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Star Trek : Discovery

1.02 - Premières Impressions

Merci, The Walking Dead ! Vraiment !

dimanche 1er octobre 2017, par Conundrum

Les débuts de Star Trek : Discovery ne se sont pas déroulés pas dans une situation optimale pour le lancement d’une nouvelle série. En plus d’avoir la responsabilité de relancer une franchise sérielle dormante depuis plus de 12 ans, elle doit aussi s’établir face à une série de films de la même saga qui évoluent dans un univers parallèle sans déconcerter son public.

Ce dernier est formé à la fois de Trekkies très vocaux et exigeants et de novices qui n’ont découvert cet univers que par les films de J.J. Abrams.
Et, à cette situation déjà complexe au niveau de l’écriture se sont rajoutées de grandes difficultés en coulisses.
Star Trek Discovery devait être la première série de CBS All Access et était intimement associée à la légitimité de l’existence de cette nouvelle plateforme de streaming, mais des problèmes de production, dont le départ de son créateur, Bryan Fuller, à la suite de "différents créatifs", ont dû décaler son lancement à deux reprises (c’est finalement The Good Fight qui deviendra la première série originale de CBS All Access).

Lorsque l’on ajoute à cela l’embargo sur les critiques, un autre space opera lancé quelques semaines avant son arrivée et la liste inquiétante du nombre de producteurs exécutifs [1], la série était clairement attendue au tournant les derniers jours avant sa diffusion.

Mais comme le dit l’adage, il n’y a pas de mauvaise publicité.
Fan de Star Trek (ou pas) ou de Bryan Fuller (ou pas), tout le monde a entendu parler de Star Trek Discovery. Et chez moi, au lieu de générer de l’agacement, la situation a suscité une grande curiosité.
Et alors que je ne suis pas familier avec les autres œuvres de la franchise, pour lesquelles comme pour son fameux co-créateur je n’ai qu’un intérêt limité, Star Trek Discovery a été une jolie surprise.

Qu’est ce que c’est ?

Star Trek Discovery est la sixième série Star Trek mais qui, au risque de me répéter, ne se situe pas dans le même univers que les films.
C’est aussi la seconde production originale de la plateforme de diffusion de CBS All Access.

La série a été développée par Bryan Fuller (qui a commencé sa carrière de scénariste sur ST:DS9 et ST : Voyager avant de se faire connaître des gens d’Edusa avec Dead Like Me) et Alex Kurtzman (qui a co-écrit le premier Star Trek de J.J. Abrams).

C’est avec qui ?

Un tigre agenouillé ou un dragon caché, le corps du Surfer d’Argent, Tarik de Spooks, Mark qui vit la Vie Bohème [2], Lucius Malfoy, mais surtout, et elle mérite qu’on la nomme, Sonequa Martin-Green, la révélation de la série, enfin libérée de The Walking Dead !

Et à un moment, il y a Jonathan de 30 Rock.

De quoi ça parle ?

La série relate les relations tendues entre la Fédération et les Klingons, dix ans avant la toute première série de NBC.

Et il y a un générique ?

Oui, Jeff Russo, le compositeur des scores de Fargo et Legion a créé un nouveau thème qui incorpore des éléments de celui de la série originale. Le visuel du générique reprend lui des plans et des iconographies clés de Star Trek comme ceux d’un vaisseau, d’un phaser, du salut vulcain et met en avant l’exploration de mondes étranges. De manière assez habile, ces visuels racontent l’esprit de l’univers remplaçant ainsi les monologues des capitaines Kirk et Picard dans leurs séries respectives.

C’est un retour au source actualisé après le détour qu’était celui de Enterprise où une reprise de Rod Stewart remplaçait un thème avec orchestre. Autant le générique d’Enterprise semblait vouloir s’éloigner le plus possible de l’image de Star Trek qu’elle semblait percevoir vieillotte, autant celui de Star Trek Discovery affirme fièrement sa filiation.

Et c’est bien ?

