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United States Of Tara - Avis sur les premiers épisodes de la saison 2

United States Of Tara (You Becoming You ) : Love The Ride

Par tomemoria, le 14 avril 2010
Publié le
14 avril 2010
Saison 2
Episode 4
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United States Of Tara est une série atypique. La première saison s’attachait à dépeindre les proches de Tara et leur capacité à gérer ses multiples personnalités. La donne semble différente cette année. Pour ma part, l’écriture m’apparaît plus fine, plus approfondie et les personnages mieux gérés.

Except Kate

Je vais passer très vite sur l’intrigue de la fille de Tara, car elle ne m’inspire pas grand-chose. C’est très bien cette intrigue d’artiste hippie avec son personnage de princesse Valhalla Hawkind. Mais ça sent le déjà-vu et ça n’apporte pas grand-chose. Alors bien sûr, cette semaine, il y a une exception. Puisque l’intrigue de Kate, jusqu’alors très fermée (elle n’en parle guère à sa famille et son impact sur le personnage demeure quasi nulle), se croise avec celle de Tara dans une scène à l’image des autres intrigues de la série : fascinante.
Toni Colette et Viola Davis, devant un néon qui grésille, échangent des banalités, jusqu’à ce qu’on se demande si Tara n’est pas en train d’halluciner de nouveau. Lynda demande implicitement ce que Tara cherche dans cette nouvelle maison où leur voisin s’est suicidé.

Depuis le début de la saison, cet endroit est le catalyseur des troubles psychologiques de Tara. C’est après ce suicide que Buck a fait sa réapparition. Cette semaine, c’est dans cette maison que Tara se revoit petite avec sa sœur.
Ces séquences qui auraient paru artificiels dans d’autres séries collent parfaitement avec l’esprit dérangé du personnage principal. Elles semblent vouloir insister sur l’enfance de Tara, où elle perdait ses imperméables sans s’en rendre compte...
On sait que ses troubles de personnalités sont assez anciens. Ils remontent avant l’incident qui s’est produit quand elle était à la fac. Le rapport à l’enfance se remarque dans d’autres séquences, telle que celle où Tara s’était enfermée dans le placard pour pleurer sur son sort ou, cette semaine, quand la mère de famille refuse de faire l’amour sous ce toit, comme s’il s’agissait d’un lieu à préserver.

Must Be Something Psychological

Cette saison, les personnages sont plus perdus que jamais. Tous ont l’air d’explorer des territoires inconnus, de se découvrir de nouvelles facettes et ne sont plus trop sûrs de savoir où ils en sont.

Après s’être froissé avec les gays de son lycée, Marshall a décidé d’explorer l’hétérosexualité, à laquelle il n’avait peut-être pas donné sa chance. Avec son amie Courtney, il décide de perdre sa virginité. Je suis peut-être le seul dans ce cas, mais je ressentais un profond malaise devant ces scènes. D’une part, j’avais réellement l’impression que ce malaise était partagé par les jeunes acteurs, à qui l’on demande quand même de mimer une masturbation ou la pose d’un préservatif. Pas facile à interpréter et pourtant, je les ai trouvé très touchant dans ces scènes.
La découverte de la sexualité de Marshal et Courtney semblait animée par de mauvaises raisons. Tous deux tentent de se persuader qu’ils en ont envie, souhaitent explorer leurs corps et provoquer du plaisir chez l’autre. Ils semblent tous deux poussés par des conditions extérieurs. Ils ont l’air de s’être choisis par défauts, parce que personne d’autres ne voulaient d’eux. Le sexe est un poids sur leurs épaules dont ils veulent à tout prix se débarrasser au plus vite. Leur silence et leur manque de complicité devant le lit de Marshall le soulignait. Heureusement que la tonne de capotes déballées sur le lit détendait l’atmosphère. La pose du préservatif passait alors plus comme une scène humoristique et émouvante : il s’agissait alors juste de deux adolescents à peine sortis de l’enfance qui se disent qu’on ne pose pas un préservatif sur un sexe au repos… Quoiqu’il en soit, le malaise ressenti par les personnages transpirait dans ces scènes et la série a très bien sur rendre compte de leurs doutes dans la légitimité de leur démarche.
Après avoir tenté de faire l’amour (tous deux n’ont pas l’air d’y avoir pris le moindre plaisir), ils réalisent que cette expérience n’était pas pour eux. Les voir revenir à leurs études, sans se forcer une fois de plus à quelque chose dont ils n’ont pas envie, était à la fois amusant et apaisant. A présent que Marshall a confirmé à son père qu’il était gay (dans une scène d’une sobriété remarquable), j’espère qu’il retournera trainer auprès de Lionel, le gay de début de saison. J’aimais beaucoup leurs scènes et le reproche que Marshall lui faisait quant à cette image de l’homosexualité que Lionel véhicule. Clairement plus mature que Marshall, Lionel pourrait amener le personnage à grandir tout en confrontant sa personnalité à celle renfermée du jeune garçon.

