Accueil > pErDUSA > Critiques > Critiques Orphelines > 5.17 - Bilan de la Saison 5
Alias
5.17 - Bilan de la Saison 5
Une Saison sans Perruque
mercredi 28 juin 2006, par
Puisque la série est terminée, c’est le moment ou jamais de dresser un petit bilan de cette cinquième et dernière saison, sans ordre particulier. Parce qu’un plan, c’est fatiguant à faire, et qu’organiser ses idées, c’est pas mon truc.
Et puis bon, si les scénaristes ne prennent pas la peine d’être un tant soit peu cohérents, il n’y a pas de raison que je fasse des efforts...
Non, mais sérieusement, le Bhoutan...
Une Saison d’Excuses
Alias a toujours souffert de problèmes liés à la production.
On pense à la disparition bien embêtante de la Garce Vénale après la saison 2. On pense également à ABC, la chaîne qui n’aimait ni les cliffhangers, ni Rambaldi, mais qui adore les épisodes indépendants diffusés dans le désordre. On peut aussi penser à JJ Abrams, showrunner présumé, qui a abandonné plutôt lâchement sa série pour en créer une autre, qu’il a aussi abandonnée plutôt lâchement pour aller jouer avec ses potes scientologues.
Pour faire simple, à l’instar d’une Sydney Bristow tombant dans un puit sans fond depuis une échelle en bambou dans une cave en Argentine, Alias s’est toujours retrouvée empêtrée dans des situations pas possible, et il n’y avait pas de raison que ça change pour cette dernière saison.
Quand l’actrice principale de la série d’action Alias, celle qui doit courir chaque semaine en hauts talons et minijupe dans cet éternel couloir mal éclairé, tombe (beaucoup) enceinte, les scénaristes doivent trouver un plan de secours. .
La solution est simple : il faut introduire de nouveaux personnages. D’où l’apparition, en début de saison, de Rachel Gibson et Renée Rienne (ah, ce nom...), deux personnages féminins censés remplacer Jennifer Garner dans la catégorie « Bastons/Talons ».
C’était en tout cas l’idée sur le papier. Mais dans les faits, ça ne s’est pas du tout passé comme ça. Déjà parce que les apparitions d’Elodie Bouchez ont été réduites au strict minimum (et je les comprends...), et ensuite parce qu’ils ont fait de Rachel une débutante dans le Monde de l’Espionnage-de-Boite-de-Nuit-Branchée.
Finalement, ce à quoi on a eu le droit c’est peu, très peu de perruques, et la seule vraie remplaçante de Sydney Bristow cette année fut... la « Grosse Sydney ». Un personnage boursouflé étonnant, source inépuisable de comique, qui court partout, donne des coups de pied sauté sans transpirer, et combat le terrorisme en compagnie de son gros ventre.
Hé oui ! S’il manque quelque chose à l’excellente seconde moitié de saison, c’est bien la Grosse Sydney.

Enfin... la Grosse Sydney, et les 5 épisodes sucrés par ABC.
Oui, la deuxième contrainte « amusante » avec laquelle les scénaristes ont du faire de leur mieux cette année, c’est bien sûr la réduction du nombre d’épisodes commandés. Un nombre d’épisodes qui est passé de 22 à 17 vers la période de Noël, pendant que la Grosse Sydney dégonflait. Un chouette challenge pour des scénaristes qui se préparaient, pépères, à conclure la série. Et là, pas de solution miracle, il a fallu arriver à la fin plus tôt que prévu.
Et ça s’est vu.
Une Saison Tronquée
C’était même très visible pendant les épisodes 13 et 14 (et dans une autre mesure, pendant le final), des épisodes où tout semblait aller très vite, trop vite.
On nous réintroduit Anna Espinoza pour un arc précipité, mais c’est plutôt bien négocié. On nous réanime Nadia, pour la tuer 20 minutes plus tard à grand coup de table basse en verre, et c’est un peu moins bien négocié. Je ne remets pas en cause la façon dont elle meure (ça aurait été complètement ridicule si elle était morte en mission vu toutes les invraisemblances dont on est témoin depuis 5 ans), mais bien la façon dont ça a été réalisé : la scène est brouillonne, et Ron Rifkin décevant. On sent bien que le retour de Nadia devait être un peu plus long à l’origine, et ça mort n’en aurait été que plus choquante.
L’abandon de l’intrigue de Tom (la VRAIE intrigue de Tom) est une autre conséquence de la diminution du nombre d’épisodes. On ne va pas me faire croire que c’est ce qu’ils avaient prévu à l’origine, qu’ils voulaient vraiment faire une intrigue indépendante sur un nouveau personnage.
