Accueil > Le Village > Articles et Dossiers > Articles > Interviews > MATHIEU LAGARRIGUE - "Malheureusement les chaînes sont bien trop frileuses (...)
Dossier 30DM
MATHIEU LAGARRIGUE - "Malheureusement les chaînes sont bien trop frileuses pour retenter ce genre d’expérience."
dimanche 9 décembre 2007, par
Mathieu, comment vous êtes vous retrouvé à occuper un rôle régulier
dans « Les 30 dernières minutes » ?
J’ai passé une audition suite à une annonce passée dans Libération. Nous étions des centaines de jeunes comédiens ce jour là. C’était il y a à peu près dix ans maintenant. J’avais été pressenti pour jouer le rôle de Jafar. Mais à la deuxième audition, il ont finalement opté pour mon concurrent... Finalement j’ai été rappelé quelques semaines plus tard pour jouer un huissier de justice : Jean Marc Vador.
Aviez vous vu des épisodes de la série avant d’y travailler ?
Non, car la série n’était pas encore diffusée. Je ne savais pas grand chose. Sauf que la deux avait attribué une tranche horaire tard dans la nuit à Réservoir prod, qu’ils avaient les mains libres et qu’ils voulaient en profiter pour faire une fiction déjantée. Ils avaient une liberté totale. l’idée me plaisait beaucoup. Je ne connaissait pas Kad et Olivier non plus...
Pouvez-vous nous en dire plus sur les raisons qui ont poussé la production à se séparer de l’ancien « chef » de l’émission – Jafar - pour le remplacer par votre personnage ?
Ce n’est pas la production qui a décidé, mais les auteurs, Kad, Olivier et le réalisateur Christophe Janin. Je crois savoir que le personnage composé par le comédien ne correspondait pas à l’idée qu’ils s’en faisaient.
Comment se passait vos journées de tournage, vous qui n’étiez que
rarement avec le casting complet ? Vous sentiez vous "dans la bande", ou un peu en retrait ?
J’étais rarement là, je ne tournais, en moyenne qu’une journée par
semaine, je n’était donc effectivement pas "dans la bande". mais j’étais
bien accueilli, et ils faisaient tout pour me mettre à l’aise.
On m’a parlé de journées de travail très longues et denses, le tout dans une ambiance potache, vous confirmez ?
Les autres, oui, avaient des journées très denses et l’ambiance était
effectivement potache. Souvent ils semblaient sur les rotules. Mais ça
rigolait beaucoup et on improvisait tout le temps. Les scènes étaient
tournées dans les locaux mêmes de la production.
Vous jouez Jean-Marc Vador, ancien contrôleur des impôts qui se
retrouve à la tête de la boite de prod sans savoir rien de la télévision, vous vous êtes inspiré de quelqu’un pour le façonner ?
Je n’avais pas vraiment de modèle. J’ai suivi l’indication de départ : un
personnage autoritaire à la base, mais finalement dépassé, qui faisait ce qu’il pouvait, qui perdait pied, et qui avait un tic bien sûr... Le reste est venu petit à petit.
En tant que comédien de théâtre, la télé, c’est pour l’argent ou pour
varier les plaisirs ?
C’était vraiment pour varier les plaisirs. C’était nouveau pour moi et le
concept me plaisait beaucoup. On ne peut pas dire qu’avec cette série j’ai gagné beaucoup d’argent. On était tous payés au lance pierre. Ca avait fait une sorte de scandale à l’époque, un article était paru dans Libération pour dénoncer les pratiques de la prod. Ils ont quand même été obligés de rectifier le tir, car tout les acteurs s’étaient syndiqués. J’ai moi même tapé plusieurs esclandres auprès de la prod car elle ne respectait pas ses engagements. La scène a d’ailleurs été retranscrite dans un épisode où "Mathieu", c’est à dire moi, vient faire de la présence pour réclamer ses cachets. Vous pouvez voir l’extrait sur mon site. C’est ça aussi qui était bien dans l’émission : les auteurs n’hésitaient pas à se servir des dérapages internes et à se moquer, avec élégance, des travers de la production.
C’était du plaisir sur « Les 30 dernières minutes » ?
Oui vraiment, à tous les niveaux. Et vraiment le plaisir de pouvoir oser en toute liberté.
Vous avez joué dans le long métrage « TIC », de Philippe Loquet, sorti en 2004, faisant suite au court « Les Tiqueurs ». Avez-vous obtenu ce rôle grâce à celui de Jean-Marc Vador, qui est affligé de tics faciaux assez énormes ?
C’était une pure coïncidence. Mais je dois dire que le personnage de Vador m’a bien aidé au départ, en tout cas pour l’audition.
« Les 30 dernières minutes » était novateur pour la télévision française, est-ce que vous pensez que cette expérience à servi pour la suite ou au contraire n’a rien amené de neuf dans son sillage ?
Je pense que malheureusement les chaînes sont bien trop frileuses pour
vouloir retenter ce genre d’expérience.
Et pour votre carrière ?
On ne peut pas dire que ça ait vraiment boosté ma carrière. Mais ça m’a
permit de retravailler avec Christophe Janin sur une autre série produite par Réservoir prod, la première saga pour le net : « In Vitro ». Encore une belle aventure.
Ca faisait quoi de bosser sur une série où on vous fichait plutôt la paix mais qui au final passait dans un assez fort anonymat ?
Je ne pensait pas vraiment à ça. Et puis je savais qu’on avait des fans. J’en était très content. Il m’arrive encore qu’on me dise bonjour Monsieur Vador... c’est assez rare, mais ça arrive.
Fier d’avoir bossé dessus ?
Oui.
Vous avez gardé le contact avec certains membres de la série ?
Christophe Janin, c’est tout.
Avec tous ces morceaux de documentaires, de musiques ou d’autres
éléments non libres de droits, la série ne verra probablement jamais le
jour sur DVD, c’est un grand regret ?
Ben oui... Mais ça arrive souvent dans le métier ce genre de désillusion.
« TIC » ne sortira pas non plus en DVD, pourtant il avait été primé en festival à l’étranger et avait une bonne presse... C’est la dure loi du métier... Arf !
Vous travaillez sur quoi en ce moment ?
Surtout du théâtre : « La véritable histoire de l’homme éléphant », qui sera jouée en octobre à Pantin, puis « La Leçon » de Ionesco à Lille à la fin novembre, puis « On est les champions », une pièce sur le football, dans la région de Valence en janvier février. Un dessin animé très drôle aussi, « Potlach », que l’on trouve en dvd (je fais un lama péruvien). Ah oui, et je profite pour annoncer que bientôt vous pourrez télécharger gratuitement « TIC », le film de Philippe Locquet, sur mon site mathieulagarrigue.fr
Un message pour ceux qui vous suivaient il y a dix ans après le journal de minuit ?
Je les salue amicalement . Je suis... Très touché... Vraiment... je ne
sais plus quoi dire... Très touché...
http://mathieulagarrigue.fr/, le site de mathieu, avec son CV et des extraits des « 30 dernières minutes » disponibles en stream.