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Heroes

3.01 - The Second Coming

De la réussite d’un début de saison, ou son contraire

jeudi 25 septembre 2008, par Gizz

Sachez qu’à pErDUSA, les reviews de Heroes ont une place très spéciale dans le coeur des rédacteurs. Un moment considérées comme tâches punitives pour quiconque rendrait son paragraphe de Ma Saison à Nous en retard, elles m’incombent finalement, en gage de l’estime que les autres ont pour moi. Heureusement pour cette semaine, Tim Kring a gentiment décidé de me faciliter la tâche et a écrit la moitié des blagues de cette review lui-même. Merci Tim, je te revaudrai ça en fin de saison...
Un vilain tag...

Mon scénario réussi, partie 1 : l’introduction

Pour réussir son lancement de saison, et accrocher les spectateurs pour les 40 minutes à venir, il est important que la scène d’ouverture soit captivante. Et là dessus Tim fait très fort.
L’action se situe donc dans 4 ans après le discours non interrompu de Nathan, puisque la série “revient en arrière dans le futur” pour nous montrer les conséquences de cette déclaration si elle avait eu lieu, même si elle n’a déjà pas eu lieu, mais pas encore.
4 ans donc, pendant lesquels nos Heroes ont subi les pires tortures. Les principales séquelles que Claire et Peter gardent sont capillaires, de quoi les mettre bien en colère tous les deux. Peter raconte avec effroi son expérience des camps de concentration, et tout ce que le Monde a fait subir aux gens comme lui.
Mais comprenons le Monde. La multiplication des pouvoirs est une plaie à éradiquer, notamment aux Etats-Unis où l’espace aérien est saturé d’hommes volants, où les étudiants n’écoutent les pensées des professeurs que pendant les examens, et où la téléportation est la première cause d’obésité chez les jeunes de 18 à 25 ans, qui contrairement à Peter ne ressentent pas le besoin de courir en regardant affolés derrière eux si quelqu’un pourrait les rattraper. Ce même Peter doté des pouvoirs de télékinésie, téléportation et régénération maintenant tenu en joue par sa nièce avec un pistolet...

Mais petit retour en arrière : Peter qui court sans qu’on sache bien pourquoi, en scène d’ouverture, avant un “panneau spatio-temporel” (avec un lieu et une date, arrêtez de voir de la science-fiction partout...) si Tim n’est pas un fan inconditionnel d’Alias, à tel point qu’il fait courir un personnage qui n’en a pas vraiment besoin, c’est que je ne comprends rien à Heroes. La rumeur veut que Milo Ventimiglia ait refusé de mettre une perruque rouge pour cette scène. La discussion entre Peter et Claire qui s’ensuit, en revanche, a plutôt l’air tirée d’un film plutôt cheap sur la guerre du Vietnam.

Tim a ensuite une bonne idée (sérieusement) et nous offre la scène la moins conne, la plus logique et la mieux trouvée de toute l’Histoire de cet épisode de Heroes : Peter est l’homme mystérieux qui a tiré sur Nathan en fin de saison 2. Pendant un court instant, la série a regagné de l’intérêt, mais c’est sans compter sur le fait que le Peter du futur décide de profiter du voyage temporel pour rester un peu sur place et envoyer l’autre Peter ailleurs...

Mon scénario réussi, partie 2 : les changements

Un autre élément important pour garder les spectateurs devant leur poste consiste à procéder à des changements de casting. Si la saison précédente à été bien conclue, la moitié des personnages sont morts (de préférence ceux que tout le monde déteste), et de nouveaux personnages passionnants font leur apparition.
Nathan est donc mort... Pardon, Nathan est donc vivant. Molly est retournée à la DDASS, la société refusant la relation entre Mohinder et Parkman. Micah et Monica sont pour le moment aux abonnés absents, mais en revanche Ali Larter disparaît de la série en raison de la mort de son personnage, Nikki, qui a péri héroïquement dans d’atroces souffrances.

Peu de départs, donc, mais quelques arrivées. A noter surtout l’apparition remarquée du personnage de Tracy Strauss, interprété par une certaine Ali Larter qui nous passionnera certainement pendant les semaines à venir. On peut aussi remarquer que Tim a fait des efforts de casting en allant chercher dans 3 des séries favorites de pErDUSA ses nouveaux méchants (Marlo de The Wire, Francis Capra de Veronica Mars et la presque copine geek de Landry dans Friday Night Lights). Il aurait aussi dû penser à prendre de bons acteurs, mais c’est bien évidemment l’intention qui compte.

Ciao boulet / Hello gorgeous ?

