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Breaking Bad

3.02 - Caballo Sin Nombre

Bombe lacrymo et autres friandises

dimanche 4 avril 2010, par tomemoria

Au risque de passer pour un grand sociopathe, je ne vais pas, dans la critique qui va suivre, juger les actions de Walt, le condamner pour ses crimes, ni émettre une quelconque opinion négatives sur sa personne. J’ai souvent été du côté de Walt au cours de la série. Même quand il a laissé Jane se noyer dans son vomi, aussi épouvanté que j’étais par son inaction, je comprenais son choix. Jane était dangereuse. Pour lui. Et pour Jesse, qu’il avait admis considérer comme un membre de sa famille. Alors oui, Walt devrait sans doute avoir honte de lui. Mais il ne serait sans doute pas aussi marrant.

Déni d’autorité

Cette semaine, Walt a un problème avec l’autorité. La première séquence donne le ton avec une conclusion assez hilarante. Arrêté par un officier de police pour son pare-brise éclaté, Walt se sert de l’accident d’avions pour attendrir l’officier. Déjà j’avais le sourire aux lèvres à le voir utiliser une tragédie pour justifier ses travers. Se servir du traumatisme d’une communauté pour éviter une amende sans la moindre honte était excellent. Du point de vue du spectateur, Walt serait une ordure finie qui n’aurait plus la moindre morale. Mais du côté du policier, il s’agirait d’une des victimes traumatisées par le crash. Le manque de compassion du policier rend Walt furieux et à juste titre. Enfoncer le clou sur une personne qui a vécu un traumatisme sans même exprimer la moindre sympathie est une affirmation d’autorité gratuite et déplacée. C’est l’ironie de la situation qui rend la scène comique. Walt serait dans son bon droit s’il n’était pas le meurtrier indirectement responsable du crash. Malgré tout, le voir beugler de douleur après s’être pris de la lacrymogène dans les yeux était juste parfait. La série sait souvent être drôle et à juste titre, autrement elle serait trop déprimante.

Le déni d’autorité de Walt se retrouve aussi dans sa relation avec Skyler. Cela passe par des disputes au téléphone, mais aussi par des scènes plus subtiles comme celle où il ramasse un pansement flottant dans une piscine commune. Dans ce simple geste, il récupère un peu du rôle qu’il a perdu chez lui. La suite logique est de vouloir retrouver une certaine place dans son foyer, comme celle du père qui vient manger une pizza. Et quand de rage il balance la pizza sur le toit, après qu’on lui claque la porte au nez, la part de lui qui refuse qu’on lui dicte sa conduite se rebelle. Le plan en plongée avec la pizza au premier plan est très parlant. On y voit le pare-brise réparé, symbole de l’autorité du policier (à qui Walt présente ses excuses avec le plus grand mal) et la pizza posé sur le plafond, rappel de la part d’insoumission de Walt.
Comme on le voyait dans le pilote, Walt a été soumis toute sa vie à une autorité extérieure. Skyler avait fait de lui un eunuque. Ses étudiants le méprisaient. Il bossait dans un garage où il nettoyait les voitures de ses élèves plus riches que lui. Avec la découverte de son cancer s’est évanouie cette capacité à ramper aux pieds des gens, à oublier son honneur et sa dignité pour respecter l’autorité. Aujourd’hui, Walt ne supporte plus que quelque chose ne se passe pas comme il le désire et on le comprend.

Pour autant, la scène pathétique où il se réveille d’une bonne cuite retire toute dignité au bonhomme. En suite de quoi, il se comporte de façon difficilement compréhensible, retournant chez lui (ou chez Skyler), entrant par effraction et prenant une douche comme s’il n’y avait rien de plus naturel au monde. Saul voit juste lorsqu’il dit que Skyler pose problème. Elle est l’une des seuls à ébranler Walter. Quand il s’agit de sa femme, celui-ci crie, bouge dans tous les sens, commet des erreurs et se touche le slip. Skyler le perturbe. Et c’est d’autant plus notable cette saison. Car de son côté, l’attitude de Walt ne semble pas atteindre Skyler. Elle le menace d’une interdiction d’approcher, refuse de le faire entrer chez elle et ne cède jamais à son regard de chien battu. C’est comme si découvrir la vérité lui avait fait perdre toute innocence, toute compassion.

