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The Newsroom - Un avis tranché sur le premier quart d’heure de The Newsroom

The Newsroom: Mon nom est Aaron Sorkin...

Par Conundrum, le 10 juillet 2012
Publié le
10 juillet 2012
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Mon nom est Aaron Sorkin, je suis quelqu’un de très important, et j’ai des choses à dire.

Dans le pilote de Sports Night, Casey McCall (Peter Krause) est un journaliste sportif, sur le point de se faire renvoyer, qui déplore ce qu’est devenu son métier.

Dans le pilote de The West Wing, Joshua Lyman (Bradley Whitford) est un conseiller du président, sur le point de se faire renvoyer, qui déplore ce que représente l’opposition dans son pays.

Dans le pilote de Studio 60 on the Sunset Strip, le producteur d’une émission de sketchs se fait renvoyer après s’être plaint à l’antenne, en direct, de l’état du paysage audiovisuel américain.

Du coup, il était obligé que le personnage central de sa nouvelle série, The Newsroom, se plaigne et que son job soit en danger parce que Aaron Sorkin n’a pas peur de la répétition, non, il n’a pas peur de la répétition.

Sports Night est une série que j’affectionne autant que Frasier. Je me refais régulièrement des intégrales de The West Wing. J’ai vu deux épisodes et plein de photos promos de Studio 60 on the Sunset Strip.

Pour tout vous dire, j’aime revoir Des Hommes d’Honneur, j’ai aimé sa pièce de théâtre, The Farnsworth Invention, et j’ai vu le NulETGenial The Social Network. Mais surtout, ayant passé une semaine de vacances à manger exactement le même plat midi et soir, je suis le téléspectateur idéal d’une série Aaron Sorkin.

Je n’ai tenu que 14 minutes devant The Newsroom.

Je suis sûr qu’il se passe des trucs biens après ces 14 minutes, que l’Interweb et le Monde vont débattre, détester et être fascinés par cette série comme les gens le sont par la crise grecque, l’Euro ou les émissions culinaires. Mais comme la crise grecque, l’Euro ou les émissions culinaires, j’ai essayé de m’y plonger, j’ai pas aimé.

Aaron Sorkin est un type brillant. Cela ne l’empêche pas d’être un connard misogyne. Ce pilote est exactement à son image, tout hurle « vous regardez du Aaron Sorkin », et ça m’agace. Cela peut paraître débile d’être déçu du fait que la nouvelle série d’Aaron Sorkin soit très Aaron Sorkin, mais c’est là tout le fond de mon problème. Sorkin privilégie la forme sur le fond. Le message est peut-être intéressant, mais ses longues tirades et ses dialogues prévisibles sont aussi insupportables que ses personnages hautains qui hurlent « Ils sont tous cons sauf moi ».

Les traits de caractère si typiques de ses héros sont étouffants. Le fait que son personnage central, qui ose donner des leçons de morale dès la scène d’ouverture du pilote [1] ne se rappelle plus du nom de son assistante ne m’a absolument pas fait rire. Cela prouve juste que son héros, un homme, n’accorde aucune considération à son assistante, une femme, totalement dévouée à son travail. Et cette femme est dans une relation avec un journaliste brillant et ambitieux qui la rabaisse en lui expliquant qu’elle a son job par hasard et non pas par talent, et qui n’a pas le temps de s’occuper de ses problèmes de gamines, comme rencontrer ses parents. Bien sûr, on affectionne cette femme qui est nerveuse, timide, et un peu maladroite parce qu’une femme, c’est mignon. Comme un animal de compagnie qui est à la botte de son maître, mais qui ne parle pas trop.

Et je ne parlerai même pas de la blonde de la scène d’ouverture.

Il parait qu’il y a d’autres personnages féminins dans la série, qui n’apparaissent pas dans les 14 minutes que j’ai vues. Elles ont sûrement du matériel aussi bon qu’Allison Janney et Felicity Huffman en avaient. Mais je n’oublie pas, aussi, qu’il y a eu des intrigues un peu puantes sur sa vision des femmes et du sexe (Dana qui retire sa culotte en plein rencart, Sam et sa prostituée, Jeremy et son actrice porno, etc…) dans les séries de Sorkin. Je n’en peux plus de sa vision d’hommes blancs, issus de milieux aisés qui ont tout compris au Monde et qui parlent de choses très importantes entre hommes.

Je n’en peux plus de la musique pompeuse en fond sonore. Je n’en peux plus des gens qui marchent vite et parlent encore plus vite. Je n’en peux plus du style The West Wing sans les gens de The West Wing. Au moins, les 14 minutes de ce pilote que j’ai vues mettent en avant la qualité du travail des collaborateurs de Sorkin qui ne participent pas à The Newsroom, comme W.G. Snuffy Walden à la musique, et Thomas Schlamme à la caméra.

En fait, je réalise qu’il n’a pas tort, le Sorkin. Ses séries, c’est comme le sport, la politique, les médias et le journalisme, c’était beaucoup mieux avant.

Conundrum
Notes

[1Au moins, celle de Casey dans Sports Night avait lieu après qu’on nous montre qu’il est exécrable, rachetant ainsi le personnage