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The Good Wife - Critique de l’épisode charnière de la saison 5, et de la série

Hitting the Fan: Hear, Hear !

Par Conundrum, le 30 octobre 2013
Publié le
30 octobre 2013
Saison 5
Episode 5
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Quand Alicia et les associés de quatrième année trinquent à l’ouverture du nouveau cabinet, j’ai levé ma tasse de café et trinqué avec eux. Sur le coup, j’étais très heureux de la création de la nouvelle firme. Cependant, aussi réussi que l’épisode l’était, je ne peux m’empêcher d’être inquiet pour la suite.

Contrairement à beaucoup de séries sur le système judiciaire américain, l’intérêt de The Good Wife quant au cas de la semaine ne repose pas sur les plaidoiries surjouées d’avocats très impliqués, mais sur les coulisses du dénouement d’une affaire judiciaire.
Elle puise souvent sa force de l’enchainement d’attaques contre attaques rythmées ou du lieu d’opération de la semaine (un terrain de jeu avec des avocats très pris par leur vie de famille ou une cour militaire par exemple). Cette semaine, le filtre « The Good Wife » n’est pas appliqué sur une simple intrigue de la semaine, il est appliqué sur la trame sous-jacente principale de la série où tout le monde a son quart-d’heure de gloire.

En ne prenant en compte que l’épisode, "Hitting the Fan" est une vraie réussite. Comme tout bon épisode de série judiciaire, les motivations des différentes parties impliquées sont assez complexes pour éviter une vision manichéenne. Will a tout fait le droit d’avoir une réaction aussi violente face au départ d’Alicia. Sa liaison était menée par Alicia (c’est elle qui a mis fin à la relation), et il l’a toujours protégée jusqu’à lui proposer le poste de Diane. Indépendamment de son lien avec lui, le fait de voir une partie de ses plus gros clients partir pour la concurrence est un coup dur. Le fait qu’Alicia soit derrière tout cela accentue la douleur et la colère. Il est tout à fait légitime qu’il se batte pour garder ce qui lui appartient.

Tout comme il est tout à fait légitime pour Alicia d’essayer de monter sa propre firme et de proposer ses services aux clients avec qui elle a travaillé. Le problème est que, jusque là, il n’y a eu que l’excitation du changement, du départ et du jeu de stratège d’Alicia. Les ramifications de cette trahison, car il s’agit d’une trahison, n’ont pas été abordées. Cela à commencé avec la réaction glaciale de Diane dans l’épisode précédent, et continue avec celle enflammée de Will. Et pour une fois, on montre l’existence de « Florrick, Agos and Associates » sous les yeux de quelqu’un d’autre qu’Alicia. Positionner le téléspectateur à la place de Will jusqu’à montrer une Alicia en larmes dans l’ascenseur place l’héroïne de la série, « The GOOD Wife », dans le rôle du traitre.

Mais Alicia n’est pas qu’une traitre, c’est aussi une femme qui prend son destin en main. Malgré la crise de larmes de l’ascenseur, elle ne s’apitoie pas sur son sort, comme le montre la scène avec Peter, et est prête à retordre, comme le montre son échange avec David Lee au tribunal. C’est un rôle complexe qui rend légitime tous les points de vue des personnages sur Alicia tant celui de Peter qui voit sa femme revigorée, que Will qui la perçoit comme un poison. The Good Wife a toujours un côté un peu cynique en donnant souvent plus d’importance au jeu, qu’à l’humain dans le cadre de l’intrigue judiciaire de la semaine. C’était donc très important de montrer l’impact humain du départ d’Alicia avant de se lancer dans le jeu de Survivor judiciaire de la semaine.

Si on juge les qualités de "Hitting the Fan" uniquement en tant qu’épisode de série, alors, c’est une réussite sur tous les points. En revanche, il pose un sérieux problème à la série en général.
Une série doit naviguer entre évolution et maintien du statu quo. Changer la donne d’une série peut lui faire perdre son charme. L’excitation d’un changement de donne en saison 2 d’Alias était enthousiasmante, mais la série n’a jamais retrouvé son charme d’antan. Donner chaque semaine la même chose, peut, bien évidemment, lasser son public. Et tous les Emmy de Modern Family n’iront pas l’encontre de ce principe. Pour garder l’attention du public, il faut alors avoir recours à l’illusion du changement.

C’est un peu ce qui arrive à Diane. On fait miroiter un poste de juge, on prépare sa sortie, la route prise est intéressante, mais on sait très bien que la série perdrait de son charme sans sa dose hebdomadaire de Christine Baranski, aussi faible soit elle. Alors, on fait machine-arrière. Et il n’y a pas de mal à cela. Cela rentre dans le cadre de la série, et donne du fuel à la colère de Diane contre Alicia. L’illusion du changement n’est pas nécessairement une chose dont les scénaristes doivent avoir honte. The Office nous a donné d’excellents épisodes sur The Michael Scott Paper Company. Ils étaient excellents parce qu’ils étaient limités dans le temps. Cependant, plus la trame est importante, plus l’illusion du changement doit être limitée dans le temps.

Sauf qu’ici, la machine-arrière de Cary et Alicia semble être impossible. La série peut naviguer entre les deux firmes et The Good Wife pourrait se retrouver avec un second souffle. Mais il s’agira d’une autre série que celle que l’on a connue. Elle peut aussi envisager une fusion à moyen terme pour revenir à un seul cabinet au cœur de la série et honorer la tradition de l’illusion du changement.
Il est excitant d’être surpris par une série sans que ce soit de manière purement artificielle comme Homeland le fait le même soir. The Good Wife récompense le téléspectateur fidèle et impliqué dans le futur d’Alicia, Will, Cary et Diane. Mais je ne peux m’empêcher d’être inquiet. Le changement, ça a peut-être du bon, mais cela signe aussi la fin d’une époque que je n’avais nécessairement envie de voir venir. Je suis conscient que c’est illogique car l’intérêt de la série venait aussi des manigances de Cary et d’Alicia. C’est aussi très excitant de ne pas savoir à quoi m’attendre la semaine prochaine et les suivantes. Encore une fois, en saison 5, c’est assez rare de ressentir cela. Mais je ne peux m’empêcher d’être un peu inquiet pour la suite. Je suis confiant mais inquiet.

The Good Wife c’était tellement bien tel que ça l’était que l’idée d’un changement profond de l’ADN de la série m’a empêché de savourer pleinement cet épisode. Mais bon, tant que le mari de Kalinda reste là où il est, on ne devrait pas avoir de problème, hein ?

Conundrum