Et se faire plaquer au même moment par des maris qui en profitent pour révéler leur homosexualité, ça crée un bon esprit d’équipe entre deux femmes. Un vrai esprit d’équipe.
Et jamais Grace ne laisserait Frankie écrire mois après mois, après mois, après mois l’intro de cette chronique, la plus ingrate des tâches qui puisse exister.
Jamais.
Sinon, en mars, on a parlé de pas mal de choses. Mais pas de The Middle. Pas de The Good Wife. Pas de Starky & Hutch. Pas de radio. Pas de Sex&Drugs&Rock&Roll.
1 Grace and Frankie
24 mars / Good Vibrations
Par Blackie
Ecrire sur Legion avec plus de 140 caractères risquant de se transformer en une pompeuse analyse de fin de DEUG, je préfère vous parler de ce moment joyeux où une certaine chaîne de streaming m’a rappelé que les sexagénaires les plus cools du monde étaient de retour.
Evidemment, même en contenant ma gloutonnerie, j’ai fini cette saison en trois jours. Mais son format court est ce qui la rend si facile à suivre, et une excellente raison de plus de vous mettre devant, si ce n’est toujours pas le cas depuis la dernière fois que je vous l’ai dit !
Parce que Grace et Frankie sont un peu comme Leslie et Ann. Buffy et Willow. Ou Phil et Lem. Leur amitié est tellement formidable qu’elles rendent nos vrais amis un peu nazes en comparaison. A tel point qu’il n’y a rien de si gênant à voir Waterston et Sheen passer de progressivement au second plan, avec les quatre enfants.
Cette troisième saison trouve à mon avis encore plus d’aisance dans la progression de ses intrigues, avec des personnages parfaitement saisis.
L’entreprise que Frankie et Grace ont créée en saison dernière est une idée géniale qui porte là ses fruits, en continuant d’aborder des questions sur l’âge peu fréquentes à l’écran.
On ne peut malheureusement pas en dire autant de Sol et Robert, qui contemplent leur retraite afin de continuer les parcours opposés des deux paires.
Si vous souriez à l’idée de voir ces deux femmes expliquer leur concept de vibromasseur à un groupe de vieilles femmes religieuses, allez tout de suite piquer le mot de passe de vos amis pour [ce site tabou que Ju me reproche de trop promouvoir]. Vous me direz merci quand vous réaliserez que les meilleurs sourcils du monde sont partis pour avoir un rôle récurrent !
2 This Is Us
14 mars / Comment Assassiner Un Personnage Sans Le Tuer
Par Feyrtys
Ça n’aura pas traîné, après une saison passée à essayer de nous faire aimer tous ses personnages, This is Us a orchestré dans son season finale le premier assassinat de l’un d’entre eux. Je ne parle pas d’une mort à la Game of Thrones ou à la The Walking Dead, sanguinolente et inattendue, non, je parle d’un meurtre qui laisse beaucoup plus de traces, en tout cas en ce qui me concerne : celui qui transforme un personnage presque parfait en connard fini. La saison 2 de Poldark en sait quelque chose.
C’était un peu trop beau pour être vrai. Jusque-là Jack (puisque c’est de lui dont je parle), avait dans la série cette présence rassurante de mari et de père parfait, dévoué à sa famille, sans autre défaut que celui de rester suspicieusement musclé au fil des années. Dans ses hauts faits notables, on compte : mettre son ego de côté pour offrir à son fils noir des figures paternelles également noires, soutenir sa fille grosse inconditionnellement sans jamais remettre en question son amour pour elle et rassurer sa femme quand elle en a besoin.
Mais voilà, dans ce season finale, Jack passe d’homme idéal à « nice guy ». Vous savez, ceux qui trouvent que la vie est trop dure pour les chics types parce qu’une fois, au cours de leur existence, une femme a repoussé leurs avances. Ces types toxiques sont persuadés que rien de bien n’arrive aux mecs bien et que les femmes ne sont attirées que par des connards.
Je ne suis pas en train d’extrapoler à partir de mon interprétation d’une scène, non. Dans cet épisode qui revient sur sa rencontre avec sa future femme et mère de ses enfants, Jack explique à son meilleur ami qu’il en a assez d’être gentil parce qu’il est toujours dernier. Et le voilà qui fait une liste de ses bonnes actions, dans laquelle on retrouve « aider les personnes âgées à traverser la rue » et « respecter les femmes ». Respecter les femmes demande apparemment un effort, ça fait toujours plaisir.
C’est là que l’épisode (et probablement la série dans son ensemble) m’a perdue. Je trouvais jusque-là des qualités certaines à This is Us, notamment dans ce côté optimiste et bienveillant du thème « l’amour est plus fort que tout » qui fait du bien à l’heure actuelle. J’ai apprécié cette première saison, sans pourtant adhérer à la vague d’enthousiasme qui l’a comparée à Six Feet Under. Ça reste une série assez grossière au niveau de l’écriture, mais plutôt efficace. L’épisode 1.16 est d’ailleurs une vraie réussite et prouve que la série sait doser ses violons pour toucher son sujet au plus près.
