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The Good Fight - Retour de la meilleure ennemie de Trump

The One About the Recent Troubles: Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir ?

Par Max, le 17 mars 2019
Par Max
Publié le
17 mars 2019
Saison 3
Episode 1
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Le générique de The Good Fight est revenu, en mieux, et c’est merveilleux. That’s it, that’s the review. ...

La deuxième saison s’est terminée sur une note d’espoir après avoir suivi une lente chute de Diane, une affaire de serial killer d’avocats et une grossesse compliquée pour Lucca. Si on pensait que l’amour (Kurt) et l’amitié (Marissa, Maïa, Lucca) allait être l’antidote à tous leurs problèmes, c’était mal connaître Michelle et Robert King et leur propension à disséquer la société et le mal-être contemporain. Cette saison 3 continue à distiller le poison.

Who shot Kurt ?

Le héraut de cette nouvelle ère, c’est bien Donald Trump. Et sa plus grande ennemie télévisuelle, c’est Diane Lockhart. Il n’y a pas de série et de personnage qui ne s’attaque avec autant de virulence, de constance et de précision que The Good Fight. Les King ont décidé, dès l’ouverture du pilot et laissant les gants de velours aux vestiaires, de prendre le problème de front et pointer toutes les contradictions, les défauts, les idioties d’un président qui incarne ce qu’il y a de pire.

Dans 3.01- The One About The Recent Troubles, tout démarre sous des aspects plus idylliques que l’an dernier : la firme, Diane et son petit monde semblent avoir retrouver un semblant d’équilibre. C’était sans compter sur le retour de bâton qui semble désormais inéluctable, un cercle vicieux. Diane pense que Kurt la trompe à nouveau, avec la même blonde (incarnée par Megan Hilty, introduite dans la dernière saison de The Good Wife et absente ici) en trouvant un poil blond sur une de ses vestes de chasse. On se dit que l’histoire va se répéter et que notre héroïne n’a plus la résilience pour la supporter. Ce qui s’annonce quelques instants est intéressant mais un peu redondant.

Mais les King aiment leurs effets de surprise et l’obsession pour le politique : Kurt ne trompe pas Diane avec une femme mais a été engagé par les fils de Trump pour les accompagner chasser ! La réaction de Diane est JOUI-SSIVE. Mais ce que sous-entend cette intrigue, c’est que le politique s’invite désormais bien trop dans notre intimité, qu’il est impossible de ne pas composer avec ou de voir ses relations se décomposer à cause de cela.

À l’absurde et l’exubérance des premières saisons succombe le désespoir. Diane monologuant dans son lit, c’est de l’orfèvrerie sur la dépression d’un monde qui se meurt des mains d’incapables mais aussi la fin de son espace de sûreté, de sécurité, de sanité comme elle le souhaitait l’an dernier. Tout cela par l’un des plus grands dialogues jamais écrits [1].

The Good MeToo !

Mais notre époque et The Good Fight sont aussi combatives, ne laissent pas les choses pourrir en leur royaume. Si c’était esquisser auparavant, la série s’attaque avec cette reprise au harcèlement sexuel. Et ici, cela se passe en son sein même avec une ancienne victime de Carl Reddick lui-même.

And that’s a problem these days ? Ahaha” - Lucca

Il est question ici de savoir quelle est la bonne attitude à adopter quand cela nous touche de près. Les associés découvrent le scandale et se posent la question d’étouffer l’affaire ou de la résoudre pour laver leur nom. Liz, la fille de l’agresseur, veut juste faire la lumière et rendre justice à la victime, quitte à dénigrer et revisiter les relations au père. À deux degrés de réactions et de conséquences, les personnages se posent la question de la réputation des parties de l’affaire et si la série penche clairement du côté de la victime, il y a des nuances apportées réellement appréciables, notamment grâce à une seconde victime, toujours présente dans la firme.

Il n’est jamais question de laver le nom de Reddick, ou ne serait-ce alors qu’un instant, par la parole des hommes. Mais quand les femmes prennent le contrôle, il y a un esprit de sororité avec la victime qui est assez important de démontrer et permet alors à l’affaire de prendre la proportion qu’elle doit avoir. On espère alors que cela ne s’arrêtera pas là.

They’re not a number, they’re women !

Ce qui est également appréciable avec ce retour, c’est que les scénaristes ont enfin compris qu’il ne servait à rien de donner autant d’exposition à son importante galerie de personnages mais que chacun pouvait aussi utiliser l’arrière-plan sans être diminué pour autant. Ainsi, Marissa, Maïa et Lucca ont un rôle vraiment secondaire dans cette reprise, portant alors les intrigues les plus “légères” de l’épisode. Elles gèrent le remplissage entre les deux affaires en montrant que chacune est là pour l’autre, pour l’anecdotique comme l’important. Maïa a un problème oculaire et d’affirmation de sa position après les scandales qui l’ont touchée, Lucca se voit offrir une proposition qu’elle ne peut littéralement pas refuser et Marissa les aide à faire les bons choix.

The Good Fight semblait avoir mis le féminisme de côté, impulsion venue des dernières saisons de la série-mère. Et comme un écho, cela revient sur le radar quand Lucca est faite associée de la firme à une position considérée comme inférieure mais dont elle va user à son avantage. Ainsi, elle donne la parole à ceux qui ne sont plus de son rang, à savoir Maïa. Elles sont les pièces que l’on pense mettre de côté un temps mais qui soutiennent en fait le puzzle et permettent à l’épisode d’être irréprochable dans sa manière de gérer les intrigues et les personnages, de créer un ensemble à la fois cohérent et d’un très haut niveau.

Et c’est gratuit mais cela ne fait pas de mal : ce casting est exceptionnel. Voir que les blancs sont en minorité aussi et que cela n’est plus un sujet (sauf là, parce que j’en fais la remarque, god damn it) est tellement jouissif sur les pouvoirs de la représentation.

To new beginnings” nous dit Liz à la toute fin. Vraiment ? En tout cas, cela démarre à merveille.

Max
Notes

[1Enfin, elle dialogue avec une blessure sur l’épaule de Kurt qui parle comme Trump !! Voici le dialogue, d’une théâtralité immense.

— I am married... to the footman to the king. And we don’t even remember him. That’s the worst thing. The most important person in my life, and he’s an afterthought.
— He’s not even that. He’s a joke to us. He’s the caddy we left behind, the hunter we laughed at when we accidentally shot.
— What has happened to men ?
Where did the real guys go ? Why do we now have these snide little creatures with slicked-back hair and cologne ? What happened to Paul Newman and Burt Lancaster ?
What happened to men who were slow to anger, and responsible, and wouldn’t cry like whiny little bitches ?
When did Trump and Kavanaugh become our idea of an aggrieved man ? Quivering lips, blaming everyone but themselves.
You’re not fit to kiss my husband’s feet. A truthful man. Uncomplaining, never passing the buck. Never punching unless he’s punched.
When did he become the exception ?

— Wah, wah, wah (Trump).
— God, I hate you.
I don’t believe in hell, but sometimes I wish people like you ended up there. Or I tell myself you’re really unhappy in all your gilded happiness.
Oh, I’m happy. So happy. Tremendously happy. Bigly happy. Everybody says I’m happy. I’m the happiest...