Autre conséquence, le passage à la trappe de Prophet 5 au profit d’un Sloane qui n’avait plus aucune raison d’être « gentil ». S’il l’avait été jusque là, c’est simplement parce que la situation n’est viable, du point de vue de la série, que lorsqu’il peut interagir avec les autres personnages (la fin de la saison 2, où il est seul contre tous, montre bien la limite de cette configuration). Une fois les scénaristes au courant que la série se terminait, le gentil Sloane n’avait plus aucune raison d’être. D’où la table basse en verre.

Si j’ai commencé ce bilan en évoquant ces contraintes, c’est pour expliquer pourquoi j’ai tendance à être plutôt en paix avec les scénaristes cette année, en dépit de quelques erreurs très énervantes. Alors oui, ils auraient certainement pu faire des choix plus judicieux, et je suis sûr d’en reparler plus bas, mais tout n’est pas entièrement leur faute.
L’autre raison pour laquelle je les laisse tranquille, c’est parce que cette saison 5 est sans doute la plus réussie depuis longtemps sur deux points particuliers.
Déjà les épisodes ressemblent à du Alias.
Une Saison Classique
C’était la seule chose qui me remontait un peu le moral durant les 2 premiers épisodes, carrément catastrophiques en eux-mêmes.
Cet « Alias classique » apparaît à travers plusieurs éléments indispensables : une histoire à suivre, qu’on sent un minimum préparée à l’avance, et qui passe d’une intrigue à une autre (The Shed, Prophet 5, De Santis...), sans qu’on sache jamais où elles nous mènent. En bref, tout ce qui manquait au début (très) difficile de la saison 4 et ses Terrorists of The Week.
Pour ne rien gâcher, la série est complètement fun (il faut voir la Grosse Sydney accrochée par un pied-de-biche à un aimant géant et retenant Rachel de l’autre main... si ça c’est pas rigolo, je sais pas ce qu’il vous faut), et ne se prend pas au sérieux (il faut voir Rachel foncer dans une porte fermée... classique, mais efficace).
Quant à la deuxième partie de la saison, ça ne ressemble plus à du Alias classique, c’est du Alias classique.

L’autre point très réussi cette année, c’est le drama. Alors que par moments la série s’était complètement vautrée de ce côté (ah, la saison 3, encore), là, dans la continuation de la saison précédente, on redécouvre les personnages et leurs relations. Et surtout Sydney, qui justement passait un peu à la trappe l’an dernier au profit de Jack, Vaughn, Sloane, ou même Marshall.
Et pour tout ça, on peut remercier la mort (ah ! ah !) de André Michaux (ah ! ah !).
Alors oui, je l’ai dit, c’est justement le côté drama qui pose problème dans les deux premiers épisodes. Mais en voyant la suite, on se rend compte que c’était quelque chose de nécessaire du point de vue de l’histoire, quelque chose qui dans un sens libère tous les autres personnages. Et nous débarrasse de Front Plissé.
On retrouve, pour la première fois depuis la chute du SD-6, une Sydney déterminée à en finir (dans un premier temps pour Vaughn, puis pour Isabelle). Sa relation avec Jack nous est montrée sous un nouvel éclairage : on sort du schéma un poil répétitif « Puis-je ou non lui faire confiance ? » (poussé dans ses dernières limites par le cliffhanger avorté de la saison 3 et tout le début de la saison 4), pour tomber dans quelque chose de plus drôle et attendrissant. Les deux ont fait la paix, ils se redécouvrent, et Sydney aura même l’occasion d’être dans la peau de son père quand elle devra faire le choix entre être une mère ou une espionne. On a également le droit à une Sydney plus humaine (et pour ça, on peut remercier le bébé), sans parler, j’insiste vraiment, de la source inépuisable de comique que représente la Grosse Sydney.
L’autre personnage qui profite d’un traitement de faveur, c’est Sloane. Son arc de rédemption s’étant achevé naturellement l’an passé (c’était le seul arc qui courrait sur toute la saison, à travers Nadia, et à travers sa relation avec Sydney), là on passe à autre chose, on voit jusqu’où son amour pour Nadia peut le pousser.
C’est complètement en accord avec le personnage, son évolution, on voit bien que sa bonne conscience en prend un coup, et la situation change suffisamment souvent pour que ça ne devienne pas chiant (cf : Dent de Cheval, l’Originale, et ses coups d’œil diaboliques tartinés de mascara).
Bien évidemment, Vaughn n’est pas mort.