L’un des personnages perdus dont j’ai envie de parler est Buck, même s’il n’apparait pas dans l’épisode. Je suis très content de dire « personnage » quand je l’évoque. La saison dernière, Alice, T, Buck et Gimme s’éloignaient peu des clichés représentés dans le magnifique générique de la série. Malgré l’humour qu’ils apportaient, on n’avait rarement l’impression d’avoir affaire à de vraies personnes.
Mais depuis le début de saison, on avait jusque-là vu que Buck. Il réclamait le corps de Tara pour quelques heures, souhaitait vivre sa vie avec une femme dont il s’était épris et, en fin d’épisode dernier, fondait en larmes dans des toilettes. Je ne crois pas me souvenir d’autant de nuances dans le jeu de Colette quand elle interprétait les autres personnalités. Buck n’est plus simplement le motard mal appris qui s’incrustait chez les Gregson sans avoir été invité. C’est désormais un être humain qui pense et à qui l’on n’avait probablement jamais dit « je t’aime ». La justesse du personnage a certainement beaucoup à voir avec Pammy, la serveuse mère célibataire, elle aussi en perte de repères. Sa déclaration d’amour à la patinoire avait quelque chose de bouleversant et de tragique.
Ce n’est qu’une interprétation, mais je crois que si Buck pleurait en fin d’épisode, c’était parce que, lui aussi est amoureux de cette femme, mais qu’à cause de sa condition, il ne pourra jamais vivre avec elle. Piégé dans le corps de Tara, tout ce qu’il peut faire, c’est réclamer le « corps » pour quelques heures seulement.

Max est lui aussi très perdu cette année, même si son intrigue apparait plus limitée que celle de Tara et son fils. Puisqu’il n’avait plus de crises à gérer, Max a du se trouver une nouvelle chose à « réparer ». La maison de son voisin suicidé a été le parfait transfert.
De même qu’il acceptait son impuissance face aux problèmes psychologiques de sa femme (« tu as besoin d’aide » répète-t-il dans l’épisode comme pour réaffirmer qu’il ne peut rien pour elle, sinon la soutenir), Max a vite admis qu’il ne pourrait pas réparer la maison sans l’aide d’un charpentier. Malheureusement, comme avec Tara, il s’est fait berner. Il a laissé quelqu’un le manipuler et le rendre impuissant. Incapable de lever la main sur sa femme (« j’ai toujours été bon avec toi » lui rappelait-il comme une accusation en fin d’épisode dernier), il avait néanmoins besoin de rendre la monnaie de sa pièce à celui qui l’avait pris pour le dernier des abrutis.
De cette manière (très virile et sans doute libératrice), il retrouve un peu de son honneur. En début d’épisode, quand il fait l’amour à Tara, j’ai eu le sentiment qu’il ne s’agissait finalement pas vraiment de sa femme, à qui il pardonnait ses mensonges, mais bien de lui, qui souhaitait retrouver sa position de mari (de mâle oserais-je dire, si vous me pardonnez la psychologie de comptoir) dans son couple. Il voulait se prouver, plus à lui-même qu’à Tara, qu’il n’était pas impuissant dans toutes les situations. Après cette mise au point, il retrouve sa position d’arbitre au sein de la famille, une position qui lui convient finalement plutôt bien. Mais je ne sais pas s’il pourra la tenir bien longtemps après sa découverte en fin d’épisode.

Dans la pièce qu’adore Charmaine pour sa lumière, cette même pièce où Tara a systématiquement ses visions d’enfance, où elle choisit de parler à sa caméra dans des moments de détresse, la décidément très perturbée Tara développe une nouvelle personnalité. Après avoir passé l’épisode à s’intéresser à une psy géniale vivant soi disant à New York, qu’elle aurait soi-disant contacté (aucune scène ne nous le prouve), Tara devient cette psy. Et plus embêtant encore, cette psy se voit parler avec d’autres patients, dans le cas présent une certaine Dolores.

tomemoria
P.S. Combien de personnalités se retrouvent finalement dans l’esprit de Tara ? La nouvelle va-t-elle l’aider à traverser cette phase, comprendre d’où les autres personnalités viennent ? Ou va-t-elle, à son tour, vouloir son indépendance, comme Buck ? Et vous croyez que Charmaine va vivre heureuse pour toujours avec son mari, son bébé et sa future maison ? Pas moi.