Accueil > pErDUSA > Chroniques > Billets > Chronique N°22

21 Drum Street

Chronique N°22

Le Drama le Plus Important à l’Antenne

jeudi 25 avril 2013, par Conundrum

Alors qu’un grand nombre de séries se sont prématurément arrêtées, se plaindre que Parenthood n’est toujours pas renouvelée pour une cinquième saison peut ne pas être entièrement légitime.

NBC n’a pas donné d’indications quant à une éventuelle annulation et les mauvaises audiences de Smash avec qui Parenthood a partagé sa case horaire laissent même penser que le drama familial de NBC devrait être à l’antenne la saison prochaine. Mais s’il n’y a qu’un mois à attendre pour les Upfronts (les conférences de presse des grands networks US qui annoncent la grille de la rentrée prochaine), je n’aime pas cette attente.

Je suis habituellement plutôt serein quant aux annulations de séries.
Cela ne me fait plus de peine et je ne crie pas au scandale. Comme je l’ai dit plus haut, quatre saisons, c’est déjà pas mal. Je ne me passionne plus autant que cela quant aux fins naturelles non plus. L’excitation liée aux fins de Fringe et de 30 Rock n’a pas égalée celle de ma jeunesse face à celle de Buffy. Pourtant, l’idée (même éventuelle) de l’annulation de Parenthood ne met pas à l’aise.

Parenthood est une série spéciale. Comme Fringe, mon intérêt pour la série a été grandissant. Je n’ai commencé à vraiment l’aimer que plutôt tardivement, aux environs de la saison 3. La qualité de la 4 y joue pour beaucoup, mais mon état d’esprit a changé radicalement cette saison et je ne pense pas que ce regain qualitatif en est la cause. Parenthood est juste née à un mauvais moment. Jason Katims n’avait pas encore fini Friday Night Lights que sa nouvelle série arrivait à l’antenne. Le style de tournage similaire et les acteurs qui passent du drama sportif à la série familiale poussaient inévitablement à la comparaison. Et Parenthood ne faisait pas le poids.

La série a aussi été lancée la même saison que Modern Family. A l’origine engagée dans le rôle de Sarah, le cancer de Maura Tierney a décalé le lancement de la série. Son départ du projet et le recasting de son rôle a permis à la direction des programmes de NBC de remarquer le succès de la comédie familiale d’ABC et de demander à Jason Katims de rendre la série un peu plus légère. La gravité d’une Maura Tierney qui sort d’Urgences est remplacée par la légèreté d’une Lauren Graham. Je ne doute pas que Tierney s’en serait sorti avec des moments légers, mais même dans Newsradio, le timing comique de l’actrice n’a jamais été son trait de caractère le plus marquant, contrairement à Lauren Graham.

Et si cela ne suffisait pas, la distribution prestigieuse n’a fait qu’augmenter les attentes face à la série et avec tout cela Parenthood m’a déçu. Mais ce n’est pas vraiment la qualité de la série qui m’a déçu mais plutôt le fait qu’elle n’était en adéquation avec ce que je voulais de la série et surtout ce que je voulais de Jason Katims, l’homme à la tête de la production.

Jason Katims a fait ses premières armes sur My So-Called Life, le fameux drama des années 90 qui a révélé Claire Danes. Avec les mêmes producteurs, Ed Zwick et Marshall Herzkowitz, il s’est lancé dans Relativity, sa première création. Mais Relativity, de par son style, rappelait pour beaucoup les autres séries du duo Zwick-Herzkowitz. On associe d’ailleurs plus les producteurs de My So-Called Life à la série que Winnie Holtzman, sa propre créatrice. C’est aussi le cas avec Relativity.

Lorsqu’il sort du style d’écriture des dramas familiaux de Zwick Herzkowitz, il se lance dans Roswell. Mais là aussi, avec un cahier des charges assez lourd. En plus d’être l’adaptation d’un livre, la série suit la structure des autres dramas de la WB. Et après cela, c’est avec David E. Kelley, un autre producteur au style marqué, qu’il s’associe sur Boston Public, puis The Wedding Bells. Jason Katims est un auteur talentueux mais qui semble suivre des règles édictées soit par ses partenaires d’écriture ou un network à l’identité forte.
Sur Friday Night Ligts, Jason Katims suit la ligne tracée de Peter Berg à qui l’ont doit le film et le pilote. Il nous fournira de belles saisons et saura s’épanouir mais, encore une fois, dans un environnement établi par un autre que lui. Et c’est ce qui fait que Parenthood, même s’il s’agit de l’adaptation d’un film, une série spéciale sur son curriculum vitae. C’est la série où l’homme met en avant ce qu’il a appris de ces œuvres précédentes.

La richesse tirée de la simplicité quotidienne de la vie de famille est le sujet de prédilection de ses premiers partenaires avec qui a fait ses premières armes, Ed Zwick et Mashall Herzkowitz. Mais ici, rien ne rappelle Once and Again ou Thirtysomething, ce que, à tort, je recherchais aussi lancement de la série. Le tout est montré par le style qu’il a appris à adopter sur Friday Night Lights. Et cela donne un ensemble cohérent et unique, un style qui, enfin, lui est propre.
Jason Katims est un bon showrunner qui, par le passé, a eu du mal à exploiter son talent. Il arrive enfin à le faire avec Parenthood.

C’est peut être ma faute de n’avoir admis les forces de la série que tardivement, mais j’ai besoin que la série continue. Je sais que la famille unie est un thème qui peut faire rouler les yeux ciels. Au final, il n’y a pas de quoi. La plupart des séries américaines nous montre une vue de communauté. Le soutien peut venir des collègues, de nos amis ou d’un groupe de thérapie. Parenthood montre juste que cela peut venir d’une famille et non pas que la famille est le support idéal à tout le monde. Elle l’explore avec ce qu’elle a de meilleur et assez rarement avec les désagréments qu’elle amène. Cette proximité est une source de conflits rarement exploitée et pas assez sur la longueur (le conflit entre les frères Braverman n’aura pas duré pour vraiment marquer les esprits). Cela montre qu’il y a encore une richesse à exploiter à la série et j’aimerais vraiment que Jason Katims et son équipe aient l’occasion de le faire.

Qualitativement, ce n’est peut être pas le drama le plus puissant à l’antenne, mais cela ne veut pas dire qu’il est tolérable de le voir partir. J’aimerais que NBC montre sa confiance en renouvelant la série prématurément. Dans une moindre mesure, j’aimerais aussi qu’un plus grand public le constate. Mais cela c’est moins important. Je sais que c’est une série de qualité qui me parle [1] et dont l’annulation me marquerait vraiment. Assez paradoxalement, à une époque où je me passionne moins pour les séries, je suis content de voir que l’annulation potentiel d’un drama puisse me toucher autant.

Mais, NBC, ce n’est pas une raison pour l’annuler.


Voir en ligne : “Parenthood”, entre saison 5 et annulation (mais non !)


[1Et à Dylanesque qui a chic site pour en parler

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

ConnexionS’inscriremot de passe oublié ?