1.03 - Almost Human

Sleepy Hollow ferait vraiment office de succès imprévu et bâti sur du bouche-à-oreille, en comparaison avec les efforts dignes d’une Leslie Knope en fin de campagne que fournit la Fox pour récolter la même chose avec Almost Human. Parce que là, attention, il y a de la star en tête d’affiche et plein de décors tout blanc et high-tech que les gens adorent !

C’est pour cette raison que la diffusion du pilote fut repoussée de deux semaines, pour tomber en plein hiatus et éviter la compétition, et que le deuxième fut diffusé rien moins que le lendemain. Personnellement, je suis aussi tombée sur une énorme tente plantée au milieu de New York, avec des répliques de véhicules de la série, des robots suspendus dans leurs plastiques, et des jeux virtuels pour amuser la galerie.
Et des faux flics offraient le café. L’appât ultime !

Avec tout ça, le produit final avait intérêt à assurer...

C’est quoi ?

Almost Human est un mix de série policière et de science-fiction, qui emprunte très clairement son principe aux films I,Robot et Robocop, mais bouffe aussi à plein d’autres rateliers de la science-fiction de ces vingt dernières années. Elle est créée par J.H. Wyman, un autre rescapé de Fringe, et son producteur exexcutif est JJ Abrams.
Et c’est bien ca qui compte sur les affiches ! Désolée J.H., mais c’est pas ton nom qui va rameuter les foules.

Elle est diffusée tous les lundis, et non le dimanche comme me le laissait craindre le pilote. Parce qu’en face de Once Upon A Time, je ne suis pas sure que ç’aurait été très malin.

Ça parle de quoi ?

Dans un futur où CDéco n’existe pas, John Kennex est un flic unijambiste qui n’aime pas les robots. Alors quand il sort d’un long coma et qu’on l’oblige à faire équipe avec Dorian, un robot jugé défectueux pour sa sensibilité humaine, il râle. Vu que Dorian est globalement un ipad amélioré recouvert d’une belle gueule, ils deviennent vite BFF et résolvent plein d’enquêtes compliquées et bourrées d’high-tech. 

C’est avec qui ?

Le casting fait plutôt plaisir. La grosse tête d’affiche est évidemment Karl Urban, qui s’est bâti une carrière de râleur de service dans une panoplie de films de SF et fantasy. Pour Dorian, Michael Ealy est l’un de ces visages familiers qu’on a du mal à replacer. Honnêtement, sans IMDb, je ne me souvenais pas de lui dans The Good Wife.

Je ne m’attend pas à ce que Minka Kelly redevienne un jour aussi bonne que durant Friday Night Lights (à part Plemons, tout le monde a mal viré). Mais si ce rôle de flic arrive à me faire oublier son reboot de Charlie’s Angels, ce sera déjà beau.
Quant au meilleur morceau, c’est Mackenzie Crook, qui restera toujours Garreth de The Office UK dans mon coeur. Et je me fiche de toute autre référence récente, incluant ou non de la neige !

Ah ouais, il y a Lili Taylor.

...

Quinze ans que ses éternels chuchotements me gonflent ! Mais soit je finis par m’habituer soit quelqu’un la bourre de camomille, parce qu’on dirait qu’elle finit par parler presque normalement dans le dernier épisode.

Et c’est bien ?

C’est un peu décevant au-delà du pilote. Il y a de quoi faire beaucoup mieux au vu du principe, mais pour l’instant, on est loin du projet ambitieux vendu. Ca se rapproche même plutôt des buddy cop movies des années 80, si vous pouvez imaginer un cross-over entre le Flic de Beverly Hills et Robocop.

Almost Human emprunte beaucoup d’éléments ici et là , mais sans jamais y apporter quoi que ce soit de plus. Elle se complaît simplement à présenter une multitude de gadgets qui brillent comme des néons, mais sans la moindre originalité. Comme si l’amateur de SF ne demandait rien de plus. Il n’y a pas de petite trouvaille ingénieuse ou de retournement intéressant sur un élément populaire. Vu que cet univers mise beaucoup sur sa technologie, qu’elle n’apporte aucun émerveillement est décevant.

Au niveau de l’histoire, on reste pour l’instant dans le procedural, avec des vilains de la semaine à arrêter. Le pilote avait introduit un groupe terroriste puissant lié au passé de Kennex, et laissait envisager un véritable arc qui peut être très intéressant. Je ne peux donc qu’espérer qu’on revienne dessus afin de créer quelques rebondissements qui manquent totalement.

Il semble que la série ne sait pas encore qu’elle tient un thème principal riche, ne demandant qu’à être creusé. La signification des robots dans cet univers, leur limite au service judiciaire, le ressentit de Dorian et des gens par rapport à lui... il y a de quoi faire. Pourtant, on ne nous dit rien de plus sur leur présence que l’explication de la voix-off d’introduction : “un robot mort, c’est mieux qu’un flic mort”. Mais encore ?

Le second épisode présentait bien l’existence de robots crées pour le commerce du sexe, mais mis à part une mention sur le fait que le gouvernement a fini par rendre celui-ci légal, leur place dans cet univers en reste là et on continue de se demander dans quels domaines les robots peuvent être illégalement employés. Parce que la prostitution, c’est quand même la première solution de facilité qu’on pouvait nous sortir.

Pour ce qui concerne les personnages principaux, il y a aussi beaucoup de boulot. J’apprécie que Kennex n’ait mis qu’un épisode à arrêter de se comporter en connard insupportable, mais sa relation avec Dorian a vite tourné à la comédie permanente. Michael Ealy est excellent dans ce domaine et le meilleur atout de la série. Mais je préférerais que ce ne soit pas la seule chose qu’on me montre dans leur dynamique.
Il serait bon aussi de toucher aux événements qui ont conduit Dorian à être déprogrammé. Ou d’arrêter de donner les les pires clichés de dialogues de flic torturé à Urban
Quant au reste, aucun personnage n’existe au-delà de sa fonction de base, que ce soit le scientifique, la chef sérieuse ou l’objet d’attraction.

Non, Almost Human n’est pas déplaisante à regarder, et elle a droit à l’indulgence des débuts. Mais avec de tels moyens et des acteurs aussi compétents, il serait vraiment dommage qu’on en reste à un niveau aussi limité et oubliable.