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Love, Death + Robots

1.18 - Bilan de la Saison 1

+ Male Gaze + Violence

lundi 22 avril 2019, par Sebargio

Il fut un temps où l’on parlait de saisons quand on parlait des séries. Puis Netflix est arrivée et a commencé à parler de parties. The OA, par exemple, est composée de deux parties et non deux saisons. Et puis il y a cette « nouvelle » catégorie, dont on va parler aujourd’hui avec Love, Death + Robots.

Love, Death + Robots est une anthologie d’animation. Avec "anthologie" utilisé comme (mauvais) anglicisme pour désigner une série pour laquelle les saisons ou les épisodes traitent du même thème mais sont complètement indépendants les uns des autres (si on parle des épisodes) ou les unes des autres (si l’on parle des saisons).
Il y a, en tout, 18 épisodes dont les durées vont de 6 à 17 minutes.
Pour être clair, il s’agit tout simplement de plusieurs cours métrages d’animation.

Cette anthologie parle donc d’amour (enfin, plutôt de sexe et de nudité féminine gratuite), de mort (parfois, souvent), de robots (oui mais pas tout le temps). Et aussi de violence, de beaucoup de violence.

Selon les épisodes, nous avons de véritables dessins animés à l’ancienne, en 2D. Les autres sont en 3D, en images de synthèse. Un épisode est à part dans cette anthologie puisqu’il mélange, à la façon de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? des images réelles, filmées et des animations. Avec des styles allant de la caricature pure et dure jusqu’au réalisme le plus bluffant. C’est visuellement un régal.

Mais la série porte mal son nom. On est souvent plus dans le fantastique et la science fiction que dans la robotique pure. Certains épisodes n’ont d’ailleurs strictement aucun robot.

Et je cherche encore l’amour… Par contre, les femmes nues, ça, pas besoin de les chercher longtemps. Elles sont partout. Et évidemment sans que cela soit justifié une seule seconde par le scénario.
Apparemment, cela fait 11 ans que la série était en production. 11 ans c’est beaucoup [1] et il s’est passé beaucoup de choses depuis.
De ce point de vue là, Love, Death + Robots est une série du passé, traitant trop souvent les femmes comme des objets.
Tout comme les premières saisons de Game of Thrones.
Et oui, ça pose un réel problème. Ce n’est pas parce qu’on peut montrer de la nudité qu’il faut le faire. La série est bien notée « Pour adultes » avec un beau « 18 » pour nous indiquer que ce n’est pas destiné aux enfants pour « sexe » et « violence » mais ça n’est pas une raison, ça n’est pas une excuse. Et très franchement, ça m’a gâché certains épisodes, parce que ce n’était pas du tout subtil...

La polémique utile en ces temps de Peak-TV

Très rapidement après la sortie de la série, une polémique est née sur Twitter : « Netflix change l’ordre des épisodes en fonction de votre orientation sexuelle ».
En effet, un twittos gay (c’est important pour l’anecdote) a conseillé à un ami (hétéro) de regarder le premier épisode.
En en discutant ensuite, ils se sont rendus compte qu’ils ne parlaient pas du tout du même épisode.
Et comme le « premier » épisode présente une scène lesbienne, ils ont conclu que Netflix proposait un ordre différent en fonction de l’orientation sexuelle des utilisateurs.
La polémique a enflé, certains répondant « Netflix pense que je suis gay » et d’autres « Netflix pense que je suis hétéro » avant que Netflix ne démente totalement posséder une telle information. La plateforme aurait tout simplement testé quatre ordres différents, au hasard chez les utilisateurs.
Aucune idée sur le pourquoi de la chose mais on sait que cette société aime bien tester ce genre de choses. La série étant une anthologie et l’ordre des épisodes n’ayant aucune importance, elle se prêtait donc à ce genre de tests.
Mais voilà, la conséquence, c’est qu’on est obligé de donner le titre de l’épisode pour en parler.

