Et bordélique, c’est un bon adjectif pour décrire la saison 1 jusque là. Mais quitte à avoir un défaut, celui-ci n’est pas si mal. Être bordélique est considéré par l’expression d’un esprit créatif et, à défaut d’être une série parfaitement formatée dès sa sortie, The Mindy Project s’est visiblement améliorée depuis son pilote.
Mais cette amélioration était lente, tellement lente que l’envie de décrocher devient assez forte aux moments les plus faibles de la série. Mais le problème ne vient pas uniquement du produit en lui-même mais de la manière dont la série a été vendue et la communication faite autour de la série tout au long de la saison.
Mindy Kalling était principalement connue pour sa participation à The Office. Le développement de sa série, à l’origine pour NBC puis acheté par la FOX, était un projet qui a attiré pas mal de presse. Et lors de la pré-rentrée, les critiques étaient vraiment enthousiastes.
Visiblement, nous n’avions pas vu le même pilote.
Celui de Ben and Kate, diffusé le même soir, a fait meilleure impression. Et l’effet de surprise y a joué pour beaucoup. Si celui de feu Ben and Kate nous a agréablement surpris, celui de The Mindy Project n’était pas à la hauteur de nos attentes. Mais en soi, ce n’était pas un pilote si catastrophique. Dans un environnement dénué de toutes impressions préconçues, il n’avait pas plus de problèmes que celui de Happy Endings, qui s’est avéré être un solide élément du parc de comédies américaines. Dans le même état d’esprit, il ne donne pas envie d’arrêter le visionnage avant la fin de la scène d’ouverture contrairement à How To Live With Your Parents For The Rest of Your Life.
De ce fait, même si je peux comprendre que l’humour n’est pas du goût de tout le monde, et que la presse spécialisée et la FOX ont sur-vendu la série, il y a toujours une partie de moi qui a voulu croire en la série. Et ça, c’est la faute à Tina Fey. Si elle a réussi a transformer 30 Rock en une saison, et à tirer une solide sitcom de son pilote bancal, il y avait des chances que cela se reproduise avec Mindy et son Project. Et je ne suis pas seul à penser de la même manière. Ce fameux « effet 30 Rock » est aussi l’un des arguments de Nicolas Robert sur l’effet mitigé que provoque la saison 1 de Go On. Tina Fey nous a rendu un peu plus patient sur des sitcoms à potentiel.
Contrairement à Go On qui vacille entre le bon et moins bon, The Mindy Project règle petit à petit ses problèmes. Et l’amélioration est constante. Lente mais constante. Le premier souci que la série a pris le temps de régler est la réduction de sa distribution. Le plan social a fonctionné, parce que entre le boss de Mindy, les partenaires de Mindy, l’équipe de Mindy et les nombreuses meilleures amies de Mindy, ça en faisait du monde autre de Mindy. Et je ne compte pas le stagiaire de Mindy et le frère de Mindy qui repassent devant la caméra de temps à autre.
Le problème d’une distribution à rallonge est que cela limite le temps d’antenne pour se familiariser et apprécier tous les autres personnages qui ne s’appellent pas Mindy. Se concentrer sur un groupe de six acteurs réguliers dont deux utilisés sporadiquement est une bonne idée. Cela permet de mieux planter les décors et de découvrir et utiliser les forces de sa distribution secondaire. Danny est le personnage qui a le mieux profité de ce reformatage. Et même si ce n’est pas l’élément le plus visible de ces améliorations, c’est l’un des plus importants.
En effet, en tant que premier rôle masculin, le personnage se doit d’être solide pour équilibrer au mieux la série. Et c’est le cas. La résolution du cliffhanger qui lance la série sur sa dernière ligne droite se doit de confirmer ce point. Il s’agit d’une prise de confiance de la série quant à sa distribution, en effet, ce cliffhanger ne se centre pas sur Mindy et adresse une caractéristique principale de Danny souvent référencée.
Mais ce reformatage a l’écran n’est pas le plus important, le vrai changement clairement visible depuis trois épisodes est l’embauche de deux scénaristes clefs du succès de 30 Rock, Jack Burditt et Tracy Wigfield. Ces professionnels entraînés sur une comédie structurellement similaire ont apportés leur expertise à l’écriture de The Mindy Project. Et c’est ce qui manquait à la série. Il est important d’avoir des comédies qui restent longtemps à l’antenne. Pour permettre à ces séries de se renouveler, elles se doivent d’engager de nouveaux talents qui, une fois formés, pourront exercer ailleurs. Just Shoot Me ! était une solide comédie des années 90 et, même si elle est moins connue que Seinfeld ou Friends, a été une usine à talents. Steven Levitan, son showrunner et celui de Modern Family, a su engager et former des scénaristes qui sont à la tête de l’écriture d’un grand nombre de comédies actuellement à l’antenne ou en développement.
Sans passer par la folie des années 90 où écrire un épisode de Seinfeld garantissait d’avoir son pilote l’année suivante, la réduction du nombre de comédies de network a limité ses camps de formation. C’est pour cela que des séries comme Modern Family sont importantes. Elles ne génèrent peut être plus autant d’intérêt qu’à ses débuts, mais c’est l’une des rares comédies à avoir trouvé son rythme et ses forces dès sa création (comme beaucoup de séries de Steven Levitan). The Mindy Project a la chance de pouvoir avoir une humoriste à la voix particulière et peu usitée dans sa série précédente. Le fait qu’elle puisse la canaliser et l’exploiter au mieux avec des professionnels qui viennent avec un regard neuf et expérimenté sur son travail donne une succession de trois épisodes vraiment réussis.
Il est temps de regarder la série car si elle confirme sa sortie avec une fin de saison du même calibre, The Mindy Project sera enfin la série qu’on nous a vendu cet été.