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Veronica Mars - Avis sur les deux derniers épisodes de la série

Bilan de la Saison 3: She’s such a blond

Par Tigrou, le 16 juillet 2007
Par Tigrou
Publié le
16 juillet 2007
Saison 3
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Difficile de reviewer un dernier épisode. Surtout le dernier épisode d’une série qu’on a aimée et admirée comme j’ai aimé et admiré Veronica Mars.

Difficile de faire passer par écrit la nostalgie qu’on ressent en réalisant qu’on voit ces décors et ces personnages pour la dernière fois.

Difficile de décrire l’angoisse inexplicable qui vous saisit pendant le visionnage, entre la peur d’être déçu et l’agacement que provoque chaque scène pas indispensable quand il y reste tant de choses à raconter et à conclure en si peu de temps.

Difficile surtout d’être objectif, et de ne pas se montrer trop sévère ou trop indulgent. Sévère parce que, forcément, comme il n’y a plus d’occasion de se rattraper, on attend un dernier épisode parfait, qui boucle tout ce qu’il y a à boucler tout en incarnant l’âme de la série. Indulgent parce que, malgré tout, c’est le dernier épisode, et qu’on a pas envie de se quitter fâchés.

Croyez-le ou non, mais j’ai souvent du mal à décider si j’ai aimé ou non un Series Finale. J’avais été très déçu par le dernier Buffy la première fois que je l’ai vu mais, après coup, malgré les facilités scénaristiques et les résolutions d’intrigues bâclées, j’ai appris à mieux en apprécier les bonnes scènes et les bonnes idées. Le series finale d’Angel m’a aussi laissé une impression mitigée. Pareil pour Sex & the city.

Finalement, je crois que j’ai plus de facilité à me faire un avis sur un dernier épisode quand je suis moins attaché à la série : je n’ai eu aucun mal à décider si j’avais aimé ou non les series finale d’Alias (booof) ou d’Ally McBeal (eeeeeew !).

Bref, difficile de se faire un avis à chaud sur un tel épisode. Voilà qui explique mon retard. Ah, et aussi, accessoirement, j’avais la flemme / pas le temps / des vieilles séries à regarder / c’est la faute de Ju de toutes façons.

Mais finalement, je suis content d’avoir pris un peu de retard et d’avoir eu le temps de laisser reposer tout ça... Pourquoi ? Parce que, malgré mon enthousiasme initial, mon avis sur ces épisodes a un peu évolué pendant ces quelques semaines.

Je m’explique : quand je les ai vus pour la première fois, j’ai beaucoup aimé ces épisodes, j’ai passé un très bon moment devant et, une fois le générique de fin arrivé, j’étais très triste que la série soit annulée. Comme beaucoup de gens je suppose...

Le fait que le Series Finale ne soit pas un vrai double épisode avec un seul mystère était certes un peu décevant. Mais avoir deux enquêtes distinctes permet à Rob Thomas d’intégrer tous ses personnages aux intrigues de ce Series Finale, sans que cela paraisse trop forcé. Et, même si le côté « double épisode » est un peu artificiel (le cliffhanger aurait très bien pu servir de prégénérique à l’épisode suivant, et on aurait eu deux épisodes indépendants), les thèmes des deux mystères sont suffisamment proches et dans l’esprit de la série pour donner au tout la cohérence nécessaire.

Et puis j’ai laissé refroidir tout ça. J’ai réfléchi aux épisodes, à leurs thèmes, mais aussi à la série dans son ensemble, à l’évolution des personnages...

Et finalement... Je ne suis pas si mécontent que la série s’arrête là.

Pas que ces épisodes soient mauvais : au contraire, je trouve que vues les circonstances de l’annulation, ils constituent une belle réussite pour Rob Thomas. Les intrigues sont bonnes, les dialogues et les personnages aux meilleurs de leur forme, et les bonnes scènes sont légions.

Et pourtant, en essayant de les analyser un peu, je ne peux pas m’empêcher de penser que la série commençait à s’épuiser, quoi qu’en dise Rob Thomas, Veronica Mars n’avait plus grand chose à raconter.

Vous me trouvez un peu sévère ? Pourtant, il suffit de regarder les thèmes de ces épisodes pour se rendre compte qu’on tourne en rond !
On retrouve pratiquement tous les thèmes phares des deux premières saisons dans ce double épisode : l’inégalité des classes (Weevil est accusé à tort par une bande d’O’Niners), la corruption du système par les plus riches, qui pousse les plus démunis vers le crime (Weevil qui garde la machine à recharger les cartes pour lui à la fin de l’épisode, après tout à quoi bon être honnête puisqu’on le soupçonnera de toutes façons encore et encore ?), les violences sexuelles (Veronica n’est pas violée à une fête cette fois, elle est simplement exhibée sur Internet par les mecs de son campus), l’isolation de Veronica (qui est la paria de l’université après avoir été celle du lycée)...