Dans son intrigue à elle, Skyler avertit son ami dont j’ai oublié le nom (Mike peut-être) sur ses malversations financières, le temps de lui demander ce qu’il fera le jour où sa famille découvrira tout. J’étais content de voir une scène où Skyler retirait son armure et tentait de comprendre, à travers quelqu’un d’autres, les actions de son mari. Qu’elle refuse de lui pardonner, je comprends parfaitement. Mais je suis content de ne pas la voir se transformer en une complète garce bornée, comme le dirait presque Junior.
L’adolescent, dans ses quelques scènes, n’arrive plus à faire face à la séparation de ses parents, et ne sait plus où donner de la tête. De son point de vue, son père est une victime que sa mère a laissé tomber sans le moindre remord. Walter n’en rajoute pas une couche et n’accuse sa femme de rien, ce qui est tout à son honneur. De son côté, Skyler accepte le rôle de méchante sans broncher et on a mal pour elle. Se faire insulter par son propre fils alors qu’elle n’a fait que découvrir une terrible vérité rend son silence très brave, même si ça ne lui retire pas son côté antipathique lorsqu’elle remet si sèchement Hank à sa place. Le dialogue « It’s none of my business… You’re right, it isn’t » était un peu cliché et c’est suffisament rare dans la série pour être relevé.

Saul and co

Un peu à l’image de Skyler, Jesse a déchanté en fin de saison 2 et se retrouve cette année à agir de manière beaucoup plus froide et calculatrice, ce qui lui donne, il faut le dire, la Très Grande Classe. On le connaissait maladroit, inculte, irréfléchi et le voilà devenu un manipulateur hors pair. C’est comme si la perte de Jane lui avait fait perdre son innocence de gamin. Il a l’air d’avoir pris dix ans en un mois. J’imagine mal ce nouveau Jesse se retrouver coincer au milieu du désert parce qu’il a laissé la clé sur le contact.
En montant un plan avec Saul pour récupérer sa maison, il se venge de ses sales cons de parents en leur soufflant 400 000 $ sous le nez. La scène où il leur fait comprendre leur bêtise est tout bonnement jouissive. Le plaisir de voir deux personnes égoïstes se faire berner par celui qui se faisait toujours à voir est sans commune mesure. Je ne sais pas si cette courte intrigue donne le ton pour la suite des épisodes ou si ce n’est qu’un élément isolé dans la psychologie de Jesse. Va-t-il désormais être le plus froid des deux dans son duo qu’il forme avec Walt ? Le plus réfléchi. Je n’en ai pas la moindre idée, mais j’ai hâte de le découvrir.

Quant à Saul, c’est sûrement le personnage qui apporte le plus de surprise à l’épisode. Tout d’abord, le simple fait qu’il ne soit pas entièrement fidèle à Walt étonne, d’autant qu’on avait jamais vu (si je ne m’abuse) l’homme dont la fille aime les glaces. Celui-ci, après avoir eu vent du « wife problem », va surveiller Walt dans ses moindres faits et gestes, ce qui va lui être salutaire quand los primos débarquent chez lui.

L’ultime scène de l’épisode est à marquer dans les anales question suspense et adrénaline. La lenteur de la séquence rappelait le style des frère Coen avec une petite touche de Tarantino. Le lien qui unit les deux vilains à Gustavo Frings reste encore à définir, de même que le simple mot qui a suffit à faire changer d’avis Marco : Pollos.
Marco étant, je crois, le cousin de la mort qui reçoit le texto.


Au prochain épisode, on découvrira que les cousins n’ont aucun lien avec un quelconque explorateur vénitien et Iris vous expliquera en quoi Bryan Cranston est son BFF.

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