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Mulaney - Avis sur un premier épisode raté (ce qui est une bonne chose, si si)

Mulaney: Chic, un mauvais pilote de sitcom ! (Édition 2014/2015)

Par Conundrum, le 10 octobre 2014
Publié le
10 octobre 2014
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Pour certains c’est le rom dans le métro, pour d’autres, c’est les organismes génétiquement modifiés. Pour moi, la chose dont je me méfie le plus, c’est un pilote de comédie réussi.

Un pilote de comédie réussi vient avec la difficulté de maintenir le niveau de qualité sur le long terme et nous prive du plaisir de voir une série s’améliorer d’épisode en épisode.

Si Modern Family nous avait donné un pilote aussi calamiteux que celui de 30 Rock, je regarderais peut être encore la série aujourd’hui. C’est pour cela que, au lieu de se plaindre des défauts bien présents de Mulaney, j’ai décidé de les honorer.

Mais avant cela, tradition oblige, Mulaney

C’est quoi ?

Mulaney, c’est la nouvelle sitcom à l’audience anémique de la FOX qui met en scène un transfuge de NBC, créée par John Mulaney, un humoriste de stand-up américain, ancien scénariste de Saturday Night Live.

C’est avec qui ?

Mulaney n’est pas venu seul de Saturday Night Live, il a embarqué avec lui Nasim Pedrad, qui avait l’air de beaucoup s’ennuyer ces dernières saisons.

Elliott Gould, le papa de Ross et Monica dans Friends, et Martin Short sont les autres visages connus de la distribution.

Seaton Smith et Zack Pearlman complètent le casting dans les rôles respectifs du « bon pote black » et du « PasZachGalifianakis »

Ça parle de quoi ?

De la difficulté d’être un homme blanc et riche qui peut se permettre de vivre de sa passion, le stand-up à New York.

Et c’est bien ?

Non, et c’est pour cela que c’est bien !

Les comparaisons avec Seinfeld sont bien évidemment obligées. Mais ce serait limiter l’un des intérêts de la série.

Mulaney, c’est le retour de la sitcom développée sur la base d’une routine de stand-up. Sous genre très populaire des années 90 avec Roseanne, The Drew Carey Show ou Norm, la crise du genre dans les années 2000 a vu la comédie s’éloigner des véhicules pour humoristes de stand-up.

Mais l’un des problèmes inhérents de ce sous-genre vient du fait qu’un humoriste n’est généralement pas un acteur très versatile. Et c’est là où Mulaney rejoint le plus Seinfeld. Bien que doués dans leurs champs d’action respectifs, les deux acteurs sont très limités. Ils s’entourent alors de personnalités fortes et marquantes pour rééquilibrer le tout et Mulaney, tout comme Seinfeld, donne le ton de sa série avec sa routine de stand-up. C’est une formule qui a fait ses preuves avec Seinfeld, que Mulaney ré-utilise.

Mais comme Seinfeld, les débuts sont poussifs. Genre, très poussifs.
Le plus gênant dans Mulaney est que tous les personnages racontent quelque chose. Ils n’agissent pas ou peu, mais ils racontent ce qu’il leur est arrivé. Raconter quelque chose de drôle et montrer quelque chose de drôle, ça n’a pas le même effet. Il y a eu une scène où Nasim Pedrad explique qu’elle a arraché les fleurs de chez son ex. Dans Seinfeld, on aurait surement eu le droit à une scène rapide et très drôle où Julia Louis Dreyfuss s’acharne sur les pétunias de son ex. Dans Mulaney, l’effet tombe à plat, et même la talentueuse Pedrad n’arrive pas à sauver cette scène où elle arrive avec ses fleurs fraichement arrachées à la main.

Et cela nous amène au second problème du pilote. La série qu’il écrit à beau porter son nom, Mulaney, c’est John partout, et John tout le temps. John est omniprésent dans ce pilote, il est dans toutes les scènes. Et il n’est pas un assez bon acteur pour porter tout ce pilote sur ses épaules. Pire que cela, déjà qu’un pilote de sitcom implique des scènes d’exposition peu naturelles où on explique qui est qui par rapport à John, le fait de tout voir sous les yeux de John limite énormément la manière de présenter tous ceux dont le nom de famille n’est pas Mulaney.

Et indépendamment de la manière dont on les présente, je ne suis pas persuadé de vouloir en savoir plus sur eux. Si j’ai trouvé Martin Short plutôt drôle, le reste pose problème. Pedrad est mal exploité, et le peu que j’ai vu de Motif, André et Oscar ne m’a pas donné envie d’en voir plus. Si le Motif, le bon pote, Jane, la femme du groupe, et Lou, le boss, ont des rôles dans la vie de John qui permettent une introduction et une place légitime, c’est moins le cas du vieux voisin gay et du dealer du groupe. Cela donne une mauvaise impression d’un pilote qui veut trop en faire.

C’est un pilote bancal et pas fluide mais cela ne veut pas dire que Mulaney sera une mauvaise série. La routine du comique est solide, elle peut être source de bon matériel. Il y a de bons éléments dans cette distribution qui ne sont peut-être pas exploités de la meilleure manière possible. Les ingrédients sont là, le dosage est surement à revoir, mais il y a du potentiel dans ce pilote. Si les scénaristes arrivent à trouver leur recette avant l’annulation de la série, Mulaney pourrait nous donner de bons moments cette saison.

Conundrum