « corner » de la ville.
Une des forces de The Wire c’est une intrigue, complexe, liée, répartie sur 5 saisons. Une visite guidée de Baltimore par un tour operator loin des préoccupation touristiques. Dans cette ensemble, chaque pièce apportée n’est pas là par hasard, Ed Burns et David Simon savent où ils vont. Mais, sans vouloir leur manquer de respect vu le travail accompli sur The Wire, vous croyez que Tom Fontana s’était lancé dans Oz à la légère ? Que David Milch ou Daniel Knauf écrivaient leurs séries au hasard, sans préparation ? Au vue des saisons que j’ai vu, je ne le crois pas.
Alors oui, The Wire est en prise directe avec la société US, traitant chaque saison d’un sujet épineux pour montrer la faillite d’un système et le destin inéluctable d’une partie de la population. Destin qui pourrait être aussi celui du téléspectateur moyen face à ce même système, même si pour lui, les dés sont moins pipés. Mais les autres séries le sont tout autant parfois de manière plus détourné.
Oz, par l’entremise d’Ems city peut être le reflet parfait de Baltimore ouest. Les cellules remplaçant juste les coins de rues (et la présence d’acteur partageant les deux séries peut même aider à une certaine identification) mais l’idée d’ausculter nos défauts au travers d’un échantillon pas forcément représentatif de la population, est bien là.
Deadwood nous raconte la même chose, certes, pas de drogue ou de communauté en crise, puisqu’il s’agit d’une société en devenir. Mais justement, par les bases qui sont posées dans cette petite ville du Dakota, ou les manœuvres, les magouilles mises en œuvre à l’édification des institutions et au rattachement à l’état fédéral, on sent déjà que l’arbre est pourri et que les situations vues dans The Wire ne sont pas le fruit du hasard.
Rome semble loin de nos préoccupations actuelles mais c’est justement dans ce passé lointain que se trouve un des avenirs possibles pour nos sociétés malades. Rome nous montre comment une république peut abdiquer toute volonté lorsqu’une grande partie de ses institutions sont corrompues et mènent forcément au chaos. Mais de l’anarchie naît forcément l’envie de retrouver des valeurs et un ordre perdu, terreau fertile pour assouvir les ambitions politiques les moins républicaine. Quand on voit aujourd’hui avec quelle facilité les marchands de peur arrivent au pouvoir légalement, on se dit que l’homme n’apprendra jamais rien.
Pour ces quelques raisons, celles qui me viennent à l’esprit le plus facilement en tout cas, voilà pourquoi je ne considère pas The Wire comme la plus grande des séries.

Grande, elle l’est, sans aucun doute là-dessus - et rien que pour ça, elle mérite d’être vue - mais elle n’est pas la seule.
Alors, si jamais vous êtes d’accord avec moi et que l’on vous saoule avec la plus grande histoire jamais comptée, ou que vous vouliez éviter de faire remarquer que The Wire est devenue un point Godwin quand on parle de qualité dans les séries, faites donc une réponse que ne devrait pas renier "Bunk" Moreland et Jim McNulty : Fuck ! Fuck ! Fuck ! ! Fuck me ! Fuck ! Fuck ! Fucking Mother Fucker ! Fuck ! Fuck ! FUCK !


Crise de foi (non je n’ai pas trouvé plus naze)
Blackie cherche du réconfort dans Grey’s Anatomy

Je crois que la grève des scénaristes a desséché mon cerveau. Que j’apprécie un épisode de Grey’s Anatomy, ce n’est pas nouveau, mais un épisode de Grey’s Anatomy sur la foi, je n’aurais jamais cru pouvoir supporter un combo pareil. On connait tous le talent de la série pour transformer des sujets banals en réflexions nauséeuses, alors déblatérer pendant quarante minutes sur ce pêché qu’est le divorce, la croyance en soi, les guérisseurs magiques et le miracle de la vie a de quoi faire très peur. A moins bien sûr que vous ne soyez un crazy christian, auquel cas je ne peux rien pour vous.

Pourtant, disais-je, cet épisode se voit très bien rattraper ce thème lourdingue. En particulier parce qu’il laisse exceptionnellement la voix off à Miranda Bailey, comme c’était le cas l’an passé avec Cristina. Et quand Chandra Wilson débite ses trois phrases insipides en début et fin d’épisode, la différence fondamentale est qu’on l’écoute. Surtout si son discours religieux lui sert à râler sur les mecs. Malgré son intrigue clichée de femme à carrière qui ne peut donc pas être une bonne mère, Bailey arrive encore et toujours à s’imposer et à émouvoir. Sa confrontation avec Hahn, le meilleur nouvel ajout de cette saison (désolée Lexie), fait des étincelles et offre une très belle scène pour quiconque aime pleurnicher devant son soap. Moi, je suis ravie.

Pas de changement majeur autour de cela, si ce n’est une dispute entre Derek et Meredith ayant enfin un peu de sens. Mais comme à son habitude, la série trouve suffisamment d’éléments agréables ou touchants pour faire avaler cette énorme pilule, dont le miracle final me donne presque envie de rouler des yeux en me mettant deux doigts dans la gorge. Presque. Damn you, Chandra Wilson !

la Rédaction