Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
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Ma Semaine à Nous - Critique de l'épisode Semaine de la saison Semaine

N°90: Semaine du 26 janvier au 01 février 2009

Par la Rédaction, le 2 février 2009
Publié le
2 février 2009
Saison Semaine
Episode Semaine
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Cette semaine, pErDUSA fait la part belle aux petits chaînes du câble, de Lifetime à Comedy Central en passant par DirectTV. Drum revient sur Trust Me, Jéjé sur le téléfilm de Lifetime, Ju sur un invité très spécial du Colbert Report et du Daily Show, et Joma sur Wonderland, une petite perle oubliée. En cette période de revendications sociales, pErDUSA n’hésite pas à dire : les petites chaînes ont aussi des choses à dire ! Pour célébrer cette idée hautement révolutionnaire et pas du tout démagogique, Stephen Colbert est à l’affiche. Big networks, you’re on notice.

Et si Mad Men était écrit par les scénaristes de Brothers and Sisters ?
Drum a regardé Trust Me, et il a même des choses à dire.

Comparer Trust Me avec Mad Men serait trop facile et injuste. Je ne parle pas du fait du que les deux séries se déroulent dans le milieu de la publicité. Non, ce serait comme comparer une série de qualité, intelligente et originale avec un caillou. Dans cette analogie, pour que les choses soient claires, Trust Me est le caillou.

Mais un caillou, ça peut être utile. Les filles s’en servent à jouer à la marelle, et les garçons peuvent les utiliser pour dégommer des canettes de Coca. Comme un caillou, Trust Me n’est pas totalement dénoué d’intérêt. C’est une série mal écrite, aux rebondissements lourds et prévisibles, mais plutôt bien jouée avec des personnages attachants. Un peu comme Brothers and Sisters.

Trust me, c’est l’histoire d’un duo de publicitaire (Will de Will and Grace et Ed d’Ed) qui doivent gérer le fait que la promotion de l’un d’eux (Will de Will and Grace). Au pitch, si vous êtes normalement constitué, votre haine légitime envers l’agent d’Eric MacCormack qui le pousse à continuer à jouer la comédie doit vous aveugler au point que la série ne représente aucun intérêt pour vous. Et c’est tout à fait compréhensible. Mais votre nostalgie pour Ed peut contrebalancer cette haine et vous pousser à essayer Trust Me.

Et là, quand on part du fait qu’on ne peut que être déçu, Trust Me s’avère ne pas être catastrophique. Juste moyen. Le pilote est affreusement prévisible, mais Ed et Monica Potter (oh surprise) s’en sortent plutôt bien. Trust Me fait partie de cette vague de séries de network coincée sur le câble, à la Monk ou Psych. Une série qui se laisse regarder mais dont l’annulation ne vous peinera absolument pas.


Wonderland
Joma rend hommage.

DirecTV’s The 101 Network est en train de devenir mon petit network préféré. Après nous avoir offert une très bonne saison 3 pour Friday Night Lights, voilà que la chaine nous donne l’occasion de voir une autre série produit par Peter « Billy Kronk » Berg.
Wonderland n’est pas une nouvelle série, c’était un projet pour ABC, de la fin de saison 1999/2000, qui n’a été à l’antenne que pour deux petits épisodes. Il faut dire que placer le quotidien d’un hôpital psychiatrique vraiment pas glamour en confrontation direct avec Urgences alors en plein boom, ce n’était pas une super idée.
Donc, comme je le disais, Wonderland c’est le quotidien des docteurs d’un hôpital psy, et de leurs patients. On y retrouve un Ted Levine sérieux avant de partir faire le bouffon sur Monk, un Martin Donnovan tout gentil avant de finir en agent de la DEA dans Weeds, Billy Burke avant de retomber dans l’anonymat de guest dans 24, et une fabuleuse et talentueuse Michelle Forbes, déjà prête à se faire psychanalyser et dont le personnage s’appelle... Lyla Garrity. (Oui Peter Berg est légèrement obsédé.)
Sur les deux premiers épisodes que j’ai vu, la série est pas mal, avec un ton assez sombre. Les personnages ont chacun leur personnalité bien établies et on prend le temps de s’occuper des patients, comme par exemple le cas du personnage de Leland Orser. Les acteurs font du bon boulot, mais j’en attendais pas moins de Michelle.
Berg a expliqué qu’ils tournaient dans un vrai hôpital, les chambres des patients servant de loge pour les acteurs, et ça ce ressent sur l’ambiance de la série.
Direct TV doit diffuser les 8 épisodes tournés à l’époque, on aura ainsi la chance de tout voir même si l’on sait que le développement des personnages ne sera pas complet et qu’il y aura forcément de la frustration à la fin, au moins pour moi.
En tout cas pour l’instant je suis content que l’on nous donne l’occasion de revoir dans de bonne condition une série disparu trop tôt.


