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Scream - Avis sur les premiers épisodes du remake de Scream pour MTV

Scream: Notre nouveau Friday Night Lights

Par Ju, le 15 juillet 2015
Par Ju
Publié le
15 juillet 2015
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J’adore Scream (le film). Pour l’avoir revu très récemment, je peux affirmer sans problème que Scream (le film) a très bien vieilli. Et en dehors des coiffures, de quelques fringues flashy, et d’une technologie un poil vieillotte, Scream (lefilm) reste toujours aussi gore, drôle, et malin qu’il y a vingt ans.

Mais s’il y a bien quelque chose que Scream 2, Scream 3, et Scream 4 nous ont appris, c’est que même des films qui se targuaient de connaitre les règles de l’horreur étaient susceptibles de s’affadir à chaque nouvelle itération, jusqu’à ce qu’ils ne fassent plus preuve de la moindre idée originale, à l’image des films dont ils se aimaient se moquer.

Mais je ne suis pas là pour vous dire que Scream 3 était un mauvais film.

Non, je suis là pour vous dire que la série Scream fait passer Scream 3 pour un bon film.

Qu’est-ce que c’est ?

Scream est la série télé tirée des films de Wes Craven, dont la diffusion a commencé il y a trois semaines sur MTV (la chaine à qui l’ont doit également le remake officiel de Teen Wolf, mais pas le remake officieux de Retour vers le Futur).

Pourquoi une série Scream plutôt qu’un nouveau film ?

Parce qu’on est en plein dans la période de remakes des années 90, et que Scream 4 n’a pas rencontré un succès suffisant pour que la franchise se poursuive au cinéma (qui est un medium supérieur en tout point à la télévision, c’est bien connu).

La « marque Scream » continue donc à la télé, à quelques détails près.

A quelques détails près ?

Visiblement, les producteurs n’ont pas eu l’envie (ou les moyens) de payer les droits d’utilisation de l’élément le plus emblématique des films : le masque du tueur.

C’est un peu con.

Du coup, à la télé, le tueur de Scream ressemble à ça :

Il ne porte pas non plus de cape. Il porte un imperméable.
Et il ne court pas non plus. Il marche. Ce qui est une trahison absolue du personnage, car tout le monde sait que le tueur de Scream ne se déplace qu’en courant. (C’est pour ça qu’il se prend plein de portes dans la gueule, ça fait partie de son charme).

Mais à part l’imperméable bizarrement emprunté au tueur de « Souviens-toi l’été dernier », ses déplacements de petits vieux, et le fait que dans la série, les meurtres soient inspirés d’un ancien massacre d’ados autour d’un lac (Jason ?), Scream est un remake de Scream.

C’est avec qui ?

C’est avec une belle brochette d’acteurs plus ou moins jeunes, dans la grande majorité absolument nuls. Et il y en a un qui s’appelle « Amadeus Serafini », ce qui est suffisamment rigolo pour être relevé.

Bon, j’exagère. Au milieu de tous ces inconnus très mauvais, on retrouve quand même Bex Taylor-Klaus (excellente dans la saison 3 de The Killing) qu’on est toujours content de revoir (mais qui pourrait mieux choisir ses projets).

De quoi ça parle ?

C’est un remake de Scream.

Si vous n’avez jamais vu Scream, allez voir Scream, mais en gros des ados se font massacrer par un tueur masqué qui, au préalable, les enquiquine au téléphone (ou par SMS, parce que même si ça fait moins peur, on est en 2015).

Et parce qu’on est vraiment en 2015, il prend aussi des selfies avec ses victimes.

La marque de fabrique de Scream, le commentaire autoréférentiel sur les meurtres par un ou plusieurs personnages fans de films d’horreur, est bien de la partie.

Enfin… dans le pilote, le commentaire insiste surtout sur le fait que c’est une très mauvaise idée d’adapter un slasher au format série télé, ce qui est soit une preuve de confiance, soit un appel de détresse à demi-mots lancé par un scénariste paniqué qui vient de se rendre compte qu’il ne remboursera jamais le prêt accordé par sa maman pour « réaliser ton rêve hollywoodien, ma puce » alors qu’elle n’en a vraiment pas les moyens, que le toit fuit, et que l’hiver arrive.

