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Law & Order SVU - Cinq bonnes raisons de découvrir ou reprendre la série

Un Point sur la Série: 5 Bonnes Raisons de Reprendre SVU

Par Jéjé, le 23 avril 2016
Par Jéjé
Publié le
23 avril 2016
Saison 14
Episode 18
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Oui, on va encore parler de Law & Order : Special Victims Unit. Mais sachez que c’est entièrement de la faute de Drum. Il y a d’abord eu son article du début de saison dans lequel il nous racontait les dessous de la création de la série (d’il y a presque vingt ans) et le plaisir que l’on pouvait avoir à suivre quelques uns de ses épisodes récents.

Et puis, quelques mois plus tard, il y a eu une conversation avec lui que j’ai débutée par « Mais c’est vraiment si bien que ça SVU ? ».

Au cours de la discussion, deux éléments assez excitants au sujet des dernières saisons [1] se sont détachés dans mon esprit : en saison 13, Warren Leight, le showrunner de In Treatment a repris les rênes de la série et une saison plus tard, il a créé le personnage de Rafael Barba, un « très chouette ADA ». À ce moment-là, j’ai vu se succéder dans ma tête Ben Stone, Jack McCoy et Michael Cutter.

Drum savait que son travail était fait.

J’allais replonger dans le monde des pédophiles et des violeurs new-yorkais sans attendre [2].

1 Le plaisir des « Guest Stars »

Dans un premier temps, je me suis dit que je pourrais tenter une relation occasionnelle avec la série.

Je n’avais peut-être pas besoin de tout regarder. Seulement les épisodes avec ce mystérieux Rafael Barba, seulement les épisodes dans lesquels il y aurait du prétoire, des objections, des juges, des interprétations de la loi, seulement les épisodes qui ressembleraient à du Law & Order tout court.
Mais très vite, je me suis rendu compte que les crédits post-générique, avec le défilé des noms des guest stars, constituaient l’un de mes moments favoris des épisodes.

Ce ne sont pas tant les « special guests » qui me réjouissent, même s’il faut bien reconnaître la valeur ajoutée que peuvent apporter le temps d’un épisode des interprètes comme Patricia Arquette ou Marcia Gay Harden, que le mélange des guests stars issues des distributions principales des séries emblématiques des années 90 et - c’est tout l’avantage de regarder cette saison 14 avec trois ans de retard - des séries du moment. On peut par exemple trouver Richard d’Ally McBeal et la maman de Jane The Virgin, car contrairement à beaucoup de procedurals qui ne se limite à qu’un visage connu (bien souvent - ô surprise - le meurtrier) par épisode, on tourne dans SVU à une moyenne de trois ou quatre.
Je ne sais pas si c’est lié à la qualité de la distribution secondaire, mais SVU fait assez fort pour soigner les « petits » rôles, particulièrement ceux des victimes. (Ça doit aussi être un peu lié au fait que contrairement à à peu près tous les autres crime procedurals les victimes chez SVU sont le plus souvent en vie…)

Le revers de la médaille de tout ça, c’est que je ne me remets toujours pas que Lou Grant soit un atroce pédophile...

2 More Law & Less Order

Mais ma plus grande satisfaction vient du recentrage Law&Order-ien de la série, ou plutôt de son aspiration si ce n’est nouvelle du moins visible [3] de prendre modèle sur celle dont elle tire son nom.

Pourtant, la partie judiciaire des intrigues est loin de prendre régulièrement la moitié des épisodes. Barba n’apparait même pas dans la moitié des épisodes que j’ai vus. La brigade reste le coeur de la série.
La grande différence avec le SVU de mon souvenir réside dans le fait que les histoires ne sont plus centrées sur l’identification d’un criminel et de son arrestation. La plupart du temps, ces considérations sont réglées en dix minutes. Sont explorées alors le contexte social de certaines des crimes, la façon dont la justice a d’en traiter d’autres, les conséquences sur le long terme pour les victimes, les imbroglios juridiques qui peuvent s’en suivre…
Dans 14.09 - Dreams Deferred, l’une des plus grandes réussites de la saison, l’enquête policière est un prétexte pour examiner le quotidien et l’état d’esprit d’une prostituée d’une cinquantaine d’années qui a passé la majorité de sa vie sur le trottoir (avec une géniale Patricia Arquette). 14.12 - Criminal Hatred, lui, s’intéresse au ressentiment que certains gays assumés peuvent avoir envers ceux qui ont une vie hétérosexuelle de façade (avec femme et enfants) et qui couchent avec des hommes quand ils en ont l’occasion, sujet que je n’avais vu traité où que ce soit.

La série n’arrive cependant pas à se débarrasser de tous ses travers, les rebondissements sont souvent un peu trop énormes, les conclusions parfois précipitées.
Et puis, SVU ne peut résister de donner à l’occasion dans le sensationnalisme un peu crasse, particulièrement avec les pédophiles et les enfants. (Le pire épisode que j’ai vu (14.06 - Friending Emily) met en scène un pédophile qui a kidnappé une fille de 14 ans et qui s’amuse à narguer la police en lui envoyant des vidéos de sa terrible condition d’otage).

Heureusement, ces errements semblent être devenus l’exception.

3 Rage Against The Machine

Règne également dans cette saison un petit esprit West Wing-ien (qui montre ce qui devrait être pour dénoncer ce qui est).