Et les épisodes dans tout ça ?

Force est de constater que leur qualité est très inégale. Mais vu qu’ils durent très peu de temps, ceux de qualité discutable ou un peu raté n’ont pas vraiment le temps de nous ennuyer.
La saison se regarde ainsi très rapidement. De nombreux spectateurices [2] l’ont d’ailleurs regardé d’une seule traite. J’ai personnellement préféré m’arrêter au bout de quelques épisodes pour la regarder sur trois jours.

Très rapidement, en quelques lignes un avis sur chaque épisode, en se basant sur l’ordre qui est celui auquel j’ai eu droit (OMG, Netflix thinks I’m gay !!!).

Sonnie’s Edge

Une très bonne entrée en matière. Cet épisode réussi et esthétiquement beau pose bien les bases et l’ambiance de ce qu’est la série. Probablement que si vous n’accrochez pas à cet épisode il y a de grandes chances que vous n’accrochiez pas à la suite. L’histoire pourrait presque se résumer à un combat de Pokémons en arène mais évidemment c’est bien plus que ça. C’est aussi l’épisode dans lequel il y a une relation lesbienne. Enfin, du moins c’était présenté comme ça et avant que je ne vois l’épisode, j’ai cru qu’il y avait une histoire d’amour. Mais non, c’est juste une scène de sexe en fait.

Three Robots

Un de mes épisodes préférés, si ce n’est mon préféré. Trois robots font les touristes dans une ville de notre civilisation disparue, tout comme nous pouvons visiter les ruines antiques d’Italie, de Rome ou les encore les Pyramides d’Égypte. Plein d’humour (et un peu d’incohérences aussi), un gros clin d’oeil à Terminator 2 et des chats !

The Witness

Une course poursuite à travers une ville entre un tueur et sa victime. Du male gaze à gogo puisque la victime est nue pendant tout l’épisode. Un twist censé nous surprendre mais qu’on peut deviner dès le début. Pas intéressant, pas très palpitant et cousu de fil blanc et une esthétique que je trouve personnellement moche. Un des épisodes que j’ai le moins aimé.

Suits

Là, c’est très très bon. Une ferme protégée par un champ de force se fait envahir par des bêtes surnaturelles. Les fermiers et fermières la défendent en utilisant de gros véhicules-robots armés qu’ils pilotent à la façon d’Actarus pilotant Goldorak. Visuellement réussi, émouvant, c’est un concept qui pourrait être développé sur une "vraie" série.

Sucker of Souls

Pas de robots mais une créature surnaturelle réveillée par une expédition d’aventuriers, scientifiques et archéologues. Visuellement bof, l’histoire n’a rien de particulier et c’est un des épisodes les plus oubliables de l’anthologie.

Yogurt

Un yaourt intelligent qui prend le contrôle de la planète. WTF !
Complètement farfelu et surréaliste, c’est un des épisodes les plus courts. Pas raté mais tellement bizarre que l’on se demande quel peut être son intérêt et surtout ce qu’il vient faire là…

Aquila Rift

Ça aurait pu, ça aurait dû être mon épisode préféré. L’histoire est géniale. Mais cet épisode qui est visuellement époustouflant est totalement gâché par un male gaze totalement disproportionné et absolument pas justifié. C’est l’épisode le plus touché par ce problème. Autrement c’est de la science fiction comme je l’aime, bien que je sois à peu près sûr d’avoir déjà vu ce concept ailleurs.

Good Hunting

Là encore, un épisode magique, une vraie et belle fable chinoise, gâché par la nudité gratuite et inutile… Sans rire, on pouvait s’en passer, l’épisode aurait été le même et ça n’aurait rien enlevé à rien… Au début du XXème siècle, un jeune garçon devient ami avec une femme-renarde, créature surnaturelle changeforme. Ils grandissent ensemble alors que la technologie se développe et continuent leur vie séparément dans un Hong-Kong aux allures steampunk.
Je n’en dis pas plus, volontairement, mais c’est une belle histoire, bien mise en images et qui aurait pu être parfaite donc.

