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Free Agents - Critique de Free Agents, ou l’Inexplicable Remake

Free Agents : Etait-ce vraiment nécessaire ?

Par Jéjé, le 18 septembre 2011
Par Jéjé
Publié le
18 septembre 2011
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Après avoir regardé en même temps la version danoise et la version américaine de The Killing, j’ai redécouvert les joies du jeu des 7 (colossales) erreurs.
NBC me permet de m’adonner à ma nouvelle passion en lançant deux « adaptations » de séries anglaises. Nous saurons la semaine prochaine si Maria Bello est une meilleure actrice qu’Helen Mirren, mais en attendant, regardons si Antony Stewart Head est un meilleur acteur qu’Anthony Stewart Head.

Qu’est-ce que c’est ?

Free Agents est l’adaptation américaine d’une comédie anglaise du même nom, par John Enbom (co-créateur de Party Down et scénariste sur Veronica Mars… Oui, quand même !) et par Chris Neil, le créateur de la série originale (même s’il n’est pas sûr qu’il ait participé à son développement quand on lit sa biographie sur le site de NBC. Mais en tout cas, son nom y est attaché… Tant pis pour lui, c’est la dure loi du droit de la propriété intellectuelle aux Etats-Unis !)

Elle est diffusée le mercredi après Up All Night, dans une nouvelle heure de comédie de NBC, , face à Survivor sur CBS, une nouvelle sitcom sur ABC et… X Factor sur la FOX !

C’est avec qui ?

Hank Azaria (Gargamel dans Les Schtroumpfs 3D et Apu dans les Simpsons), Katrhyn Hahn (Eddi dans le pilote jamais diffusé du remake US d’Absolutely Fabulous, elle est « connue » comme potiche dans toutes les saisons de Crossing Jordan) et Anthony Stewart Head qui "reprend" le rôle qu’il a tenu dans la série anglaise.

De quoi ça parle ?

Deux collègues de travail, un homme et une femme, couchent ensemble. Célibataires tous les deux mais dans des situations amoureuses difficiles, ils ne peuvent s’engager dans une relation suivie. Ils restent amis et tentent de s’aider l’un l’autre à retrouver le chemin d’une vie sentimentale stable.
Et au bureau, tout le monde est taré. Forcément.

Et c’est bien ?

Ce n’est pas la bonne question. Celle qui faut poser, c’est pourquoi ?

Mais pourquoi ?

Pourquoi NBC s’est-il lancé dans l’adaptation dans cette série-là ? Pourquoi choisir Free Agents ? Pourquoi elle et pas une autre ?

D’habitude, les séries qui font l’objet d’adaptation à l’étranger sont de grands succès dans leur pays et, tout du moins, ont fait l’objet de critiques élogieuses (Coupling, In Treatment, The Office, The Killing...) Ca paraissait être une règle immuable.
Mais, Free Agents n’a eu qu’une saison de six épisodes, dont la diffusion s’est achevée dans l’indifférence des quelques rares spectateurs qui l’ont suivie dans son intégralité. Les critiques, elles, étaient positives mais ne débordaient pas d’enthousiasme…

Alors, pourquoi ?

NBC s’est peut-être dit qu’en adaptant une série que personne ne connaissait, pas spécialement réussie et qui n’avait pas marché, elle n’aurait pas à souffrir des espérances forcément déçues des fans de l’original… Mais dans ce cas, pourquoi ne pas développer une série originale ? C’est une question qu’il faudra leur poser si jamais Free Agents est un succès monstrueux…

D’un point de vue créatif, elle ne s’inspire que de très loin de la version anglaise. Seul son aspect visuel semble avoir inspiré les scénaristes américains. Ils se sont vite détachés de tout le reste.

Oui, les images se ressemblent !

La grande caractéristique (et la petite réussite) de Free Agents UK réside dans la crudité de son langage dans les dialogues concernant le sexe.

Dans le passage le plus drôle de son premier épisode, Anthony Head, le patron de l’agence de talents dans laquelle bossent les deux héros, anime toujours ses réunions du matin en forçant l’un de ses employés à raconter des exploits sexuels (inventés) de la veille. Forcément, c’est Alex qui doit s’y coller le matin même de la nuit où il a couché avec sa collègue. Pas vraiment enthousiaste à cette perspective, il rechigne. Anthony Head l’encourage avec des phrases comme : « Come on, did you dip it in the brown ? » et autres « We"re all in the mood for some good all fashion honest fleshen boned f… f.. fucking ! »

Il se lance et ça donne ça. « She gave me a ten minutes tit-wank on the boardroom table, she spanked, she wanked me, she rimmed me (je ne connaissais pas le mot, “to rimm”, ça signifie “lécher l’anus”, évidemment de façon assez grossière), she fletched me (pour “to fletch”, j’ai du aller sur l’Alternative Dictonary qui m’a appris que “to fletch”, c’est avaler le sperme qui dégouline de l’anus après qu’un homme a éjaculé dans le dit anus !), she bumped me up the star fish with a jumbo size glu stick ! »

Le rire des collègues et du téléspectateurs provient de la grossièreté incroyable des propos.

Dans la version américaine, les collègues chambrent Alex sur le fait qu’il a peut-être eu une histoire d’un soir la veille. Anthony Head arrive mais ne souhaite pas qu’il en parle trop et lui recommande de ne livrer que les meilleurs passages. Déjà, c’est moins cocasse comme situation.

Ses collègues lui demandent alors de noter le corps de sa partenaire de 1 à 10, la taille de sa poitrine, si ses sous-vêtements étaient assortis… Et quelles positions ils ont pratiqué.
Voici sa réponse : « Normal, dog style, cat style, reverse crab style, penitent farmer, lazy bus driver, the flying dutch man… »

Et c’est l’hilarité générale autour de la table…
On dirait des gamins de 8 ans qui tentent de discuter de sexe (à l’époque où Internet n’existait pas !)

Mais pourquoi ?
Pourquoi NBC, network sur lequel le mot « fuck » ne peut être prononcé sous peine de suspension d’antenne, a-t-il décidé d’adapter une série dont la grossièreté du langage est la marque de fabrique ?!?
Pourquoi ?

Quel est l’intérêt d’avoir une photo promo aussi vulgaire si « la position du crabe renversé » est l’expression la plus salace autorisée ?!

De plus, si le pilote anglais passait 80% de son temps avec les deux seuls personnages principaux, l’américain s’efforce de développer, les personnages secondaires (enfin, surtout de leur donner du temps d’antenne) en réécrivant complètement leur personnalité (d’arrogant et teigneux, le personnage à lunettes et mal habillé devient un boulet marié et geignard) et en introduisant de nouveaux (le garde de sécurité fana de séries Z asiatiques)

NBC craignait-elle de produire une sitcom dans un milieu professionnel sans autant de personnages que The Office ? Pensait-elle qu’une sitcom centrée sur la quête amoureuse de deux collègues ne pouvait être développé sur des saisons de 22 épisodes ?

(D’un seul coup, je commence à me dire que Episodes avait peut-être touché juste dans sa description du développement d’une série sur un network ! Ca fait désormais une qualité à la série de Showtime !)

Mais… Ok, tout le monde a compris.

Mais, au fait, c’est quand même bien ?

Ben non.

La relation d’Hank Azaria et Kathryn Hahn n’a rien de spécial, les dialogues tombent tout le temps à plat, les personnages secondaires réécrits n’ont pas de potentiel comique.

Ca paraît mal barré, même si en matière de sitcom, un pilote augure rarement de la suite.

Je sens tout de même Free Agents plus proche d’une évolution à la Outsourced qu’à la Parks & Recrations

Jéjé