Et ça m’épate toujours le nombre de personnes qui le croyait vraiment mort.
C’est ALIAS ! Personne ne meurt, jamais ! Et surtout pas Front Plissé L’Invincible, celui qui peut s’élancer dans une cage d’escalier avec un poumon perforé avant de se téléporter en Italie pour embrasser sa nana devant le cadavre encore chaud de sa femme...
Il est bien possible que je ne me remette jamais de cet épisode...
Une Saison de Remplaçants
Donc Vaughn n’est pas mort, il se cache au... il est en convalescence quelque part (se prendre douze millions de balles à bout portant, ça laisse des séquelles), mais son absence suffit. On ne peut que se demander comment aurait évolué la série si elle n’avait pas été annulée, et qu’il était resté absent plus longtemps.
Car oui, plus que jamais les scénaristes avaient organisé tout le début de saison de façon à ce la série puisse continuer le plus longtemps possible... pause pour bien marquer l’ironie... fin de la pause... Cette mise en place passait déjà par le cliffhanger « Je ne m’appelle pas Michael Vaughn » et sa résolution hilarante « Je m’appelle André Michaux ». Elle passait ensuite par l’introduction de nouveaux méchants, plus forts, plus puissants, plus mystérieux, plus hargneux que jamais (forcément !), et reliés à un pan de mythologie qu’on savait très bien faire partie du reste, sans que ça soit vraiment dit (le nom « Prophet 5 » en plus d’être un bon nom pour un groupe de rock, est un moyen efficace de parler de Rambaldi sans en parler, et ainsi éviter de se faire emmerder par ABC). Elle passait enfin par un nouveau statu quo (bye, Front Plissé, mais aussi la nouvelle place de Sloane au sein de APO), et par de nouveaux personnages.
Et justement, parlons en, de ces personnages.
Remplacer 3 réguliers (Vaughn, Weiss et Nadia) par 3 autres (Balty, Rrrrachel et la troisième, là, avec les grosses dents...), était sans doute l’évolution la plus flippante du début de saison, et pourtant c’est celle qui s’est passée le plus naturellement. Pas comme la mort de Front Plissé, bien abrupte. Pas comme douze millions de balles tirées à bout portant.
Pour tout dire, quand les personnages de Tom et Rachel ont été annoncé pendant l’été précédant la saison 5, j’avais pris du temps sur moi pour me préparer psychologiquement à détester Balthazar au plus haut point. C’est ce que les fans font pour patienter entre les saisons. Les fans psychotiques.

Et finalement, à ma grande déception, je n’ai même pas réussi à le haïr, le Balty. Son personnage est discret, les scénaristes lui ont donné de bonnes répliques et un caractère de merde assez agréable, du coup on passe tous les premiers épisodes à ne pas trop s’en soucier. Il est là, et c’est tout. On s’en fout même un peu, jusqu’au cliffhanger du « Cardinal », aussi connu sous le nom du « cliffhanger de la storyline supprimée ». Mais j’en reparle un peu plus bas.
L’autre bonne surprise, vraiment bonne surprise, c’est Rachel. Et j’insiste. Alors que le personnage avait tout pour devenir insupportable, alors qu’elle devait être la Sydney-lite au Vaughn-lite de Tom, en bref, un boulet, elle s’est révélée être bien plus intéressante. Et hyper jolie. Même si je ne vois pas bien ce que ça vient faire là.
Pourtant, elle était pas gâtée la Rachel, au départ : on lui colle tout de suite l’étiquette « héroïne potentielle de série dérivée tout aussi potentielle », et on dresse un parallèle à la truelle entre le SD-6 et The Shed (pour la deuxième fois en l’espace de dix épisodes, car Nadia aussi travaillait pour l’ennemi qu’elle croyait combattre (je. déteste. cette. phrase.)). Et malgré ça, elle s’en sort. Le personnage et l’actrice (Rachel Nichols, je t’aime) s’en sortent même tellement bien que j’en suis venu à regretter que Nadia n’ait pas été un peu plus comme elle l’an dernier, le côté débutante apportant vraiment quelque chose de nouveau à la série.
Le mauvais côté de la chose, évidemment, c’est que l’arc de Rachel n’aboutit pas, on n’a pas le temps de la voir devenir une espionne (comprendre : de la voir courir en minijupe et hauts talons dans cet éternel couloir mal éclairé). Un vrai gâchis.
Reviens, Rachel, reviens !

Le dernier (bon) personnage a nous avoir été présenté cette année, c’est Kelly Peyton, sorte de Sark au féminin quand il était encore cool, interprétée par la géniale Amy Acker.
