Accueil > pErDUSA > Critiques > Premières Impressions > 2.01 - Extant
Extant
2.01 - Extant
Catwoman Contre les Acariens Venus de l’Espace !
mercredi 8 juillet 2015, par
Depuis quelques années, on essaie de nous faire croire à quelque chose d’aussi implausible que l’homme a marché sur la Lune ou que Lee Harvey Oswald est le seul assassin de JFK. A coup de Mr Robot ou de séries du câble avec des acteurs de cinéma proches de leur date de péremption, on veut nous imposer l’idée qu’il y a des bonnes séries à regarder l’été à la télévision.
C’est faux !
L’été sert uniquement à rattraper son retard sur les séries que les copains ont beaucoup aimées. Il y a peut-être une ou deux séries sympathiques, mais rien qui équivaut à la satisfaction d’enchaîner dans la même semaine The 100, La Brave Epouse, Mom, The Middle et Community. A la place, on a les Dummies, Le Bêtisier des Animaux, la série, et Extant.
Passée un peu inaperçue à la rédaction parce qu’une série produite par Spielberg ça fait presque encore moins envie qu’un film de Spielberg, l’annonce d’une saison 2 sensiblement différente m’a donné envie de redonner une chance à la série. Après donc un visionnage glouton de la saison 1, voici donc une présentation sur une sympathique série qui dans les 20 premières minutes de sa seconde saison détruit tout son capital sympathie et le remplace cette calamité sérielle du nom de Jeffrey Dean Morgan.
Qu’est ce que c’est ?
Extant est une série lancée l’année dernière sur CBS. Produite par Steven Spielberg, elle est la première création de Mickey Fisher.
La production de la première saison était dirigée par Greg Walker, un ancien collaborateur de Chris Carter sur The X-Files et Harsh Realm. Pour la seconde saison de la série, il est remplacé par les showrunners de Necessary Roughness et Girlfriend’s Guide To Divorce, Liz Kruger et Craig Shapiro.
L’équipe de scénaristes pour la première saison est comprise, entre autre, de collaborateurs à Weeds et Californication (Vanessa Reisen), Rubicon (Eliza Clark), Dead Like Me et Pushing Daisies (Peter Ocko), Vegas (Gavin Johannsen) et du créateur de Taken, la mini-série produite par Spielberg en 2002, Leslie Bohem.
C’est avec qui ?
Extant c’est avec la Catwoman et le Dr Ross du pauvre, le frère du fils de la Vieille Christine et la soeur de la fille de Merry Streep. On retrouve aussi Takeda [1] de Revenge, le type à moustache qu’on voit dans toutes les séries et Ellenor Frutt de The Practice.
Ça parle de quoi ?
Halle Berry est une astronaute qui part 13 mois en mission solo dans l’espace et revient enceinte. Pendant ce temps, son mari élève seul leur fils, un petit robot qui, malheureusement, ne répond pas au doux nom d’Astro.
Il y a un générique ?
Même pas. Il y a un horrible encart visuel qui en quelques secondes réussit l’exploit d’encapsuler tous les clichés du genre : la Terre, des battements de cœur suspects et une mention d’extinction de la race humaine.
Le générique d’Astro le Petit Robot était plus stylé.
Et c’est bien ?
Malgré un pilote très soporifique qu’il faut éviter de regarder l’été, en plein ramadan, aux températures les plus élevées de la canicule, la saison 1 est bien plus sympathique que l’image que je me faisais de la série.
Extant est une série estivale que j’aurais dû suivre l’été dernier au lieu de m’acharner avec les Dummies. Je ne suis pas persuadé que cette affirmation tienne encore la route cette année, et vu le risible bas niveau que la troisième saison d’Under The Dome a atteint, ça en dit long sur ce premier opus de la seconde saison d’Extant.
Pour sa première saison, Extant a bien géré le principal problème de la série. La série se lançait sur deux pistes très distinctes : l’intrigue autour de la grossesse de Molly, notre héroïne, et celle autour d’Astro. Le pilote avait du mal à nous passionner à mesure égale sur les deux. Sur le reste de la saison, les épisodes s’équilibrent plutôt bien. Lorsque la conspiration autour de la menace extra-terrestre devient moins intéressante, celle autour d’Ethan, notre enfant robot, gagne en intérêt jusqu’à ce que les deux intrigues se rejoignent dans le finale.
