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The Good Wife

7.22 - Fin

Bye Felicia, Alicia !

jeudi 14 juillet 2016, par Conundrum

On peut vraiment dire que The Good Wife s’est achevée comme elle a commencé. A savoir avec un épisode maladroit, un peu bancal mais qui fait quand même comprendre que, dans l’ensemble, il y avait un réel intérêt à suivre la série. Même s’il était bien caché.

Cette symétrie qualitative entre le pilote et l’ultime épisode devrait faire plaisir à Mme et M. King, les brave créateurs de La Brave Epouse.

Jusqu’à sa quatrième saison, les titres d’épisodes étaient composés d’autant de mots que de saisons produites, puis, à partir de la suivante ces titres en perdaient un par an. Au final, la première et la dernière saison ont fini avec des titres à un mot. Ils sont finauds, ces King, quand même. Et cette symétrie est au cœur de cette dernière ligne droite. A tel point que ça en devient contre productif.

Cary et Diane redeviennent les antagonistes principaux d’Alicia de manière peu respectueuse mais malheureusement sans surprise de la part des King.
Si on retire son arc en début de saison six, Cary n’a jamais été un personnage dignement utilisé en sept ans. Les scénaristes préféraient nous distraire avec des stars invités rapidement kelleyrisés [1] que d’essayer de donner de la vraie substance à Cary. Le sympathique Matt Czuchry faisait pourtant de son mieux avec le peu de matériel qu’on lui était donné. Les King ne se sont jamais décidés sur quoi faire de Cary : est ce le rival d’Alicia, l’ennemi du cabinet lorsqu’il passe du côté du procureur, le partenaire d’Alicia, son ami, ou ce type avec qui elle bossait avant ?

Et cette fixation sur la symétrie de la part des King force à en faire ce qu’il était dans le pilote et donc à en refaire le mec qui a une dent contre Alicia. Et cela passe par une petite destruction du personnage, Diane réalise que Cary est mignon, mais il est un peu con. Et elle pousse Alicia à le trahir en voulant qu’elle devienne son associé à la place de Cary.

Et ce n’est pas le « Cary est bien mieux en professeur de loi  » qui rattrapera le traitement agaçant d’un personnage qui méritait mieux.

Sérieux, les King ?

Et la pauvre Diane, malgré l’annonce de la série dérivée dont elle devrait être l’héroïne (un jour), s’en sort à peine mieux. Malgré la scène magistrale où elle quitte le tribunal en plein procès, son personnage est traité avec aussi peu d’égards et pour la même raison : cette fixation sur la symétrie des King.

Les King ont expliqué qu’ils ont toujours envisagé une gifle dans le finale qui serait le reflet de celle qu’Alicia donne à son mari dans le pilote. Mais, pour montrer l’évolution du personnage, c’est Alicia qui serait giflée par une personne qu’elle aura trahi. En voulant à tour prix garder cette parallèle, il fallait qu’Alicia trahisse quelqu’un. Si les King avaient permis à Kalinda de gifler Alicia dans une magnifique apparition finale un peu méta d’Archie Punjabi, ça ne m’aurait pas dérangé. Mais sans option viable, il fallait que Diane redevienne l’antagoniste d’Alicia une dernière fois de la manière la moins organique possible.

Le couple Diane et Kurt était une des meilleures intrigues donnée à Baranski. Diane excelle toujours lorsqu’elle est confrontée à un homme opposé à ses convictions qu’il soit Oliver Platt ou Gary Cole. L’idée qu’elle puisse partager sa vie avec un homme sans partager sa vision de la vie était une source de très bonnes intrigues. Le pire, c’est que les King auraient pu sortir dignes de cette intrigue. Il y avait une marge de manoeuvre pour que Kurt soit malmené par Lucca sans laisser faire planer le doute d’une infidélité. L’image et le sérieux de Kurt étaient assez importantes pour lui pour que l’attaquer sur le plan professionnel résulte en une Diane aussi furieuse et remontée contre notre héroïne.
Mais non, il fallait une histoire de cul. Et il fallait que les King, dans une interview accordée à Variety, nous explique que la trahison d’Alicia est ancrée dans une jalousie plus ou moins inconsciente qu’elle a envers Diane et du couple qu’elle forme avec Kurt.

Mais tout cela aurait pu quand même être accepté, parce que la série ne s’appelle ni "Le Brave Collègue Mignon Mais Un Peu Con", ni "La Brave Avocate qui Déchire Sa Race". Alicia est l’héroïne de la série, et si des personnages sont sacrifiés, c’est pour qu’elle puisse est confrontée à son plus grand challenge et en sortir tellement changée que cela devient la conclusion idéale à la série.

Ben non, putain de symétrie oblige !

La Brave Épouse se bat pour son sacripant de brigand de mari un peu volage. Elle l’aide, elle sauve, elle reste à ses cotés, mais là, c’est différent parce que…le fantôme de l’homme qu’elle a aimé lui fait comprendre que c’est OK de passer à autre chose ? Et autre chose, bien évidemment, ce n’est pas une carrière, écrire un livre, définir un nouveau but. C’est un mec.

SÉRIEUX, LES KING, SÉRIEUX ?

En sept ans, Alicia s’est affirmée, c’est bien et tout ce qu’on veut, mais au fond, je ne sais toujours pas ce qui définit Alicia sept ans après le pilote.

Elle retourne à sa carrière par obligation, elle lance son propre cabinet parce que ça l’arrange et que Cary lui propose (l’impulsion ne vient pas d’elle), elle se lance dans la politique parce que…elle en marre de dire non à Eli ?, elle revient au droit parce qu’elle n’a pas le choix, et revient au cabinet parce que c’est le plus facile pour elle.

Le seul moment, où Alicia a affirmé qui elle était vraiment, c’était lorsqu’elle pleure dans sa cuisine et se confie à Lucca. J’espérais que cette dernière ligne droite la redirige vers un but, une vocation qui la motive. Mais non, Alicia est une femme qui a de la colère.
La loi, les procès, la bataille étaient son exutoire, pas sa raison d’être. C’est là où, à mes yeux, Diane a tort de dire que, pour elle, Alicia est le nouveau Will. Will vivait pour son métier. Alicia se laisse porter par les événements. C’est une femme talentueuse et forte. Sur ce point, la série a rempli son contrat. Nous montrer une femme bafouée, mais qui montre qu’elle est bien plus qu’elle n’y parait dans le pilote nous promettait une Alicia remarquable en fin de série. Et on l’a eu.

Mais il faut avouer que la série est passée à côté de son thème car elle n’a jamais effacé cette idée qu’Alicia se laisse porter, qu’elle n’est pas maîtresse de sa destinée, qu’au fond, il n’y a rien qui la motive à part la colère. Et apparemment une jalousie envers les couples heureux.

C’était une mauvaise fin, il ne faut pas voiler la face et quand le générique de fin a déroulé sur l’écran de mon salon, comme Diane je me suis levé et j’ai quitté la pièce.

Et comme Diane, je voulais gifler La Brave Épouse.


[1A savoir, qui disparaissent sans raison et sans explication.

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