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The Shield

6.01 - On the Jones

Vengeance et repentance

samedi 7 avril 2007, par Feyrtys

Malgré les 12 mois écoulés entre la diffusion du season finale de la saison 5 et celle du season premiere de la saison 6, les dernières images de Post Partum sont restées parfaitement fraîches dans ma mémoire. Pas seulement parce qu’elles étaient choquantes et ultra violentes, mais parce qu’elles annonçaient la fin d’une ère pour la Strike Team, la promesse de situations aussi insoutenables qu’attendues.

Le season premiere tient toutes ses promesses. Il m’a fallu plusieurs minutes pour retrouver mes marques, me remémorer les raisons de ce drame, de cet acte barbare et désespéré, et je ne suis pas tout à fait sûre d’être au clair avec toutes les négociations, les coups de poignard dans le dos et les menaces qui ont fusé entre Kavanaugh et Vic lors de la saison 5, mais cela ne m’a absolument pas empêché de prendre cet épisode en pleine figure, d’être happée dès les premières notes de cette superbe chanson de Johnny Cash, I Hung My Head [1], et d’être submergée à la fois par l’action et l’émotion de cet épisode. Une grande réussite.

Cette saison reprend aux lendemains de la mort de Lemansky. Il ne s’est passé qu’à peine une semaine, et on apprend au fur et à mesure de l’épisode qu’il n’a pas eu droit aux honneurs de la cérémonie habituelle... L’épisode aurait d’ailleurs pu commencer avec l’enterrement, mais il est beaucoup plus intéressant de passer tout de suite aux sentiments qui suivent l’enterrement, à la façon dont les protagonistes gèrent le deuil de l’un des leurs.

Le plus intéressant est bien entendu Shane. Il commence l’épisode avec une fausse sérénité (« ce n’est la faute de personne »), il passe ensuite par une phase suicidaire, se prend pour un héros juste après et finit par coincer une mineure, trophée d’un malfrat local, contre une palissade.
Shane est probablement le personnage le plus détestable de cette série. Et ça, depuis le début. Il n’a fait que plonger un peu plus dans la médiocrité à chaque saison. Il est un Vic Mackey, en moins intelligent, et en plus impulsif. Et bien plus égoïste, raciste et lâche. Pas une bonne combo en quelque sorte. À la première occasion de faire cavalier seul, il prend part à des opérations illégales avec la pire ordure possible, Antwon, qui le dépassent complètement et auront comme conséquences directes la mise en danger de la vie de Lem, sa tentative de fuite au Mexique et enfin, sa mort. Évidemment, tout comme son maître, Shane ne prend aucune responsabilité...

... jusqu’à cet épisode. Jusqu’au moment où Claudette révèle à la Strike Team que Lem n’allait pas les balancer, mais qu’il s’agissait en réalité d’une tactique pour les faire se retourner les uns contre les autres. A force de mettre Michael Chiklis et CCH Pounder sur un piédestal, j’oublie que la plupart des acteurs de cette série (hormis les gens de la famille de Shawn Ryan et Michael Chiklis) sont d’excellents acteurs. Walton Goggins fait ici un travail absolument formidable. Son visage se décompose littéralement au moment où il comprend ce qu’il a fait. On aurait presque de la peine pour lui. S’il ne méritait pas complètement ce moment d’horrible vérité. Et bien plus encore.

Le voilà donc seul dans sa voiture, son arme de service dans la main, près semble-t-il à mettre fin à sa vie (une extrémité à laquelle Vic n’aurait jamais recours), sauvé in extremis par Danny et son minuscule bébé (j’aime pas les voir si petits, j’ai l’impression qu’ils vont se casser en deux à la moindre inadvertance). La scène est incroyable. On sent que Shane est à deux doigts de devenir fou, et de prendre le même chemin que le junkie que la ST poursuit dans cet épisode...

Un peu plus tard, il trouve une nouvelle force en se comportant comme un héros (comprenez : il risque sa vie et celle de tout le monde de façon inconsidérée). Soit l’adrénaline lui fait du bien, soit il pense trouver une certaine rédemption dans cet acte insensé. Ou les deux.
Là encore, la scène dans la clinique est d’un réalisme époustouflant. C’est la marque de la série et une de ses grandes forces. Il serait facile de sombrer dans des scènes « héroïques » à la 24, des scènes d’action invraisemblables qui fonctionnent à la testostérone et aux qualités surhumaines de son héros. Mais The Shield a toujours pris l’angle opposé. Oui, Vic a des méthodes extrêmes. Oui, il agit souvent avec force et fracas, mais il reste toujours dans ces scènes ce facteur de « réalisme » qui vous permettent de vraiment entrer dans la scène et craindre pour les personnages, que ce soit les malfrats ou les flics d’ailleurs. Filmées caméra à l’épaule, sans ménagement, ces scènes sont directes, crues, jamais chorégraphiées (du moins qui n’apparaissent pas telle quelle) et on garde toujours en tête qu’au moindre coup de feu, il peut y avoir un mort d’un côté ou de l’autre.