My Gayest Week – Prayers for Bobby
Jéjé regarde Lifetime.

Cette semaine, j’ai regardé le « Movie of the Week » de Lifetime.

Certes, le titre est décevant. Prayers for Bobby. C’est sobre et adéquat.
Il aurait été tellement plus simple de commencer un texte sur « Crime of Passions : She woke up pregnant », « Baby Monitor : Sound of fear » ou bien « Why I wore Lipstick to My Mastectomy » (avec Sarah Chalke, quand même). J’y serais allé de ma petite blague facile mais hype avec une ou deux parodies de titres (ben oui, Tina Fey fait ce genre de choses dans 30 Rock (cf. « A Dog Took My Face And Gave Me A Better Face To Change The World : The Celeste Cunningham Story) et gagne plein de petites statues dorées).
Mais un résumé littéral de l’histoire fera aussi bien l’affaire. « Bobby est une blanche colombe qui porte le lourd fardeau d’être un adolescent homosexuel aux débuts des années 80. Si ses frères et sœurs acceptent sa différence avec sympathie, sa mère a peur. La famille ne sera pas réunie au complet au Paradis. Il faut soigner Bobby. A l’aide de citations de la Bible sur des post-its collés partout dans la maison. A l’aide d’un psy. A l’aide de grandes phrases comme « Pourquoi as-tu choisi d’être comme ça ? » et « Je n’aurai jamais un fils homosexuel. » Ça ne marche pas. Bobby est déprimé.

Il part quelque temps à Portland chez sa cousine/meilleure amie de la Terre si sensible. Il rencontre le plus beau des hommes qui le présente à ses parents, allégories de la tolérance et de l’empathie. Il revoit sa mère. Elle est toujours aussi butée. Il se jette d’un pont au-dessus d’une autoroute. Il meurt.
Sa mère ne comprend pas. Elle fait des recherches sur l’homosexualité. Elle rencontre un prêtre qui lui explique qu’on peut ne pas faire une lecture littérale de la Bible. Il la mets en contact avec des parents d’enfants homosexuels. Le prêtre veut que la ville organise une journée de la visibilité homosexuelle. Un débat télévisé est organisé au conseil municipal. La mère fait un discours prompt à convaincre George Bush Jr. et Mahmoud Ahmadinejad de voter pour le mariage gay. Le conseil municipal rejette quand même la proposition. La mère part avec toute sa petite famille à la Gay Pride de San Fransisco. Elle embrasse le fantôme de Bobby. Fin. Cartons expliquant la suite du combat de la femme qui a inspiré ce téléfilm. »

J’ai regardé ce téléfilm dans l’intention de me moquer. J’avais tout simplement envie d’écrire le paragraphe précédent et j’avais quelques bonnes raisons de le faire. La dichotomie entre le camp des tolérants et celui des obscurantistes est trop appuyée, le changement de l’état d’esprit de la mère se fait trop rapidement, les gimmicks de réalisation pour montrer le désespoir de Bobby se révèlent artificiels et inutiles…
Mais au final, ma démarche se révèle plutôt vaine. Je ne fais pas partie du public visé par Lifetime, chaîne qui n’a pas pour objectif de produire des chefs-d’œuvre universels. Ce téléfilm n’avait aucune chance de me satisfaire par sa forme, seules l’adhésion naturelle à son propos et la force intrinsèque de cette histoire vraie expliquent mes quelques larmes vers la fin.
Pourtant, avec le recul, Prayers for Bobby n’apparaît pas dépourvu d’intérêt. Il n’esquive pas son sujet et traite frontalement l’homophobie comme une conséquence du rétrécissement des esprit provoqué par une pratique religieuse sans recul. Sur HBO, ce propos n’aurait rien de révolutionnaire, sur Lifetime, il est réjouissant. Le personnage incarné par Sigourney Weaver n’est pas la caricature de la bigote aigrie monstrueuse, qui n’aurait aucune chance de résonner même chez le plus abruti des téléspectateurs de la chaîne. C’est un personnage qui veut bien faire, qui a de bonnes intentions, qui aime sa famille. Mais qui ne réfléchit pas. Qui s’aveugle dans une foi dictée par ses pairs. Plus fort que le simple « l’homophobie, c’est mal », le message porte sur la bêtise des comportements dictée par une foi paresseuse. Il est assez inhabituel dans les fictions à vocation familiale (oui, Secret Life of An American Teenager, sens-toi visée !) pour être remarqué et même si l’histoire narrée se déroule il y a 25 ans, il trouve encore de l’écho à une époque où le débat sur le mariage gay aux Etats-Unis est gangrené par les considérations religieuses.

