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Law and Order SVU - SVU change la donne et on est pas content.

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Par Conundrum, le 10 février 2018
Publié le
10 février 2018
Saison 19
Episode 13
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Cette saison 19 de Law & Order : SVU est problématique. Michael Chernuchin, ancien de Law and Order et Chicago Justice a repris les rênes de la série depuis la rentrée. Et il est semble venu avec un mandat assez clair : changer la donne.

La série est devenue plus brusque, certains personnages moins subtils et quelques épisodes sacrifient le fond au profit d’une forme qui se veut trop sensationnelle (on essaie encore d’oublier l’horrible Something Happened) . Mais en même temps, l’équipe de scénaristes assemblée par Warren Leight, le showrunner qui redéfinit la série autour de Benson, est toujours présente. Du coup, Law and Order SVU part un peu dans tous les sens et oscille entre bons épisodes, mauvais épisodes avec de bons moments, et très bonnes idées mal gérées.

Mais, malgré tous ces défauts qui agacent, force est de constater que SVU provoque cette année quelque chose d’autre que la routine légèrement ennuyante de la saison précédente. Toute l’ambiance de cette première partie de saison s’est cristallisée autour de Sheila, la grand-mère maternelle de Noah. Il y avait un conflit réel et une situation nouvelle à explorer pour Benson. La gestion de la famille biologique d’un enfant adopté est une très bonne idée qui, parfois, a su être gérée avec la subtilité nécessaire. Malheureusement, la série lui a préféré un dénouement inutilement explosif et sensationnel.
Et maintenant que l’intrigue est derrière nous, SVU nous a surpris avec trois épisodes particulièrement solides... jusqu’à cette semaine où la série a repris ses bonnes vieilles nouvelles habitudes.

Rafael Barba, la meilleure addition de l’ère Warren Leight, quitte la série et est remplacé par un personnage bourrin de la série précédente de Michael Cherchunin. Rien que sous cet angle, le message est fort. Et si les scènes d’ouvertures et finales sont touchantes et réussies, tout ce qui comble l’entre-deux est très problématique.
L’épisode commence par les funérailles de Ben Stone 1er [1] assistant du procureur de Law & Order, la série mère. Sam Waterston assure cette semaine un rôle de mentor qui fait passer le bâton entre Barba et son successeur, Peter Stone, fils de feu Ben Stone.
À circonstances exceptionnelles, un format exceptionnel est utilisé dans cet épisode. Jack McCoy est sorti de la naphtaline et ses scènes avec Barba nous font regretter l’absence de la série mère sur nos écrans. Il permet aussi de cadrer l’arrivée du nouvel assistant du procureur dans l’histoire de Law and Order. Et assez étonnamment, cette partie se déroule plutôt bien. Surtout que l’épisode s’achève par une très belle déclaration d’amitié entre Benson et Barba. Elle a pour mérite de montrer à quel point Barba a changé, mais aussi le travail qui attend Benson.

Barba et Stone, à leurs premières apparitions, ont été dépeints comme des hommes surs de leurs convictions. Benson a opéré à une subtile ré-éducation de Barba. Elle l’a sensibilisée sur des problématiques qui ont changé sa vision de la vie et de son job. Récemment, dans une affaire de harcèlement sexuel dans le milieu des pilotes aériens, on s’est surpris à voir Barba, et non Benson, pousser le débat pour aller plus loin que la défense de la victime. Et effectivement, sur ce point, et Barba étant l’un de mes personnages préférés de la franchise, Benson n’a plus rien à apprendre à Barba. S’il y a une satisfaction à les voir allier leur force, la série a peut-être besoin de sang neuf. Et Stone peut devenir le nouvel homme que Benson va devoir retravailler.

Le problème est que, malgré tout le talent de Raul Esparza, la pilule de Barba, tueur de bébé a du mal à passer. Le débat sur la légitimité de mettre fin à la vie d’un enfant qui souffre plus que de raison est juste. Il aurait pu donner de beaux débats enflammés sans que Barba n’intervienne physiquement dans l’acte en lui même. Et même si on accepte ce postulat, le procès passe à côté de son propos.
L’idée n’est pas de voir si l’acte est juste ou non, mais si Barba avait la légitimité pour le faire. Il ne connait que l’histoire familiale que depuis peu et il n’est pas un parent de l’enfant. Stone n’évoque ce point que trop brièvement dans son interrogatoire. Raul Esperza fait des merveilles avec une tirade simpliste et efficace, mais tout cet aspect de l’affaire (peut-on tuer un enfant pour abréger ses souffrances ?) a déjà été géré dans la première partie de l’épisode avec les parents. Les motivations de Barba sont comprises et assimilées, nous étions en droit à une structure plus proche de la série mère où le procès s’occupe d’une autre facette du cas.
Dans une moindre mesure, on enchaîne avec une conclusion qui est, elle aussi, problématique. Même s’il est acquitté et que Barba démissionne, j’ai aussi eu beaucoup de mal avec un McCoy qui essaie de le convaincre de rester. Il s’agit d’un cas qui a dû avoir une couverture médiatique locale. Là encore, on passe à côté d’un conflit intéressant, cette fois ci pour McCoy, qui aurait dû se séparer de Barba malgré l’issue favorable du procès.

Et puis, on en revient avec ce symbole fort où un personnage clé de Leight est remplacé par un autre de Cherchunin.
Depuis le départ de Leight, les deux intrigues feuilletonnantes de Barba ont été abandonnées. On nous avait laissé espérer un duo Sonny-Barba avec le premier qui s’impliquait plus sur l’aspect juridique des cas. En occultant toute l’intrigue de Carisi au profit de sa relation avec Rollins, Barba n’a plus son rôle de guide pour le flic qui cherche sa voie. Plus étonnant encore, tout le cliffhanger du dernier épisode de Leight avec Barba menacé pour de mystérieuses raisons a été totalement oublié par Rick Eid la saison suivante. Et Chernuchin n’a pas plus de raison d’y revenir.

Si l’épisode peut agacer et décevoir dans sa globalité, il n’est pas mauvais. Il manque de subtilité et par moment passe à côté de son propos. En revanche, la portée dramatique autour des trois hommes de loi est bien gérée. La scène finale restera un moment marquant de la saison et même si son départ n’est pas une mauvaise idée, Barba va vraiment me manquer.
Et Rafael méritait mieux.

Conundrum
P.S. Au moins, sa sortie est un peu plus digne que celle d’Elisabeth Röhm dans la série mère.
Notes

[1Premier de cœur, mais vraiment deuxième si on compte le pilote avec David Vincent lui même dans le rôle de l’assistant du procureur.