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The Good Fight - The Good Fight va un peu mieux

Day 443: Et si on micro-dosait Diane ?

Par Max, le 18 avril 2018
Par Max
Publié le
18 avril 2018
Saison 2
Episode 6
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Depuis trois épisodes, The Good Fight montrait des signes de grosse fatigue, un état grippal qui semble se soigner un peu cette semaine à l’exception d’une Diane sévèrement enrouée.

Pas assez de diversité à la télé : le bon combat !

The Good Fight, contrairement à la Brave Épouse, semble devoir limiter ses combats pour être efficace et pertinente. Dès le pilot, le ton était donné et c’était perdu sans que l’on s’en rende compte réellement. En effet, la série s’ouvrait sur des affaires de brutalité policière sur fond bien présent de racisme. Diane Lockhart, d’abord dans le camp de la défense, rejoignait l’accusation dans un cabinet intégralement composé d’avocat·es noir·es. Cette composante était essentielle à l’identité de la série mais s’est estompée quand Robert et Michelle King ont voulu charger l’administration Trump avec plus de véhémence. Vouloir étendre le spectre des revendications n’est pas un souci en soi, plus les séries sont politiques (ostensiblement), plus le message matraqué peut passer. Mais l’absurdité que les showrunners ont réussi à mettre dans Braindead (virulente et désopilante critique du Capitole) ne peut se retrouver telle quelle dans The Good Fight. Elle doit se trouver un ton, une posture propre.

Et cette semaine, c’est Adrian qui s’occupe de le remettre en avant. Après avoir été invité à commenter la politique à la télévision, sa participation devient virale et lui une célébrité. Par ce biais, Day 443 met en avant le fait que la télévision est un spectacle, par ses trucages logistiques (Adrian ne voit pas à qui il s’adresse) et ses contradictions idéologiques. La série veut alors, à l’instar de son personnage, faire entendre sa voix dans la masse, en mettant en lumière les problèmes de diversité et d’inclusion, que ce soit à la télévision (avec donc un propos méta) et dans le domaine judiciaire. C’est fin, ça remet la série sur le droit chemin. Quand il retourne sur le plateau, cette fois-ci face à ses détracteurs, Adrian peut y aller plus directement, démontant les contradictions de ses opposants, allant jusqu’à les défier de dire le N word. La scène est drôle, bien écrite et assez courte pour être percutante.
Le Brave Combat serait alors celui de la discrimination raciale, ses racines et son état actuel, et elle devrait s’en tenir à ça.

Trop de Diane dans la série ? Le mauvais combat !

Voir le parcours de Diane cette saison, c’est comme regarder un hamster dans une roue : ça fait rire cinq minutes et puis on s’ennuie vite à tourner en rond ainsi. Avec Day 443, elle a encore peu à grignoter, notre animal de compagnie. Ses interactions se limitent au minimum syndical devant être stipulé dans son contrat, une petite apparition pour signifier que l’on ne peut mettre légalement Lucca de côté parce qu’elle est enceinte, une nouvelle vision de Trump forniquant à travers une fenêtre, un petit rire cristallin qui perd de son charme…

Bref, notre Brave Avocate, celle qui se devait d’être la caution politique et militante de la série, n’en est réduite qu’à un gimmick ennuyeux, à peine divertissant. Quand le lead de ton spin-off ne parvient même plus à captiver, il y a un souci. Mais se débarrasser de Diane, ce serait devoir réécrire les rapports de force... Ah non, là aussi, elle n’a aucun poids. Que ce soit dans le cabinet, dans les affaires judiciaires ou dans les relations entre les personnages, isoler son supposé lead à ce point, même pour des raisons scénaristiques, entraîne de gros problèmes pour justifier sa présence, aussi talentueuse que soit Christine Baranski.
Je comprends le besoin d’exorciser la réalité dans laquelle les États-Unis sont gouvernés par un porc stupide et incapable, où la paranoïa va de pair avec la tombée de toutes les barrières de la décence mais la série ne parvient pas à se faire l’écho de tout cela, malgré ses tentatives. The Good Fight devrait donc laisser Trump (et Diane ?) de côté pour avancer sur des bases peut-être moins solides mais qui seraient les siennes.

Pas assez de Lucca ? Le bon combat !

Fort heureusement, si elle perd certaines parties, la série ne perd pas réellement la bataille. Elle a même quelques cartes puissantes dans sa main, à commencer par Queen Lucca. Ou Lucca Quinn. L’avocate (et le nom est choisi avec soin) voit sa grossesse révélée. Mais plutôt que de sauter de joie ou d’être déprimée, elle le prend comme un état de fait. Elle ne veut pas que cela - ni même sa relation avec Colin - empiète sur son travail qui a toujours été sa raison de vivre et le fait savoir à ses collègues. Lointaine cousine de Cristina Yang, Lucca est ambitieuse mais ne voit pas l’utilité d’un sacrifice de sa part entre ces deux parties d’elle, entre l’avocate et la femme et mère en devenir.

C’est d’autant plus flagrant et bien écrit dans la scène où elle l’annonce à Diane, Adrian et Julius. Face à la condescendance du dernier et à l’inquiétude des trois quant à sa capacité à être first chair dans son procès en cours, elle coupe toute question : elle est ici en tant qu’avocate et rien d’autre. Elle compte rester à son poste, ne souhaite pas de traitement de faveur et, au contraire, exige que l’on reconnaisse son mérite. Et nous aussi. Cette scène est d’autant mieux écrite qu’elle met Lucca en position de force : légalement, rien ne peut être intenté contre elle (eh oh ! y’a pas intérêt !) et les personnes en face d’elle n’ont rien à dire en la matière : Diane n’a pas d’enfant, Julius et Adrian sont deux hommes qui n’ont jamais eu à concilier maternité et travail. Voir la jeune femme prendre les rênes de la conversation montre bien où les scénaristes se posent, avec elle.

L’avocate a toujours été prise pour argent comptant, gagnant affaire après affaire, gérant à la fois le procès de Maia, les cas en cours et sa vie personnelle. Mais aucune attention ne semblait lui être accordée. Désormais, elle la veut. Depuis le début de la série, Lucca est la force tranquille, le personnage toujours constant, bien écrit et présent coûte que coûte. Face à la décrépitude de Diane, après avoir passé un temps considérable sur les souvenirs déformés de Maia, il est temps qu’elle prenne le devant de la scène et qu’une grossesse soit enfin écrite correctement à l’écran. J’espère qu’elle sera celle-ci. De tout coeur.

À la mi-saison, The Good Fight reprend des couleurs mais ce n’est pas sans quelques révélations douloureuses, à savoir que notre personnage préféré est insignifiant et que la série se porte mieux quand elle se concentre sur autre chose. Heureusement, cela n’entache pas le plaisir de crier le générique. Inépuisable.

Max
P.S. Jéjé aura peut-être la difficile tâche de nous écrire que ce n’était que les 15 minutes de gloire de la saison et que tous les personnages feraient mieux de se droguer. Ça me fera mal mais je commencerai à me dire qu’il a raison.