Mais ce faux pas confirme mes craintes : This is Us a du mal à faire vivre ses personnages au-delà d’un ou deux aspects de leur personnalité. Elle compense avec des histoires suffisamment émouvantes pour qu’on s’accroche, mais ne sait pas creuser la famille Pearson. Ce qui me fait dire que Jack n’est que la première victime et qu’on aura probablement droit à des incohérences dans les réactions des personnages et des développements bancals par la suite. Je doute également qu’ils trouvent suffisamment de flash-back intéressants dans la vie de cette famille pour remplir des saisons entières, mais je me trompe peut-être et qui sait, This is Us se révèlera un jour meilleure que Parenthood. En attendant, je ne suis pas prête d’oublier que les scénaristes ont fait de Jack un « nice guy » frustré de ne pas obtenir, en récompense de sa gentillesse, une vie de rêve.
3 Trial & Error
14 mars / Machine judiciaire vs. Machine à gags
Par Nico
Cela faisait longtemps que je n’avais pas testé une nouvelle comédie de NBC. L’honnêteté me pousse à admettre que je n’ai pas encore donné une seconde chance à Superstore (alors que Feyrtys m’a chaudement encouragé à le faire) et que je me suis peu à peu détaché des comédies de la chaîne. Un comble quand on sait combien plusieurs de ses œuvres phares (The Office, Will & Grace notamment) comptent pour moi.
Ce mois-ci, pourtant, je me suis laissé tenter par Trial & Error. Les raisons : John Lithgow, une histoire de tribunal (appelez ça le syndrome Murder One) et un assez bon bouche-à-oreille.
Créée par Jeff Astroff et Matt Miller, la série est un mockumentary consacré à l’affaire Larry Henderson (joué par Lithgow). Ce professeur excentrique, installé dans un improbable trou perdu, est accusé d’avoir tué son épouse. La série raconte comment un jeune avocat, Josh Simon (Nick D’Agosto, vu dans Masters of Sex... qui se révèle très bon), va tenter de lui éviter une condamnation. Et la peine capitale.
La série est très, très inspirée de The Staircase, le documentaire de Jean-Xavier de Lestrade (rebaptisé Soupçons, en France). Même type de crime, profil de l’accusé identique... la ressemblance est assez réjouissante pour celui qui a vu cette courte série diffusée au début de la décennie.
La grande différence, c’est que Josh n’est pas le charismatique David Rudolf, l’avocat vedette de The Staircase. Et qu’il est entouré d’une sacrée paire de bras cassés. D’un côté, Dwayne Reed (Steven Boyer), un enquêteur franchement pas finaud et maladroit. De l’autre, Anne Flatch (Sherri Shepherd), une assistance pleine de bonne volonté mais affligée de nombreux troubles (je préfère ne pas détailler, pour ménager la surprise).
Découvrir un pilote de comédie est une expérience particulière. Il est difficile de rire en observant des personnages que l’on ne connaît pas encore. Personnellement, j’ai besoin de m’attacher un minimum à un personnage (ou tout de moins de comprendre qui est qui. Voire qui est quoi) pour être touché par ce qui lui arrive.
Sauf cette fois.
Je crois que j’ai rarement ri aussi vite devant un pilote. A cause de son rythme. De son goût pour les situations absurdes et les répliques mordantes. Et parce que la série promettait d’explorer le foisonnant univers du docudrama judiciaire sans jamais oublier son ambition comique. Du moins le croyais-je.
La suite m’a moins emballé. Privilégiant trop souvent le gag pour le gag, la série a tendance à en faire beaucoup. Presque trop. Parce qu’elle oublie, par la même occasion, son cadre qui ne sert finalement plus que de décor. Cette impression ressort souvent dans les scènes avec Carol Ann King (Jemma Mays), la District Attorney face à Josh. La situation est telle que j’ai finalement été moins touché par les épisodes suivants. Comme si mon attachement au projet tendait à se diluer. Un comble.
Je ne compte pas lâcher Larry Henderson et son affaire, néanmoins. Pas nécessairement (ou pas seulement) pour découvrir qui est le meurtrier de la femme de Larry, mais pour voir si la machine à gags a vraiment - et définitivement - écrasé la machine judiciaire. Je croise les doigts pour avoir tort. Après tout, les meilleures histoires de procès sont pleines de rebondissements.
4 The Magicians
22 mars / It’s a kind of magic
Par Blackie
J’aurais pas mal de choses à dire sur mon rattrapage de The Magicians. Elles seraient généralement très positives pour sa première saison, mais plutôt décevantes pour celle actuelle, qui a perdu son aspect menaçant. Puis son nouveau côté fantasy médiévale m’ennuie.
Mais quand Margo lance un petit sort pré-bataille pour inspirer Eliot, en faisant chanter tout le château "One Day More" des Misérables, il n’y a juste rien à dire. C’est parfait.
C’est un numéro musical qui tombe de nulle part, les voix des acteurs sont surprenantes, et c’est exactement le genre de grandeur qui fait d’eux les personnages les plus drôles de la série.
Vu que Margo et Eliot se retrouvent tout le temps coincés à Fillory, à balancer leurs sarcasmes en restant les fesses sur leurs trônes, une scène pareille les réveille un peu. Et moi avec.
"I’m confused. Is the duel not today ?"
"It’s a metaphor."