Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Veronica Mars - La guerre des sexes remplace la lutte des classes

Wichita Linebacker: La guerre des sexes à Neptune

Par Tigrou, le 25 octobre 2006
Par Tigrou
Publié le
25 octobre 2006
Saison 3
Episode 3
Facebook Twitter
Quelle belle invention que le fast-forward ! Je me demande vraiment qui a eu cette idée géniale au sein de notre belle rédaction... Sûrement quelqu’un de brillant !

Et ne croyez pas que je vante les mérites de ce merveilleux joker uniquement parce qu’en nous autorisant à reviewer en 5 lignes un épisode, il nous fait gagner un temps précieux qu’on peut mettre à profit pour se faire des intégrales de Gilmore Girls ou de Grey’s Anatomy, parler sur MSN, manger du chocolat au beurre de cacahuètes, ou faire la grasse matinée...

Non, l’intérêt du fast forward, c’est qu’en nous permettant de rester silencieux sur un épisode qu’on n’a pas aimé, il nous évite de dire des choses qu’on regrette sur la série et nous permet de ne pas nous fâcher !
Imaginez un peu à quel points nos relations familiales à tous seraient plus paisibles si ce joker était institué dans la vraie vie ? Si on pouvait simplement passer le repas du dimanche midi en accéléré, en disant l’essentiel en 5 secondes avant de rentrer chacun chez soi ?

Bref, tout ça pour dire que grâce à ce joker, je n’ai pas besoin de vous dire que j’ai été extrêmement déçu par cet épisode de Veronica Mars. Ni que je l’ai trouvé ennuyeux à mourir. Ni que je suis très inquiet pour l’avenir. Ni que franchement, CSI, ça sent pas bon des pieds !

Je n’ai pas non plus besoin de me justifier en donnant des arguments méchants et gratuits comme « Weevil et Grapollo, même combat ! », « Si je voulais voir venir chaque rebondissement un quart d’heure à l’avance, je regarderai Lost, pas Veronica Mars », ou encore « Non mais franchement, une intrigue sur le football... De qui se moque-t-on ? ».

Non, grâce à ce fast forward, je peux choisir d’oublier cet épisode très décevant au plus vite pour repartir sur de bases saines dès le prochain !

Oui, je vais faire ça !

Enfin, dès que je vous aurai parlé d’un truc, quand même. Ce truc, c’est la mise en place qui continue. Ce qui ne rend pas l’épisode plus intéressant, certes, mais au moins il n’est pas complètement inutile !

La semaine dernière, on mettait en place de nouveaux personnages (qu’on revoit dans cet épisode) et on nous réinstallait Veronica dans son rôle de paria.

L’intrigue de cette semaine est l’occasion pour Veronica, et nous avec elle, de rencontrer le Dean de Hearst, l’équivalent de son ancien principal... L’enquête concernant sa voiture vandalisée n’est pas palpitante, mais elle a le mérite de les installer directement dans une relation semblable à celle qui liait Veronica à Clemmons dans les saisons précédentes. En gros, ils s’aideront mutuellement à peu près aussi souvent qu’ils se mettront des bâtons dans les roues... c’est en tout cas ce que je pressens.

L’autre mise en place de cet épisode, bien plus intéressante celle là, c’est celle du thème de la saison (ou en tous cas du premier tiers de la saison). Certains ont dénoncé l’absence de lutte des classes en arrière plan cette année (Vous voyez, c’est l’exemple typique des bienfaits du fast-forward : dans une review classique, j’aurais été obligé de vous dire qu’il s’agit de Ju, sous entendant que vraiment, il ne comprend rien à l’anglais ni à la série parce que Lost lui a ramolli les neurones... mais heureusement, grâce au fast forward, je peux me contenter d’un vague « certain » et ne me fâcher avec personne !)... Je pense qu’avec cet épisode, il est assez clair que la fracture à Neptune cette année ne se situera plus entre les classes, mais entre les sexes.

