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Scandal

7.18 - Over a Cliff

Shondnanarland

dimanche 22 avril 2018, par Max

Après 7 saisons à changer de chapeau comme elle change de président, Olivia Pope vient de nous quitter sur un dernier retournement de situation : elle s’est pris les pieds dans le tapis et vient de rater sa sortie la tête la première.

Ce n’est pas que cette septième et dernière saison brillait par l’intelligence de son histoire (Papa Pope qui se prend d’affection pour Quinn, Bébé Pope en grande méchante louve) ou sa constance mais elle a trouvé dans sa dernière ligne droite un regain d’énergie encourageant. En faisant de la dernière croisade des Gladiateurs la mission de faire tomber Cyrus, devenu antagoniste principal de la série, et B6-13, Scandal se donnait un but à la fois logique et plaisant, promettant tout simplement l’implosion de tout l’univers de la série (et donc la fin la plus cohérente qu’elle pouvait nous donner).

The Good Fight, The Bad Guy and the Ugly End

Vient alors Over a Cliff, ce dernier épisode qui saute plus que le requin, la falaise, le Mont Rushmore. Le big bang se transforme en pétard de 14 juillet mouillé par la bière. Alors que tout le gang se rallie et va témoigner devant le grand jury, Cyrus et Jake trouvent la solution miracle à tous leurs problèmes : tuer David, le procureur.
Et bien oui ! Quel plan machiavéliquement intelligent pour tout faire capoter que d’éliminer l’avocat de la partie adverse, la partie la plus visible du procès ? Sûrement le tuer chez soi parce que personne ne soupçonnera quoique ce soit. Cette mort est au mieux inutile, au pire une pirouette scénaristique pour insuffler un peu d’émotion et de rebondissement dans un final qui n’en aurait pas manqué sans cela et en suivant son programme de départ.

Toute cette partie est alors expédiée à la va-vite, entre une scène à la morgue pour montrer que “bouh, notre ami est mort, c’est triste”, remonter le moral des troupes avec un discours à la Pope (“we’re the only white hats left”  !!) et tout boucler avec un petit deus ex machina nous permettant d’avoir une dernière fois un Papa Pope monologue sauvant tout ce petit monde, parce que vraiment, ça nous manquait. Tout se déroule de façon mécanique, montrant une machine déjà en bout de course puiser dans ses dernières “forces” pour terminer le marathon. Oui, on aime être surpris mais pas au détriment d’une certaine cohérence - de qui je me moque, c’est Scandal...

D’ailleurs, en parlant de Cyrus, où est-il une fois son meurtre réussi ? Aux abonnés absents. Réduit à l’accessoire scénaristique le plus absurde de ce final, il vient nous donner notre mort pour ensuite être relégué aux bruits de couloir, pour rappeler qu’il y avait bien un “bad guy” face aux “good guys” mais rien de plus. Jake prend alors le costume noir de celui qui doit payer pour toutes les fautes, oubliant alors totalement qu’il a été à la botte de Fitz, Rowan et Olivia pendant 7 ans.
L’utiliser comme bouc-émissaire ? Pourquoi pas, cela aurait pu être une conclusion douce-amère, le dominant battant le dominé. Mais non, ici, il est juste la marionnette que l’on sacrifie pour donner le sentiment que justice a été faite.

Olivia Obama

Les mains libres, l’équilibre entre bien et mal rétabli (?!), Olivia peut donc rêver à un avenir radieux. Lorsque l’on suit une série, on aime toujours la voir se terminer sur une note positive, ou du moins atteindre les objectifs qu’elle se donnait. Pour Scandal, il y avait toujours la présidence des États-Unis en ligne de mire et un séjour au Vermont ou sous le soleil, au choix (donc Fitz ou Jake). Mais, avec l’intrigue finale qui se préparait, on revoyait nos attentes et trépignait à voir Olivia tout brûler sur son passage afin de rétablir la justice et réparer son erreur initiale, celle qui l’a mené sur le mauvais chemin (voler l’élection de Fitz) en exposant B6-13. Alléchant.

Que nenni ! Ce dernier épisode rétablit le plan initial et donne à Mellie sa présidence voulue, controversée puis “méritée” mais ce sont dans ses derniers instants que la série devient réellement problématique. On voit une Olivia libre rejoindre Fitz et un plan sur deux jeunes filles noires devant un portrait d’Olivia, de la même trempe que celui que Mellie s’est fait un peu plus tôt dans l’épisode, un qui rappelle ceux de Barack et Michel Obama récemment. Après Mellie, Olivia se serait donc assise dans le bureau ovale, parangon de son ambition, celle qui l’a mené à faire tant de choses répréhensibles.

Ce dénouement est problématique a plusieurs niveaux. Premièrement, cela détruit tout ce qui a été fait autour de la rédemption du personnage, de cette droguée du pouvoir qui devait se sevrer pour finalement le gagner. Deuxièmement, et au défi de toute cohérence, toutes les personnes qui s’apprêtaient à rendre publique une conspiration d’ampleur les envoyant en prison parviennent à garder le pouvoir et à s’en réjouir dans une folle farandole où ils sont tous une grande famille, comme si les meurtres, complots et enlèvements des saisons passées n’avaient pas eu lieu. Troisièmement, faire d’Olivia un modèle pour les jeunes, comme semble le souligner cette fin au musée, envoie un message drôlement étrange : vous pouvez faire les pires crasses, si vous êtes désolé, vous vous en sortirez.
Le besoin de Shonda Rhimes de mettre une femme noire à la tête du pays est louable et prévisible. Mais le faire dans ces conditions est d’une absurdité totale, assister à la destruction de l’oppresseur par Olivia et ses amis aurait eu bien plus d’impact sur le rôle de modèle qu’elle veut construire.
Un contresens total.

Alors que l’on nous annonçait plus ou moins un final détonnant, où les femmes de la série affronteraient les hommes, leurs choix, leur pouvoir, et allaient faire exploser tout l’univers de la série dans un grand feu d’artifice, rien de tout cela ne se passe et Scandal s’en va comme elle a vécu dernièrement : comme une vieille dame en fauteuil roulant qui ne s’habille plus correctement et balbutie du charabia. Shonda Rhimes a choisi la porte de sortie la plus absurde qui soit alors qu’elle avait ouverte celle qui redonnait de l’espoir.
Personnellement, c’est un scandale.

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