Si j’y trouve toujours un certain plaisir, lié à des souvenirs d’une excellente saison 1, il faut bien avouer que la série pêche par ses personnages répétitifs et des leçons de morale franchement douteuses.
Une cassure trop abrupte
Toute cette première partie de saison 2 m’a posée beaucoup de problèmes, tant elle était mal gérée.
La série a toujours été scindée en deux : d’un coté le présent à Storybrooke, de l’autre les flashbacks à FairytaleLand permettant d’éclairer la situation actuelle. La formule était équilibrée, même si le monde féerique était généralement bien plus intéressant par sa réinterprétation des contes. Les révélations étaient faites dans un ordre réfléchi et tous les habitants de Storybrooke se retrouvaient liés d’une façon ou d’une autre. Là était l’intérêt principal.
En saison 2, le fait que le sort soit brisé et que chacun retrouve son ancienne personnalité élimina la possibilité de continuer une telle formule. Une excuse pour retourner à FairytaleLand fut trouvée, mais monopolisa toute l’attention et fut très mal gérée.
A Storybrooke, ramener Emma et Snow fut la seule préoccupation d’une ville sortant d’une traumatisme de près de 30 ans. On en oublie les individus et leurs histoires si différentes qu’elles permettaient a chaque spectateur d’y trouver son compte.
La galerie de personnages que l’on avait appris à connaitre ne forme plus qu’une entité n’existant que pour soutenir les plus importants, qui passent leur temps à geindre les mêmes rengaines : “On se retrouve toujours”, “Je peux changer !”/”Tu n’as pas changé !”. Plus du radotage que de la catchphrase.
Vous avez intérêt à apprécier les Charming, parce qu’il n’y en a que pour eux sur dix épisodes !
FairytaleLand est de son coté un univers désert ou l’on se retrouve coincés avec deux personnages déjà difficiles, auxquels on ajoute deux nouvelles encore pires. Parce que le catalogue Disney commence à se limiter.
Dans l’idée, je me réjouirais d’avoir un groupe de femmes débrouillardes qui s’allient pour une aventure risquée. Sauf qu’on les force entre elles, Mulan et Aurora ayant des motivations plutôt faibles et des personnalités tenant sur la moitié d’un post-it.
Le manque de personnages en chair et os (la plupart étant dans notre monde) réduit cette partie de l’histoire à un festival d’êtres féeriques requérant trop de CGI. Les effets spéciaux de OUAT n’ont jamais été son point fort, mais leur proéminence couplée à une mauvaise écriture les rendent plus difficiles à ignorer.
Difficile dans les deux cas de trouver un réel intérêt quelque part.
It’s boriiiiing
Le pire fut atteint avec l’épisode spécial d’Halloween.
Je sais qu’il divise beaucoup les opinions, certains ayant trouvé original de passer dans un monde en noir et blanc où vivent les personnages d’une littérature plus adulte et sans magie. Certes, ça permet plus de possibilités, si Disney veut se donner la peine de payer les droits.
Mais il y a une limite entre vouloir gentiment faire peur et transformer une série familiale et estampillée Disney jusqu’à la moelle, en un spectacle horrifiant fait de zombies arracheurs de bras. A mon avis, ce fut une erreur monumentale.
Montrer un tel massacre est en directe opposition avec les contes de fées, qui sont l’essence même de la série. Tout à coup, on se retrouvait dans The Walking Dead. La pire image étant sans aucun doute celle de Whale gambadant gaiement hors de l’hôpital, en portant son membre sous l’autre bras.
Au. secours.
"In the Name of the Brother" n’a pas plus justifié qu’on s’attarde sur le docteur. Whale fait une crise suicidaire parce qu’on lui demande d’opérer quelqu’un, ce qui lui rappelle (logiquement) la fois où il a transformé son frère en monstre.
Un zombie bourré de cicatrices alors qu’il est mort d’une balle dans le ventre, au passage.
Tout ça pour laisser le temps aux autres de décider si l’homme accidenté est un danger ou non pour la ville. Parce que c’est connu que la presse trouve très crédible les témoins d’actes magiques qui viennent de faire des tonneaux en voiture.
La Bête et la très bête
Pour ajouter aux injures générales, le lourd message de la saison consiste à croire coute que coute en la capacité des gens à changer. Pour le meilleur.
C’est très optimiste et dans la lignée des contes, c’est certain.
Mais que devient un tel message lorsqu’il est dirigé vers une personne commettant constamment des crimes ? Au bout de combien de temps devient-il illusoire et dangereux de croire en la bonté intérieure ? Après tout, combien de fois Snow a-t-elle voulu donner une chance à Regina, et eu en retour des tentatives de meurtre ou des mauvais sorts ?
Tout ce petit monde ne semble pas savoir faire un choix, changeant d’avis sur la question toutes les deux minutes.