Même certaines intrigues semblent un peu redondantes. Difficile de ne pas penser à Meg et Duncan lors de la scène Parker quitte Logan parce qu’elle sent qu’il est encore amoureux de Veronica. Difficile de ne pas penser à la Saison 1 quand Keith perd une nouvelle fois son poste de shérif parce qu’il a tenu tête aux puissants (et au même puissant qu’en Saison 1 d’ailleurs : Jack Kane).

Alors, faut-il parler de clins d’œil ou de redites ? Cette impression de déjà vu qu’on a en voyant les épisodes n’est elle que la conséquence d’un retour aux sources bienvenu, ou dénote-t-elle un véritable manque d’inspiration, une véritable incapacité de la série à évoluer ?

Soyons clair, pour le dernier épisode de la série, ces références plus ou moins appuyées aux deux premières saisons sont plus que bienvenues : difficile, en effet, de ne pas se sentir nostalgique en voyant la série revenir aux sources. Mais, malgré tout, le fait que Rob Thomas se soit senti obligé de ramener tous ces éléments dans son Series Finale témoigne, pour moi, de l’incapacité de la série a évoluer sans perdre en qualité.

Je pense que ce qui illustre le mieux ce « blocage » de la série, ce sont les personnages et leurs relations.

Bien sûr, il leur en sont arrivées des choses en 3 saisons à Veronica,
Keith, Logan, Wallace et compagnie. Mais pourtant, si l’on creuse un peu plus loin que le « qui sort avec qui », on s’aperçoit que leurs situations n’ont pas beaucoup évolué depuis la saison 1.

Commençons par la relation de Keith et Veronica, puisqu’elle a toujours été l’un des piliers de la série et qu’elle est clairement au centre de ce dernier épisode. Veronica ment à son père. Malgré sa déception, il se sacrifie pour la protéger parce qu’il l’aime. C’est beau, c’est triste, c’est bien écrit et interprété... Mais ça n’a pas vraiment bougé depuis la saison 2.

On pourrait aussi parler de Veronica et Logan, une autre relation « pilier » de la série qu’on le veuille ou non. Là aussi, ça n’a pas vraiment évolué depuis le début de la saison 2. Logan aime Veronica mais ne se trouve pas assez bien pour elle et passe son temps à tout gâcher. Veronica aime Logan, mais elle n’arrive pas à lui faire confiance et à supporter ses faiblesses. Il se trouve qu’en cette fin de saison 3, Veronica sort avec Piz et Logan avec Parker... Mais leur relation en elle même n’a pas changé, et c’est assez criant dans les scènes qu’ils ont en commun. D’ailleurs, vu le nombre de scènes que Veronica et Logan ont en commun, on se rend bien compte que Parker et Piz ne sont que des faire-valoir pour mettre en valeurs le couple de la série.

Je pourrais parler aussi de Veronica et Wallace, ou même de Veronica et Mac, mais vous voyez le tableau.

Finalement, on a un peu l’impression que toutes les relations entre les personnages principaux ont été établies pendant la saison 1 (Keith qui laisse sa fille enquêter, Veronica et Logan qui tombent amoureux, Wallace qui gagne la confiance et l’amitié de Veronica...) et qu’elles n’ont pas évolué de manière significative depuis, les scénaristes se contentant de nous offrir des variantes autour des schémas établis sans jamais trop les bouleverser.

Et, au fond, si les relations entre les personnages semblent si figées, c’est parce que les personnages non plus n’ont pas tant évolué que ça.

Quand on l’a connue pour la première fois, Veronica était une jeune femme blessée, cynique, tourmenté, qui n’accordait sa confiance à personne.

Le personnage a un peu changé depuis cette époque... Mais pas tant que ça. Et, même quand elle évoluait, Rob Thomas donnait rarement l’impression de savoir dans quelle direction il voulait la faire aller. Prenons par exemple le côté isolé de Veronica : il s’atténuait progressivement en saison 1, n’évoluait pas vraiment en saison 2 et faisait du yoyo en saison 3 où, selon les épisodes, Veronica était une fille super populaire ou une grosse rejetée.

Pour être honnête, je pense même que si on regardait un épisode de la saison 1 juste avant un épisode de la saison 3, on ne verrait pas une grande différence entre les deux Veronica.

