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Bunheads
1.18 - Next
Bunheads, The West Wing : Même Combat
dimanche 3 mars 2013, par
Ces quatre séries proposent quelque chose d’unique, qui leur est propre.
La télévision est un média dirigé principalement vers les femmes. Cette fameuse ménagère de moins de cinquante ans, maîtresse du porte-feuille familial, et ces jeunes filles qui portent plus d’attention à la publicité que leurs homologues masculins.
Du coup, en étant la cible de prédilection des publicitaires, elles deviennent, de facto, celles des dirigeants de chaînes. Mais sur le plan créatif, on retrouve beaucoup plus d’hommes à la tête de la production d’une série que de femmes. D’où l’horrible question d’un journaliste à David E. Kelley lors du succès d’Ally McBeal qui a marqué ma jeunesse : « Comment faites-vous pour écrire aussi bien vos personnages féminins ? »
Comme tout le monde, j’ai suivi Ally McBeal avec grand plaisir, puis grand agacement, et je ne crois pas qu’une scénariste écrive automatiquement mieux un personnage féminin qu’un homme. Mais Ally McBeal était tout sauf une série symbole du genre féminin et qui en véhiculait une image positive. Une comédie romantique un peu débile avec une bonne bande son, oui, une série féministe, fouyah que non ! Et l’auteur lui-même l’avouait.
Cette saison, on se retrouve avec de plus en plus de femmes showrunners. Et ce n’est pas nécessairement que ces séries mettent en scène des femmes mieux définies, c’est juste qu’elles proposent quelque chose de différent.
Nous avons déjà parlé de Scandal et de The Good Wife, et le tour de Dallas viendra sûrement un jour ailleurs que dans Les 5 Moments Séries de Février. En regardant Bunheads, j’éprouve le même plaisir que la belle époque de The West Wing, à savoir découvrir un univers que je ne connais pas, d’un côté l’univers politique américain, de l’autre celui de la danse, par des personnages entrainants et des dialogues percutant. Mais surtout, ce qui lie ces deux séries à mes yeux est le point de vue sexué de leur auteur.
The West Wing écrite par Aaron Sorkin tournait dans un univers très masculin avec une distribution qui ne reposait que sur très peu de actrices. Bunheads écrite par Amy Sherman-Palladino, n’a aucun acteur régulier dans la distribution de sa série d’apparence rose bonbon.
Si on peut se plaindre de l’écriture un peu sexiste de The West Wing, le même reproche peut être fait à Bunheads. Donna était la jeune assistante ingénue de Josh à qui il fallait tout expliquer et C.J. avait un problème d’affirmation dans cet univers masculin. Écrite par un homme, le message est un peu étrange. Dans Bunheads, les copains sont dévoués, ou ont une belle plastique mais ils ne marquent jamais par leur personnalité.

Et il est plus facile de taxer Sorkin que Palladino de sexisme sur la base de leurs œuvres. Tout comme regarder The West Wing parait plus prestigieux que de suivre une série d’ABC Family. Mais ces deux défauts, dans l’univers propre de leurs séries respectives sont acceptables parce que le reste est brillant.
A l’époque, The West Wing apportait une réelle réflexion sur des sujets de société au même titre qu’Urgences. Bunheads met en scène une femme perdue qui trouve un sens à sa vie dans une petite ville des États-Unis. Ça a peut-être moins d’impact sur la société, mais c’est un message qui parle à beaucoup de trentenaires. Le rappel qu’on puisse se ré-inventer quand on pense que toutes les possibilités pour le faire s’éteignent lorsqu’on souffle la trentième bougie de son gâteau d’anniversaire mérite sa propre série.
J’aime voir Michelle s’intégrer de façon naturelle dans Paradise. Cette deuxième partie de saison a vu Sacha totalement faire confiance à Michelle et la détresse de Ginnie lorsqu’elle craint que Michelle parte comme dans le finale de cet été, étaient de bons rappels que la série avait enfin établi son postulat de base.
Toute cette première saison a montré la lente prise de confiance de Michelle et son intégration dans cet univers particulier. Tant Fanny que le quatuor de filles se reposent sur elle, cette confiance acquise est un moteur pour Michelle pour retenter sa chance en tant que danseuse. Dans ce final, il se passe énormément de choses pour une série comme Bunheads et ce qui met en valeur la progression des quatre jeunes interprètes de la série. Mais le plus important est l’audition de Michelle.
Parce qu’au fond, la vraie différence de Bunheads vient du fait que les personnages de la série ne cherchent pas à avoir plus. Aucune des femmes ne cherche un homme pour fonder une famille et avoir la vie de famille parfaite dépeinte dans tant de séries américaines. Comme Paris de Gilmore Girls l’explique à sa sœur de Friday Night Lights, elle n’a pas trouvé d’homme mais a réalisé que sa fille était tout ce dont elle avait besoin. Et c’est une caractéristique de tous les personnages de Paradise. Il n’y a pas besoin d’avoir plus pour être heureux, il suffit juste de chercher ce dont a besoin dans ce que l’on a déjà. Le reste est juste un luxe en plus.
"Next" montre que Bunheads ne va pas être juste l’histoire d’une femme qui se refait une nouvelle vie en tant que professeur de danse à Paradise. Cette audition montre que Michelle a encore l’envie et le potentiel de faire la carrière dont elle rêvait. Sa mère ne l’a pas soutenue, la confiance qu’elle aurait dû acquérir par le soutien de ses proches et qui l’aurait poussée à aller plus loin étant plus jeune ne lui a été accordé que lorsqu’elle a accepté d’épouser Hubble. Elle comprend que tout ce dont elle a besoin pour avancer est autour d’elle.
J’aime le message de cette série, j’aime ses personnages, j’aime son interprète et personnage principal, j’aime son écriture, mais j’adore l’idée qu’une série prenne le temps de parler à une génération en transition avec un message positif.
Ça ne change pas le Monde, mais il n’y a aucune autre série à la télévision qui le fait mieux. Mais surtout, j’adore que ce message soit véhiculé par une femme. C’est une femme qui écrit un rôle pour une femme mais qui ne parle pas qu’aux ménagères de moins de cinquante ans ou qu’aux gamines qui regardent ABC Family. C’est peut-être une série plus difficile d’accès pour un homme que The West Wing l’était pour une femme, mais si l’univers masculin de The West Wing parle à tout le monde, celui très féminin de Bunheads aussi.
Je suis désolé Lena Duham mais les Girls, à mon âge, ça ne m’intéresse plus, moi je veux des femmes, des vraies, et ça, il n’y a que Bunheads, Dallas, Scandal et The Good Wife qui me les donnent.
Voir en ligne : “Bunheads”, critique du dernier épisode... avant la saison 2 ?