Alors que tout indiquait le naufrage. Je dois l’avouer.
Je suis débile, mais je pensais sincèrement que The Beautiful Life serait une réussite. Mineure, évidemment, mais une réussite.
Sérieusement.
Avec de tels à priori, je ne pouvais être que déçu, vous me direz.
Mais, j’ai une vraie faculté à me mettre la tête dans le sable et à me convaincre que ce je vois me plaît. C’est le syndrôme The OC, saison 2.
Et puis, arrivant après Glee, Melrose Place, The Vampires Diaries et le season finale de True Blood, la série avait une chance, par simple comparaison.
Et bien non. Et j’aurais pu m’en remettre.
Mais le vrai problème, ce n’est pas que The Beautiful Life soit mauvaise. C’est qu’elle ne l’est pas assez. Pas assez pour devenir un ratage atroce que l’on n’arrive pas à arrêter de regarder, simplement pour confirmer chaque semaine que l’étendue du désastre n’est pas juste une exagération de son esprit abîmé et retors.
C’est terrible mais je me suis juste ennuyé, sans avoir la force ou l’envie de détester le moindre personnage.
Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils ont des problèmes, ils m’indiffèrent complètement.
Dans Glee, ils sont jeunes, ils sont moches, il paraît qu’ils chantent bien quand le CD ne couvre pas leur voix, j’ai envie qu’ils meurent tous. Dans d’atroces souffrances. Au même titre que la femme qui monte dans le bus bondé avec sa poussette/tank MacLaren dépliée et qui attend que l’ensemble des voyageurs lui fassent une haie d’honneur en s’arrachant quelques membres pour lui laisser le passage.
Ah si seulement The Beautiful Life avait réussi à faire naître en moi le quart de ce que je ressens quand une petite vieille tente de couper la file d’attente à la caisse d’un Monoprix un vendredi soir.
Parce que l’héroïne, elle est vraiment gentille. Pas trop neuneu. Pas niaise. Pas demeurée. Non, juste gentille. Et comme elle est gentile, le kharma avec elle est… gentil. Sans rien demander à personne, juste en voulant bien faire son travail, elle se retrouve la petite nouvelle en vue. Le hic, c’est que, malgré elle, elle prend la place de la star qui devait effectuer son grand retour.
Cette histoire l’empêche presque de savourer son début d’histoire d’amour avec un apprenti mannequin découvert malgré lui. Oui, les gens beaux et gentils ont tendance à n’avoir rien à faire, juste se poser dans un coin et attendre qu’on leur fasse des compliments et qu’on leur donne de l’argent.
Au cours de l’épisode, elle se rend compte que l’univers de la mode est vraiment impitoyable. Oui, dans sa colocation de mannequins (on sait tous que American Next Top Model est un documentaire, mais une émission de télé-réalité), certains prennent des drogues. Il y a même dans les boîtes de vils photographes qui veulent monnayer des contrats contre du sexe.
Mais notre héroïne est forte. Elle n’éclate pas en sanglots, se met en mode Amanda Woodward pour obtenir ce qu’elle veut et après avoir découvert le terrible secret de la star déchue (les gens beaux et gentils ont tendance à tuours être au bon endroit au bon moment), elle lui offre son nouveau. Pas niaise mais vraiment gentile, je vous l’ai dit.
Cette attitude, classique pour un personnage principal d’un soap des années 80 et 90, (aaah, elles étaient vraiment bien gentilles aussi la Pamela Ewing (des débuts), la Krystle Carrington (pendant toute la série, pendant les neuf saisons, si, si), la Allison Parker, la Jane Mancini…) a quasiment disparu au profit de l’überbitch gossip-girlienne (Serena n’est pas gentille, elle est demeurée, ce qui n’empêche pas qu’on aime beaucoup son accent, ses cheveux et ses robes jaunes) et a développé chez moi quelques instants une indulgence nostalgique. Mais c’est comme tout. C’est sympa de reboire un verre de Gini après dix ans sans en avoir commandé, mais au bout de quelques gorgés on se rappelle qu’on a très bien vécu sans et qu’on va plutôt se prendre une bonne bouteille de rouge.
Même si l’étiquette est plus jolie qu’avant. Et oui, je file, je file…
Dans Models Inc., les défilés étaient abominables. Des tenues à peine retouchées des Golden Girls, des lumières fluorescentes et le son d’un vieux synthé, de quoi devenir hétérosexuel.
Dans The Beautiful Life, on ne rigole pas, les éclairages sont travaillés et surtout on s’habille en Zac Posen sur les podiums. Avec en prime un cameo du chouchou d’Anna Wintour himself au début de l’épisode. Pour parler d’un truc un peu plus excitant, courez voir The September Issue, le documentaire sur la rédac chef du Vogue US et sur les coulisses de la production de l’exemplaire le plus important de l’année. Après ça, plus la peine de regarder Ugly Betty, The Beautiful Life et de conserver son dvd du Diable s’habille en Prada. La réalité est tellement plus drôle et plus effrayante que la fiction.
Et oui, je brode, je brode... Tout ça pour dire que The Beautiful Life, c’est pas complètement nul mais c’est franchement pas bien non plus.
[1] Plus jamais, je ne ferai confiance au gars de The Futon Critic.