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The Middle - Les 5 bonnes raisons pour lesquelles il faut absolument regarder la série

The Middle (En Attendant la Saison 6) : Sarah Palin’s Arrested Development

Par Conundrum, le 3 août 2014
Publié le
3 août 2014
Saison 6
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Parce qu’un paragraphe dans une chronique ne pouvait pas rendre justice à l’une des meilleures comédies à l’antenne actuellement, il est grand temps de consacrer tout un article à The Middle. La sitcom, qui entame sa sixième (!) saison à la rentrée n’est pas une série sur laquelle nous nous sommes penchés.

Pourtant, elle a cet élément qu’on semble adorer chez pErDUSA, à savoir l’image qu’on se fait de la série ne reflète absolument sa richesse. Dans la grande tradition de Cougar Town et The Good Wife, The Middle est une comédie très sous-estimée.

Elle semble être cette comédie moyenne avec son actrice principale un peu connue grâce à une comédie qu’on ne regardait pas et avec le Janitor de Scrubs. Même son titre n’était pas aussi ridicule que Cougar Town pour nous donner envie de regarder.
Alors pour éviter de faire comme Medium et ne parler de la série qu’à son ultime épisode, voici donc cinq bonnes raisons de regarde The Middle.

1 L’antidote aux parents Dunphy

Il y a quelques années, quand Julie Bowen a gagné son Emmy, elle a remercié les scénaristes de ne pas avoir fait de Claire la femme tout le temps agacée qui ne fait que râler. J’ai beau aimé Julie Bowen, elle a fait plein de choses bien dans sa vie, mais je ne pense pas qu’elle ait vraiment lu les scripts de Modern Family. Claire et Phil sont l’archétype du couple de parents qui a détruit la sitcom familiale : le père idiot et la femme exaspérée. Ils ont quelques fois eu de bons scénarios, mais Modern Family n’a rien révolutionné dans ce côté-là.

Frankie et Mike Heck en revanche forment un couple bien plus intéressant que les Dunphy. Mike n’est ni un idiot, ni un gamin. Neil Flynn est bien loin de l’absurdité de son personnage dans Scrubs. Mike est un homme mature. Il n’est pas la source d’humour la série, il est le sérieux qui ancre l’excentricité de la famille. C’est un rôle difficile de faire-valoir, mais il est très rafraichissant de voir un père avec de l’autorité, qui assume toujours son rôle, et dont les enfants ne sont pas plus matures que lui. Parce que oui, on peut pouvez se plaindre du traitement des femmes à la télé grâce à un joli test, mais il y a très peu de séries qui passent de DrumTest du mari de sitcom.

En effet, si au moins l’une des trois affirmations se réalise pendant un épisode de sitcom, alors il échoue le test :
-  Le mari a peur de se faire gronder par sa femme,
-  Le mari fait quelque chose d’idiot ou d’immature,
-  Le mari fait honte à sa femme ou ses enfants

Mike Heck passe haut le main ce test.

Quant à Frankie, oui, c’est une mère de famille qui râle et qui crie. Et voir Patrica Heaton râler et crier n’est pas nécessairement ce qu’on a envie de voir chaque semaine. Sauf que, après quelques épisodes, on réalise qu’il n’y a personne qui ne le fait mieux qu’elle. La série se moque régulièrement de ce trait de caractère et elle est très efficace dans ce rôle. Mais surtout, alors que nous sommes souvent en droit de se poser la question de ce que Claire fait avec Phil, le couple Mike et Frankie est aussi très soudé et complémentaire. C’est un peu la version plus âgée et républicaine des Taylor, au final.

2 Une mythologie soignée

Ça a été la plus grosse surprise de la série pour moi. La série prend ses épisodes très au sérieux.

