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Heroes - Critique de l'épisode 3 de la saison 3

One Of Us, One Of Them: Le burlesque, les Héros et ta mère...

Par Gizz, le 7 octobre 2008
Par Gizz
Publié le
7 octobre 2008
Saison 3
Episode 3
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S’il y a une chose qu’on peut accorder à la série de Tim Kring, c’est sa capacité à aller toujours plus loin. Les esprits moqueurs lui demanderaient bien d’aller plus loin dans le bon sens, mais à pErDUSA on sait profiter des plaisirs simples de la vie, et prendre ce qui vient pour mieux se moquer. Merci Tim, je te revaudrai ça en fin de saison.

Pas d’intro aujourd’hui, je suis suffisamment en retard comme ça. On se voit à la conclusion.

Mothers I’d Like to Franchise

Si ce troisième épisode était un ramassis de lieux communs, d’intrigues vides de sens et d’intérêt, et d’acteurs plus mauvais les uns que les autres, il y a tout de même des bonnes choses qui se sont glissées par erreur dans Heroes cette semaine. Je veux parler des mères. Malheureusement elles ne sont pas très nombreuses, puisqu’elles ont tendance à mourir, disparaître, ou être la procréatrice de la moitié des personnages.
Même si Cristine Rose avec son personnage d’Angela Petrelli était la seule à m’inspirer un minimum de sympathie la semaine dernière (sympathie évaporée en l’espace d’une phrase : “mais je suis ta maman...”), cette semaine Sandra Bennet remporte la Palme du Personnage qui Mérite de Rester en Vie. Ashley Crow était forte et convaincante, comme à chaque fois qu’on lui retire son chien et son mari des mains, et ses face à face avec la mère biologique de Claire étaient quasiment dignes d’être qualifiés de bonnes scènes.

Car la semaine dernière, l’avisé Noah Bennet a demandé à Meredith de protéger sa famille... Avec du feu... Claire, en pleine crise de rébellion demande donc à sa mère biologique de lui apprendre à se battre, afin d’être aussi battante qu’elle (rappelons qu’aux dernières nouvelles, cette dernière s’enfilait clope sur clope dans un trailer park miteux en ressassant on ne sait pas bien quoi, mais c’est une véritable héroïne).
Si son personnage n’avait pas viré à 180°, Jessalyn Gilsig serait presque elle aussi une réussite, son rôle de tante-cool-qui-énerve-Maman dans Friday Night Lights l’aidant certainement à jouer le rôle de la mère-biologique-un-peu-comme-une-tante-cool-qui-énerve-Maman dans Heroes. Le “We don’t smoke in this house” que Sandra lui sert était la meilleure réplique de l’épisode, si tant est que ce titre puisse avoir de la valeur...

Et la mère de Peter, Nathan et Sylar, belle-mère par coucherie de Hiro, grand mère de Claire, et de certainement quelques autres petits héros à travers la planète, est depuis le début de saison le personnage le plus sympathique (scénaristiquement parlant), malgré l’idée stupide de faire travailler son fils au sein de sa Compagnie, sachant qu’il est voué à participer à l’extermination de la quasi-totalité de nos Heroes (et donc de sa descendance), ce qu’elle sait depuis sa vision du futur dans l’épisode précédent.
C’est soit une incohérence scénaristique stupide, soit une déclaration consciente que la série doit s’arrêter rapidement et que tout le monde doit mourir dans d’atroces souffrances.
Dans ce cas, chapeau messieurs les scénaristes, et Angela Petrelli est effectivement le meilleur personnage que la série n’ait jamais comporté.

Bon, assez déconné, j’ai dit assez de bien de Heroes pour les 17 prochains épisodes, reprenons le cours normal de la review.

You asked for stupid, I give you Heroes...

Commençons par l’inintéressant : Matt Parkman dans le désert. La tortue est toujours dans le coin, le prophète africain parle avec des phrases simples (il est africain) mais mystérieuses (il est prophète). Ils peignent tous les deux.

Enchaînons sur l’intrigue chiante à mourir : Tracy va à la Nouvelle-Orléans, rentre au funérarium en criant “Hellooooooo” comme nous aimons tous à le faire. Elle voit Ali Larter morte mais avec les yeux qui clignent, et rencontre son neveu (?) qui sait se servir de Google mieux que personne pour trouver les liens entre Ali Larter et Ali Larter. Mises au monde le même jour, dans le même hopital, par le même médecin, elle reprend l’avion et part rencontrer ce dernier. Et grande révélation, le Dr Zimmerman est le créateur d’Ali Larter. En grand savant fou il en a même fait plusieurs copies (espérons qu’elles ne soient pas toutes schizophrènes, ou ça va vite devenir un beau bordel...). Et pendant ce temps, Nathan Petrelli lit la Genèse... Ironie ?

