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Disparue : 2è partie de l'interview de Marie Deshaires, Catherine Touzet et Charlotte Brändström
le Mercredi 06 Mai 2015
Evenements

Au cours du Festival Séries Mania 2015, j'ai pu m'entretenir longuement avec Marie Deshaires, Catherine Touzet (Scénaristes) et Charlotte Brändström (Réalisatrice). Elles m'ont offert une heure de discussion pour entrer dans les boyaux de la production de la série.

Voici la seconde et dernière partie de l'entretien. Vous pouvez lire la première partie ici.



De gauche à droite : Marie Deshaires, Charlotte Brändström et Catherine Touzet


Vous avez Maleterra en tournage, eu Broadchurch entre temps. Quel effet cela fait de voir les mêmes thématiques autour d'une famille qui vit un drame ?

Catherine Touzet : c’est un écho.

Charlotte Brändström : C’est très rassurant. Cela veut dire que les gens sont prêts à voir ce genre d’histoires qui sont assez tristes. Avant, on ne pouvait pas faire de fictions sur la mort d’enfants.
Dans Broadchurch, on voit le corps au début mais rien après. Tout le reste est sur l’enquête. Nous sommes aussi un peu un whodunnit (littéralement qui a tué ?) mais cette partie-là ne commence qu’au 5è épisode. Avant c’est la recherche de Léa, toujours disparue. Nous, ce n’est qu’une tragédie familiale.

Catherine Touzet : les disparitions, c’est le pire qu’on imagine.
Il n’y a pas eu de discussions, à notre connaissance, pour repousser la diffusion avec le fait divers de la mort de la petite fille de 8 ans. Ici, on parle avant tout d’une disparition et d’une adolescente et non d’un enfant.

Vous avez choisi à trois les scènes sans dialogues ?

Charlotte Brändström, Marie Deshaires et Catherine Touzet : pas toujours.

Charlotte Brändström : La fin du 4, par exemple. C’était moi. Le montage parallèle, la fête à l’école, la découverte du corps, je l’ai toujours lu comme ça, je voulais faire ce montage parallèle.
Le début du 5, c’était écrit ainsi ; de montrer chaque personnage apprenant la nouvelle, sans aucun dialogue.
On s’imprègne de ce qu’écrivent les scénaristes. On trouve une idée super à un endroit et on la met à plusieurs autres endroits.
Marie et Catherine avaient mis les Morel dans une maison et moi j’ai préféré les mettre dans un appartement avec une ambiance de maison. C’est un appartement au rez-de-chaussée.

Catherine Touzet : quand on a vu les rushs, c’était exactement ça, c’était un peu foutraque, il y avait la circulation dehors, les décors étaient justes.
Charlotte Brändström : chaque fois que je voyais un tramway, je le tournais, le tramway devant la morgue etc…. De nuit, avec la deuxième équipe, je tournais les plans de séquences, les levers/couchers de soleil. Ça fait une vraie différence, parce que j’avais déjà commencé le montage, donc j’intégrais ces séquences, je savais ce que je voulais comme plan, au lieu d’en tourner 10, j’en tournais 2.

Cette scène d’identification est assez forte et surtout très différent de ce que l’on pourrait voir dans une fiction française

Charlotte Brändström : normalement, la famille n’a pas le droit de voir le corps avant une autopsie mais comme Molina (Demaison) les connaît personnellement, il enfreint les règles. Et j’ai parlé avec des filles de la morgue, elles ont dit qu’elles prenaient des libertés par rapport aux familles, pour les familles à la demande des familles. La police est présente et elle casse les scellés et est présente quand les parents voient le corps. C’est Molina qui coupe les scellés. Il y avait une réplique où Molina explique à sa collègue qu’ils n’ont pas le droit mais qu’ils prennent la liberté. Cette scène a été coupée au montage car ça faisait retomber la tension.
On a tourné dans une vraie morgue, l’odeur était….
Il y a eu une discussion avec France 2 sur le fait de montrer le visage de Léa lorsque les parents la voient. J’ai répondu à Carole (Le Berre), on fait une série réaliste, on ne peut pas ne pas le montrer au moins une fois.

Est-ce que vous avez eu un consultant de la police ?

Charlotte Brändström : on a eu un consultant, il a fait changer certaines répliques. Il a travaillé avec les acteurs, il leur a appris à tirer, il les a aidés à s’imprégner des rôles, il a même donné son avis sur les costumes. On s’est aperçu que beaucoup d’inspecteurs de la Crim’ sont en costume-cravate même sur les scènes de crime. Ils sont d’ailleurs rarement comme dans Braquo.

Catherine Touzet : le policer avec qui j’ai déjà travaillé, il est comme Molina, toujours impeccable.