D’ailleurs, merci Jeff et Drew !
Même si le personnage ne m’a pas convaincu tout de suite (excellente première apparition, puis plus rien jusqu’à la mi-saison), tout s’est arrangé quand elle a pris la place au générique de l’autre, là, avec les grosses dents. Amy Acker est fantastique (comme prévu) dans la deuxième moitié de la saison, et il ne lui aura fallu qu’un peu de temps, et un lance-roquette, pour s’épanouir complètement. Quand ses dernières scènes arrivent, avec Sark et Sloane, on regrette vraiment de ne pas avoir le temps de connaître mieux cette garce de Peyton.
Vous l’avez compris, tous les personnages introduits cette année étaient plus ou moins sympas et surprenants. Tous, sauf l’autre, là, avec les grosses dents. Tous sauf Renée Rienne.
Il fallait y aller pour trouver un nom plus ridicule que André Michaux. Et ils l’ont fait.
Il fallait y aller pour trouver une actrice plus énervante que Melissa George. Et ils l’ont fait.
Il fallait y aller pour créer un personnage plus insipide que Tata Katy, espionne russe mortellement allergique au chocolat. Et ils l’ont fait.
Je comprends très bien l’intérêt, d’un point de vue scénaristique, d’un personnage à la moralité ambiguë qui aurait pour fonction de raconter l’histoire de Vaughn en son absence. Sauf que dans les faits, ça ne s’est pas vérifié. Ils n’ont d’ailleurs pas utilisé Renée non plus pour son passé de criminelle, ou si peu. Quant à développer son passé commun avec Vaughn, ils en sont restés au strict minimum, ne sachant pas quoi faire avec ce personnage qu’ils se sont foutus tout seul sur les bras. Du coup, la manière plutôt expéditive dont elle a été virée en plein milieu de saison, à la fois du générique et de la série, n’est pas surprenante. Quand un personnage ne marche pas, on peut le garder un peu. Mais quand il ne marche pas, qu’on ne comprend pas un mot sur deux de ce qu’il dit, et que c’est la dernière saison, il dégage rapidement.
Une Saison Coupée en 2
Une fois de plus dans Alias il y a eu l’avant et l’après break de mi-saison, et cette année il a été encore plus marqué que d’habitude.
Tout commence au 9ème épisode, « The Horizon ». Un épisode shipper. Un très bon épisode shipper. Le plus bel épisode shipper de la série. Et maintenant que je me suis ridiculisé auprès de tout le monde en expliquant à quel point cet épisode, reprenant les scènes les plus emblématiques entre Vaughn et Syd, était bon, je peux dire sans honte qu’à partir de là, tout ce qui suit est assez formidable. Peut-être un peu moins les épisodes 13 et 14, table en verre et toussa, maintenant que j’y pense.... bon, dans ces derniers épisodes, le meilleur côtoie vraiment le pire. C’est un beau bordel, mais un bordel qui fait plaisir aux fans de la série. Les autres, j’en doute, mais après tout, c’est pas comme si ils m’intéressaient.
Puisque c’est la fin de la série, et que les scénaristes le savent, ils se sont plutôt lâchés. On a le droit au grand retour de plusieurs personnages, de tous les personnages en fait, sauf Dents de Cheval, L’Originale, même si Peyton y fait une petite allusion amusante quand elle remarque le goût prononcé de Sark pour les blondes. On a le droit également au grand retour de la mythologie rambaldienne, même du Mt Subasio, alors que je pensais être le seul à encore m’en soucier... Autres retours, celui du cliffhanger systématique de fin d’épisode, et de l’action rapide. Très, très rapide. Parce qu’on n’a plus le temps, et qu’il faut se dépêcher de trouver un moyen pour mettre Vaughn et Sydney ensemble sur une plage pour la dernière scène de la série.

Le retour des cliffhangers et de l’action (mais pas des perruques, ou si peu, même si on peut peut-être compter les nouveaux cheveux de Dixon dans cette catégorie), c’est l’emballage, quelque chose qui fait plaisir, qui redonne à la série sa couleur du début. Mais point de vue nostalgie, ça ne fait pas le poids face au retour des personnages.
Quand Will, Anna, Sark ou Irina réapparaissent, c’est l’occasion de revisiter ce qu’ils apportaient à la dynamique de la série, et dans chaque cas c’est très réussi... même si aucun retour n’arrive à la cheville de celui de Francie : une scène inutile au milieu d’évènements apocalyptiques, c’est l’essence même du personnage !
