De plus, le fait que sa série ait mis du temps à trouver son équilibre n’a pas aidé.
Regarder un épisode de la première saison de The Mindy Project met en avant les deux affirmations suivantes : la moitié de la distribution n’est plus au générique de la série et il y a presque autant d’éléments qui fonctionnent que d’éléments qui posent problème.
Et il faut se rendre à l’évidence, même si Mindy ne m’aide pas beaucoup, la série doit aussi lutter contre des mentalités qui assignent une image négative aux sujets qu’on associe aux femmes. Cette lignée de pensée qui faire dire que « Dallas, c’est un soap, donc c’est nul » et que « The Good Wife, c’est un truc pour les vielles ménagères ». Cette image de la série a pour avantage de faire une sélection naturelle et d’exclure de son public toutes ces personnes qui ne regardaient pas Cougar Town, mais qui seraient intéressés, en revanche, par une comédie où Matthew Perry couchait avec des femmes de la moitié de son âge. Pour le reste, les gens de bons goûts qui ne regardent pas The Mindy Project, j’avais besoin d’un exemple d’épisode à leur montrer.
Même si j’ai une affection particulière pour les épisodes où Mindy se rend au sermon de son nouveau petit ami, Casey, le Pasteur et pour celui où elle rencontre un gigolo incarné par Josh Meyers, ces épisodes ne sont pas exempts de défaut. Et puis, la troisième saison de la série a été lancée il y a quelques semaines. Si « We’re a Couple Now, Haters » était très solide, c’est n’est que lors du visionnage du second épisode, que je me suis enfin dit, voici l’épisode de The Mindy Project où tout fonctionne, celui que je pourrais utiliser lors de ma propagande Pro-Mindy.
« Annette Castellano is My Nemesis » se divise en deux intrigues principales. D’un côté Mindy rencontre la mère de Danny, son collègue avec qui elle a entamé une relation sérieuse, de l’autre, Morgan doit se résilier à donner ses chiens depuis l’apparition d’une allergie chez sa copine et collègue, Tamra. Après une quarantaine d’épisodes, The Mindy Project ne se moque plus des clichés des comédies romantiques. La série en est une et elle l’assume fièrement. Romantique certes, The Mindy Project est surtout une comédie piquante, drôle, et pas absolument pas fleur bleue pour un sou.
L’intrigue centrale est un classique du genre où la fiancée rencontre la belle-mère. Elles ne s’entendent pas, il y a des qui pro quo, et elles finissent par trouver un terrain d’entente. C’est une intrigue classique et très drôle où Kalling fait ce qu’elle sait faire de mieux : tourner son personnage en ridicule mais ne jamais la rendre idiote. Mais bien que réussie, ce n’est pas ce qui m’a fait réellement aimer cet épisode. La seconde intrigue qui implique le reste de la distribution était bien plus remarquable.
En deux saisons, onze acteurs (je ne compte pas le recasting de Richard Schiff en plein milieu du pilote) ont été listés aux différents génériques de la série. Cette instabilité ne m’a jamais gêné, mais il faut avouer que cela mettait en avant que The Mindy Project ne savait pas utiliser sa distribution à bon escient.
Cette semaine, même si son personnage est le catalyseur de l’intrigue qui nous intéresse, Ed Weeks est sur le banc de touche. Les quatre autres membres du casting se partagent une histoire où chacun à son moment de gloire et où tout le monde a parfaitement sa place. Peter, blessé par la découverte que sa copine ait embrassé Jeremy, essaie de convaincre Morgan que Tamra le manipule. Il s’agit encore une fois d’une intrigue de comédie romantique classique, mais là, la part belle est donnée aux femmes.
Les hommes sont inquiets, les hommes sont suspicieux, les femmes s’affirment et surtout les femmes sont moteurs des blagues les plus drôles. Beverly, la machine à one liners qui ne fonctionnent pas souvent, a le gag le plus drôle de l’épisode quand elle tente d’adopter les chiens de Morgan pour en faire un manteau de fourrure. Mais c’est surtout Xosha Roquemore, l’interprète de Tamra qui hérite du meilleur moment de l’épisode lorsque Peter essaie de prouver que son allergie est un prétexte pour que Morgan se débarrasse de ses chiens. Roquemore montre un talent pour le gag visuel inexploité jusque-là. Tout comme Beverly, Tamra n’était là que pour avoir quelques répliques cinglantes. Lui donner plus de matériel permet de solidifier une distribution trop changeante.
En règle générale, les manigances et doutes sont l’apanage des femmes dans ce genre de comédies où une Katherine Heigl ou une Sarah Jessica Parker auront le droit au gag visuel de la femme maladroite. Dans cet épisode, les femmes savent ce qu’elles veulent, sont sures d’elles et ont de faire preuve d’une forme d’humour habituellement réservés aux hommes dans ces comédies. Ces derniers sont en position de faiblesse, mais surtout c’est à travers leurs regards qu’on nous raconte l’histoire. Et c’est là où réside l’intelligence de la série. On peut ne pas aimer la série, on peut ne pas adhérer à l’humour de Kalling, mais il faut souligner qu’elle propose quelque chose de classique mais différemment.
The Mindy Project est une comédie romantique où l’on change le point de vue. Les situations sont les mêmes que dans tous les classiques du genre, mais la perspective particulière de son auteur ou le recalibrage de la narration pour montrer ces situations sous le regard d’un homme et non plus d’une femme rend l’ensemble frais et très intéressant.
Et The Good Wife, c’est un super titre !