La sitcom traditionnelle a souvent été produite dans l’idée d’atteindre le cap des 100 épisodes. En effet, en ayant atteint ce seuil, la série peut être revendue aux chaines locales. Ces chaines vont rediffuser les épisodes, et pas nécessairement dans le bon ordre. Il y a un double avantage, cette revente va générer une forte source de revenus, mais surtout elle va permettre à un nouveau public de découvrir la série. C’est l’une des raisons pour laquelle l’audience de The Big Bang Theory a sensiblement augmenté après cette revente. Ce nouveau public qui vient de découvrir la série, commence alors à regarder les inédits de CBS.

Le problème est qu’une série doit éviter d’être sérialisée pour pouvoir être diffusée dans l’ordre choisie par la chaine locale, et pour bénéficier de cet effet de levier. Pour une comédie, le problème se pose rarement, mais The Middle a un nombre impressionnant de rappels assez subtils pour ne pas empêcher de suivre un épisode si l’épisode source n’a pas été vu, et assez marquants pour féliciter le téléspectateur assidu. Un trou dans un mur est souvent réparé miraculeusement lors de l’épisode suivant d’une sitcom. Pas dans The Middle. Ce gag standard « les enfants font un trou dans le mur et le cachent à leur parents » est devenu un gag récurrent pendant quelques saisons. Un lapin féroce apparemment kelleyrisé d’un épisode à l’autre devient la source d’une intrigue d’un épisode bien des mois plus tard. Mieux encore, une élection à laquelle Brick, le cadet, se présente lors des premières saisons de la série a un impact logique quatre saisons après.

Contrairement à la dernière saison d’Arrested Development qui s’est perdue dans cette idée, la mythologie n’est jamais étouffante ou trop répétitive. Voir un môme répéter une partie de la phrase qu’il vient prononcer en chuchotant aurait pu être très vite agaçant, ce n’est jamais le cas dans The Middle. [1]

3 Devant et derrière la caméra

Au bout d’un moment, j’ai commencé à me demander si la série n’avait pas été construite directement pour me plaire. Donc, je me suis renseigné, et il faut se rendre à l’évidence, j’avais raison.

Comment expliquer que l’on retrouve parmi les scénaristes des anciens de 30 Rock, Gilmore Girls, Parenthood, The Drew Carey Show et bien sûr Malcolm In The Middle. [2] Ce mélange de scénaristes confirmés et de nouvelles voix donne une saveur particulière à la série. Elle applique une sophistication narrative par sa mythologie complexe à un sous genre bien défini de la comédie traditionnelle, à savoir la famille de classe moyenne menée par une mère à la forte personnalité. Ce n’est pas pour rien qu’elle rappelle pour beaucoup la série où les créatrices de The Middle ont faire leurs premières armes, Roseanne.

Côté guest stars, on sait tous que rien ne fait plus plaisir que de voir des anciens membres de Saturday Night Live sauf Chris Kattan. Du coup, il quitte rapidement la série, et Molly Shannon, Norm McDonald, David Koechner et Rachel Dratch visitent souvent les Heck. Mon membre préféré des Kids in The Hall, Dave Foley est le psychologue scolaire de Brick. Et c’est gentil d’inviter des stars de 30 Rock, mais Jack McBrayer n’aurait pas été mon premier choix. Mais ce n’est pas grave, c’est le geste qui compte.

4 L’antidote aux enfants Dunphy

Tous ces guests c’est bien beau, mais la vraie artillerie lourde de la série, le meilleur élément de la série, ce sont ses gamins.

Charlie McDermott, Eden Sher et Atticus Shaffer, les interprètes d’Axl, Sue et Brick, sont les acteurs les plus drôles de The Middle. Comme je l’ai expliqué brièvement dans Ma Saison à Moi, ils ont été pensés comme de vraies mômes. Ce ne sont pas des sources d’intrigues pour les parents, des machines à one liners ou des standards de sitcoms. Ils ont des traits de caractères bien définis, mais qui ne les définissent jamais entièrement. Brick est un jeune homme précoce et très intelligent mais qu’on montre aussi comme un gamin. Il est capable de comprendre que ses parents s’occupent moins de lui parce qu’il est le troisième enfant, mais ne réalise pas de lui-même de son frère va quitter la maison lorsqu’il ira en fac. Les enfants parle aussi surtout comme des enfants, et non pas comme de petits adultes. On ne force pas des one liners trop bien formulés comme trop souvent dans – vous l’aurez deviné - Modern Family.