La brigade de Benson et de ses petites camarades apparaît clairement comme une version idéalisée de la police et de prise en charge pénale des crimes sexuels. La dimension anormale (car positive) de son fonctionnement devient de plus en plus flagrante à mesure des épisodes où elle se trouve confrontée aux dysfonctionnements des institutions dans ces affaires (le ministère public dans 14.07 - Vanity’s Bonfire, 14.11 - Beautiful Frame et 14.13 - Monster’s Legacy, les écoles privées d’élite dans 14.10 - Presumed Guilty, l’industrie du divertissement dans 14.03 - Twenty-Five Acts, l’industrie de la musique dans 14.16 - Funny Valentine…).

La responsabilité des crimes sexuels n’est plus seulement portée dans la série par des cas isolés, par des individus déviants, par des pervers irrécupérables, mais également par la façon qu’ont les organisations de pouvoir de taire les agissements criminels qui ont lieu en leur sein et de couvrir leurs membres qui les auraient commis.
SVU montre que les crimes sexuels sont des crimes de pouvoir, et, avec l’idéalisation de la section SVU exprime la nécessité d’un contre-pouvoir efficace (qui n’existe pas pour l’instant) pour faire évoluer la situation des abus sexuels.

Rien de tel que de petits aspects politiques et militants pour me rendre complètement accro !

4 Mieux Seule Que Mal Accompagnée

A l’origine, SVU est portée par un duo d’enquêteurs, Olivia Benson (Mariska Hargitay) et Elliot Stabler (Christopher Meloni).

Pour Neal Bear, showrunner de la série durant onze saisons, Benson représente la voix compatissante pour les victimes, Stabler celle du dégoût pour les crimes sexuels [4].

À l’issue de la saison 12, quand Warren Leight est engagé pour remplacer Neal Bear, ce duo est toujours d’actualité. Mais quelques jours plus tard, contre toute attente, Christopher Meloni quitte la série.
Je n’ai pas encore vu la saison 13, mais il est clair en saison 14 que Benson est devenu le personnage central et que sa voix est devenue prépondérante dans le ton de la série.

Le choix de Leight d’assumer le déséquilibre (aux yeux des fans de la première heure) créé par l’absence de Stabler est ce qui a permis à mon sens de politiser davantage le propos de la série et de s’éloigner d’une approche émotionnelle et simpliste de ces crimes. Stabler avait aussi comme gros défaut d’ancrer la lutte contre les abus et agressions sexuels dans une démarche très patriarcale. Trop souvent, il apparaissait comme le père protecteur des enfants et des femmes qui pouvait légitimement utiliser le bras de la force virile pour punir les déviants, Benson devant se contenter d’apporter un soutien tout féminin (l’oreille attentive et la parole réconfortante) aux victimes.
Benson a bien hérité d’un nouveau co-équiper, mais bien qu’il partage certaines caractéristiques de Stabler (père de famille, catholique…), il incarne une version allégée de cet archétype, un poil un peu plus évolué et de façon très satisfaisante est beaucoup plus en retrait.

À côté de cette baisse de machisme dans la bridage, on peut constater avec plaisir la présence de nombreuses figures féminines d’autorité (le double épisode d’ouverture de la saison se joue entre Benson, une femme proxénète et une responsable du bureau du procureur, 14.04 - Acceptable Loss est construit sur un trio similaire, 14.11 - Beautiful Frame et 14.14 - Secrets Exhumed se centre autour d’une ADA et d’une agent du FBI…), une présence appréciable dans une série où les femmes sont souvent en position de victimes.

Je ne sais pas encore à quel point ces personnages constituent une véritable tendance dans la nouvelle ère de SVU mais ils me confortent un peu plus dans l’idée que la série s’est complètement renouvelée et que, oui, « SVU, c’est vraiment si bien que ça ! ».

5 Drum a toujours un temps d’avance

Rappelez vous, il est le premier à avoir cru en 30 Rock.
Il est celui qui vantait les mérites de Frasier et Cheers pendant que l’on regardait Friends et que l’on pensait avoir découvert la meilleure sitcom du monde.
Il est le premier à avoir vanté les mérites de Donald Trump, puis avoir publiquement indiqué qu’il préférait ses émissions à HBO (et grâce à lui, j’ai eu la musique de The Apprentice en sonnerie de téléphone pendant des années !).

Pas de doute, Drum est un précurseur ! Si vous voulez une longueur d’avance sur tout le monde, regardez donc SVU.

Jéjé
Notes

[1J’ai quand même suivi en entier les 8 ou 9 premières saisons et ai écrit mes premières reviews chez l’ami Seb sur cette série précise !

[2Je me suis lancé avec le season finale de la saison 13, premier volet d’une histoire en trois parties, et en suis au moment de l’écriture de ce texte à l’épisode 14.18.

[3Dans son texte, Drum explique que la série n’est bel et bien qu’un spin-off d’affichage : "La série n’a pas été développée en tant que dérivée. Dick Wolf, son créateur, voulait vendre la série devenue Law and Order : Special Victims Unit sous le nom de Sex Crimes. Le postulat original ne la liait en rien à Law and Order. »

[4« Mariska is the empathetic, passionate voice for these victims, and Chris [Meloni] is the rage we feel, the "How can this happen ?" feeling. They both represent the feelings that we feel simultaneously when we hear about these cases. » - TV Guide - 2007.
Merci Wikipedia pour le lien !