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Friday Night Lights
3.01 - I Knew You When
You know you’re wrong
lundi 6 octobre 2008, par
Les excuses de Katims sont notables en plusieurs points. Mais déjà, qu’il choisisse d’ouvrir la saison sur des prairies, un soleil, des vaches, n’est pas anodin. Et au cas où on n’aurait pas compris, Sammy le savant commence à nous parler de football tandis que la caméra arrive progressivement à Dillon et qu’avant de pouvoir reconnaître Eric avec certitude, on nous offre une indication temporelle : « Dimanche matin ». Les jours de la semaine avaient rapidement été abandonnés, à juste titre. Leur présence n’étaient plus nécessaires pour maintenir la pression, déjà installée par les précédents épisodes et leurs nombreux matchs. Mais ici, ils sont synonymes de retour aux sources. En quelques secondes, on a compris que la série était revenue dans la bonne voie. Il semble que Katims aime bien prévenir son spectateur. Déjà l’an dernier, l’introduction laissait sous entendre que tout avait changé. Il y avait des ralentis, des gens bronzés, des piscines et il n’y avait plus trace de Dillon. En faisant directement référence au pilote à travers les jours de la semaine, Katims commence à reconquérir le cœur des fans. Et il y parviendra, ce charmeur !
This year, it’s gonna be different
On peut même dire qu’il s’agit de renier la saison 2 dans tout ce qu’elle a apporté de négatifs. Parfois, cela peut sembler un peu facile. Pour l’heure, Santiago a été kelleyrisé. C’est dommage puisqu’à part son intrigue avec Weevil en 2.12, il avait apporté plusieurs bons moments à la série, y compris un match de Football filmé de son point de vue où il parvenait à surpasser son stress. A moins qu’une réplique m’ait échappé, Santiago a donc disparu de la circulation et Buddy a une nouvelle colocatrice.
Lors d’une scène un poil forcé où papa Garrity résume ce qui s’est passé ces derniers mois, on découvre non seulement que Lyla a quitté sa mère mais aussi le chrétien bizarre avec qui elle sortait. Elle a préféré rejoindre Tim, celui qui crève d’amour pour elle depuis le début. Là aussi, c’est un peu facile d’enchaîner comme ça sans prendre le temps de montrer la rupture de Lyla et son début d’histoire avec Tim. J’aurais bien aimé voir comment les événements ont conduit à cette nouvelle donne. Mais bon, le « previously on » nous susurre les raisons de cette rupture : « you’re still the best I ever had » disait Tim lors du season premiere de l’an dernier. Et oui, Lyla est une bête de sexe. Lyla aime tellement le sexe qu’elle n’a pas pu résister à Riggins. Parce que Riggins respire le sexe lui aussi. Et que ce n’était malheureusement pas le cas du chrétien bizarre. Lors du season finale, on avait bien vu que ça ne lui plaisait pas des masses à la petite Lyla. Finalement, la suite coule de source. Et malgré sa foi peut-être pas occultée, elle choisit de se montrer au grand jour. Parce que Tim est une bête de sexe, et qu’il attire les mouches. Ou peut-être juste parce qu’elle l’aime. Tout bêtement.
La relation naissante entre Landry et Tyra n’est pas niée, mais elle est dès leur apparition écrasée en une seule réplique. Ils ont rompu. Ou ils font une pause, selon les points de vues. Là encore, je suis un peu déçu de ne pas avoir eu le temps de voir le couple fonctionner pendant quelques épisodes. Ils sont restés ensemble pratiquement autant de temps que Matt et Julie mais là où ces noms renvoient à une série de scènes touchantes et émouvantes, les noms Landry et Tyra associés ne renverront peut-être qu’à cette triste intrigue de meurtre. Dommage. Mais je comprends que Katims ait envie de parler d’autre chose avec ces deux personnages. Ils n’en demeurent pas moins complices. Tyra n’hésite pas à faire appel à lui pour calculer le nombre de points qu’elle a à rattraper si elle veut pouvoir quitter Dillon et aller dans l’université de son choix. La scène autour des tenues sexy séchant sur un fil était à la fois drôle et crispante, Tyra réalisant que son futur est quelque peu compromis, comme le lui disait le vice-principal reconverti pour l’occasion en conseiller d’éducation. Je n’ai pas beaucoup aimé ce personnage. Je l’ai trouvé cliché et forcé. Il faisait exactement ce à quoi on s’attendait. Déjà, il apparaissait comme l’emmerdeur qui empêche Tami de faire coucou à tout le monde pour son grand retour au lycée en tant que principale (on dit bien coach et pas entraîneur donc je garderai le terme anglais plutôt que de le traduire par proviseur). Ensuite, ce personnage mal écrit tente de ramener Tyra sur terre. De son point de vue, son avenir est à Dillon et il est grand temps pour elle de l’accepter. Cela permet à un spectateur étranger d’en apprendre davantage sur l’absurdité du système scolaire américain : les notes de freshman (qui équivaut à la seconde) comptent tout autant que celle de senior pour l’entrée à l’université. D’un point de vue instructif, c’est très intéressant. D’un point de vue narratif, difficile de croire qu’un membre du corps enseignant ose démolir aussi violemment les rêves qu’une jeune fille vient de lui énoncer. C’était vraiment trop et la dernière scène où Tyra vient lui rabattre le clapet m’a semblé tout aussi caricaturale.
