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FlashForward - Avis sur les premiers épisodes de la série FlashForward

FlashForward: Où est Charlie ?

Par Ju, le 17 octobre 2009
Par Ju
Publié le
17 octobre 2009
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Vous ne croirez jamais ce qui m’est arrivé. Je viens de me réveiller la tête sur mon clavier. A ma gauche, mon café était froid. Derrière moi, mon canapé partait en flamme. Sur mon bureau, à quelques mètres seulement, mon stylo finissait d’exploser. Et j’ai eu une vision du futur.

Dans ma vision, nous sommes le 29 avril 2010. Le quinzième épisode de la saison 6 de Lost est en train de défiler devant mes yeux. Malheureusement, avant que j’aie le temps de comprendre pourquoi le Monstre et l’avion en plastique de Kate sont en train de danser un tango sur la plage, je suis dérangé par la réception d’un message instantané sur Google Wave.
C’est Gizz. Comme promis, il vient de terminer sa critique du premier épisode de FlashForward. Pile dans les temps.

Enfin bref. Je ne suis pas ici pour me moquer gentiment de la flemme légendaire de mon collègue, mais bien pour dresser un petit bilan des quatre premiers épisodes de la série FlashForward . Ou, comme j’aime à le penser, pour déballer devant vous le meilleur article jamais écrit sur le sujet.

Mais avant ça, petit résumé pour ceux qui débarquent.

What did you see ?

FlashForward , c’est l’histoire de gens comme vous et moi, des alcooliques, des docteurs suicidaires, et des baby-sitters coquines, qui tombent dans les pommes au même moment partout à travers le Monde et ont un flash du Futur. Plus précisément, un « FlashEnAvant  » de leur vie six mois plus tard.

Après, il leur arrive des trucs. Mais en fait, dans les premiers épisodes ils sont surtout occupés à parler de leurs sentiments en regardant dans le vide, à se rappeler mutuellement ce qu’ils viennent de se dire cinq minutes plus tôt, et à éteindre les feux apparus un peu partout suite à l’explosion simultanée de la moitié des appareils électroménagers du Monde entier.
Mais comme « ExplodingDishWasher » fait un moins bon titre de série que « FlashForward », personne ne semble se préoccuper de cet étrange phénomène.

Apparemment, les gens qui regardent FlashForward sont des cons

J’ai beaucoup de mal avec la série. Je ne vais pas revenir une fois de plus sur les défauts du pilote, tout le monde l’a plutôt bien fait sur le forum, et je vais me contenter de dire que ces défauts ne se sont pas arrangés dans les épisodes suivants. Le point le plus insupportable demeure le même : les scénaristes de la série prennent vraiment les téléspectateurs pour des cons.

Et il n’y a rien que je déteste plus que ça.

On nous répète donc quinze fois la même chose pour être sûr que tout le monde a bien compris, les personnages passent leur temps à se faire expliquer la scène précédente, et depuis le premier épisode on a bien dû revoir les mêmes scènes de flash une bonne dizaine de fois. Ce n’est pas compliqué, à chaque fois que quelqu’un commence à parler de ce qu’il a vu, même pour une toute petite phrase, on nous remet la scène en boucle au cas où on l’aurait raté trois minutes plus tôt.

Kikoo lol mdr

Le pire, c’est que cette manie de prendre les gens pour des imbéciles n’est peut-être pas le plus gros défaut de la série. FlashForward souffre aussi d’un horrible mélange de genres.

Contrairement à ce que je pensais avant d’en voir la moindre image, FlashForward n’est pas une série sérieuse. Ce n’est même pas une série débile qui se prend au sérieux. Non. FlashForward est une série débile qui des fois se prend au sérieux, et d’autres fois enchaine des scènes affligeantes de bêtise de façon absolument volontaire.

Cette petite subtilité, je m’en suis rendu compte pour la première fois dans l’épisode de cette semaine, Black Swan, pendant la course poursuite de nos intrépides agents du FBI ponctuée par les interventions d’un trompettiste jouant son morceau en fonction de ce qui se passe à l’écran. Le résultat est ridicule. Et très drôle. Et c’est à ce moment précis que j’ai réalisé que FlashForward n’était rien d’autre qu’une parodie. Personne ne peut reprendre les « BAM ! » et « POW ! » de la vieille série Batman avec autant d’enthousiasme et penser faire une série sérieuse.

Le mélange des genres est présent partout. La série n’a aucune identité propre, pas de ton, et ressemble simplement à un beau bordel. Un beau bordel que j’ai réussi à apprécier pour la première fois cette semaine. Ce n’était pas bien, la série n’est définitivement pas ce à quoi je m’attendais, mais en réajustant mon niveau de lecture à « N’importe quoi ! » j’ai réussi à trouver l’épisode divertissant.
C’est étonnant, d’ailleurs, car je n’ai pas spécialement l’impression qu’il était plus réussi que le précédent. L’interminable intrigue à l’hôpital (avec pub particulièrement fourbe pour Grey’s Anatomy au milieu d’une scène) était au moins aussi ringarde que celle du criminel de guerre nazi. Mais je n’y peux rien, je suis vraiment trop fan de trompette ironique.

