Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

The Wire - Critique de l'épisode 3 de la saison 5

Not For Attribution: Good News

Par Jéjé, le 26 janvier 2008
Par Jéjé
Publié le
26 janvier 2008
Saison 5
Episode 3
Facebook Twitter
Il n’y a jamais de bonnes nouvelles dans The Wire. Si parfois les personnages semblent avoir un peu de répit, s’ils trouvent une solution à un problème, s’ils reçoivent un coup de pouce inespéré, s’ils s’échappent quelques instants de la noirceur de leur quotidien, c’est toujours pour mieux retomber. Dans la série, les séquences porteuses d’espoir sont les plus anxiogènes parce que le spectateur sait qu’elles ne sont qu’éphémères et qu’elles recèlent des conséquences tragiques.

Et dans cet épisode, il y avait de quoi se réjouir. Lester a rejoint McNulty dans l’aventure du serial-killer de Baltimore. Cedric Daniels est susceptible d’être promu au poste de Commissioner en remplacement de Burrels. Les auditions devant le Grand Jury que mène Rhonda dans l’affaire Clay Davis vont bon train et dans la bonne direction. Michael et Duckie se détendent comme des ados de leur âge au parc d’attractions. Et pour le plus grand plaisir du spectateur, Omar est de retour.

Résultat des courses, je suis complètement stressé.

Pour Michael et Duckie, il n’y avait aucun espoir. C’est presque de la cruauté de la part des scénaristes de les présenter loin de leur quartier, sereins, en ballade dans un parc d’attraction pour s’occuper du petit frère. J’en suis quasiment arriver à regretter que les gars de The Wire réussissent même les scènes ensoleillées. On ne peut pas ne pas sourire lorsqu’au plan de Michael qui tient la main d’une des filles répond celui de Duckie et de l’autre fille, qui, elle, tient la main du petit frère. Et on sourit alors que l’on sait que Michael ressasse le triple meurtre avec Chris et Snoop. On arrive à imaginer qu’il n’y a pas le retour à Baltimore. Evidemment, il ne tarde pas. Et Michael redevient le gamin dur , « sérieux » comme il dit, pour justifier son absence au « corner » qui lui a été confié.
Pratiquant le même petit jeu sadique avec le spectateur, les créateurs montrent à la fin de l’épisode quelques instants de la vie rangée d’Omar au Costa-Rica. C’est une ballade en tongs sur la jetée avec son mec chemise ouverte. C’est l’excitation dans les cris des enfants qui interpellent celui qui est déjà devenu une célébrité locale. A nouveau, on a envie d’oublier le contexte. On a envie d’oublier que Snoop et Chris viennent de torturer et d’exécuter Butchie, le patron de bar aveugle, dans les minutes qui ont précédées. Et moi, comme le naïf parmi les naïfs, je rigole quand Omar sort ses courses et regrette de ne pas avoir, là non plus, trouvé de Honey Nuts.
Le dernier plan est attendu. L’expression du visage d’Omar qui passe de l’affliction à la détermination est un moment émouvant du point de vue de celui qui savoure l’épisode. De celui, un peu plus détaché, qui se projette dans cette ultime saison, ce plan scellera la destinée de nombreux personnages. Omar, Snoop, Chris. Peut-être Marlo, mais je n’y crois pas trop. Et assurément Michael. Je redoute d’avoir à assister à une confrontation entre lui et Omar. Je ne sais pas qui des deux s’en sortirait, mais je suis persuadé que si l’un survit à la saison, ce ne sera pas le cas pour l’autre.
Beaucoup de soleil dans cet épisode. Marlo part faire un petit tour aux Antilles.
C’est au premier abord assez savoureux de le voir en dehors de son élément parce qu’il a des réactions de petit vieux, qui ne peut pas se contenter de voir les chiffres de son crédit à la banque sur une page Internet, qui doit voir son argent avec ses propres yeux, en billets... Assez drolatique de l’observer incapable d’obtenir rapidement ce qu’il veut. (On passera sur la toute petite – minuscule – facilité de mettre en scène une guichetière française de banque incapable de dire « ’What’s your name ? »... Et je ne dis pas ça uniquement parce que je suis un grand admirateur du système éducatif de notre pays !). Pourtant, j’ai l’impression que cette séquence montre que Marlo apprend vite. Il n’a pas laissé Prop Joe s’occuper de tout. Le bougre n’est pas éduqué, mais les scénaristes nous servent un personnage rudement intelligent, et je me demande s’il ne va pas être celui qui va réussir là où Stringer Bell avait échoué. Et c’est pour ça que je le vois bien survivre à cette ultime saison.

McNulty paraît un peu moins doué, lui. Il est incapable de faire monter la sauce médiatique autour de son affaire de serial-killer. Ce qui était plutôt rassurant, parce qu’à côté de Marlo et de ses vingt-deux cadavres des squats, il a d’autres affaires. Dont certaines sont passées à la justice. Rhonda a débuté les audiences devant le grand jury de l’affaire Clayton Davis.
Alors quand Lester rejoint en fin d’épisode McNulty, je n’ai pas réussi à me dire « Trop bien ! Avec l’esprit créatif de Lester, le serial killer de Baltimore va vraiment prendre forme ! » La première chose qui me soit venu à l’esprit, c’est que Lester est l’un des enquêteurs principaux de l’affaire Davis. Forcément, le plan de McNulty va rater et la supercherie va être découverte. Et Lester va être décrédibilisé. Son travail sur l’affaire Davis aussi et notre ami Clayton va pouvoir striduler ses « shiiiiitt » avec un sourire satisfait.
Pendant tout cet épisode, « no one cares » est le leit-motiv de McNulty. Il est repris par Lester à la fin. On sait bien qu’il n’ont pas pu voir le premier épisode de la saison et qu’ils n’ont pas vu que certains personnages sont de retour, mais quand même... J’imagine que dans le monde de The Wire, ils ont aussi la télé et Law & Order en boucle... (C’est tout de même une série que l’on dit réaliste !) Si personne n’en a rien à faire chez les flics, leurs petits arrangements avec la réalité vont intéresser grandement les avocats, Levy le premier (et Herc son nouvel acylote !)
Et ça me désole d’avance de penser que cette histoire de serial-killer va aussi exploser à la figure d’Alma. Et que cette grosse feignasse de Scott qui passe son temps à inventer des citations et des histoires émouvantes s’en sortira indemne. Ou pire, qu’il va être celui qui va découvrir le pot-aux-roses ! Ah non, ce serait trop dur pour mon petit coeur.

Il est possible que mes prédictions soient erronées, qu’elles concernent Omar ou McNulty, mais c’est aussi le charme de The Wire. Même lors du premier visionnage, on ne peut pas prendre un épisode comme autre chose qu’un morceau de l’ensemble de la saison, on est obligé de passer son temps à envisager les conséquences des moindres petites choses.
Avec autant de bonnes nouvelles dans cette épisode, j’ai du avoir un peu la même tête que Cedric Daniels et son ex-femme lorsqu’ils ont discuté de sa prochaine promotion. (Et on va peut être enfin savoir ce qu’ils ont bien pu faire de si grave dans leur passé, même si j’avais complètement oublié ce petit côté sombre de Daniels, qui, Ju me l’a rappelé, a été évoqué dans la première saison.)

Je crois bien que je suis plus serein pendant les moments clairement tragiques de la série. Heureusement qu’il y avait dans cet épisode la séquence de charrette de licenciements au journal. J’ai pu souffler un peu.

Jéjé
P.S. Tiens, j’espère que Callie Thorne va revenir faire un tour cette saison aussi.