La musique dans les séries françaises fait souvent musique d’ascenseurs et là c’est une vraie musique originale :

Charlotte Brändström : j’avais déjà travaillé avec Frans Bak sur une œuvre l’année passée. Je lui ai demandé si ça l’intéresserait de travailler en France et il a dit pourquoi pas et maintenant il a fait deux tournages différents. J’aime ce « underscore » qui crée une atmosphère, pas une vraie musique qui accompagne, qui apporte une vraie tension, c’est plus de la création de son (sound design) à laquelle on fait pas toujours attention et on a beaucoup travaillé. Il nous a envoyé toute sa bibliothèque, tout ce qu’il avait écrit et on a fait des montages et on lui a présenté ce qu’on avait fait et il a été même surpris d’avoir écrit certains morceaux et il a ensuite retravaillé ce qu’on lui avait donné.

Comment avez-vous trouvé Stella Trotonda ?

Charlotte Brändström : j’ai eu beaucoup de mal à trouver la petite. Si les enfants sonnent juste dès le début, tout se passera bien. S’ils ne sonnent pas bien dès le début, ça n’ira pas mieux. Stella s’est prise au jeu. On a compris qu’il ne fallait pas qu’elle dise ses répliques comme elle les avait apprises, sinon elle récitait. On la faisait toujours improviser. Alix Poisson changeait ses répliques pour obtenir une réponse spontanée. Plus on la faisait jouer, plus elle aimait ça.

Catherine Touzet : aux rushs, on les voyait changer les répliques de prise en prise et elle qui répondait du tac-o-tac comme un jeu de rôle.

Marie Deshaires : on voyait avant et après moteur et la petite était dedans tout de suite.

Comment ce sont déroulées les relations avec France Télévisions ?

Marie Deshaires : Bonheur

Catherine Touzet: il y a eu une relation très forte avec Carole Le Berre. A l’écriture, ça s’est très bien passé. Elle avait la même vision que nous. A chaque épisode qu’on lui proposait, à chaque fois, elle était toujours aussi emballée. Elle nous a poussées, c’était un bienfait.

Charlotte Brändström : Carole sait qu’elle travaille pour France 2, il y a donc un cadre...

Catherine Touzet : elle nous laissait libre et on a pu faire ce qu’on a voulu. On est passé de 6 à 8 épisodes sur sa suggestion. Ça n’arrive jamais, en général, c’est le contraire.

Marie Deshaires : comme nous étions très cohérents sur nos personnages, elle nous a toujours soutenues.

Avec des séries de 6 /8 épisodes, les cliffhangers sont devenus une obligation

Catherine et Marie : ça c’est nous qui les avions écrits.

Charlotte Brändström : j’avais rien à faire si ce n’est les mettre en image tellement ils étaient déments.

Marie Deshaires : on savait comment la série serait diffusée, on faisait des cliffhangers entre les épisodes impairs et pairs en appuyant beaucoup plus sur le numéro pair (les épisodes 2, 4, 6 et évidemment 7).

Si ça fonctionne, une saison 2 ?

Marie Deshaires : A priori non. On aime notre histoire bouclée.

Charlotte Brändström : moi je n’envisage pas de réaliser la suite.

Catherine Touzet : non, on est contentes du résultat. Les saisons 2 parce que la mini-série a bien fonctionné, c’est souvent une aberration. Il y a des séries qui sont faites pour avoir plusieurs saisons et il y a des séries qui sont faites pour être bouclées. Si cela avait été moi, je n’aurai pas fait la saison 2 de Broadchurch (Charlotte en fond dit « pareil »).
Je préfère qu’on arrête là et proposer une autre série à France 2, aussi bien, voire mieux.

Marie Deshaires: si on prend l’exemple de Broadchurch saison 2, ils se sont appuyés sur le tandem (David Tennant et Olivia Colman) pour pouvoir continuer à les voir. Les seules choses que je trouve réussi : c’est leur relation ensemble, les habitants. Après on se perd dans une intrigue rajoutée, artificielle et on perd la connexion.
Alix Pol et Demaison sont géniaux mais même eux ne sont pas obligatoirement dans l’attente de retrouver ces personnages.

Qu’est-ce que vous regardez en ce moment ?

Charlotte Brändström : The Americans (idem pour Catherine Touzet)

Catherine Touzet : j’ai adoré American Crime avec Felicity Huffman et Timothy Hutton. Une série sur les apparences. Et puis bien sûr Game of Thrones, je le revendique (Idem pour Charlotte)

Marie Deshaires : The Affair m’a transportée (idem pour Catherine Touzet) et je regarde aussi House of Cards.


Nous espérons que cette interview vous aura plu et appris quelques petits trucs.
Disparue tire sa révérence mercredi 13 mai 2015. On vous déconseille les réseaux sociaux ce soir-là si vous ne pouvez pas regarder en direct.

Auteur : Carine Wittman
Editeur : Carine
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