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Murder One - Longue critique de la première saison de la série

Murder One (Bilan de la Saison 1) : Mon Intégrale à Moi

Par Conundrum, le 6 juin 2010
Publié le
6 juin 2010
Saison 1
Episode 23
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Ah, l’été ! Cette période de vaches maigres côté séries est le moment idéal pour rattraper son retard sur les bonnes surprises de la saison passée (vous en êtes où dans The Good Wife, au fait ?), de se dépêcher de voir les saisons précédentes des séries estivales que tout le monde regarde sauf vous (non, True Blood, ce ne sera pas cette année pour toi) et surtout de revoir ou découvrir ces classiques que vous n’avez jamais vu.

Et pourquoi Murder One ?

Parce que Damages vient de finir, et comme Lost, la série était prometteuse mais n’aura malheureusement pas porté ses fruits. Alors il est temps de sortir ce vieux drama judiciaire des années 90 pour découvrir comment on gère un mystère sur une saison sans jouer sur des artifices ou sur le capital sympathie de ses acteurs.

Et c’est avec qui que je connais ?

En réguliers, on a Mary MacCormack de The West Wing et In Plain Sight (qui après Murder One est simplement devenue Justine !), Patricia Clarkson de Six Feet Under, Dylan Baker dernièrement en guest mémorable de The Good Wife, Stanley Tucci dans l’un de ses rares rôles à la télévision, Jason Gedrick, une Vanessa Williams mais pas celle à laquelle vous pensez, J.C. MacKenzie de Dark Angel pour vous et The Practice pour moi, et un gros monsieur tout chauve qu’on a presque pas revu depuis.

En guest, il y en a pour tous les goûts, j’ai du Adam Scott de Party Down et Parks and Recreation, Gregory Itzin de 24, Steve Harris de The Practice, Anna Gunn de Breaking Bad, Tony Plana d’Ugly Betty, Miguel ‘But I don’t understand’ Sandoval de Medium, Markus Redmond de la meilleure série de Neil Patrick Harris, Dr Doogie, John Pleshette de toutes les séries des années 90, Stanley Kamel de Monk, le papa de Locke et tout plein d’autres gens qui vous feront plaisir.

Et sinon, ça parle de quoi ?

Jessica Costello était une adolescente de 15 ans qui aimait la drogue, le sexe, se coucher après 22h30 et regarder le téléfilm coquin de M6 du dimanche soir. Et comme toutes les filles qui aimaient la drogue, le sexe, se coucher après 22h30 et regarder le téléfilm coquin de M6 du dimanche soir, un beau jour, elle est retrouvée morte et violée à Los Angeles.

Peu de temps après avoir défendu la jeune star montante Neil Avedon (Jason Gedrick) pour la dernière fois pour avoir étranglé un cygne et agresser un agent de sécurité, Ted Hoffman (Daniel Benzali) est contacté par un de ses autres clients, le richissime Richard Cross (Stanley Tucci). Cross entretient une liaison avec la sœur de la victime, et l’immeuble dans lequel Jessica a été retrouvée lui appartient. La police aimerait donc lui poser quelques questions.

C’est ainsi que commence l’une des saisons les mieux maitrisées que j’ai eu la chance de voir. Murder One n’est pas une série qui repose uniquement sur le ‘Mais qui a donc tué Jessica Costello ?’.
Au final, j’irai même jusqu’à dire que la résolution de l’intrigue n’est pas l’élément le plus important de la série.

Toute la vérité, rien que la vérité ou presque

Le meurtre est l’élément déclencheur qui met Ted Hoffman et son cabinet d’avocats au centre de machinations, d’affrontements et de jeux de pouvoir (oui, je me fais aussi une intégrale de State of Play en parallèle). Voir Ted Hoffman affronter Miriam Grasso, la gentille vieille dame procureur qui vit pour la guerre, ou traiter avec précaution les dires d’un Richard Cross manipulateur, est une récompense en soi. D’un côté Miriam Grasso qui veut pousser sa vérité, sa version des faits, de l’autre un Richard Cross qui distille la vérité dans mensonges et fausses pistes.

Au milieu, Ted Hoffman est un homme droit, direct, incorruptible mais plutôt antipathique. Le genre de type qui n’a pas besoin de finir ses phrases par ‘connard !’ : son regard s’en charge pour lui. Il croit en l’innocence de son client, même si, comme il l’explique à la fin du pilote, cela importe peu, on doit traiter les accusés comme innocents jusqu’à preuve du contraire, car cela fait de nous des hommes meilleurs. On est bien loin des états d’âme hypocrites d’un Bobby Donnell. Hoffman inspire le respect de ses ennemis et l’admiration de ses collaborateurs.