Prayers for Bobby, réussi ? Pas vraiment.
Important ? Peut-être.


De Pluton à Pluton : UberNerd Funky Time !
Ju fait dans l’astrophysique

Les deux programmes dont je vois le plus d’épisodes chaque année sont aussi ceux dont on parle le plus rarement sur pErDUSA : The Daily Show et The Colbert Report. Et c’est justement parce que quatre épisodes sont diffusés par semaine que j’ai pris la (mauvaise) habitude de sauter systématiquement les six minutes d’interview en fin d’émission. Sauf en présence d’une invité que je me dois absolument de voir, ça fait toujours un petit quart d’heure de gagné par jour.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est parce que, justement, cette semaine était invité au Daily Show une de ces personnalités dont je ne me lasse jamais, Neil DeGrasse Tyson, astrophysicien génial qui vaut très largement qu’on lui perde six ou sept minutes. Neil DeGrasse Tyson détient le record du nombre d’invitation au Colbert Report, cinq en trois ans, et il suffit de le voir discuter avec Colbert ou Stewart pendant une paire de minutes pour comprendre pourquoi : le mec transpire l’intelligence, et il possède un enthousiasme communicatif qui fait de lui le client de talk show idéal. Et pour ne rien gâcher, il est parfaitement réceptif au style d’humour des deux émissions, sait en jouer, et porte des cravates avec des motifs d’astres à faire mourir d’envie tous les profs de physique dont vous avez pu croiser le chemin.

Alors oui, l’astrophysique relève un peu de la masturbation intellectuelle, ça n’a pas vraiment d’application dans la vie de tous les jours, mais moi, ça me fera toujours rêver. Et encore plus lorsque c’est raconté par Neil DeGrasse Tyson.

Dans sa première interview avec Colbert, fin 2005, il venait annoncer que Pluton n’était plus une planète. Dans celle de cette semaine chez Stewart, il revient encore parler de la classification de Pluton. Entre les deux, plusieurs autres interviews, certaines sur Pluton, d’autres sur des sujets un peu plus passionnants. Parce que je ne sais pas pour vous, mais moi, de savoir si Pluton est une planète ou non, ça ne m’intéresse que moyennement. Ok, il va falloir que je me trouve un nouveau moyen mnémotechnique pour me souvenir de l’ordre des planètes dans le Système Solaire ("Méchant, Vilain, Terriblement Mesquin, Je Suis Un Nouveau Perdusien" n’a plus aucun sens sans Pluton), mais à part ça, les autres sujets abordés sont bien plus passionnants.
Jugez Pluton [1] : la création de l’Univers et l’extinction de l’Humanité en deux minutes, la Nouvelle Terre, la Matière Noire, ou la Vie sur Mars chez Colbert, ou encore la Fin de l’Univers chez Stewart (un sujet auquel il ne faut pas trop réfléchir, sous peine de déprime sévère pendant plusieurs semaines), il y en a pour tous les goûts.

Enfin, pour finir sur un dernier lien, je vous conseille aussi d’admirer Stephen Colbert se lancer dans une carrière d’astrophysicien sous l’œil protecteur de Neil DeGrasse Tyson, lors d’une visite au Hayden Planetarium à New York. Amusez-vous bien. Et ne pensez pas trop à la fin de l’Univers.

la Rédaction
Notes

[1Ah. Ah. Ah. Blague d’astrophysicien.