Le retour de Will est quant à lui l’occasion d’assister à un condensé d’Alias assez incroyable. Perruques (et oui !), boite bondée, baston, bombes, scènes d’action débiles mais ô combien jouissives (Sauter d’un train en marche pour récupérer une télécommande à la dernière seconde ? Trop facile pour Sydney Bristow !). Ce 100ème épisode, en forme de clin d’œil à tout le passé de la série, est un joli hommage signé Drew Goddard, et la chance de réaffirmer la place de Syd au sein de la série, effaçant une bonne fois pour toute l’image de la Grosse Sydney.
On revisite donc le côté fun de la série, mais on en profite aussi pour réintroduire Rambaldi en toile de fond, discrètement. On nous explique aussi qui il est, parce qu’apparemment le téléspectateur moyen possède une mémoire de poisson rouge sous calmants. Oh, et en guise de cliffhanger, on réutilise le procédé débile du double, à peine justifiable il y a 3 ans, plus du tout maintenant, pour qu’Anna Espinoza prenne le visage de Sydney.
A partir de là, tout s’emballe, et les deux épisodes suivant font de leur mieux pour faire avancer l’intrigue, beaucoup trop vite, pour essayer de rattraper le train en marche suite à la réduction des épisodes. Nadia se réveille et meurt, l’intrigue du double est vite réglée, la désormais inutile Renée est dégagée, Vaughn revient de sa retraite au... de là où il était, Sloane bosse avec Prophet 5... tout ça en l’espace de 2 épisodes. Donc oui, ça va plutôt vite. Ça va même tellement vite qu’on pourrait croire que le personnage d’Irina est complètement massacré dans le final pour gagner du temps.
Mais il n’en est rien, non.
Enfin, peut-être un petit peu, mais j’ai trouvé un moyen assez efficace de réfuter la réalité, et je vous propose de me suivre. Vous allez voir, ça permet d’apprécier la fin de série avec tout le confort habituel que procure le déni complet de la vérité !
Une Saison de Déni
Il est déjà intéressant de constater la différence entre le retour d’Irina au milieu de saison et celui du final. Par là, je ne veux pas dire que l’un est réussi et l’autre bâclé. Non. Enfin peut-être pas. Avec mes histoires de déni de la réalité et tout ça, je m’y perds un peu.

Son premier retour, dans « Maternal Instinct », offre une très belle conclusion aux intrigues familiales qui ont fait les beaux jours de la saison 2. Aussi dur que ça puisse sembler, les relations Jack/Irina ou Sydney/Irina ne sont plus développées passé ce point. Heureusement, elles sont très bien traitées dans cet épisode. Et même si ça n’avait pas été le cas, une scène où un hélicoptère est détruit au lance-roquette par une brunette de 50 kilos est un signe indiscutable de qualité.
Les vraies motivations d’Irina apparaissent donc dans cet épisode à travers ses actes. Elles passent par une exécution très sommaire dans le prégénérique, puis par une trahison de son mari et de sa fille dans la suite pour s’emparer de l’Horizon. Et ne venez pas me demander ce qu’est l’Horizon. C’est un truc important pour Irina. Un truc plat.
Le tiraillement entre ce qu’Irina désire le plus, sa famille ou l’objectif final de Rambaldi, est extrêmement mieux traité dans « The Horizon » que dans le dernier épisode, un final où elle apparaît presque comme une caricature. Lena fait de son mieux, mais avec un script aussi bancal et si peu de temps de présence... Non, c’est bien dans l’épisode 11 qu’on trouve toutes les explications à son comportement. Peut-être pas à son envie soudaine de faire exploser deux capitales mondiales (même mon déni de la réalité a ses limites), mais au reste oui.
Prenez par exemple le choix débile d’Irina entre l’Horizon, ce truc plat important, et la main que sa fille lui tend dans le final. Non seulement cette scène est pompée sur Indiana Jones, mais en plus c’est un poil facile scénaristiquement. Six épisodes plus tôt, elle nous expliquait qu’elle avait choisit, il y a bien longtemps, entre être une mère ou un agent. Et si elle aide la Grosse Sydney dans son accouchement, c’est pour lui laisser ce choix. Jamais son amour n’est remis en cause, et il n’y a donc pas trahison à proprement parler de ses apparitions antérieures. C’est juste que pour la première fois, Irina fait un choix définitif entre sa famille et Rambaldi. Ce qui est absolument déplorable, par contre, c’est que son apparition est tellement succincte que le personnage en prend un coup.
Les réponses sont toutes là, mais pas l’épisode où elles auraient le plus compté, faute de temps.