Non, jamais personne n’aurait écrit « You can’t do a slasher movie as a TV series » dans son script, s’il n’avait pas dans un coin de sa tête une excellente idée pour le faire, n’est-ce pas ?

Et évidemment, ça ne manque pas, la solution est présentée par un personnage à la fin du premier épisode : pour réussir un slasher à la télé, il faut simplement qu’il ressemble à Friday Night Lights.

Voilà, de la bouche même des scénaristes, votre nouveau Friday Night Lights est un remake de Scream sur MTV.

Et c’est bien ?

Après trois épisodes, j’ai le regret de vous informer que ça ne vaut pas Friday Night Lights.

Ce qui est triste, mais peu surprenant.

Mais ce qui est encore plus triste, c’est qu’il y a peu de chance que la suite s’améliore franchement. Car les problèmes présents sur les trois premiers épisodes de Scream me semblent bien difficiles à surmonter.

Premier problème : tous les personnages sont des têtes à claques. Des caricatures absolues et sans aucune saveur dont la mort ne peut pas venir assez vite. Sur un film de deux heures, ce ne serait pas trop embêtant, mais supporter semaine après semaine les mésaventures insipides d’un groupe d’ados détestables n’aide pas trop une série qui se présente comme notre nouvelle Friday Night Lights.

Jugez-plutôt, et dites-moi si vous les connaissez. Les personnages principaux de Scream sont : deux sportifs / connards de base, un rebelle sombre et mystérieux, une gentille héroïne neuneu, une pimbêche qui se tape le prof de littérature, un prof de littérature qui se tape son élève, et enfin, parce que c’est Scream, une journaliste (ici, elle tient un podcast genre Serial) et un fan de films d’horreur qui adore monologuer sur les meurtres de ses petits camarades.
Seule Audrey, jouée par Bex Taylor-Klaus, n’entre pas immédiatement dans un cliché du genre. Ce qui fait sans doute d’elle la tueuse.

Deuxième problème : la série est moins intelligente que ce qu’elle croit. En l’occurrence, ce qui fait le sel de Scream, le commentaire autoréférentiel, manque ici complètement de substance. Les scénaristes, qui n’ont pas grand-chose de neuf à dire, optent donc pour la solution de facilité en multipliant les références à la pop culture.
Mais rien de bien profond, hein, le commentaire consiste à citer des titres avec un petit air content de soi : Hannibal, Bates Motel, American Horror Story, Terminator, tout y passe. Il y a tellement, tellement de références.

Tellement. De. Références.

Troisième problème, le plus important : Scream, ça date.

Je m’explique. Quand la série copie les films (je pense au coup de téléphone entre le tueur et l’héroïne neuneu à la fin du deuxième épisode), c’est assez réussi mais on ne peut pas oublier qu’on a vu la même chose, en mieux, il y a presque vingt ans. Et quand la série tente de faire du neuf en commentant la culture actuelle des « jeunes » et leurs « youtubes », c’est non seulement moins réussi, mais en plus Scream 4 l’a beaucoup mieux fait il y a à peine quatre ans.
(Au passage, j’ai beaucoup aimé Scream 4 en dehors de sa fin, ou comment gâcher une idée géniale à la toute dernière minute par un manque de courage vraiment scandaleux.)

Bref.

Scream est donc, pour l’instant, une série bien fade qui porte mal son nom. Les pires histoires de teen show possibles, avec un meurtre de temps en temps (pour l’instant un par épisode, soit trop rarement pour qu’un rythme intéressant ou une quelconque tension puissent s’installer).
En fait, c’est un peu comme si les scénaristes et les producteurs savaient qu’ils peuvent se contenter du strict minimum (voire moins que le minimum, puisque le vrai masque coutait trop cher) et que les gens regarderont quand même. C’est le pouvoir des franchises, de la nostalgie, et de la bêtise humaine. Et ça me donne envie de vomir.

Il va sans dire que je ne louperai pas une seule seconde de cette version bâtarde et paresseuse d’un de mes films préférés.

Ju