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The Good Wife - Critique de l'épisode 13 de la saison 1

Bad: Good, actually !

Par Jéjé, le 9 février 2010
Par Jéjé
Publié le
9 février 2010
Saison 1
Episode 13
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Cette fois-ci, c’est sûr, on tient le bon bout.
Depuis quelques semaines, The Good Wife aligne des épisodes plus que solides et après des débuts prometteurs mais pas exempts de défauts, elle s’affirme comme la révélation "drama" de la saison.Il est vrai que la compétition n’était pas bien rude, malgré ce que les fans de The Vampire Diaries et de Glee pourraient avoir à en dire. Alors pour bien enfoncer le clou, n’hésitons pas à le clamer haut et fort, The Good Wife est actuellement l’une des meilleures séries (tout court) diffusée sur les networks. Et le câble. Et voilà.

Avant d’évoquer précisément l’épisode de cette semaine (pour moi, le meilleur à ce jour), faisons une petite présentation rapide de la série.

Elle est bien gentille

The Good Wife, c’est bien sûr Julianna Marguiles. C’est le personnage principal et à peu près le seul dont on ait une perception affirmée des motivations.
Attention, je ne dis pas ça pour laisser entendre qu’on ne comprend rien aux autres personnages et qu’ils agissent avec autant de cohérence que les petites vieilles botoxées de Wisteria Lane. Non, c’est juste que l’on ne nous a pas encore révélé la totalité des enjeux qui les poussent à agir. Et c’est franchement excitant !
(En 1994, j’aurais pu trouver ça normal, en 2010, ça tient du miracle !)
Mais revenons à notre "gentille femme", notre "brave épouse", notre "Good Wife" !

The Good Wife dit du mal de NBC

Ce n’est pas compliqué, tout est dans le titre, elle essaye de faire les choses bien, mais qu’on soit bien d’accord, elle n’a rien d’une ravie de la crèche.
Dans le pilote, quand son mari, procureur de Chicago est impliqué dans un scandale politico-sexuel qui lui coute sa carrière et sa liberté, elle est à ses côtés pour le soutenir publiquement.
Quand elle doit subvenir seule aux besoins de sa famille, à plus de quarante ans, elle trouve un poste d’avocat "junior" dans une grande firme de la ville.
Et elle aborde ses dossiers comme sa vie de famille, avec bienveillance. Et pas avec naïveté, ou misérabilisme, ou apitoiement... Avec la bienveillance d’une femme adulte blessée qui se reconstruit.
Heureusement, dans les premiers épisodes, le boulot est plutôt simple. Dans toutes les affaires qu’on lui confie (immédiatement, elle est sur de grosses affaires pénales, ça sert d’avoir été à la fac avec Josh Charles, l’un des associés de la firme), elle découvre aux trois quarts de l’épisode la faille du dossier qui avait échappé à tout le monde. D’autant plus facilement qu’en général tout le travail lui est mâché par l’enquêtrice du cabinet. C’était de ça dont je parlais plus haut, les "défauts" des débuts. Mais avec le temps, les affaires se sont complexifiées et ne servent plus simplement d’écho à ses blessures personnelles.
En trame de fond feuilletonnante, se prépare le procès en appel de son mari. Chris Noth, un homme moins bienveillant que sa femme, est embringué "malgré" lui dans une sombre conspiration, un procès qui à le rôle fâcheux de mettre en lumière en permanence l’humiliation publique et privée avec laquelle Alicia Florrick (c’est le nom de The Good Wife) apprend à composer au quotidien.

Mister Big is Richard Cross [1]

Au treizième épisode, les auditions débutent.
La rivalité entre Peter, le mari de The Good Wife, et son successeur sous-tend tout le processus depuis le début de la série. Ce dernier est à l’origine de la révélation des infidélités de Peter, avec des prostituées qui plus est, à la presse, qui l’avait poussé à démissionner. J’avais compris qu’il avait été envoyé en prison pour avoir payé ses ébats avec de l’argent public. En fait, on l’apprend de façon claire dans cet épisode, Peter est accusé d’avoir accepté des pots-de-vin en nature en échange desquels il aurait classé des dossiers de fraude immobilière.
Depuis le pilote, le match est en faveur du nouveau procureur, mais cette fois-ci, l’avocat de Peter renverse la tendance et écrabouille les deux témoins stars du procès. Pour la première fois, on a la satisfaction dans cette intrigue que la machination orchestrée pour faire tomber Peter Florrick prend un peu l’eau. Le souci, c’est que bien que je le pense innocent, je n’ai pas envie de le voir sortir.
C’est un immonde bonhomme. Un peu à la Bill Henrickson, bien qu’il ne soit pas polygame. (Oui, un moment donné, il va falloir se mettre à Big Love.) Il est l’incarnation de l’"homme de pouvoir". Charismatique en public, il pense sa famille comme un outil de plus illustrant et permettant son succès.
La façon qu’il a de considérer Alicia est stupéfiante. Elle ne l’a pas quitté, donc elle l’aime, donc elle lui est entièrement dévouée. C’est pour ça que la scène où elle lui annonce qu’elle ne sera pas présente dans la salle d’audience et que s’il sort, ils feront chambre à part, est la plus réjouissante de cette intrigue.
Surtout parce que son petit esprit machiste n’arrive pas à comprendre ce qu’il se passe. Il ne trouve pas autre chose à lui dire que de demander si elle est vraiment amoureuse de lui. Quelques phrases, quelques regards, il n’en faut pas plus pour percevoir la condescendance dont il a toujours fait preuve à l’égard des sentiments de sa femme.
Certes, la distribution de The Good Wife est l’une des plus impressionnantes des séries actuelles, ça aide. Elle partage cet aspect avec Damages, une autre série judiciaire, mais sa force première repose sur l’absence du spectaculaire au profit du développement des personnages. Dans cette intrigue, la série prend son temps et chaque échange, chaque mot de dialogue a du sens. C’est pour ça que le simple ’I do’ de Julianna Marguiles à la question de Chris Noth sur son amour pour Peter dégage une intensité plus considérable que toutes les explosions hystériques de Glenn Close dans Damages. Et c’est pour ça que la proposition finale faite par le procureur à Peter à la fin de l’épisode de sortir de prison dès le lendemain en l’échange d’une reconnaissance de culpabilité a autant d’effet comme cliffhanger pour l’intrigue que n’importe quelle explosion pour en avoir.