Rob Thomas ne semblait pas vraiment savoir dans quel direction aller avec son héroïne, et du coup, il n’est pas très étonnant que ce Series Finale ne semble offrir aucune vraie conclusion au personnage. La seule scène où j’ai vu une évolution claire de Veronica, c’est celle où elle confronte Piz à propos de la vidéo filmé dans sa chambre. Elle lui demande si c’est lui qui l’a filmée, il répond que non, et elle le croit sans demander de preuves : Une jolie avancée pour le personnage, qui accorde enfin sa confiance à quelqu’un sans arrière pensée. C’est malheureusement assez peu pour un dernier épisode, surtout que je ne suis même pas sûr que cette « évolution » de Veronica ait été intentionnelle et ne relève pas de la simple facilité scénaristique (pas le temps de voir Veronica enquêter sur Piz, il ne reste que 35 minutes avant la fin de la série).

Finalement, on peut se demander si le retour aux sources de Rob Thomas pour ces épisodes n’était pas une solution de facilité. Incapable de « conclure » ses personnages, qui n’évoluaient pas dans une direction précise depuis le début de la série, il se contente de nous les montrer comme on les a toujours connu, tout en concluant leurs intrigues du mieux qu’il peut sans que cela apporte grand chose à l’édifice. (La rupture de Logan et Parker ? Le départ de Wallace en Afrique ? Dick qui se réconcilie auprès de Mac ? Veronica qui veut essayer une relation longue distance avec Piz ? Des « conclusions » honnêtes et agréables à regarder, mais qui ne m’ont en aucun cas donner l’impression que les personnages avaient subi un véritable cheminement depuis le début de la série).

Certains ne manqueront pas de me trouver trop sévère. Mais attention, je ne cherche pas à revenir, après coup, sur la qualité de la série.

Je pense simplement que Veronica Mars n’était pas faite pour tenir sur la durée. Rob Thomas avait clairement pensée sa Saison 1 de fond en comble, et elle était proche de la perfection. Mais soyons honnêtes : il n’avait pas probablement pas réfléchi à sa série et à ses personnages au delà de cette première saison (et franchement, qui lui reprochera vu que chaque renouvellement a tenu du miracle ?). L’intrigue très bien ficelée de la Saison 2 lui a permis de faire illusion, mais en Saison 3, quand les contraintes imposées par la CW l’ont empêché de faire reposer sa saison sur un mystère plutôt que sur ses personnages, les limites de la série ont commencé à apparaître.

Je ne regrette absolument pas d’avoir eu droit à deux saisons supplémentaires. Mais soyons honnêtes, si la série dans son ensemble a été d’excellente facture, seule la Saison 1 restera à mes yeux comme un chef d’œuvre. Et, d’ailleurs, c’est déjà beaucoup !

Voilà. Je crois que j’ai tout dit. Au risque de me répéter, j’ai trouvé ces deux derniers épisodes de très bonne facture : sombres, cyniques, rythmés, bourrés d’humour, remarquablement écrits et interprétés... Ils étaient à l’image de ce que la série avait fait de mieux.

Pourtant, même si j’abandonne Veronica avec un pincement au cœur, je ne suis pas vraiment triste de la voir disparaître. Rob Thomas nous a déjà raconté l’essentiel et ne savait plus vraiment où aller, c’est en tous cas ce que j’ai ressenti devant ces ultimes épisodes... Et je préfère arrêter là, avec mes souvenirs de la saison 1 à peu près intacts, plutôt que de voir les scénaristes broder pendant encore deux saisons.

Reste à espérer que Rob, Kristen, Enrico et tous les autres gens sympas de la série (ceux qui ne sont ni des intégristes, ni des scientologues donc...) trouveront bien vite un autre support pour exprimer leurs talents. Et mieux qu’une chaise de scénariste dans Lost ou qu’un second rôle pourri dans Brothers & Sisters si possible !
Et s’ils veulent créer une nouvelle série ensemble, qu’ils comptent sur moi !

Voilà, c’est tout. Merci à ceux qui m’ont lu jusqu’au bout malgré mon retard. Et, puisqu’il n’y aura plus de review de Veronica Mars à la rentré, je vous dit à bientôt, sous une forme ou sous une autre !

Ah, et que les fans de Kristen Bell se rassurent. Ils la retrouveront dès l’an prochain à l’écran, dans un rôle à la hauteur de son talent. Promo exclusive :

Kristen Bell en voix off dans Gossip Girl.
Une performance déja inoubliable.
Tigrou
P.S. Bon, en attendant, c’était quoi leur vrai rôle dans l’accident de bus aux Fitzpatrick ?