Cette double structure permet de mettre le couple, et non pas Molly seule, au centre de la série. Et c’est sur ce terrain que la série marque des points. Molly part confronter le danger pendant que son mari s’attelle à l’éducation et l’évolution de son fiston de robot. Mais la série le fait de manière intelligente. John se pose de vraies questions quant à la manière de développer son fils. Des événements marquants comme apprendre à son enfant à faire du vélo ou le premier jour à l’école prennent une autre dimension dans Extant.
On est loin des moments pénibles de Joe des premières saisons de Parenthood où on se contente de montrer un mari s’atteler aux tâches domestiques en espérant que ce sera un matériel assez solide pour faire une intrigue.
Avoir un lien parent-enfant très fort et vouloir maintenir une cohésion familiale est d’ailleurs un trait très masculin dans la série. C’est à la fois la motivation principale de John et de l’un des antagonistes principaux de la série.
Molly quant à elle confronte le danger sans être une experte infaillible. Il n’y a pas de scènes d’action impressionnantes, et une scène vue et revue comme s’échapper d’un ascenseur demande visiblement de l’effort à notre héroïne, alors qu’une série comme Alias aurait expédié cette scène en moins de deux minutes sur de la musique techno. Si l’aspect science-fiction de cette intrigue n’a rien d’original (en gros, les extra-terrestres sont de vilains acariens de l’espace ?!?), elle prend tout son intérêt dans les motivations de notre héroïne.
Extant est aussi une série sur le deuil. Molly a perdu son bébé et son fiancé dans un accident de voiture. Elle a refait sa vie avec John. Incapable d’avoir un autre enfant, John a en créé un de toutes pièces. Dans un sens, John a enfanté Ethan, il a eu plus de temps à se faire à l’idée et à s’attacher à lui. Molly est beaucoup plus dans la retenue dans son affection envers l’androïde. Les extra-terrestres sont apparus sous la forme de son ancien amant décédé, lorsqu’elle revient enceinte, elle peut, d’une certaine manière, revivre son passé. Ce rappel constant de son passé douloureux l’empêche de s’investir totalement dans sa relation avec mari et son fils. Indépendamment de l’aspect science-fiction, lorsque John la confronte sur ce point, la série sonne vraie.
La série se montre plutôt solide sur plusieurs tableaux, c’est une série d’action et réfléchie qui offre une vision fraiche de la famille dans une optique de science-fiction. Malheureusement et parallèlement, elle s’embourbe dans tous les clichés du genre lorsqu’elle aborde le genre de manière traditionnelle. Au final, les talents de la distribution, avec Pierce Gagnon [2] dans le rôle du gamin robot en tête de ligne, nous laisse sur une note positive à l’issue de sa première saison.
L’audience n’était visiblement pas satisfaisante pour la chaîne, et un nouveau duo de showrunners prend les rennes en saison deux. Le résultat est visible dès les premiers instants de la nouvelle saison. Molly, la femme forte et réfléchie, devient femme d’action banale qui a la réplique cinglante facile et John, l’homme de famille dévoué devient rétroactivement un mari volage. Les problèmes de couple de la saison 1 venait d’une réflexion intéressante et à peine voilée sur le deuil et l’adoption. Ceux de la saison 2 viennent d’un mauvais épisode d’un téléfilm des après-midi de M6. Et après la destruction au sens imagée du personnage de John, on a le droit à celle littérale du personnage.
En saison 2, le premier rôle masculin est tenue par cette mauvaise herbe qui a trouvé naissance dans cette horrible double épisode de Grey’s Anatomy : Jeffrey. Dean. Morgan.
Heureusement, son rôle est à la hauteur de son charisme : mal défini et vu un million de fois à la télé. Extant saison deux, c’est donc un duo formé d’une Molly [3] et d’un flic bien bourrin sur les pistes d’une invasion extra-terrestre.
Tout ce qui faisait d’Extant une série sympathique et unique, malgré ses défauts bien présents, est jeté à la poubelle dans la joie et l’allégresse et qui prouve, une fois de plus, qu’il n’y a pas grand-chose de bien à la télé durant l’été.
[1] Takeda, Voilà les Dalton !
[2] Aussi doué dans le dramatique que son grand frère l’était dans la comédie dans Old Christine.
[3] qui crache violemment sur sa seule et meilleure amie kelleyrisée ré-établie comme sa confidente en fin de saison 1.