Les critiques de pré rentrée étaient élogieuses. Pourtant, le pilote nous a quelque peu déçu. En soi, ce n’était pas très grave. Le pilote de 30 Rock était loin de faire l’unanimité, et sept ans après, nous sommes tous d’accord pour dire que la série de Tina Fey était un bel investissement à long terme.
Non, le plus perturbant était le décalage entre ce que les critiques voulaient nous vendre et le produit en lui-même. J’ai un seuil de tolérance assez élevé concernant Mindy Kalling, et ce pilote m’a déçu. Que la FOX fasse de la sur enchère de promotion sur sa nouvelle série, c’est plutôt logique, mais je ne comprends pas que les critiques aient pu être si élogieuses et unanimes. Avec le recul, je pense que les critiques attendaient tellement un renouveau de la comédie américaine qu’ils se sont emballés bien trop vite quant à la série.
A mes yeux, le vrai test ne vient pas d’un pilote mais de la période novembre décembre. Joey et Veronica’s Closet ont prouvé qu’un bon pilote peut être une chose aisée, garder le niveau de qualité et l’intérêt du téléspectateur de semaine en semaine est une tache plus ardue. En fin d’année calendaire, l’enthousiasme du début de saison et du retour de nos séries après un été difficile est estompé. Il ne reste que la dure réalité de la division des séries en 3 groupes : celles qu’on regarde le plus vite possible, celles qu’on met de côté pour se faire une petite intégrale, et celles qu’on se force à regarder.
Go On et The New Normal sont rapidement passés dans ce troisième groupe dans mon cas. Guys With Kids a vite été rétrogradé dans la seconde catégorie. Parmi les nouvelles séries, seules The Neighbors, Ben and Kate et, à ma grande surprise, The Mindy Project ont su restés dans la premier lot.
The Mindy Project s’est beaucoup amélioré depuis son pilote et je prends de plus en plus de plaisir à suivre le quotidien du Docteur Mindy Lahiri. Cependant, malgré cela, si le pilote vous a déplu, je n’irai pas jusqu’à conseiller de reprendre la série à tout prix. The Mindy Project est beaucoup plus fluide que ce que le pilote laisse suggérer, et le personnage principal fait moins « rescapée d’une comédie romantique ». Le problème majeur du pilote est qu’il nous laissait croire que Mindy Kalling avait volé un script destiné à être un film avec Katherine Heigl. Elle ne se moquait pas des clichés de comédies romantiques, [1], elle prenait un malin plaisir à les enchaîner un à un.
Cet aspect là a été corrigé très rapidement. The Mindy Project est une comédie de bureau à la structure similaire à celle de The Office. On suit à la fois le quotidien du cabinet médical, et une intrigue sur la vie personnelle de Mindy. Si vous craignez que The Mindy Project soit une série de midinette, vous pouvez revenir. En revanche, si vous êtes allergique à Kalling et à son type d’humour, vous pouvez passer votre chemin.
Kalling a une voix très forte et la série est vraiment à son image. C’est à la fois le point faible et l’attrait de la série. Je peux comprendre que l’on adhère pas à son humour, mais au moins, la série a une identité propre. Mindy Lahiri est un personnage bien formé à plusieurs facettes. Mon principal problème avec New Girl est que chaque personnage, et principalement Jess, a un champ d’action et une personnalité limitée. La série joue se repose quasi uniquement sur l’eccentricité de Jess. Mindy Lahiri est une bosseuse, égocentrique, très girlie, immature sur certains aspects mais aux fortes valeurs et qui aime la compétition. Chaque épisode joue sur un de ses aspects formant un personnage principal cohérent.
On peut passer tout un épisode sur la compétition entre Mindy et un de ses collègue en lui prouvant qu’elle peut être une de ses patientes, tout comme, cette semaine, un épisode peut être centré sur Mindy qui a la force et l’intelligence de défendre son cabinet et qui assume sa place dans son travail.
Le reste de la distribution n’est pas encore aussi bien étoffé et va être source de remaniement. Une rétrogradation au statut de guest star d’une des actrices régulières et le renvoi d’une autre laisse penser que la série n’a pas encore trouvé à 100% son rythme de croisière. Mais j’aime que l’identité du personnage principal soit clairement définie. C’est sur que c’est n’est pas très tendance de préférer The Mindy Project à New Girl, mais j’aime le fait de suivre une série d’une vraie humoriste capable d’écrire, de produire et d’être la star de sa propre série sans avoir à rougir du résultat.
J’aime Julia Louis-Dreyfuss [2], et c’est une actrice prodigieuse. En revanche, j’aurais toujours un tout petit plus de respect pour une Tina Fey capable de porter plusieurs casquettes. En lui laissant un peu de temps, Mindy Kalling a le potentiel de nous proposer une série plus intéressante que le pilote laissait suggérer. Et déjà, rien que de voir ses progrès en moins d’une demie saison, je suis plus confiant pour la suite. Mieux que confiant, je suis même impatient.