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Dallas

2.10 - Un Point sur la Série

Les Cousins Dangereux

samedi 30 mars 2013, par Conundrum

Ça y est. Il est temps de parler de Dallas. La série a atteint une telle maturité que son exposition sur le site ne plus se limiter à une critique semi enthousiaste du pilote par Jéjé et un moment marquant de la série.

Parce que Dallas c’est bien plus que cela.

Dallas est avant tout un très bon soap opera. Mais un soap traditionnel, dans le sens où la série ne se résument pas à des coucheries en tout genre et des retournements de situations invraisemblables. Il y en a dans Dallas mais ils sont encrés dans une réalité qui sonne plus vraie que celle d’un Melrose Place.
Cela se voit dès les images promotionnelles de cette nouvelle mouture : qu’ils en incarnent ou pas, un bon tiers des acteurs a des origines latines. Ce Dallas nouveau adresse de façon pertinente la richesse culturelle texane.

Mieux encore, si je n’ai pas trop suivi l’originale, cette nouvelle version est beaucoup plus posée qu’elle. La distribution y joue pour beaucoup. L’extravagance des intrigues est tempéré par un jeu d’acteur plutôt fin.
Bien sur, Patrick Duffy ne sera sûrement pas nominé aux côtés de Jon Hamm ou Bryan Cranston aux Emmys. Aux Golden Globes, qui ont, rappelons le, déjà nominé Jessica Alba en tant que meilleure actrice, pourquoi pas, mais aux Emmys, aucune chance. En tout cas, pour le genre en question, les acteurs, tant la nouvelle garde que la génération originale, se débrouillent plutôt bien. Il se passait beaucoup moins de choses en une saison de Brothers and Sisters qu’en un quart d’heure de Dallas, mais les Walker étaient beaucoup plus hystériques que les Ewing.

Je pense que ces deux choix, représentation ethnique et simplicité, viennent de l’avantage d’avoir une femme aux commandes de la série. Je n’ai jamais vu Cane, mais Dallas me ferait presque regretter de ne pas mieux connaitre Cynthia Cidre.
J’aime sa vision du soap opera.
Pendant bien trop longtemps, les productions ABC ont dirigés le genre avec soit des soap faussement subversives à la Desperate Housewives ou le drama familiale faussement intimiste à la Brothers and Sisters. D’ailleurs la surabondance du genre a nuit à l’image identitaire de la chaine qui a beaucoup de mal à renouveler son parc de séries dramatiques. La version Cidre de Dallas a ses retournements de situations choquants et invraisemblables mais ils sont nettement mieux vendus que n’importe quel twist de Desperate Housewives (du voisin black enfermé dans la cave à la prise d’otage de la saison 3 inclus).

Dallas bénéficie aussi d’une bonne caractérisation de ces personnages. Pour faire simple, on avait le méchant JR et le gentil Bobby. La ligne est moins clairement définie pour faire pour leur progéniture. John Ross montre ses faiblesses et on sent que Christopher a besoin d’être retenu du bon côté. Si la filiation est bien présente, elle est traitée de manière assez originale pour éviter de faire une redite. Des personnages bons peuvent commettre des actes détestables et inversement. C’est aussi le cas pour les personnages de la version originale. Et particulièrement de Sue Ellen et J.R.

Sue Ellen aurait pu aisément être une ex alcoolo revancharde. C’est loin d’être le cas. Le profond désir de rédemption chez elle est une caractéristique bien plus forte que son alcoolisme. La série n’a pas résisté à l’imagerie de la tentation de la bouteille, mais c’est bien évidemment la mort de J.R. qui en sera l’élément déclencheur. Sue Ellen affirme son indépendance mais reste quand même dépendante de son ex mari et de son fils. La disparition de J.R. donne un second souffle bienvenu à son personnage d’ailleurs.

Et j’avoue que la mort de J.R., en général, est bénéfique à la série.

Il y a une définition du Joker dans Batman que j’aime beaucoup. Bruce Wayne est un personnage qui a connu un traumatisme fort dans son enfance, la mort de ses parents sous ses yeux. Le monde est injuste, pour y survivre, il a établi un code d’honneur et de justice qu’il fait appliquer par Batman. Dans cette vision, le Joker n’est pas un personnage manichéen mais qui, sous la base du même postulat, a décidé que si le monde est injuste, alors aucune règle ne doit être respectée. Le Joker n’est pas un personnage simplement maléfique, mais un agent du chaos. C’est comme cela que je voyais JR cette saison. Une discussion rigolote avec son frère sur Messenger se révèle un coup fourré pour protéger son fils. Mais c’est aussi pour cela que sa disparition est une bonne chose.

Les ramifications de la mort du personnage sont très bien gérées. Sans JR, Bobby est obligé de se salir les mains. Sans JR, Sue Ellen doit prendre ses propres décisions pour protéger sa famille. Sans JR, John Ross doit se construire seul. Mais cela était présent avant la disparition d’Hagman. JR n’était pas un personnage aussi important que cela à cette nouvelle mouture. C’était un plus mais son image était tellement forte que le personnage n’est pas indispensable à la série. Et c’est probablement là, la plus grande force de cette série.

Dallas version 2012 ne plie pas sous le poids d’un hommage pesant envers la série originale. L’intrigue est simplifiée par omission. On fait simple, JR et Bobby ont chacun un fils. Une petite recherche sur Wikipedia montre que la vérité de la série originale est plus complexe. La mère de Christopher est Pamela Barnes Ewing. Le même article montre que Christopher n’a pas simplement été adopté, mais que sa mère biologique a un lien avec les Ewing. Les Barnes, Lucy, Ray et même les Ewing de Côte Ouest apparaissent dans la série dans des rôles qui font plus qu’un clin d’œil sympathique, mais pas assez important pour empêcher le développement de cette nouvelle garde. Ce respect de l’œuvre originale récompense les fans de l’époque mais n’aliène pas le public nouveau. La saison une a clairement défini les ce qui était advenu des Ewings depuis la fin de la série originale et qui étaient John Ross et Christopher. La saison 2 peut alors explorer des pistes qui sont propres à la série.

Bien sûr, pour aimer Dallas, il faut aimer le genre. Mais Dallas n’est pas qu’un soap, c’est aussi une série d’action et manie parfaitement l’art du cliffhanger. Elle n’est pas exempte de défaut (il faudra qu’on parle un jour du traitement d’Elena !), mais elle offre beaucoup plus que ce que la série laissait entrevoir de son principe ou de ces premiers épisodes.


Voir en ligne : “Dallas”, un très bon soap opera traditionnel

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