The Dump

Un épisode dans une décharge. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus attrayant, esthétiquement parlant. Le propriétaire des lieux est prié de déménager mais il ne l’entend pas de cette oreille. Ça dure dix minutes et c’est très très long. Probablement l’épisode le plus faible et le moins intéressant de tous.
C’est d’ailleurs l’épisode qui reçoit le moins de suffrages sur iMDb à l’heure où j’écris ces lignes.

Shape-Shifters

Visuellement très réussi, c’est une histoire assez classique de l’armée américaine en Afghanistan. Sauf qu’il y a deux loups-garous dans les militaires. Pas l’ombre d’un robot, encore moins l’ombre de l’amour. Par contre, une nouvelle fois très violent.

Helping Hand

Vous avez vu Gravity ? On est exactement dans le même contexte.
Sauf que la solution est totalement différente (et fait tout l’intérêt de l’épisode). Un superbe épisode qui compte parmi mes préférés également.

Fish Night

Un des épisodes les plus beaux et merveilleux de l’anthologie, plein de poésie, féérique même. Pas de violence (ou presque), pas de robot, pas d’amour non plus. Mais un épisode à regarder en se laissant porter et en appréciant ce que l’on voit.

Lucky 13

Encore un épisode visuellement très réussi avec Poussey de Orange Is The New Black numérisée à la perfection. L’histoire entre un avion et son pilote. Parfaitement dans le thème pour le coup.
Un court métrage proche de la perfection.

Zima Blue

Très compliqué de résumer en une ligne cet épisode sans le trahir ou le gâcher. Alors je ne vais pas m’y risquer, me contentant de vous dire que c’est un épisode très beau, très philosophique aussi. Pas de violence ici non plus. Certainement parmi mes préférés également.

Blind Spot

Bof. Une histoire déjà vue de mercenaires attaquants un convoi…
Pas déplaisant mais rien de mémorable non plus. C’est le seul épisode dont je ne me souvenais pas lorsque j’ai commencé à écrire ce texte et pour lequel j’ai dû aller lire le résumé sur internet.

Ice Age

C’est l’épisode Roger Rabbit. Un jeune couple emménage dans un nouvel appartement et découvre dans son congélateur une civilisation miniature pour laquelle le temps s’écoule bien plus vite que pour nous. On voit donc les différentes évolutions des bâtiments et les étapes de l’âge de pierre, au moyen-âge, aux temps modernes jusqu’aux civilisations futuristes. Visuellement très sympa même si le concept qui mélange images réelles et animations détonne un peu au milieu de tout le reste.

Alternate Histories

Le deuxième épisode totalement farfelu avec celui du yaourt. Dans cet épisode, on explore différentes possibilités pour la mort de Hitler et les uchronies qui en résultent. Plus on avance, plus on dévie de la réalité jusqu’à partir dans des loufoqueries plus surprenantes les unes que les autres. Disons qu’il faut être dans un certain état d’esprit pour apprécier. Ça a été mon cas.

Secret War

"Dernier" épisode de l’anthologie. Une autre grande réussite visuelle. Une chouette histoire mettant en scène une armée russe submergée par des créatures fantastiques dans les forêts de Sibérie. Pas de robot non plus mais des morts et beaucoup de la violence. Un peu de frustration aussi, pas vraiment la faute de l’épisode en lui-même mais du fait que ça ne fait pas forcément épisode final.
Cela étant dit, du fait même qu’il s’agit d’une anthologie il ne semble, par définition, pas vraiment possible d’avoir une conclusion satisfaisante à la saison.


[1Sauf visiblement pour Peter Gabriel mais ça n’a rien à voir avec le sujet.

[2Merci les Couilles sur la Table pour le néologisme bien trouvé !

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