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VITE VU SPECIAL RITV

Vite Vu ... aux RITV. Part. 1 : fictions françaises

Episode 11

dimanche 30 mars 2008, par Dominique Montay, Sullivan Le Postec

On a vu. On a aimé. Ou pas. On vous dit tout. En bref !
Vite vus aux 21e RITV : « Opération Turquoise », « Dombais et fils », « Histoires d’une fille de ferme », « Elles et moi ».

Les fictions étrangères Vite Vues aux RITV sont chroniquées dans un second volet de cette rubrique spéciale Rencontres Internationales de Télévision de Reims, 21e édition. Par ailleurs, Les fictions « Stuart, a life backwards » et « Cape Wrath » sont l’objet de critiques plus développées.

Elles et moi

Une famille et deux guerres. De nos jours, Isabel Esteva, 80 printemps, assiste au Défilé parisien de sa cinquantième collection – ce qui la plonge dans un ennui qu’elle a du mal à dissimuler. Soudain, les fantômes de sa mère et de sa grand-mère lui apparaissent, et les trois femmes se remémorent leur histoire.
Isabel Esteva est née en Espagne, que sa mère, Pilar, et son père Luis ont fuis au tout début de l’année 1939, lorsque la chute de Barcelone marqua la défaite des Républicains espagnols, et que le pays tomba entre les mains de Franco. Séparés de Luis qui ne renonce jamais à l’idée de reprendre son pays, Pilar et les deux enfants, Isabel et Ignacio se retrouvent dans un camp de réfugiés espagnols dans le Sud de la France. Pilar a compris que ce nouveau pays allait probablement être le sien pendant longtemps et y trouve progressivement sa place...

Elles et moi
Le personnage de Julie Depardieu présente la première collection d’Isabel Esteva

Il est relativement rare qu’il soit possible aux RITV de voir les deux parties d’un 2x90’ (dilemme difficile : programmer plus de fictions différentes, ou programmer en intégralité ?), mais dans le cas de « Elles et moi » [1], il est particulièrement heureux qu’il en ait été ainsi. En effet, si la première partie est très agréable, il n’en reste pas moins qu’elle souffre de longueurs indéniables, au premier rang desquelles on citera les vingt dernières longues minutes, qui sont passées à raconter des choses que l’on a déjà compris à leur commencement, et qui se serait donc aisément condensées en 2 minutes. La seconde partie, en revanche, est tout aussi brillante que passionnante et n’ennuie pas un seul instant. Fuyant l’Espagne au tout début de 1939, les Esteva fuient en effet un conflit pour se voir immédiatement précipiter dans un autre. Et l’expérience de la Seconde Guerre Mondiale n’épargnera pas leur vie. La distribution, citons notamment Ariadna Gil, Astrid Berges-Frisbey, Danielle Darieux, Julie Gayet ou encore Julie Depardieu (pas de coïncidences, la fiction fait la part très belle aux femmes), est excellente.
Quelques regrets : le point de vue contemporain est un peu envahissant dans la première partie, la morale féministe telle qu’énoncée à la conclusion de l’histoire est un peu trop simpliste pour être crédible, et la réalisation refuse tellement de prendre l’aspect fantastique au sérieux que les cinq dernières minutes toutes entières sont parfaitement insupportables. Mais « Elles et moi » nous a enthousiasmé, nous y reviendront beaucoup plus longuement lors de sa diffusion sur France 2.
>> Par Sullivan

Histoire d’une fille de ferme

Chez Maupassant. Rose est une fille de ferme. Un été, elle s’éprend d’un saisonnier qui la met enceinte avant de s’enfuir en apprenant la nouvelle. Elle cache sa grossesse à tous, et en particulier à son maître, un veuf besogneux et taciturne. Un jour, Rose reçoit une lettre qui lui apprend que sa mère est mourante. Elle obtient quelques jours pour lui rendre visite. Rose apprend le décès de sa mère et accouche dans la foulée. Prétextant que son mari est parti travailler loin, elle confie son fils à des amis. De retour au travail à la ferme, elle s’acclimate lentement à l’absence de son fils. Un jour, son maître lui propose de l’épouser. A cause de sa faute passée, elle se sent contrainte de refuser ; cependant, le maître lui force la main. Les années passent, et l’homme réagit de plus en plus mal au fait que Rose ne lui donne pas d’enfants. Jusqu’à devenir de plus en plus violent...