A partir de la quatrième saison, on note un léger recalibrage de ton dans la série qui passe par un focus plus important sur les enfants, et principalement Axl et Sue. La série leur donne plus de matériel et des intrigues sur le plus long terme. On se repose aussi un peu plus sur la galerie de personnages secondaires qui les entourent, Darren et Sean, particulièrement. On s’écarte un peu plus de l’environnement familial, mais cela a pour mérite de complexifier un peu plus les personnages. Axl est dans sa première relation amoureuse majeure, et le lycée est un nouveau terrain d’intrigues pour Sue. Cela montre aussi que la série ne cherche pas à fuir le fait que les enfants grandissent. On trouve certes un moyen pour que Axl parte en fac sans quitter la série, mais The Middle montre sa capacité à évoluer sans changer l’atmosphère de la série et surtout sans baisse de qualité.

5 « I love America so much ! » - Sue Heck

La plupart des épisodes commencent par un très fier «  Out here, in the middle… » qui annonce comment on fait les choses en Amérique profonde.
The Middle est série qui annonce la couleur et sans se cacher. Le dimanche, on va à l’église, l’Amérique, on l’aime tellement et on est gentils avec nos voisins. Oui, les Heck n’ont surement pas voté pour Obama aux dernières élections. The Middle est une série qui affiche ses convictions, mais qui ne le fait jamais de manière mielleuse. Dans l’Amérique de The Middle, les mômes ne vont pas à l’église à reculons. D’ailleurs, Sue est aussi très impressionnée par le révérend Tim Tom qui surgit avec sa guitare à chaque moment de doute de la jeune fille avec un bon message de Jésus.
Mais la série ne vend jamais ses idéaux au public. Un épisode est dédié au fait que Brick n’est pas sur de croire en la Bible. Et lorsque Sue le découvre, c’est ce bon vieux révérend qui aide Sue à accepter le fait que la religion n’est pas au goût de tout le monde.

Si Desperate Housewives a passé huit saisons à nous expliquer qu’il ne faut jamais faire confiance à ses voisins, The Middle véhicule le message contraire. Bien sûr, il y a cette famille horrible avec Brooke Shields en tant que mère [3], les voisins des Heck sont toujours prêts à aider. Les Hecks sont d’ailleurs dépeints comme les voisins les moins exemplaires du quartier en « empruntant » la voiture des voisins ou en se montrant particulièrement étrange avec Andrea de Beverly Hills et son mari. A Wisteria Lane, ils seraient les voisins dont le gang d’housewives se méfierait.
La série montre aussi que les Heck sont investis. Que ce soit dans la vie scolaire ou la vie de leur communauté, la famille Heck s’implique et ouverte vers les autres. C’est un fait considéré comme acquis qui rendrait Leslie Knope fière.

A la rentrée, la série entame donc sa sixième saison. The Middle a une audience stable, et même si elle grappille des places de saisons en saisons dans le classement des meilleures audiences, la série ne sera très probablement jamais nominée aux Emmy, et ne fera pas la couverture d’Entertainment Weekly de sitôt.
Et c’est là où intervient, parce que sans Breaking Bad, Mad Men et Orange is The New Black, Frankie Heck risque de sympathiser avec Alicia Florrick à la tête du classement pErDUSA de décembre.

Woop.

Conundrum
Notes

[1Je n’ai jamais autant ri devant la série que lorsque Brick répète le mot « tomato » avec la seconde prononciation en saison 4.

[2Pour Jéjé, il y a aussi des anciens de Hill Street Blues et The Defenders.

[3Comme quoi Tom Cruise n’avait peut-être pas tort sur les méfaits de la thérapie…