Si le fast forward n’existait pas, je me retrouverai obligé de vous détailler cette histoire de guerre des sexes, en vous disant qu’elle apparaît dans les trois intrigues principales de l’épisode. On la perçoit d’abord, bien sûr, dans l’opposition entre les humoristes et les féministes du campus, choquées par une caricature qu’elles considèrent comme un appel au viol. Mais ce fossé entre les sexes apparaît aussi dans la conclusion de l’enquête footballistique de la semaine, où la coupable se révèle être la petite amie de la victime, qui n’a pas agi par mesquinerie mais par incompréhension (elle ne comprenait pas pourquoi son petit copain acceptait d’être traité comme un moins que rien par son coach et pensait lui faire une faveur en le faisant renvoyer de son équipe). Cette incompréhension entre les sexes est aussi abordée, moins subtilement je trouve, à travers les problèmes de couple de Veronica et Logan : Veronica a du mal à faire confiance (elle va jusqu’à tracer les appels de son petit ami !), et Logan a du mal à s’intéresser aux expositions et autres festivals culturels où aimerait l’emmener Veronica... Un poil cliché quand même.

En tous cas, comme toujours avec Rob Thomas, aucun camp n’est vraiment favorisé dans cette « lutte ». Les féministes du campus semblent assez extrêmes et dénuées d’humour, mais le twist final de l’épisode, bien qu’un peu facile (on y apprend que la fille visée par la blague des deux « humoristes » du campus a été violée, et il est probable que le violeur l’ai attaquée en réponse à cette blague), sous-entend que leur prudence n’était pas si démesurée que ça.

L’épisode précédent posait la question des devoirs de la presse (quand Veronica souhaite ne pas dévoiler les activités illégales qu’elle a découvertes dans la sororité parce qu’elle a de la compassion pour la coupable et que sa rédactrice en chef refuse d’étouffer l’affaire).
Et si l’on avait pas inventé ce merveilleux outil qu’on nomme le fast forward, je devrais passer un peu de temps à vous dire que, cette semaine, ce sont ses droits qui sont évoqués à travers plusieurs intrigues. D’abord celle de Veronica et du Principal, où Veronica se voit menacée d’expulsion si elle refuse de dévoiler ses sources. Mais surtout à travers l’intrigue secondaire du viol, qui pose la question suivante : jusqu’où la presse et l’art peuvent-ils aller ? Peut-on tout se permettre sous couvert d’art ou d’humour ? Doit-on se censurer sous prétexte que l’œuvre ou l’article pourra servir de support à la violence ou à l’intolérance de certains ? (En gros : doit-on interdire J’irai cracher sur vos tombes et American Psycho par peur que ces livres n’encouragent les pulsions violentes de quelques lecteurs ? Doit-on refuser de publier les caricatures de Mahomet dont tous les journaux parlent parce qu’on sait qu’elles ne soient perçus par certains comme un appel à l’intolérance ou à la violence ?).
En gros, la seule responsabilité du journaliste est-elle d’informer quel qu’en soit le coût ? Je doute que Rob Thomas nous offre une opinion tranchée sur le sujet prochainement mais le sujet peut être intéressant...

Sans fast forward, toujours, je serai obligé de revenir au remplacement de la lutte des classes par la guerre des sexes, pour vous confier que j’attend de voir ce que ça donnera sur le long terme, mais que je pense que ça peut être intéressant. Bien sûr, l’aspect « town without middle class » de Neptune a contribué pour beaucoup à son atmosphère au fil des deux dernières saisons, et le faire disparaître complètement de la série serait maladroit et décevant... Mais je pense qu’en deux saisons, on avait fait un bon tour du sujet, et que l’opposition entre les garçons et les filles pourra permettre un renouvellement des storylines et des intéractions entre les personnages... En tous cas je l’espère !

Heureusement, grâce au fast forward, je peux oublier bien vite cet épisode décevant, et éviter d’en parler pendant deux pages pour m’apercevoir que, finalement, tout n’est pas à jeter là dedans...

Sans fast-forward, j’aurais été forcé de m’attarder sur le sujet, et de vous dire que le thème, les interrogations et les personnages mis en place par cet épisode ne me déplaisent pas, mais que j’espère simplement qu’ils pourront s’exprimer dans de manière un peu plus palpitante dans les prochains épisodes. Parce que la série peut bien offrir des réflexions aussi profonde qu’elle veut, si on s’endort avant la fin de l’épisode, ça ne sert à rien !

Tigrou
P.S. Bon, ben finalement, mon fast-forward est encore plus long que mes reviews habituelles. Et j’ai mis l’équivalent temps de trois épisodes de Grey’s Anatomy à le taper. Pour la peine, je n’utilise pas mon joker ! Na !