Chez Maupassant
Histoire d’une fille de ferme

« Histoire d’une fille de ferme » [2] illustre bien ce qui a fait le succès des deux saisons de la collection Chez Maupassant. L’adaptation des textes est rigoureuse par rapport au matériel original, mais aussi bien écrite et construite. La reconstitution d’époque est séduisante tout en restant parfaitement crédible. Et si la réalisation n’est pas exempte d’un certain classicisme, celle-ci est plutôt bienvenue en la circonstance. La distribution est de prestige. En l’occurrence, Olivier Marchall comme Marie Kremer excellent dans ces deux rôles plutôt avares en dialogues. En terme de fiction ‘‘en costume’’, cette collection est proche de ce que l’on peut faire de mieux. Cela ne construit en rien la ligne éditoriale de fiction d’une grande chaîne, mais c’est déjà ça...
>> Par Sullivan

Dombais et fils

Une fable morale. « Dombais et fils » [3] adapte le roman de Dickens « Dombey and Son » en resituant son action en France, à Lyon plus précisément. Si cette œuvre est loin d’être la plus connue de son auteur en nos contrées, ce n’est pas forcément le cas à l’étranger. Elle a d’ailleurs déjà fait l’objet d’une adaptation par la BBC.

Dombais et fils
Christophe Malavoy est Charles Dombais.

« Dombais et fils » tient de la fable morale. Charles Dombais a perdu sa femme en même temps qu’elle lui a enfin donné un fils. Celui-ci est tout pour lui, et son indifférence envers sa fille ainée, Florence, confine au quasi-oubli. A tel point qu’il ne s’inquiète même pas lorsqu’elle disparait des heures durant et que, volée par des enfants des rues, elle est recueillie dans un théâtre abandonné par un jeune homme, Arthur, et ses deux oncles, avec qui elle entretiendra une longue amitié. Pourtant, Florence voue un amour à la limite de l’aveuglement à son père. Mais Dombais n’a qu’un avenir en ligne de mire : celui où ses affaires deviendront ‘‘Dombais & Fils’’ ; son garçon Paul est son héritier naturel, celui à qui doit revenir son argent, son prestige, et son pouvoir.
Mais Paul est un enfant fragile et, bientôt, on ne peut plus cacher à Charles que sa santé est de plus en plus précaire. Il l’envoie en pension à Trouville, dans l’espoir que l’air de la mer le ravive. Cela n’empêche pas le garçon de succomber. Dombais se renferme sur lui-même et s’isole, devenant plus froid que jamais... Florence cherche a le réconfort dans les bras d’Arthur, mais apprend que celui-ci a pris la fuite après que ses oncles aient tenté de demander en son nom la main de Florence à Dombais le jour de la mort de Paul, et se soient fait sévèrement éconduire.

Dombais et fils
Florence aide Paul à tenir de rythme de l’enseignement délvré dans son pensionnat.

