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The Shield - Critique du dernier épisode de la série

Family Meeting: You’re a sick, twisted man… And this was a fantastic, unique show.

Par Feyrtys, le 30 novembre 2008
Publié le
30 novembre 2008
Saison 7
Episode 13
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L’épisode qui conclut une série est toujours synonyme de moment privilégié dans la vie d’un sériephile. En particulier quand il s’agit de The Shield.

En repensant à cet épisode, ce sont les détails - qui tuent - qui m’ont le plus marquée : Shane qui accompagne sa femme blessée jusqu’aux toilettes et qui l’essuie quand elle est incapable de le faire. Les bruits étouffés, provenant de l’autre côté de la vitre, que l’on entend lorsque Ronnie est fait prisonnier et qu’il se débat. Le fait que Vic ne puisse pas changer le thermostat de son bureau sans demander l’autorisation à un responsable… Et enfin, l’annonce du temps écoulé entre le moment où Vic McKey tue Terry Crowley et le moment où la Strike Team explose définitivement : trois ans. Trois petites années que l’on nous a raconté en 7 saisons parfaitement maîtrisées, parfaitement conduites, et parfaitement interprétées.

A la fin de la saison 6, j’espérais que Vic finirait par se remettre en cause, à montrer des remords. Dans l’avant-dernier épisode de la saison 7, je n’y croyais plus, mais je pensais que Vic finirait par tuer Shane de ses mains et que tout se terminerait dans un bain de sang. Heureusement, toutes mes espérances ont été balayées par Shawn Ryan. La fin de The Shield est à la hauteur du reste de la série ; les méchants ne sont pas vraiment punis et les gentils ne s’en sortent pas vraiment non plus.
Le personnage qui m’a le plus surprise est celui de Vic. J’étais persuadée, mais alors persuadée, qu’il finirait par s’écrouler d’avoir tout perdu, sa famille, son boulot, le respect de ses collègues, d’avoir du trahir son dernier ami. Mais Vic est un vrai scorpion, ou si vous préférez, un vrai cafard… Une de ces bestioles qui peuvent survivre à une attaque nucléaire, quoi. C’est vraiment frappant dans cet épisode. Vic finit dans un enfer très personnel, mais rien ne l’ébranle. On sait que dans trois ans, quand il aura rempli tous ses rapports quotidiens de 10 pages avec espacement simple, Vic trouvera un moyen de retourner travailler dans la rue pour y réclamer le paiement de ses loyers, comme à la bonne époque. Que le pauvre partenaire qui lui sera assigné finira par se faire prendre dans son engrenage, à moins qu’il ne soit une Claudette Wyms ou un Dutch Wagenbach, et dans ce cas, il prendra les mesures nécessaires pour s’éloigner le plus possible de lui. Mais dans tous les cas, Vic est libre. Il n’est pas en taule avec Antwon Mitchell, il ne s’est pas suicidé après avoir supprimé sa famille, il n’a pas du changer d’identité et fuir avec ses enfants, il n’est pas atteint d’une maladie incurable. Vic est un scorpion et ce n’est pas une petite guerre nucléaire qui va l’empêcher de continuer à vivre.

Je suis finalement très satisfaite de ne pas avoir vu Vic se remettre en question. Il fait même pire : il conduit Shane au meurtre de sa femme enceinte et de son gamin, puis au suicide. Tout laisse à penser que si Vic n’avait pas menacé Shane de rendre visite à ses enfants une fois que lui et Mara seraient en prison, Shane n’aurait pas franchi ce pas. L’ancien protégé de Vic est déjà très mal en point quand il commence à supplier (à sa façon) Vic de l’aider à s’en sortir. Je comprends que Vic l’envoie balader, c’est dans son caractère, mais de là à l’enfoncer et à menacer des mômes… J’en étais absolument bouleversée. Vraiment bouleversée. Pas autant que lorsque Shane entre dans son appartement avec des fleurs et un camion de pompier pour son fils et que j’ai compris qu’il allait les tuer, mais presque.

Là où les scénaristes ont réussi un tour de force, c’est qu’au cours des derniers épisodes, on découvre le côté humain de Shane et de sa femme, que j’appelais sans beaucoup d’affection ’psychobitch from hell’ à l’époque où nous avons fait sa connaissance. Je n’ai jamais pu la supporter, cette Mara, mais au final elle m’aura moins énervée que Corrine ’j’ai fermé les yeux pendant 15 ans de mariage et maintenant j’ai peur pour mes gosses’ McKey. Shane, Mara et Jackson finissent par former la famille que Vic n’a jamais eu et à laquelle il s’est pourtant accroché comme un junkie à sa drogue : une famille qui s’aime.
D’accord, l’exemple des Vendrell n’en est pas vraiment un, mais quand même : Vic a beau vouloir se convaincre de faire passer sa famille avant tout, il est incapable de l’amour que Shane a su montrer à sa femme pendant les derniers jours de leurs vies. Il est capable des plus grands sacrifices, mais pas de les aimer et d’être là pour eux. C’est assez ironique.

Moi qui n’ai jamais vraiment su qui était Vic au fond, j’ai enfin compris avec ce series finale : il est un bel et bien ce ’sick, twisted man’ que décrit l’agent Murray. Ni plus, ni moins. Ce qui ne fait pas de lui un monstre, car il est encore capable d’émotions lorsque Claudette (magnifique CCH Pounder, remplie de force et de lassitude) lui montre la seule chose qui pourrait l’ébranler : les photos des corps sans vie de Mara, de Jackson, et le sang de Shane sur les murs. Et ça marche, pendant quelques secondes, mais quelques secondes à peine. C’est un ’sick, twisted man’, mais c’est un homme qui a fait des choix extrêmes, à la hauteur de ses ambitions et de son intelligence, et qui s’y est tenu, jusqu’au bout. Même dans la tragédie, même lorsque tout s’écroule autour de lui.
Vic McKey reste le personnage le plus charismatique et le plus fascinant qu’il m’ait été donné de voir à la télévision américaine. Et The Shield reste la seule série que je connaisse capable de maintenir une telle excellence pendant 7 saisons.

Et maintenant, M. Ryan, vous nous préparez quoi ?

Feyrtys