En l’espace d’un épisode, Regina a plusieurs fois baissé les bras parce qu’on ne lui faisait pas confiance assez rapidement. Emma a fait des leçons de morale aux autres, pour se retourner contre elle aussi sec devant une “preuve” de meurtre, avant de s’écrier “je me suis encore trompée” devant le retour de la victime.
De vraies girouettes.
Mais ce qui m’agace le plus, c’est la relation de Rampelstilskin et Belle.
D’après les habitants de Storybrooke, il est plus facile de pardonner à Rampel que Regina et lui donner la possibilité d’être meilleur parce que quelqu’un l’aime.
L’amour plus fort que tout. L’amour peut changer un homme. C’est pas beau, ça ? La vie est bourrée de succès dans ce domaine.
Je n’ai jamais été plus horrifiée depuis le coup du bras que devant l’attitude de Belle, hurlant à Rampel qu’elle voit toujours du bon en lui, alors qu’il massacre brutalement Hook. Deux minutes avant, elle apprenait qu’il avait tué son ex pour la punir d’être partie avec un autre homme. Une vraie perle, ce mec.
Comment Jane Espenson peut-elle donner son véto à un message pareil ?!
Rester auprès d’une personne constamment abusive n’est pas un signe d’amour et d’optimisme. Mais ça, pas sur que les plus jeunes spectateurs le sachent.
Dès l’intro de cette épisode, Emma tente d’empêcher Rampel de tuer Hook en lui hurlant qu’il ne veut surement pas que Belle voit ça. Oui, le problème ici n’est pas de commettre un meurtre mais juste de ne pas le faire devant sa copine. La discrétion dans ses actes de violence, voilà la clé d’un amour qui dure !
Ce type de message malsain circule un peu trop en ce moment. Je ne sais pas si c’est du à la popularité de Twilight, comme une de mes amies le suggère, mais lorsqu’on voit la nouvelle mouture de Beauty & The Beast, il y a clairement un problème.
Voir la beauté intérieure, à savoir la gentillesse et la générosité d’un personnage physiquement repoussant, c’est romantique et un beau message d’acceptation.
Inverser les choses et s’accrocher à une attirance physique malgré les accès de rage, c’est auto-destructeur. Ce n’est ni beau, ni passionnel, et il n’y aucune chance d’happy end.
Malheureusement, autant la série de la CW que celle d’ABC prennent de travers la leçon de ce conte. Et j’ai beau apprécier le coté rêveur de OUAT, ce genre de dérapage me fait très peur.
Le seul remède à un comportement aussi stupide semble être le changement total de personnalité.
En espérant que l’autre personnalité de Belle a trois grains.
Hello, sailors !
Malgré toute cette bile que je ne peux m’empêcher de cracher devant tant de stupidité, je ne perds pas intérêt. Si j’ai pu dépasser cette première partie abyssale, je peux tenir devant la remise à plat qui s’est faite depuis.
Parce que j’attends le retour de mon pote Michael James Raymond.
Parce qu’Ana Parilla a un charisme fou et qu’elle est la reine des émotions contradictoires.
Et surtout, parce que le duo Cora/Hook s’avère être une excellente justification aux péripéties idiotes à CGIland.
Leur présence à Storybrooke amène de réelles menaces, sous la forme d’un duo divertissant qui prend un malin plaisir dans ses mauvaises actions. dans un monde où tout le monde est en crise, c’est un bol d’air frais.
Hook est certes un romantique au coeur brisé, obnubilé par sa revanche contre Rampel. Mais il est charmeur, nonchalant, manipulateur, et prêt à tout pour arriver à ses fins. Moucher Emma en permanence lui donne des points en plus.
Cora a une relation tordue avec sa fille (Barbara Hershey doit affectionner ce type de rôle), et est dépourvue de motivations immatures du type "je te hais pour la gaffe que tu as faite à 12 ans". C’est une méchante banale, attirée par le pouvoir. Et dans une série dont la complexité psychologique n’est pas le fort, c’est tout aussi bien.
Maintenant que les événements ne se passent qu’à Storybrooke, à l’exception de quelques flashbacks, il y a déjà trois conflits plus forts que les douze épisodes précédents cumulés.
Cora et Hook sont une menace interne.
L’homme accidenté devient une menace externe pouvant exposer l’étrangeté de la ville (une menace un peu tirée par les cheveux d’Ethan Embry. Au fait, qui d’autre s’est sentit nostalgique d’Empire Records en le voyant ?)
Quant à Rampel et Emma, ils ne risquent pas d’apporter que du bon au reste du monde durant leur chemin vers Baelfire.
Ah, j’ai hâte de voir la tête de Bae devant son fils, et le regret dans ses yeux de ne jamais avoir eu de vasectomie !