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Glee

4.01 - The New Rachel

Defying Quality

mercredi 19 septembre 2012, par Jéjé

J’ai toujours dit beaucoup de mal de Glee. Dès son pilote. J’ai dès les premiers épisodes douté très fortement de sa capacité à s’améliorer. Sur la bonne centaine de numéros musicaux, seuls quatre ou cinq n’ont pas dû faire saigner ni mes tympans ni mes yeux.

Mais tant qu’une série n’est pas terminée, il ne peut y avoir de parole définitive.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, je ne suis pas surpris d’écrire que ce season premiere de Glee est ce que j’ai vu de plus excitant en ce début de rentrée télé US [1].

Il est peu probable que cette nouvelle saison tienne ses promesses sur la longueur, mais, comme ça arrive parfois, y’a de l’idée ! Et dans celui-là, y’a de l’idée bien perverse !
Quand même, si j’ai tenu aussi longtemps devant une série qui m’a atterré plus souvent qu’à son tour, c’est bien parce que de temps en temps au détour d’une énième intrigue convenue, inconsistante et incohérente, elle parvient à me surprendre, à m’intriguer, à m’amuser. C’est la façon dont Kurt rejette l’envahissante foi des ses camarades quand son père est entre la vie et la mort en saison 2, c’est le rêve de Tina en fin de saison 3… Ca ne dure en général que quelques instants, c’est même souvent gâché par une chanson qui intervient en contresens de ce qui se passe ou par une provocation inutile, mais je préférerai toujours suivre cette série foutraque, mal foutue, qui tente parfois de dire des choses que la plus belle des coquilles vides.

Mais venons-en à l’épisode. Sa forme binaire n’est en rien une surprise, elle avait été annoncée en grande pompe au printemps. On suit donc d’un côté Rachel, à New York, dans son école des arts du spectacle, et de l’autre, à McKinley High, Will, qui organise la recherche de la relève, aidé sans grand entrain de quelques anciens du Glee-club encore lycéens.
Le temps de ce season premiere, Kurt fait son Tim Riggins et vivote autour du lycée, avant de prendre son aller-simple pour New York.

Sur l’écran, rien ne change vraiment de d’habitude : les numéros musicaux restent un vrai supplice (je n’arrive pas à savoir si le premier est volontairement mauvais pour des raisons narratives - les personnages sont sensés ne pas réussir à mettre leur égo de côté - ou bien s’il est du même niveau que les autres), les attitudes de certains personnages inexplicables (je n’arrive pas à croire que des anciens comme Arty puisse se moquer du physique d’une dame de cantine juste parce qu’ils sont perçus comme populaires), les nouvelles recrues unidimensionnelles, les développements narratifs assez convenus (la rencontre de Rachel et de son formidable supporter torse-nu hétéro, la méchanceté de la prof de danse…)

Mais, la mise en abyme, caractéristique des fictions qui s’intéressent aux spectacles, n’a, dans la série, jamais été aussi grande et aussi savoureuse : désormais l’histoire des personnages qui est jouée devant nos yeux est tout simplement celle des acteurs qui les incarnent, une histoire tragique qui met (enfin) à l’écran ce qu’on nous avait déjà laisser percevoir [2] derrière les célébrations colorées de l’esprit d’équipe et les appels optimistes à poursuivre ses rêves, que le show buisness est une machine à briser les destins !

Après avoir patienté trois ans dans l’ombre de Lea Michelle, Kevin McHale (Arty) et Jenna Ushkowicz (Tina) pouvaient espérer voir leurs rôles se développer cette saison. Heather Morris (Britney) et Darren Criss (Blaine) pouvaient imaginer prendre les rennes de la série après avoir été les sensations de la saison 2 pour l’une, de la 3 pour l’autre.
Mais on les voit se rendre compte que la patience, l’expérience et la loyauté ne font pas partie du jeu du show buisness. Ils sont à nouveau relégués au second rang à accompagner cette fois-ci le lancement des graines de stars qu’ils n’ont pas su être.
La star, c’est Lea Michelle. Depuis le premier épisode. C’est la seule que la série aura mise en orbite.

C’est elle que l’on va suivre se développer ailleurs qu’à McKinley High, dans sa partie à elle, sa série dans la série, qui se développe aux dépends-même de Glee.
En regard de cette ascension, Ryan Murphy introduit dans cet épisode son revers.
Rachel doit en effet faire face aux méthodes pédagogiques proche du harcèlement moral d’une prof de danse accro à la bouteille. On comprend bien vite qu’elle aurait préféré continuer une carrière sous les applaudissements du public de Broadway que de se retrouver à enseigner… Et pour incarner ce déclassement, Ryan Murphy a choisi (et obtenu) Kate Hudson, qui n’a vraiment jamais vraiment décollé au cinéma après Almost Famous et qui avec ce rôle semble sur une deuxième carrière, moins prestigieuse.
Je n’arrive pas à croire que ce choix puisse être anodin : Kate Hudson incarne au delà de son personnage, par son simple statut à Hollywood, l’injustice et le népotisme [3]. Elle est la claque dans la figure de tous les Glee-kids aux rêves de gloire de l’Ohio, plus connue pour être copine avec Gwyneth Paltrow et la fille de Goldie Hawn que pour ses talents d’actrice, et qui dans Glee a le privilège d’être la guest-star qui a chanté le moins bien...

Je me demande si Murphy aura suffisamment de détermination pour faire de cette figure de style le gouvernail de cette saison, à l’instar des créateurs de House qui avait réussi à se relancer en faisant du processus de casting des nouveaux acteurs réguliers de la série le ressort principal de sa quatrième année…

En tout cas, ça donne envie d’être à jeudi.


Voir en ligne : Glee | Saison 4 | Critique de The New Rachel | pErDUSA


[1Et oui, j’ai vu tous les pilotes de nouvelles séries, diffusés ou mis en ligne par les networks (sauf Guys with Kids, faut pas exagérer) et ai vu le season premiere de Boardwalk Empire.

[2Dans certaines remarques de Sue concernant l’avenir des "Glee-kids" et par l’intermédiaire du personnage d’April incarné par Kristin Chenowith, ancienne camarade de Will qui n’a pas réussi à percer à Broadway.

[3Reproche que les amateurs de séries manipulent avec une géométrie très variable : il s’est ainsi abattu violemment sur une série comme Girls au prétexte que la mère de Leah Dunhman est une plasticienne réputée dans le milieu arty contemporain, mais n’a jamais égratigné Joss Whedon, dont le père et le grand-père étaient eux aussi scénaristes à Hollywwod ! qui règne dans cette industrie.

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