Sadomasochisme, mangas et Meryl Streep

穏やか 夫人

Si dans la forme, elle affiche toujours autant de retenue, dans les mots, là voilà plus cassante que d’habitude avec le client de la semaine.
Il faut dire que le cabinet fait face à un événement terrible, ce que redoute tout avocat de série télé, ce que n’a jamais vu Perry Mason : le client à défendre est coupable.
Allez, j’exagère, ça fait quelque temps maintenant que les avocats/héros de télé défendent des criminels, mais en général, c’est assorti d’un petit laïus sur "passage obligé, c’est comme ça que le système fonctionne", tout ce que l’on a entendu en long, en large et en pleurnichant dans The Practice. Que l’on ne retrouve pas ici, dans The Good Wife, on est des vrais pros, mais on va tout de même garder la référence à la série de Kelley, puisque le client est un cousin assez proche de Joey Heric, le riche psychopathe qui avait pris l’habitude de tuer ses amants pour s’amuser avec le système judiciaire et ce pauvre Bobby ’Donnell.
Dylan Baker incarne un riche adepte des pratiques sado-masochiste qui prend plaisir à sa soudaine célébrité à la O.J. Simpson : tout le monde le pense coupable du meurtre de sa femme bien qu’il ait été acquitté au pénal. La fille de sa victime a cependant décidé de le poursuivre malgré tout au civil pour l’empêcher d’hériter de sa mère. Outre le plaisir lié à la formidable composition de Dylan Baker, cette intrigue apporte l’assurance que The Good Wife n’est pas un énième polar de CBS à la morale toujours un peu nauséeuse. Oui, les Experts : Miami, oui, Close to Home, oui, Criminal Minds, c’est de vous que l’on parle...

Son nom est Mamie Gummer !

Ici, l’avocate de la plaignante (jouée par la fille de Meryl Streep, si, si...) décide de ne pas attaquer frontalement les faits et le client mais en endossant le rôle d’une jeune et impressionnable juriste, prude et un peu navrée de poser des questions "gênantes", elle tente de discréditer l’accusé sur ses pratiques sexuelles et sa personnalité plutôt que sur ses actes. A mesure que l’affaire avance, on se met à douter de la culpabilité du client et d’un seul coup, sur CBS, je le rappelle, le spectateur se met du côté de l’adultère sado-maso contre la jeune fille blonde au bon sens campagnard !
Et le plus beau dans tout ça, c’est qu’au verdict annonçant l’innocence de Baker, le doute sur sa culpabilité revient pour Alicia et le spectateur, et que la série ne donnera pas de réponse définitive.
J’ai tendance à penser qu’il était quand même innocent, le crâne l’accusant (et le disculpant au final) n’ arrivant dans son jardin qu’au procès civil. Pas au pénal.
La seule chose qui me chiffonne un minimum, c’est la fascination de Baker pour les mangas. Je ne sais pas si c’est un nouveau trait caractérisant sa déviance ou si ça n’a rien à voir avec la choucroute et que les scénaristes trouvent que c’est un peu plus original qu’un intérêt marqué pour le Caravage.

Oui, elle jouait dans Mama Mia... Comme Meryl Streep !

Elle ne chante pas aujourd’hui

Les scénaristes ont du sentir que j’allais les décrire comme d’ "affreux libéraux" (au sens républicain du terme). Je ne vois pas d’autre explication à la troisième intrigue de l’épisode, qui voit le personnage de Christine Baranski, adepte du contrôle des armes à feu, prendre peur à la sortie prochaine d’un client qui la rend responsable de son emprisonnement. Il faudrait contrebalancer l’intrigue précédente par une petite portion de l’épisode consacré aux bienfaits des armes ? Je vous avoue que j’ai mis en doute l’intégrité des scénaristes pendant la bonne moitié de cette intrigue, j’ai même trouvé assez racoleur les gros plans nombreux de démonstration d’utilisation de révolvers. Mais je me suis radouci quand j’ai compris la teneur du discours de Kalinda et de l’intrigue générale. Les scénaristes ne prennent pas parti sur la question de la vente des armes aux USA, tout simplement, il est dit dans l’épisode qu’une arme n’est pas un moyen de défense. C’est un moyen de défense par la mort. J’ai adoré qu’il n’y ait pas de refrain formaté de prise de position, même si j’aurais bien aimé que Baranski tue son affreux cabot, appelé... Justice. Mais même mon âme de gauchiste (de plus en plus réduite, certes) aurait trouvé ça bien lourd !

Au final, je pense que je peux le dire... Je crois que j’aime bien The Good Wife.

Jéjé
Notes

[1C’est une référence à Murder One, Iris ! Oh, ça va, ça ne change rien si tu n’étais pas née lors de sa première diffusion. Moi non plus, j’étais pas né au moment de... hmm, non, j’étais né... euh ! Bref, Iris, rattrape ton retard !