Le fait est que FlashForward ne pourra jamais se défaire de son mélange des genres. Il est inévitable face au nombre de personnages principaux. Ils sont beaucoup, beaucoup trop nombreux, et pour ça, la faute revient entièrement à Lost.
Seulement, là où Lost avait une bonne raison pour commencer avec un nombre important de personnages (il vaut mieux prévoir large quand on sait qu’on n’aura pas l’occasion d’en ajouter d’autres à court ou moyen terme), FlashForward n’a aucune justification. La seule raison vient d’une volonté de viser large pour essayer d’attirer le plus grand nombre de téléspectateurs possible. Le problème c’est qu’aucun téléspectateur ne pourra être satisfait de devoir se taper tout un pan de série qu’il n’a pas spécialement envie de voir.
La peur de se mouiller des producteurs et du network est tellement apparente qu’elle en devient très énervante. Vous voulez faire une série sur des agents du FBI qui ont des flashs du Futur ? Faites-le ! Vous voulez faire une série sur des médecins qui ont des flashs du Futur ? Evitez, c’est une idée débile ! Vous voulez faire une série sur une baby-sitter cochonne qui a des flashs du Futur ? Je ne l’admettrais pas en public, mais je serais présent toutes les semaines devant mon écran !
Là, à la place, c’est un grand n’importe quoi. Les personnages apparaissent, disparaissent, ne font preuve d’aucune personnalité, et je n’arrive pas à me souvenir des noms de la moitié d’entre eux.

Même pas de la baby-sitter coquine jouée par Peyton List de Mad Men. Et ça c’est grave.

Au passage, j’aurais bien parié que dans son flash elle était en train de se faire baptiser, à cause de sa robe blanche et du fait qu’elle se trimballe avec une croix autour du cou. Mais tout bien réfléchi, un baptême en pleine nuit où on maintient quelqu’un sous l’eau pendant plus de deux minutes me parait plutôt douteux.

Temps de cerveau disponible

Le secret, pour réussi à tenir devant un épisode de FlashForward sans passer par la case Avance Rapide, c’est de ne pas trop penser à ce qu’on est en train de regarder. Genre, à ne pas y penser du tout. L’idée c’est de se faire au fait que le scénario n’a aucun sens, qu’il est rempli d’incohérences, et qu’il ne sera jamais satisfaisant.

Sinon, vous allez être comme moi, au bout de quatre épisodes, toujours pas remis du fait qu’il a fallu seulement deux minutes d’assoupissement général pour que l’Apocalypse apparaisse et que le Monde bascule dans une terrible réalité où Big Ben est en feu et où les gens peuvent se noyer dans un urinoir. Ca fait froid dans le dos.
La scène d’ouverture de l’épisode de cette semaine, aussi réussie et pleine de charme soit-elle, n’arrange en rien mon envie de me moquer. Un bus qui sort de la route pour s’échouer dans un étang, d’accord, mais pas quand au fond de l’écran un avion est en train d’exploser en plein vol. Le pilote s’est endormi sur le bouton d’autodestruction, c’est ça ?

J’évite aussi autant que possible de me poser des questions sur les boucles temporelles qui apparaissent chaque semaine. Des boucles de causes à effets à causes à effets à maux de tête. Mais avec des questions de bon sens, j’ai nettement plus de mal.
Prenez Demetri, le personnage de John Cho (de Harold & Kumar, qui contrairement à Kumar dans House joue ici un rôle différent) est sans doute celui avec qui il est le plus facile de s’identifier. La preuve, j’ai retenu son nom. Sa motivation est simple (il pense qu’il va être tué), efficace, et convaincante, et c’est l’intrigue que je préfère sur ces premiers épisodes. Ceci étant dit, j’ai beaucoup de mal à croire que dans le Monde de FlashForward, personne n’ait pensé à mettre ce pauvre Demetri dans une cellule de soutien psychologique. Avec le nombre de gens qui meurent chaque jour, je ne pense pas qu’il soit le seul au Monde à nous faire une petit déprime parce qu’il n’a rien vu dans son flash. N’oublions pas après tout qu’il y a de quoi se faire une petite fortune en exploitant ce filon juteux (bien que très temporaire, les futurs morts étant une clientèle difficile à fidéliser). Mais non, pas un psy pour se lancer dans le business du soutien aux gens qui ont moins de six mois à vivre.

Et ça, c’est pas très très crédible.

Ju
P.S. Dominic Monaghan joue Simon. On a failli attendre.