On ne peut pas vraiment en dire autant de la mythologie.
Une Saison Incohérente
Que ce soit bien clair, je ne me faisais de toute façon aucune illusion sur un « plan ultime de JJ Abrams », une révélation finale qui aurait donné un sens à toute la série, et qui aurait été prévue dès les tout premiers épisodes. La mythologie de la série était morte depuis longtemps, étouffée sous le bordel complètement improvisé de la saison 3. Et s’il y avait eu, depuis, quelques toutéliages bien négociés, je n’en attendais de toute façon pas grand-chose.

Après tout, que peut-on espérer de scénaristes tellement drogués qu’ils oublient où ils ont « rangé » Vaughn en l’espace de deux épisodes ? Oui, le Bhoutan et le Népal sont deux pays complètement différents. Non, ils ne se touchent même pas. Il y a juste, j’en suis sûr, quelques millions d’Indiens entre les deux, rien d’important donc. Et si je me trompe, merci de ne pas m’écrire pour me le signaler. Je m’en fous.
Le Bhoutan et le Népal, c’est bien beau, mais j’en étais où... oui, la mythologie, le beau jouet cassé dont je n’attendais plus rien. Et qui à la surprise générale de moi-même a été, par endroits, vraiment brillante. Non, je ne parle pas du final... Ni du début de la saison.
Ce qui a été bien fait cette année du côté de la mythologie, c’est qu’on la sent vraiment omniprésente en arrière-plan des intrigues. De vieux détails oubliés de tous ressurgissent (j’ai particulièrement été impressionné par leur utilisation cohérente du Mont Subasio). D’autres détails disparaissent, parce que c’est bien pratique. Mais globalement on sent un effort de la part des scénaristes pour nous offrir quelque chose de potable, quelque chose qui tient la route. Malheureusement, et c’est le plus gros reproche que je leur ferai, ils se sont en fait contenté de poursuivre, et conclure, la mythologie de la première saison, en laissant de côté tout ce qui a été établi depuis. On nous reparle donc du Mont Subasio, ou de la Page 47 en long, en large, et en travers. On finit sur l’Immortalité, c’est gentil, parce qu’on nous l’avait promis dans le 8ème épisode de la série. On a même le droit à une apparition très spéciale de la Boule Rouge (©1485, Rambaldi Incorporazione).
Mais tout le reste, Il Diré (« Invention Ultime 1.0 »), et le Sphère de Vie (« Invention Ultime 2.0 ») en tête, a été abandonné sur une aire d’autoroute avec votre grand-mère qui ne pouvait s’empêcher de répéter tout ce que dit le GPS. Le pire, c’est qu’il était très facile de réintroduire au moins la Sphère de Vie dans le final (et par association, le reste). Je sais bien que la saison 3 compte pour du Beurre, mais quand même, nous sortir une énième Boule du sac à malice de Rambaldi, The-Horizon-la-Boule-Plate, alors qu’on en avait une qui traînait depuis deux ans et qui n’avait aucune utilité, c’est quand même se foutre un peu de la gueule du monde.
Et oui, je sais avoir dit que je m’en tape de la mythologie, mais merde, un truc plat qui a le pouvoir de se transformer en Sphère, c’est assez agaçant.
La mythologie de la saison 5 peut donc se résumer ainsi : un truc bien ficelé qui conclut uniquement certaines intrigues de la première saison, par moment vraiment brillant (The Rose, le vieux dans sa prison, qui n’est pas Rambaldi parce que ça les aurait emmerdé du point de vu narratif, mais qui est forcément Rambaldi parce que ça m’aide à mieux dormir), en bref, quelque chose de très sympa... jusqu’au final, où ça gruge de tous les côtés pour nous offrir une révélation pétard mouillé, l’Immortalité, dont on était au courant depuis une centaine d’épisode, une révélation qui contredit ouvertement la saison 4, et ignore complètement tout le reste. Ce qui est encore plus énervant quand on devine qu’ils avaient prévus quelque chose d’un poil différent à la base.
Prenez le Cardinal, par exemple. Généralement, le scénariste qui a un peu de jugeotte, qui n’est pas complètement stone ou qui a un tant soit peu d’estime de soi éviterait de faire un cliffhanger sur l’intrigue indépendante d’un nouveau personnage. Généralement, ce même scénariste éviterait d’appeler « Le Cardinal » une figure mystérieuse débile, dans une série où traîne un prophète italien proche du Pape Trucmuche XLVII. Là, ça sent fort l’intrigue abandonnée à la dernière minute, enfin, plutôt retravaillée à la dernière minute pour extraire toute trace de mythologie. Reste une storyline qui prend beaucoup de place pour pas grand-chose dans les derniers épisodes, sans que j’arrive pourtant à la détester. Car au final, passer un peu de temps avec Tom explique efficacement son côté héroïco suicidaire, et évite à son sacrifice de sembler trop parachuté. La conclusion du personnage arrive même à en être émouvante, malgré un dernier dialogue un poil très cliché.
