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The Good Place - Ou le nouveau coup d’éclat de The Good Place

Tinker, Tailer, Demon Spy: The Good Place, mon gars sûr

Par Max, le 26 octobre 2019
Par Max
Publié le
26 octobre 2019
Saison 4
Episode 4
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J’ai eu la chance de vivre en même temps qu’une série. On s’est souvent dit ça. Non ? Il n’y a que moi qui me dit qu’avoir pu grandir avec Grey’s Anatomy est une excellente chose ? Qu’avoir passer des semaines et des mois et des années dans une ville comme Pawnee est précieux ? Qu’avoir vibré avec Lost et The Leftovers tant de temps est rare ?

Et bien, même s’il n’y a que moi, je me suis dit dimanche, en regardant 4.04 - Tinker, Tailer, Demon, Spy, que j’avais une immense chance d’avoir vécu en même temps que cette série. Parce que je l’adore dans sa forme générale, j’adule ce qu’elle fait, rate et réussit. Mais je l’aime d’un amour encore plus grand quand elle délivre des épisodes comme celui-ci.

I’ve got a theory !

Les trois premiers épisodes ont mis un peu de temps à trouver leur rythme, c’est un fait. Si la série me fait beaucoup rire, elle n’a pas donné ses enjeux d’emblée, comme elle l’a toujours fait jusqu’ici. C’était simplement parce que les enjeux évidents ne sont toujours pas ceux à l’œuvre. Avec ce début de saison, il était question de sauver notre Brainy Bunch, en connectant leur destin à celui de l’expérience même du “Neighborhood”. Il manquait un rebondissement pour que The Good Place retrouve ce qui est sa marque de fabrique, la réinvention. Il est arrivé en fin de troisième épisode, assez hideusement, il faut dire.

Avec ce quatrième épisode, nous avons un quasi-huis clos qui tourne autour de l’arrivée de Glenn, l’acolyte de Shawn. Celui-ci vient avec une nouvelle dévastatrice mais plausible : Michael ne serait pas Michael mais Vicky dans un costume de Michael et serait là pour saboter l’expérimentation. Cela fait trois épisodes qu’Eleanor enchaîne les défaites et ceci expliquerait cela. Mais Michael leur demande de le croire. S’en suit alors une vraie partie de détective où Kristen Bell renfile ses gants de Veronica Mars pour savoir où le vrai, où est le faux.

Parce qu’à travers les rebondissements et révélations de l’épisode, c’est la bataille entre la vérité et le mensonge qui se joue, alimentant parfaitement des dilemmes extrêmement bien écrits. Si Michael ne montre pas sa véritable forme de démon, c’est soit parce que c’est Vicky soit parce qu’il dit la vérité et risquerait de détruire toute l’expérimentation. Il ne lui reste qu’un choix : se tuer. L’épisode joue sur ses personnages et leurs relations pour intensifier ce qui peut les mener à leurs pertes mais aussi tous leurs choix. Si la résolution de l’énigme (c’est Janet la taupe) offre un nouveau rebondissement qui reste encore à explorer, l’épisode contient en lui-même une petite merveille d’écriture scénaristique.

Where do we go from here ?

Il faut saluer une nouvelle fois la façon dont The Good Place réussit parfaitement la synthèse entre différents genres. Elle est une comédie de bande (saison 2 et saison 3) mais aussi une comédie de bureau (saison 4). Elle conserve son ton unique à travers toutes ses itérations, aussi grâce à la mythologie qu’elle a créé et qui est assez rare dans le paysage audiovisuel. Lorgnant sur Lost et sa métaphysique lorsqu’il s’agit de développer des intrigues au long cours, elle n’en oublie jamais sa nature de sitcom, profitant ici de l’iconique bottle episode pour livrer un récit d’investigation.

N’ayant plus aucune chance de faire un reboot (de l’expérience en tout cas), les scénaristes nous privent de l’élément qui peut renverser toute la conjoncture. Ils se coupent l’herbe sous le pied pour leur dernière ligne droite. Mais au final, ils choisissent de réinvestir les anciennes formes de la série (la saison 1) pour la rejouer à nouveau, avec de nouvelles règles au sein de son espace : si on ne peut plus jurer, l’humain peut se réapproprier l’univers de The Good Place pour un nouveau dessein. Il faut que la mascarade fonctionne cette fois-ci parce qu’il est question de sauver l’univers.

Ou comment d’un mauvais système (The Bad Place, le système de méritocratie pour avoir les bonnes chances), on tente de le changer de l’intérieur, de le rendre sain pour que tous aient la même chance. La série met en application toutes les théories philosophiques enseignées par Chidi en saison 1, en voulant voir si elles peuvent s’appliquer à notre société à travers les quatre nouveaux humains en cette saison. Les enjeux scénaristiques sont là mais portent aussi un propos vraiment intéressant sur comment on se rend meilleurs (ou pires) en fonction de ceux qui nous entourent.

Going through the motions

Parce que si l’épisode m’a cueilli par sa densité, c’est par cette scène au centre de l’épisode qu’il m’a tout bonnement bouleversé. J’ai pu avoir plein d’émotions en regardant la série, certaines probablement exacerbés par mon amour immédiat de la série. Mais je crois que jamais je n’ai été ému au bord des larmes (qui ont débordé la seconde fois), même quand Chidi doit se séparer d’Eleanor, que dans cette tirade de Michael.

Michael : I’m a 6,000-foot tall fire squid. I have tentacles. There’s teeth everywhere. I’m on fire and my neck is long. And there’s a smell, and lots of juice. There’s so much juise, El.
Jason : I think I speak for everyone here when I say … I really have to see this !
Eleanor : So you’re not gonna take off your demon spanx because you’re shy ?

Michael : Eleanor, if I take off this suit, I will crash the roof and the entire neighborhood will see me and the experiment will be blown. But it’s more than that. You guys will never look at me the same way again. I won’t just be Michael, I’ll be … some disgusting mass of burning tentacles. Do you really want to be friends with something like that ?

Et là, le jeu de Ted Danson m’a fait chialer. Il y a tant de justesse dans son passage entre la comédie et le drame qu’il donne un poids immense aux maux de Michael. Maintenant qu’il côtoie les humains, tout comme Janet avec ses reboots, il a appris autant les joies du contact avec l’autre que ses névroses. Le démon a des peurs, des complexes qu’il ne peut avouer que parce qu’il s’est lié d’amitié avec ces gens et a lui aussi besoin de validation mais a aussi peur de montrer qui il est réellement. Et les autres ont des doutes sur sa nature, sur le lien qui les unit. C’est nous dans une bande, nous face à la société et cette complainte m’a tué.

Bref, vous l’aurez compris, encore une fois, The Good Place délivre un immense épisode qui se cache. Cette ode à l’amitié et à l’inventivité, c’est mon gars sûr, la série qui ne me décevra jamais. Et rien que pour les frissons, merci. Bon, je vous laisse, je vais le revoir une troisième fois.

Max