Finissons par le nul à tendance débile : Noah Bennet est affublé de Sylar (la règle du One Of Us One Of Them, héritée des cours de ping-pong au collège, où les sportifs devaient s’appairer d’un intello ou pire, d’une fille, sous peine de réprimande) pour aller récupérer les évadés de la section 5.
Si la mise en place est une aberration pour un cerveau correctement irrigué, la mise en paire de deux ennemis jurés a généralement quelque chose de jouissif, et on était en droit d’attendre quelques bonnes scènes de ce Deus Ex Debila.
C’était sans compter sur le talent de Zachary Quinto, aussi convaincant en agent du FBI caféinomane que Sarah Palin en Vice-Présidente.
Pendant ce temps, Knox (qui restera Marlo à jamais dans nos mémoires), Peter et leurs amis unidimensionnels attendent patiemment à la banque que l’économie mondiale s’effondre. Peter se fait avoir avec le plus vieux truc de l’histoire du Tu N’es Pas Celui Que Tu Prétends Etre, et mérite donc quelques mandales.
Après une magnifique scène où Peter découvre son pouvoir qui lui servira pendant 18 secondes avant de se faire expulser par le Peter du futur (la crise du logement touche aussi les enveloppes corporelles), tous les nouveaux méchants sont morts pour avoir été méchants, excepté Marlo qui reste en vie pour avoir été un peu moins soporifique que les autres. Sylar hérite du pouvoir de nous faire imploser les tympans. L’haïtien est jaloux du nouveau couple de Noah Bennet, et Mohinder nous sert son monologue dont je n’arrive toujours pas à imprimer une seule phrase (pourtant je prends des notes).

Heroes V.I.P.

Après les considérations spatio-temporelles de la semaine dernière, et le franc succès des débats qui s’en sont suivis. L’équipe des scénaristes a décidé d’offrir chaque semaine aux spectateurs les plus érudits des références cinématographiques prestigieuses et de la philosophie de haut vol, histoire de leur faire oublier qu’ils sont tout de même en train de regarder n’importe quoi.

Et cette semaine, ils ont encore réussi à toucher mon petit coeur et mon modeste cerveau, en extirpant de l’ombre de Chaplin mon idole devant l’Eternel : Buster Keaton.

Les aventures de Hiro et Ando, dont tout le monde se fiche un peu, nous emmènent à Berlin, dans un petit cinéma où une rétrospective de Buster Keaton donne envie de fraterniser avec le chef décorateur pour récupérer les posters à la fin du tournage. Il se passe des choses, notamment une apparition de la belle et merveilleuse ex-espionne du MI-5, Olga Sosnovska [1], un haïtien assommé, une deuxième moitié de formule volée, et une fin d’épisode sur nos deux japonais en cellule.

Mais là n’est pas le message. Là où un télespectateur lambda pourrait croire que l’équipe créative a choisi Buster Keaton car les droits d’utilisation sont beaucoup moins élevés que pour un film de Chaplin ou Lloyd, et que n’importe quel acteur burlesque ferait l’affaire pour renforcer le côté Ô combien hilarant de toutes les scènes entre Masi Oka et Woody Woodpecker, les esprits les plus affûtés comprendront qu’il s’agit en fait d’un tout autre niveau de lecture. Explication.

Notons tout d’abord que le film projeté dans la salle est Cops, un de ses plus brillants courts métrages, où le héros (ou pas, nous y reviendrons) est poursuivi par la brigade de Police de Los Angeles au complet, à la suite d’une série d’incidents involontaires.
La composante principale de tous les films de Buster Keaton, et de celui ci en particulier, est l’impuissance du personnage face aux évènements fâcheux qui sont susceptibles de l’atteindre. Il subit continuellement les foudres du hasard et du chaos, et en réchappe de la manière la plus passive et neutre possible. Il est l’archétype même de l’antihéros.
Antihéros/Heroes, vous voyez un peu le truc ? Vous vouliez de la profondeur, vous êtes servis...
Tous les personnages de Heroes nous sont présentés comme des héros malgré eux. Des gens ordinaires aux pouvoirs extraordinaires. Qui se voient contraints par une force intérieure irrépressible à changer le cours des choses grâce à leurs pouvoirs, pour le Bien de Tous. Alors qu’ils n’ont rien demandé, les pauvres. Et pour mieux mettre en lumière le côté héroïque de Claire, Hiro ou Peter, il n’y a qu’une solution : le contrepoint.
Comme Sylar est occupé dans une intrigue gâchée, et qu’on a notre dose de méchants cette année, l’antihéros est la solution la plus appropriée. Et Buster Keaton est tout désigné. L’homme au visage le plus impassible de l’histoire du Cinéma n’a-t-il pas inspiré Milo Ventimiglia ? Et qui de mieux qu’un maladroit notoire pour dédramatiser la bêtise de Hiro ? Reste pour Hayden Panettiere à apprendre à jouer muette et l’hommage sera complet.
Ils sont forts, ces scénaristes.
(L’histoire oubliera que la scène se déroulait à bord d’un train en Inde dans le script original, qui a été modifié pour raisons budgétaires)

Gizz
P.S. Ce que vous avez pensé de l’épisode :
Vous avez trouvé le tout affligeant, mais vous avez suffisamment confiance en la série pour réussir à faire pire.
Face à Audrey, votre belle et douce collègue à qui vous tentez désespérément de plaire, et qui apprécie peut-être Heroes, vous serez un peu plus nuancé :
« La trame narrative générale est décevante, de même que certains acteurs. Mais j’apprécie énormément la réflexion subtilement engagée sur la condition de Héros, avec le contrepoint de Buster Keaton. Tout ceci me passionne au plus haut point. J’adore Keaton, je te conseille le coffret MK2 de ses longs métrages. Je peux t’en montrer quelques-uns. Tu fais quoi vendredi soir ? »
Notes

[1regardez Spooks