C’est dans ces cas là qu’on regrette vraiment la disparition des 5 épisodes, des épisodes qui auraient été bien utiles aux personnages (hello, Nadia), ou qui aurait pu laisser un peu respirer l’intrigue. Là, tout va très vite, trop vite, et il faut vraiment beaucoup de bonne volonté pour trouver un sens à ce joyeux bordel.
Une Saison Réussie ?
En fait, maintenant que j’y pense, heureusement que je ne regardais pas la série pour sa mythologie. Ni pour les formes de Jennifer Garner, en fait. Drôle de saison.
A côté des boules rouges, des boules plates, et autres joyeusetés mystico boulo rigolotes, heureusement que le final laisse une grande place aux personnages.
Une bonne idée a été de les mettre en « couple » pour les dernières minutes de la série : Sloane et Jack, Irina et Sydney, Vaughn et Sark. Ce dernier subit d’ailleurs un traitement royal dans les derniers épisodes, et il n’avait pas été aussi bien écrit depuis... pfiou... la saison 2. On sort de sa personnalité de merde de Toutou de Dents de Cheval pour atteindre quelque chose de plus nuancé, donc de plus intéressant. Julian veut simplement être du côté des gagnants, et les massacres, c’est pas trop son truc. Surtout que, quitte à participer à un massacre, autant que celui-ci ne se résume pas à « Faisons péter Washington et Londres pour s’enrichir de leur reconstruction maintenant que nous sommes Immortels ! ». Sa personnalité réaffirmée rend encore meilleure sa confrontation avec Vaughn - les deux personnages ont une telle histoire commune -, et la musique de Michael Giacchino aide bien.
Une petite parenthèse sur Giacchino. Travail magistral sur la série, bien sûr. Le thème de Sloane, celui de Rambaldi... Travail magistral sur la saison, aussi. Les musiques de Rachel et de Prophet Five. Et travail fabuleux sur le final. Des réorchestrations à n’en plus finir, des thèmes complètement aboutis, et une valeur ajoutée in-es-ti-ma-bleuh.
Ma composition préférée de Giacchino, c’est son boulot sur The Incredibles. Ce qu’il a composé pour l’épisode final, c’est du même niveau, à mon avis.
Parenthèse fermée.
Je ne reviendrai pas, par contre, sur l’affrontement assez foireux entre Syd/Irina, pour les raisons citées plus haut.

Non, la rencontre qui tient le haut du pavé, c’est bien celle entre Jack et Sloane. Un affrontement qui couvait depuis le début de la série, et qui s’achève sur une excellente scène, et une excellente réplique : « You beat death Arvin... but you couldn’t beat me ». Jack Bristow, de loin mon personnage préféré de la série, est peut-être mort... mais quelle fin ! Alors qu’Irina choisit de sacrifier sa fille à son obsession pour Rambaldi, Jack se sacrifie pour qu’elle puisse enfin vivre. On a le droit à une très belle scène d’adieu entre Jack et Sydney, qui confirme la règle qui veut que Jennifer Garner joue toujours mieux quand elle est en face de Victor Garber (ah, la scène de la cuisine de la saison 4). Et non, je n’avais pas du tout les larmes aux yeux. Pas. Du. Tout.
Bon... peut-être un tout petit peu, alors. Mais il faut bien dire qu’ils avaient bien prévu leur coup, les scénaristes, en jouant à fond sur la relation Jack/Sydney tout au long de la saison. On avait donc eu l’occasion de découvrir de nouvelles facettes de la personnalité de Papa Bristow, notamment avec sa petite fille, des facettes qu’on n’avait alors qu’entre aperçues dans la saison 4, et sa décidément formidable « scène de la cuisine ». Jack apparaît à la fois drôle et touchant. Forcément, il devait mourir.
Un châtiment bien doux comparé à ce que subit Sloane. L’horreur du sort qui lui a été réservé est tellement évident, mais tellement bien joué, qu’il constitue un de mes éléments préférés du final. Enfermé pour l’Eternité, abandonné de tous, y compris (et surtout) le charmant fantôme de sa fille, avec sa conscience, et tous les crimes qu’il a accomplis pour seule compagnie.