Il est impossible de ne pas ressortir de « Dombais et fils » marqué par plusieurs des grandes prestations d’acteur qu’il contient. Christophe Malavoy interprète brillamment Charles Dombais, incarnant sa froideur et ses faiblesses sans que le personnage ne devienne jamais un ‘‘méchant’’ simplement haïssable. Quant à Philippe Clay et Michel Robin, dans le rôle des oncles d’Arthur, Jérémie et Salomon, ils sont tout simplement brillants, et portent à eux seuls l’essentiel des aspects comiques de la première partie de cette minisérie en comptant 2 (seule la première fut projetée dans le cadre de la compétition). Ces acteurs brillants ont sans doute l’inconvénient de faire ressortir en revanche des prestations beaucoup plus contrastées de la part de certains des enfants, en particulier de la jeune Florence.
Pour le reste, en adaptant Dickens, cette minisérie semble réussir à s’approprier certaines des qualités reconnues des reconstitutions historiques chères à la BBC. Le portrait d’époque est en effet crédible et réussi. Le scénario a élagué le long roman pour essayer d’en ressortir l’essence, mais il faut tout de même signaler que cette première partie souffre de certaines longueurs et tend à s’enfoncer progressivement dans un confortable mais légèrement ennuyeux ronronnement...
>> Par Sullivan

Opération Turquoise

Lorsque les français sont arrivés au Rwanda, il était déjà trop tard. Le mal était fait. Ils étaient arrivés APRES les évènements. Le téléfilm vu ici [4]retranscrit à perfection cet état de fait tant toute action, bataille ou meurtre arrivent hors champ. Il est cependant difficile d’imaginer qu’il s’agit juste d’un souhait de réalisateur, mais plutôt d’un souci de censure, d’éviter une éventuelle interdiction trop forte pour un programme de prestige destiné à être diffusé à une heure de grande écoute (même en codé, vu que « Opération Turquoise » sort du giron Canal+)

Opération Turquoise
Es-tu Hutu, où es-tu Tutsi ?

S’il retranscrit assez justement le côté largué des intervenants, qui ne savent au final pas qui protéger, le film souffre d’un problème de point de vue. D’abord sur un jeune militaire, puis des gradés, pour glisser sur un officier du GIGN déjà venu dans le pays, puis un autre militaire, puis des journalistes... le film n’avoue jamais son côté choral, et lorsqu’il se centre sur un personnage, il semble complètement oublier les autres. Reste une interprêtation globalement très bonne, avec en tête Grégory Fitoussi, bien plus convaincant ici que dans « Engrenages », et Bruno Todeschini.

Reste des scènes assez fortes, articulées autour de ce sentiment de ne rien maîtriser de la part des militaires, et du dégoût général vécu par les journalistes. Une scène reste assez fortement en mémoire. Un rwandais, armé d’une machette, s’agite dans le vide, dans une danse pathétique. Quand son chef annonce qu’il a beaucoup travaillé, on comprend qu’il a massacré. Quand il dit que de ce fait il est très fatigué, on comprend qu’il est devenu fou.
>> Par Dominique


[1France 2 / Studio International.
Ecrit par Bernard Stora et Lévy Bernard. Réalisé par Bernard Stora.
Avec Ariadna Gil, Astrid Berges-Frisbey, Danielle Darrieux, Jean-Pierre Marielle, Alex Brendemühl, Julie Depardieu, Julie Gayet.

[2« Chez Maupassant » : Histoire d’une fille de ferme.
France 2, PM Production.
Ecrit par : Dominique Garnier ; réalisé par : Denis Malleval. Avec Olivier Marchall et Marie Kremer.

[3France 3 / Gétévé. 2x90’.
Première diffusion en juin 2007.
Scénario : Alexandre Abadachian et Laurent Jaoui, d’après l’oeuvre de Charles Dickens. Réalisation : Laurent Jaoui.
Avec : Christophe Malavoy, Déborah François, Marie-France Pisier, Pierre Santini...

[4Canal+ - France 1x115’
Réalisation : Alain Tasma
Scénario : Alain Tasma, Gilles Taurant
Musique : Bruno Coulais
Avec : Bruno Todeschini (Lambert), Aurélien Recoing (Cormery), Marylin Canto (Laure Nadal), Grégory Fitoussi (Phillipart), Marc Ruchman (Morvan) et Sam Karmann (Le Colonel)

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