Non, ne partez pas ! Ce n’est pas le début d’une réflexion déprimante sur ma propre mortalité, juste une de ces introductions laborieuses et légèrement hors de propos dont j’ai le secret.
Je reprends.
Récemment, j’ai pris conscience que je vieillissais à travers plusieurs indices indiscutables. Déjà, parce que la science me dit que c’est vrai. Ensuite, à cause des dilemmes éthiques impénétrables que je rencontre quotidiennement et qui remettent en cause la vision manichéenne avec laquelle j’appréhendais le Monde jusque-là. Puis mes cheveux. Et enfin, en raison de ma facilité de plus en plus élevée à déclamer de grandes phrases sans beaucoup de sens qui ne servent à rien d’autre qu’à créer l’illusion que le poids des année me permettrait de mieux comprendre l’absurdité de la vie qu’il y a deux jours.
Tout ça, et la récente augmentation du nombre de séries diffusées par CBS que je regarde. Ce qui nous amène à la fin de cette conclusion un peu laborieuse et légèrement hors de propos.
Depuis la semaine dernière, je regarde The Good Wife.
Et si je voulais être un peu plus précis, je dirais que depuis une semaine, je vis, je respire, et je ne me sens vraiment heureux que devant The Good Wife.
Oui, je parle bien de La Brave Épouse, sur CBS. Cette même CBS connue jusqu’à aujourd’hui pour être la chaine des vieux, la chaine des Experts, des autres Experts, des encore autres Experts, des Experts de la Marine, des autres Experts de la Marine à Los Angeles, de la sitcom des gros, de la sitcom des nerds, de la sitcom pour discuter avec les collègues, de la sitcom des deux hommes et de la moitié d’homme, et de The Mentalist.
Si, comme le moi d’il y a dix jours, vous n’avez jamais laissé sa chance à cette merveilleuse série à cause de CBS ou parce que vous étiez repoussés par son accroche pseudo-scandaleuse, par son titre tout pourri, ou encore par la présence de Matt Czuchry, permettez moi de vous dire que vous faites erreur. À mon humble avis. Votre Honneur. Stop au délit de sale gueule.
Malgré l’insistance de mes collègues pErDUSiens, dont je respecte pourtant (globalement) l’avis, malgré la présence de La Brave Épouse en tête avec Breaking Bad de notre tableau bilan de fin d’année, il aura fallu des circonstances un peu exceptionnelles pour que je me décide enfin à découvrir la série. Et je ne pourrais pas être plus heureux d’avoir dû improviser avec une semaine de Thanksgiving sans série et un week-end cloué au lit. J’ai regardé les 31 épisodes de The Good Wife en à peine huit jours. Et, passez-moi l’expression, putain que c’était bon.
The Good Wife, c’est l’histoire de Julianna Margulies dans le rôle de La Brave Épouse. Vous savez, celle qui se tient auprès de son politicien de mari lors de la conférence de presse où il annonce publiquement son infidélité. Donc ça, c’est le concept. Le concept qui ne m’avait pas particulièrement branché et qui était une des raisons pour lesquelles je n’avais jamais eu le courage de découvrir ce qu’était vraiment The Good Wife, à savoir une série avec des avocats, des "Objection !", des affaires tordues propices à d’excellents guest stars, et des dilemmes éthiques insondables qui remettent en cause notre vision manichéenne du Monde.
The Good Wife, c’est d’excellents personnages portés par d’excellents acteurs, des personnages dont les relations complexes (amour, jalousie, respect, crainte, ou tout en même temps) sont au cœur des préoccupations des scénaristes. Ici, rien n’est simple, on ne mâche pas le travail aux téléspectateurs, et dans l’océan de séries préformatées et sans personnalité de CBS, ça tient du miracle.
La Brave Épouse, elle déchire grave.
Et comme les djeunz, la Brave Épouse utilise Facebook, Twitter, Youtube, ce qui est plutôt commun, vous allez me dire. Mais la Brave Épouse, elle est encore plus à la pointe que ça, elle surfe sur CollegeHumor, FourSquare, ou encore le site bizarre d’informations taïwanaises en images de synthèse.
Des fois, la Brave Épouse, elle me donne quand même un peu l’impression de vouloir compenser le fait qu’elle vit sur la chaine des vieux.