C’est bien comme un film. Mais pas ces pilotes ratés et prétentieux qu’on projette au cinéma, non, c’est aussi bien qu’un téléfilm !

Les deux premiers épisodes de Star Trek Discovery forme un tout réussi et ambitieux. Il est très plaisant de voir que la genèse complexe de la série ne soit pas précipitée dans un épisode de 45 minutes. Ce double épisode, donc, raconte l’origine d’un conflit en présentant les deux points de vue, celui de Klingons et celui de l’équipage de l’USS Schenzhou qui croise leur chemin.
Oui, parce que dans ce double épisode, pas de vaisseau Discovery en vue, ni même la plupart des personnages réguliers de la série.

C’est une grande prise de risque mais qui porte ses fruits.
Le pilote met l’accent sur la présentation de notre héroïne, Michael Burnham, et surtout sur le talent indéniable de son interprète, Sonequa Martin-Green.
Et c’est clairement pour elle qu’il faut suivre cette série. Elle incarne une femme humaine élevée par Sarek, un vulcain, et accessoirement père de Spock, qui a rejoint les humains sept ans avant les événements du pilote en devenant la première officière de la capitaine de l’USS Schenzhou. Elle porte en elle la dualité de sa culture d’origine basée sur l’émotion, et celle de son adoption, basée sur la logique. Martin-Green impressionne dans sa justesse à externaliser un conflit interne à chaque prise de décision. Ce conflit fait clairement partie l’ADN de la série, il est constitutif de la personnalité de l’héroïne et de l’événement que représente la rencontre avec les Klingons.

La réussite de ce pilote vient de l’existence d’une relation intense et complexe dès les premiers instants (grâce, en particulier, à la formidable alchimie entre les deux actrices) entre elle et sa capitaine, incarnée par Michelle Yeoh, une relation qui porte déjà en elle les germes d’une séparation (puisque Michael n’évolue pas dans le vaisseau qui porte le nom de la série). La rencontre avec les Klingons est immédiatement associée à des enjeux personnels, à des questionnements d’identité et se révèle la source d’un conflit passionnant entre deux femmes qui se respectent mutuellement, nous captivant ainsi bien plus que si elle s’était résumée à une simple bataille dans l’espace.

Les premières séries Star Trek ont établi un univers où les oppositions sont rapidement résolues, où les différences ne sont pas effacées mais acceptées et respectées.
Donner une si forte importance au conflit dans Discovery peut paraître contre nature pour une série Star Trek, mais celui-ci est montré comme nécessaire pour révéler aux personnages qui ils sont vraiment.
Dans une scène un peu maladroite qui aurait mérité plus d’attention par les scénaristes, un membre de l’équipage explique à Michael en référence à l’esprit Star Trek classique, qu’elles et ils ne sont pas des militaires, qu’elles et ils sont censés être des explorateurs/trices.
Or, dans ce pilote, l’USS Schenzou cherchant à défendre des frontières, les deux aspects co-existent de fait dans leur mission. Les Klingons, quant à eux, voient le mélange des races dans la Fédération comme une dilution de la force de leur identité et perçoivent négativement la mission de paix de la Fédération comme de l’assimilation.
L’épisode semble vouloir explorer les paradoxes d’une idéologie qui veut éviter le conflit à tout prix quand celui-là existe pourtant comme une forme importante de communication et d’affirmation d’identité.
À défaut de présenter véritablement ses nombreux personnages ou son vaisseau, Star Trek Discovery s’est trouvé un thème central intéressant, solide et riche dès ses premiers épisodes.

Indépendamment de savoir si la série est fidèle à l’univers Star Trek ou de son créateur, si l’officière et la capitaine de ce pilote restent au centre de la série, Star Trek Discovery méritera clairement sa place dans le paysage sériel actuel.


[1Rarement un bon signe dans la production d’une série

[2Fichtre. J’ai eu du mal à comprendre la référence à Rent. (Note de Jéjé)

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