En l’occurrence, Vic se prend une balle dans l’épaule, mais visiblement rien de grave. En tout cas pas pour lui. L’attitude de Shane, dangereuse et limite suicidaire, inquiète Vic, mais il doit penser que c’est sa façon de gérer le deuil de Lem.

Alors qu’on aurait pu finir l’épisode avec ce « bon point » pour Shane, qui "a sauvé un gentil bébé innocent des mains d’un méchant junkie", et on aurait pu se dire qu’il avait enfin compris que ses actions avaient des conséquences et qu’il était temps de changer, mais rien n’est ni simple dans The Shield. Shane ne finit pas l’épisode au-dessus de la tombe de son ami, à demander pardon sur fond de violons. Shane finit l’épisode debout dans une allée, contre une palissade et tout contre une mineure... Une fille qui traînait avec un malfrat du coin un peu plus tôt dans l’épisode et qui l’avait allumé du coin du regard. How lovely. Pourrait-il tomber plus bas ? Certainement, et il l’a déjà fait ! Si mes souvenirs sont bons, il a déjà violé la copine d’un malfrat que la ST recherchait. Chez son mec. Je pourrais me tromper mais de toute façon, il n’est plus à ça près. Shane a déjà accompli toutes les horreurs que son statut de flic pourri lui a donné. Il vise probablement le Grand Schlem des pires ignominies possibles. Cette saison devrait lui fournir de maintes occasions de montrer de quoi il est capable !

En attendant, Vic continue à vouloir rayer Kavanaugh de son paysage, mais ce dernier n’est pas prêt de vouloir laisser Vic en paix. Le changement de comportement de Kavanaugh avait été amorcé dans la dernière saison. Vic était devenu son obsession et il avait commencé à perdre de vue les grands principes et les grandes règles qu’il suivait religieusement jusque là. Vic a ce pouvoir là sur les gens les plus droits : il les force à avoir recours aux mêmes pratiques que lui. Un sacré pouvoir quand on y pense. Kavanaugh est prêt à tout pour prouver ce qu’il croit en son âme et conscience : la responsabilité directe de Mackey quant à la mort de Lem. Alors que l’adjoint au Chef est à deux doigts de l’enlever de ce dossier, Kavanaugh lui fait croire, à lui et à Claudette, qu’il a des preuves de la culpabilité de Vic.

Preuves qu’il est prêt à inventer. Il retrouve Emolia, l’informatrice qui avait trahi Vic pour travailler pour lui dans la saison précédente, et lui offre de rentrer dans le programme de protection en échange de son faux témoignage. Il lui demande d’expliquer que Vic a fait pression sur elle afin qu’elle s’occupe d’éliminer Lem.

Heureusement pour Mackey, il reste Dutch. Et Claudette. Qui forment toujours une équipe formidable... Et punaise que ça fait du bien de voir deux flics aussi intègres et qui travaillent aussi bien ensemble ! Et punaise que Claudette est géniale en Capitaine du Barn ! Elle est même drôle face à l’incompétence notoire de Billings, qui devient dans cet épisode le ressort comique de la série. Claudette et Dutch for the win !

Dutch risque malheureusement d’être plus occupé par la découverte d’un massacre à la fin de l’épisode que par son enquête sur les pratiques suspectes de Kavanaugh... Qui s’enfonce un peu plus dans l’illégalité en implantant chez Vic des fausses preuves. Des billets de banque, un plan de ville... De quoi incriminer Vic mais aussi, de le rendre fou furieux. Et ça, ça n’est jamais une bonne idée. Surtout quand on voit avec quelle facilité il continue à augmenter la pression sur Kavanaugh en allant le voir directement chez lui à la fin de l’épisode pour lui expliquer que la guerre venait de commencer...

Il resterait sûrement beaucoup à dire sur cet épisode. La rencontre entre Danny et Corrine autour des qualités paternelles très contestables de Vic était très bien vue. La scène de confrontation entre Aceveda et Mackey était géniale. Forest Whitaker est toujours aussi impressionnant dans le rôle d’un Kavanaugh au bord de la folie, et l’opposition Vic-Jon fonctionne toujours aussi bien. En bref, le retour de The Shield est une véritable réussite. De bon augure pour le reste de la saison !


[1qui peut mieux que Johnny Cash mettre des mots et une musique sur la vie de Vic Mackey ?

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