Mais Hoffman doit aussi gérer sa vie de famille et éviter que ce procès sur-médiatisé ne détruise son couple. Dans les mains d’une autre actrice, Annie Hoffman aura pu être un personnage pénible qui ralentit l’histoire. Mais Patricia Clarkson est remarquable dans le rôle. Avec elle, Annie est un personnage qui s’avère aussi droite et intelligente que son mari. C’est la seule de ses proches qui confronte Ted à ses actions. Elle soutient son mari en échange de la garantie que l’Affaire Boucles d’Or, surnom donné par la presse à l’affaire, n’aura pas d’impact sur sa vie et surtout celle de leur fille, Elizabeth. Et c’est une garantie que Ted, dans un Los Angeles post O.J. Simpson, ne peut lui garantir.

Parce qu’en 1995, l’affaire Simpson est encore dans les esprits de tout le monde, et l’un des thèmes principaux de Murder One est le rapport entre les médias et la célébrité. Le rapport à l’image, le voyeurisme, le journalisme sensationnel, tous ces aspects sont abordés et surtout font avancer l’intrigue vers leur résolution. Et tout comme ils seront un élément déclencheur de l’histoire — dans le pilote, le détective Arthur Polson (le toujours excellent Dylan Baker) utilise une vidéo et la presse pour exposer un mensonge de Cross – ils seront un élément moteur de sa résolution.

Schlonk !

D’ailleurs, les scénaristes sauront parfaitement maitriser les révélations qui rythment la saison. Ces révélations sont souvent agrémentées d’un Schlonk ! de la bande son qui auraient pu avoir un impact aussi important de que le Dun-Dun de Law and Order, tous deux de Mike Post au passage, si la série avait été plus populaire.

La saison se divise en deux parties distinctes. Les neuf premiers épisodes, à part le pilote, auront, en plus de l’affaire Costello, une seconde intrigue qui sera résolue en 45 minutes. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, elles ne ralentissent pas l’histoire. Au contraire, au second visionnage, elles donnent encore de profondeur aux actions des personnages lors de la deuxième partie de la saison.

Murder One a une très grande distribution, en plus des 13 acteurs crédités au superbe générique (qui rend le clavecin trop cool !), la série a aussi un grand nombre de personnages récurrents. Ces intrigues secondaires permettent de mieux connaître ces personnages qui ne sont pas impliqués dans l’intrigue principale de la série lors des premiers épisodes mais qui auront un rôle important par la suite. C’est le cas de Justine !. Dans le pilote, le personnage est plutôt arrogant et arriviste. Le deuxième épisode la voit défendre le fiancé (Steve Harris) de Lilah (Vanessa Williams de Melrose Place) dans une affaire qui lui tient à cœur. Le personnage devient, aux yeux du public, une arriviste, certes, mais une arriviste au grand cœur. En plus de cela, certaines intrigues permettent de mettre en profondeur des éléments de l’affaire Costello de la seconde partie de la saison.

La série était diffusée face à Urgences, l’audience de Murder One ne fait pas le poids, et ABC demande à Bochco & Co de revoir leur copie pendant la pause de fin d’année. Lorsqu’elle revient à l’antenne, la série se dote d’un résumé des épisodes précédents très élaboré, et se sépare des intrigues secondaires pour se concentrer (presque) uniquement sur le procès Costello. Les révélations s’accélèrent et quasiment tous les personnages, principaux et secondaires interviennent et ont leur quart de gloire. L’excellent gestion d’une grande distribution est alors à ajouter à la la liste des qualités de la série.

Bien qu’il soit facile de comparer 22 épisodes à 6 saisons, Murder One réussira là où Lost a échoué. Au final, la volonté des scénaristes de Lost, avoir une série sur les personnages et pas le mystère principal, a été la réussite de ceux Murder One. Le procès s’achève de façon spectaculaire et le mystère est résolu efficacement, mais c’est ne pas ce qui prime. Le chemin qui amène au dénouement, les décisions, les actions et l’évolution des personnages font de la saison 1 de Murder One un de mes meilleurs souvenirs de séries. L’identité du meurtrier n’est pas l’élément le plus marquant de l’épilogue de la série, c’est cet ultime affrontement, ce dernier chassé croisé. Il n’y a pas de deus ex machina (oui, je ne fais aussi une intégrale du comic book), pas de twist final, pas de révélation ultime mais une dernière bataille entre les deux personnages les plus charismatiques de la série.

Parce que Murder One, ce n’est pas une série sur un mystère, mais sur des personnages... qui ont des problèmes de cheveux mais qui sont trop cools !

Et la suite ?

Même si le dernier épisode de la saison mettra fin à l’intrigue, et si la série est renouvelée pour une seconde et ultime saison, elle se séparera d’une grande partie de sa distribution. Anthony LaPaglia (Frasier, Without a Trace) remplace Daniel Benzali, et D.B. Woodside (Buffy) rejoint le cabinet. La série n’aura plus de mystère sur une saison, mais des arcs pour traiter trois intrigues consécutives. Moins bonne car moins ambitieuse que la première saison, la seconde reste de bonne facture et fournira, lors du second arc, un de moments préférés de la série.

Conundrum