Are you ready for Friday Night (Lights ?)
Tout ce qui tourne autour des Taylor m’a satisfait. Le personnage d’Eric est toujours aussi bien écrit. Il continue de dire à sa femme combien elle est belle (ma traduction est approximative hein) pour qu’elle se taise en voiture, tente de la faire rire pour mieux obtenir ce qu’il désire (doux euphémisme), aide Smash parce qu’il l’aime comme un fils et cache ses craintes quant à la saison à venir. La scène dans le gymnase, juste avant le générique (honteusement gardé avec trois modifications ridicules), laissait croire à une ambiance joyeuse, mais le travelling circulaire autour d’Eric montre son appréhension, à l’instar de la bande son, toujours parfaite.
Smash s’est pété le genoux et ils ont perdu le championnat à cause de cela. Quand bien même, Williams a passé son bac et ils vont devoir se débrouiller sans ses rapides jambes. Lui aussi d’ailleurs semble-t-il. Il ne pourra peut-être jamais retrouver sa vélocité d’antan. En tous cas pas s’il ne s’en donne pas les moyens. Smash va devoir apprendre à marcher sans qu’on lui tienne la main. Eric ne peut pas gagner ce combat pour lui. Mais à en voir le tir déterminé de Gaius Charles à la fin de l’épisode, je crois que Brian relève le défi. La sortie de Smash m’a l’air mieux gérée que celle de Jason (pas tout à fait parti, donc j’attends de voir comment ils vont le conclure, lui aussi).
Comme toujours dans FNL, les Taylor sont un peu les parents de tous les autres héros. Et c’est bien normal puisque rares sont ceux qui ont leurs deux parents auprès d’eux. Le père de Tim est un voleur de caméra, celui de Matt un soldat incapable de vendre une voiture, celui de Tyra… euh… aucune idée. Mais il est clair que les adolescents de la série qui ont leurs parents auprès d’eux (tels Landry et Lyla) voient bien moins souvent les Taylor que les autres.
Tami, du même coup, se perd dans les méandres de l’administration. Je ne sais pas très bien ce qui lui a pris. Si elle voulait avoir un boulot qui l’éloigne des jeunes pour lesquels elle n’avait pas suivi Eric à Austin, un boulot où tout le monde se plaint de ne pas avoir de budget et où les profs se barrent pour aller voir ailleurs, elle l’a trouvé ! En même temps, Tami n’est pas parfaite et profite de son statut pour commettre un abus de pouvoir : elle choisit personnellement quel prof d’anglais Julie doit avoir. J’étais effaré qu’elle ne remette pas en cause une seule seconde son attitude. D’autres parents aimeraient, comme elle, pouvoir choisir le meilleur des deux enseignants. Mais pas de bol, ils ne sont pas à la tête du lycée. D’un autre côté, Tami est pleine de bonne volonté. Mais je la trouve un peu naïve dans son approche des choses. Cela fait deux ans qu’elle travaille là, et on dirait qu’elle découvre les inégalités. « Ça alors, mais tu as la clim chéri ! » « Mais quel bel ordi tu as là ». Forcément, le personnage garde la sympathie du spectateur (ou en tous cas la mienne) en décidant de placer l’argent donné par Buddy dans autre chose que son objet hideux dont je ne pourrais même pas comprendre le sens en français. La série a réussi à me faire comprendre qu’on puisse être fan de football, mais là tout de même, il y a des limites (et Tami les place parfaitement).
Du côté du football, la série opère un tour de force. Alors qu’on a le droit à plusieurs minutes de match, que chaque touchdown marqué s’accompagne de cris de joie, FNL parvient à nous choquer autant que Matt quand Peter Pan marque de manière aussi brillante. Le jeu sur le focus avec Matt au premier plan et sa grand mère en arrière plan était sublime dans sa signification. Il mesurait toute l’angoisse montante chez Matt et toute l’inquiétude de sa grand-mère. Elle-même n’est pas du tout heureuse que l’équipe gagne ce match sans son petit fils. C’est la terminale pour Matt. Il a l’âge qu’avait Jason. Mais ce nouveau venu vient lui voler la vedette. Il est plus doué, plus beau (quelque part, ça doit compter) et plus rafraîchissant que lui. Matt est en train de découvrir la cruauté de Dillon. Un instant tu es la star, le suivant tu es has been. La roue tourne bien vite avec des arrivistes.
Et pour finir sur eux, je suis un peu déçu que de la famille McCoy, on n’entende que le père. Il sait très bien vendre son fils et il sait très mal brosser Eric dans le sens du poil. Les choix d’Eric ne sont pas à acheter. Et Kyle Chandler a parfaitement retranscrit la gêne de son personnage dans cette scène hallucinante où papa McCoy s’assoit sans y avoir été invité et où il dit qu’il est tellement amoureux d’Eric qu’il a déménagé à Dillon juste pour lui. Ce type me fait peur. Et j’ai vraiment hâte de découvrir le fils. D’un côté, j’ai peur qu’ils en fassent une tête-à-claque à mi-chemin entre Voodoo et le Suédois. De l’autre, j’espère que cette famille sera décrite et analysée en profondeur, qu’on s’attardera sur leur histoire et sur les rapports qu’ils entretiennent.
Un retour fracassant et très prometteur pour la suite. En plus de cela, Gracy Bell est passée d’horreur sans nom à bébé quelconque (mais toujours un peu moche hein).