Au fond, une note, ça n’a rien d’objectif. Elle ne juge que la satisfaction personnelle d’un rédacteur que lui procure le visionnage d’une série. La qualité de la série n’en est pas le seul et unique facteur.
En effet, lorsque j’enchaîne plusieurs épisodes des différentes séries de la semaine, la comparaison s’impose. Un épisode moyen de Brooklyn Nine Nine paraitra plus faible si je l’ai fait précéder d’un bon The Mindy Project [1]. La faiblesse de ce même épisode dans le cadre d’une soirée rattrapage consacrée entièrement à la série me marquera moins car il sera noyé entre les bons moments d’autres épisodes de Brooklyn Nine Nine. Le C+ que je pensais donner à la sitcom d’Andy Samberg s’est transformé en B en l’excluant de mon planning hebdomadaire et de la comparaison obligée avec des comédies mieux définies car elle a pu être jugée sur ses propres mérites.
The Good Wife, c’est un autre problème. Le premier quart de la saison est très réussi, la montée en puissance entraine une plus grande satisfaction face à l’obligé "Hitting the Fan". Jusque là, pas de doute, le A+ était assuré. Malheureusement, la destruction violente des bases de la série est certes jouissive mais elle entraîne une reconstruction difficile. On la voulait, cette rupture, mais maintenant que nous l’avons, la série a beau se cacher derrière un nouvelle donne, elle retombe un peu dans ses mauvaises habitudes.
La guerre de sécession au cabinet a énormément bénéficié à Cary et surtout Diane, deux personnages trop souvent sous-utilisés. J’espérais que les nouvelles règles de la série allaient cimenter les rôles mieux établis de complices d’Alicia et Will. Malheureusement, Diane reprend son rôle d’associé silencieuse quand Will renomme le cabinet en marque d’électroménager. Et Cary n’a pas l’air d’avoir plus de pouvoir face à Alicia.
Et pour le coup, la relation Will-Alicia reprend le centre de la scène. Et c’est une belle occasion manquée de la part des King, le couple showrunner de The Good Wife. En effet, en saison 5, donner plus d’importance à Diane et Cary aurait étendu le champ d’action de la série.
Et assez étrangement, ce problème de redéfinition « Avant/Après » touche la plupart des personnages de la série. Avant, Robin était une enquêtrice fine, atypique et assez efficace pour faire de l’ombre à Kalinda. Après, dans un épisode maladroit, elle se doit de justifier sa présence chez Florrick, Agos et Associates et flirte avec l’idée de changer de camp. L’idée de base venait des problèmes financiers du nouveau cabinet, mais passé cet épisode, la situation n’est soudainement plus aussi difficile à vivre. Mais les finances ne semblent pas être le fort des King. Cary et Alicia sont partis avec un de leur plus gros clients, L/G [2] est dorénavant capable d’ouvrir une nouvelle filiale à New York et de recruter un nouvel avocat qui nous rappelle dangereusement le mari de Kalinda.
Et puis, il y a cet absurde cliffhanger du centième épisode où Dents de Cheval laisse sous entendre qu’elle serait enceinte de Peter. Si c’est vrai, Peter, qui a mis des saisons à se racheter une image pour rendre crédible le rapprochement entre Alicia et lui, perdrait alors le peu de capital sympathie qu’il a réussi à accumuler ces dernières années. Et le personnage de Melissa George deviendrait alors bien moins intéressant. Être garante de l’éthique dans un monde aussi gris que celui de The Good Wife est bien plus intéressant que celui de la maitresse de Peter.
Et si Peter est vraiment le père de l’enfant, les King auront beaucoup plus de mal à se débarrasser de cette intrigue que du mari de Kalinda l’année dernière.
Mais le pire dans tout cela, est que je crains que les King aient tiré les mauvaises leçons de "Hitting The Fan". L’intérêt de cet épisode est la lente progression de quatre ans d’intrigues complexes, de relations tendues en un épisode inévitable et sensationnel. Ce n’est pas le caractère choc de l’épisode qui marque, ce n’est pas Will qui attaque Alicia, ce n’est pas le Alicia-Cary contre Diane-Will. Ce cliffhanger est drôle dans son principe mais horrible dans l’idée que la série nous donne de ce qu’elle va nous proposer en 2014. "Hitting The Fan" a donné assez de moments explosifs pour toute la saison. L’heure n’est pas à la succession de révélations surprises et aux cliffhangers choquants mais à la reconstruction. Il faut redéfinir les relations dans cet univers avec de nouvelles règles et restructurer les épisodes pour ne pas tomber dans un schéma « Alicia contre Will » chaque semaine.
C’est cette crainte que The Good Wife devienne le Scandal de CBS qui a fait perdre le + de mon A dans notre tableau de fin d’année. Et oui, Alicia, si ton centième épisode s’était fini avant cette dernière scène, tu serais surement de retour à la tête de tableau.