Un châtiment démesuré ?
C’est difficile à dire. Il apparaît bien comme un salaud fini dans les derniers épisodes, pourri jusqu’à l’os par sa « foi », le truc bien pratique qui lui évite d’avoir à assumer la mort de sa fille. Ce retournement de situation, bien que rapide... très, très rapide... était bien évidemment nécessaire à la conclusion de la série (comment finir sur autre chose que Sloane en obsédé de Rambaldi ?), et permet à Ron Rifkin de nous montrer qu’il n’a pas oublié comment jouer les fanatiques. Il voulait le secret de Rambaldi... et il l’a eu. Il ne lui restera plus qu’à vivre avec. Pour l’Eternité !!!!!!!
.... Enfin... plutôt jusqu’à ce qu’un pèlerin vienne le déterrer. Donc genre deux, trois jours plus tard.... Mais c’est super long, hein, quand on est coincé sous un rocher avec pour seule lumière celle de... la caméra... Hmmm....
Un autre personnage qui s’est vu offrir une très bonne conclusion est Marshall. Une grande partie de l’avant-dernier épisode lui est consacrée, et c’est vraiment avec plaisir qu’on remarque l’évolution définitive qu’a subit le personnage tout au long de la série.
Dixon, lui, est moins bien lotit, mais il a quand même la chance d’être présent pour la dernière scène de la série, ce qui compense un peu, mais alors un tout petit peu, le fait qu’il n’a pas eu de storyline intéressante depuis la saison 2.
Une Saison Terminée
Parlons en d’ailleurs, de cette scène finale.
On nous l’avait répété, plus ou moins subtilement, tout au long de la saison, et c’est donc tout logiquement que la série s’achève sur la plage. Mais pas à Santa Barbara. Parce que Sydney et Vaughn ont bien compris qu’il ne faut jamais, JAMAIS, aller à Santa Barbara. Sous peine d’accident de voiture, ou de saut de deux ans dans le futur.
Cette dernière scène n’est pas vraiment ma préférée de l’épisode. Quitte à avoir une conclusion attendrissante et annonciatrice d’un avenir heureux (puisque c’est, je pense (difficile de dire, avec toute cette drogue qu’ils ont pris), ce que recherchait les scénaristes), je trouve que la fin de l’épisode 15, avec Syd, Vaughn et Isabelle allongés sur le lit, faisait bien mieux l’affaire. Le vrai avantage de cette scène sur celle que je viens de citer, c’est qu’elle nous renseigne sur une chose importante : Sydney reste une espionne. Je répète : Sydney, celle qui voulait tout quitter dans le 2ème épisode de la série (élément qui d’ailleurs nous avait été rappelé dans The Horizon), reste une espionne.
Quand on a revu son prof d’anglais en début de saison, j’avais pris ça comme un indice, une manière habile de nous préparer à Sydney quittant le business de l’espionnage pour devenir prof. C’était, après tout, la façon parfaite...que dis-je, l’unique façon de conclure la série !
Non seulement ce n’est pas ce qu’il se passe dans le final, mais en plus l’épisode m’a fait revoir ma position sur la question. Cette carrière d’enseignante n’était qu’un second choix, Sydney est une espionne.

Il est fort, ce Drew Goddard. Deux trois flashbacks et il me fait changer d’avis.
Drew avait utilisé une structure similaire sur son chef-d’œuvre Buffyesque, « Selfless », où chaque acte débutait sur un flashback au cours duquel Anya se définissait à travers les autres (Olaf, puis Halfrek et la vengeance, et enfin Xander). Le procédé est le même ici, on revient sur différentes étapes importantes de la vie de Sydney qui nous montrent comment le monde de l’espionnage s’est présenté à elle, et surtout comment elle l’a embrassé. En bref, comment Sydney s’est toujours définie à travers cette vie. La « mort » de sa mère et le Projet Christmas dans son enfance, puis son recrutement par le SD-6, la formidable réaction de Jack, et enfin sa passion déclarée pour la vie d’espion.
Le procédé narratif est tellement maîtrisé que je ne suis plus trop sûr de savoir à quel point ça peut contredire le début de la série. Contrairement à Irina, Sydney n’aura jamais à faire le choix entre sa vocation et son rôle de mère.
En réalité, et malgré ce que je peux penser de la scène en elle-même, je trouve ça plutôt bien vu de conclure la série sur une happy end où Syd et Vaughn repartent occasionnellement vers de nouvelles aventures remplies de gadgets délirants, de longs couloirs mal éclairés, de musique techno, et de... perruques.