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21 Drum Street - Avis sur le premier épisode du Larry Sanders Show

N°28: LOL Y’ALL : The Larry Sanders Show

Par Conundrum, le 8 août 2013
Publié le
8 août 2013
Saison Chronique
Episode Chronique
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En ce mois d’août, 21 Drum Street revient sur les meilleurs épisodes de sitcoms de ces dernières années. Cette semaine, c’est au tour du tout premier épisode du Larry Sanders Show, par un invité spécial.

Cette semaine, pendant que je refais mon bronzage au soleil, Dylanesque, auteur du blog Dylanesque TV, a gentiment accepté d’être chroniqueur invité de 21 Drum Street. En plus d’avoir bon gout en série, il est aussi à l’origine de l’excellente web série, Billy.
Enfin, sur son blog, pendant tout l’été, nous revenons sur l’ultime saison de Frasier avec une revue des meilleurs épisode de la fin de série.

The Larry Sanders Show
What Have You Done For Me Lately ?
Episode 1, Saison 1

Parce qu’il y a 20 ans, ce n’était pas Aaron Sorkin qui nous parlait du monde de la télévision sur HBO.

On oublie parfois que HBO proposait déjà des programmes de qualité bien avant Oz ou les Sopranos. Et que c’est à travers des comédies originales que la chaîne a construit sa réputation au début des années 90. Deux ans après le lancement de Dream On, elle lança le 15 août 1992 le Larry Sanders Show. Un faux talk-show largement inspiré du Tonight Show et mené par Garry Shandling, un drôle de type qui, physiquement, pourrait être le frère de Jerry Seinfeld et l’oncle de Zach Braff. Il animait déjà sa propre émission sur Showtime et plutôt que de poursuivre dans cette voie, décida de nous amener dans les coulisses du business en jouant de manière assez inventive (à l’époque) avec la réalité et la fiction.

"What Have You Done For Me Lately" ne fut pas le premier épisode tourné mais fut diffusé en premier et sert d’introduction efficace à l’univers de la série. La voix de Jeffrey Tambor (Arrested Development) résonne sur écran noir pour chauffer l’audience et Shandling apparaît sur scène pour un monologue digne d’un Letterman ou d’un Conan (et qui nous replace bien en 1992, avec beaucoup d’allusions à Clinton).

Jusque là, l’illusion est complète. C’est alors que la caméra passe sur l’épaule du réalisateur (Ken Kwapis, aujourd’hui vétéran du milieu, qui a bossé depuis pour ER, The Office, Parks & Rec, Malcolm, Freaks & Geeks et j’en passe) et suit le présentateur dans les coulisses du studio. On rencontre alors Artie (Rip Torn), son producteur, qui traîne Larry à une réunion où une responsable de la chaîne l’encourage à faire de la publicité à l’antenne. L’épisode tournera autour du dilemme de Larry : comment mêler l’art de la publicité à l’art de la comédie ? Grâce aux conseils de son sidekick Hank (Jeffrey Tambor justement), il trouvera un bon compromis avant d’aller dire à sa "patronne" d’aller se faire foutre (on est sur HBO et les fuck sont déjà permis).

Voilà pour le pitch de ce pilote qui annonce la couleur et le programme du show : la satire des coulisses de la télévision à travers une équipe de passionnés. Qui comptabilise également Jeremy Piven, Penny Johnson, Janeane Garofalo et sera rejoint plus tard par Bob Odenkirk et Mary Lynn Rajskub, rien que ça. Vous me pardonnerez le name-dropping mais c’était inévitable avec un cast pareil. Sans oublier que, grâce à la partie "talk show", pas mal de guest-star viendront jouer leurs propre rôles. Ici, c’est Robert Hays (Airplane I et II) qui ouvre le bal.

Je dois avouer que regarder ça aujourd’hui est un peu déconcertant au début. Le rythme est particulier, l’humour passe du comique de situation aux catchphrases en passant par du gag absurde (le chien de Larry tellement bien dressé qu’il ouvre la porte lui-même) et l’image a pas mal vieilli. Mais c’est aussi ce côté old school qui fait le charme de l’expérience, surtout qu’en réalité, la manière dont se déroulent les talk-show a peu évolué aujourd’hui. Larry et Hank forment un duo semblable à Conan et Andy, et Jimmy Fallon n’a pas inventé l’eau chaude, loin de là. Ce qui est intéressant, c’est aussi de voir à quel point cet œil en coulisses est l’ancêtre de toutes les satires qui suivront, du Sports Night d’Aaron Sorkin (que j’ai failli choisir d’évoquer ici), de son Studio 60 ou de sa Newsroom se prenant bien trop au sérieux, au 30 Rock de Tina Fey qui s’est achevé cette saison. The Larry Sanders Show est une mise en abyme aussi décontractée qu’incisive et qui n’a pas peur de regarder le spectateur droit dans les yeux pour lui dire "tout cela n’est pas sérieux". Le divertissement télévisuel nous est présenté à la fois comme un art et comme une farce.

Et ce sera le cas pendant six saisons, qui ont remporté en tout 24 récompenses, dont 3 Emmy Awards (sur 56 nominations en tout). Je suis actuellement au milieu du visionnage de la première saison et je compte bien continuer l’aventure car il semble, d’après ce que j’ai pu lire (The AV Club propose une rétrospective à consulter) que la qualité est constante. Et que si ce pilote ne semble pas si innovant que prévu, la suite saura suffisamment jouer avec le fond et la forme pour en faire une des comédies les plus marquantes et pionnières des années 90.

Alors pour ceux qui sont fâchés avec Will McAvoy et qui regrettent Liz Lemon, allez donc voir du côté de Larry Sanders.

Conundrum