Mon scénario réussi, partie 3 : les intrigues et les références

Bien évidemment, pour s’assurer le succès de la saison, des gens beaux et talentueux ainsi qu’une ouverture réussie ne suffisent pas, il faut tenir sur la durée. De ce côté on est encore servi, voici un petit florilège des intrigues de l’épisode :

Peter tire sur Nathan, qui ne meurt pas, par miracle, malgré le fait que le chirurgien ait laissé traîner un bordel monstre après avoir raté l’opération. C’est donc une opération du Saint Esprit (je n’ai vu le jeu de mots qu’en me relisant, promis), Nathan a vu Dieu, il est en vie pour accomplir de grandes choses, et décide de ne finalement pas révéler son secret, ce qui pousse Peter à ne pas le re-tuer. Peter, lui, profite de son petit séjour dans le passé pour envoyer Parkman quelque part dans un endroit désertique.

Hiro talonne de près la bêtise de Nathan. Son intrigue de début de saison est lancée avec un DVD mystérieux de son père, lui demandant spécifiquement de ne pas ouvrir le coffre. Voilà donc un rebondissement intéressant, qui nous permettra certainement de voir Hiro tiraillé dans les prochains épisodes entre le respect de la volonté de son père, et la nécessité montante de récupérer le mystérieux objet à l’intérieur du coffre... Mais c’est dans ces cas là que Tim Kring me prend à contrepied pour me prouver que je suis un moins bon scénariste que lui, et qu’il fait ouvrir le coffre à Hiro en l’espace de 15 secondes, après un fouille approfondie à travers le Mond... à travers son bureau.
Le suspense n’étant pas au tableau de chasse de Kring, on découvre encore 15 secondes plus tard (pas de temps à perdre, une grève est si vite arrivée) que le coffre contenait la moitié d’un parchemin ancestral révélant le secret de la Pierre Philosophale. Ou un bout de papier déchiré en deux avec la moitié d’une jolie formule topologique (ou comment vous jeter mes cours de chimie moléculaire en pleine face) d’un truc dont je me fiche de savoir si c’est encore mystérieux ou si j’en ai déjà oublié la fonction.
4 secondes plus tard (riez, mais le piquet de grève frappe déjà à la porte), Daphne, nouveau personnage haut en couleurs lui vole la formule au détour d’un 100m.
Si l’effet spécial où Hiro remonte la trace de notre nouvelle blonde-à-claques dans le couloir de son bureau est plutôt impressionnant et sympathique, la suite n’est guère réjouissante. Daphne est apparemment un croisement entre Flash et Woody Woodpecker à qui il ne manque que le rire pour être aussi désagréable pour Hiro (et pour nous au passage) que l’oiseau cartoonesque.

Après le cartoon, Tim Kring nous propose une référence plutôt nouvelle dans le Monde de Heroes : le film érotique des années 80 (n’allez pas me prendre pour un connaisseur, la décennie est citée au hasard).
La fraichement New-Yorkaise Maya revient cette année maquillée comme une voiture volée pour mieux théoriser avec Mohinder sur l’origine des pouvoirs de nos Héros et même lui permettre d’en découvrir le secret grâce à son désormais fameux Super Mascara Qui Tue [1]. Mohinder est ravi, il s’extasie des conséquences de sa découverte, et tel le patron qui caresse gentiment la cuisse de sa secrétaire après qu’elle ait réussi de merveilleuses photocopies, le fougueux Indien effleure érotiquement le bras de la farouche Dominicaine. Dans les foyers, les adolescents jubilent, l’association Familles de France est outrée.

Bonjour, je suis plombier, je viens inspecter votre tuyauterie...

Vous pensiez que c’était tout ce que notre showrunner préféré était capable d’offrir en 40 minutes ? Vous vous trompiez. L’homme a aussi dans sa vidéothèque une collection de mauvais films d’horreur, et qui de mieux que Claire pour jouer la Blonde Effrayée.
Qui n’a pas eu envie de crier “Attention, derrière toi ! C’est affreux !” pendant cette scène magistrale, modèle de mise en scène ou l’agresseur silencieux se glisse derrière la pauvre jeune fille sans défense. Les mauvaises langues diront que quiconque se permet de reculer connement sans regarder derrière soi mérite son triste sort, mais on ne peut que ressentir l’angoisse de Claire, puis son soulagement une fois enfermée dans un solide placard en bois face à un Sylar dépourvu de tous moyens face à cet obstacle impressionnant.
A l’arrivée, la magnifique métaphore du viol, principe de tout film du genre, est bien là. Et bien lourde. Claire “ne sent rien”, et a le droit à un traitement de faveur car elle est “spéciale”. Bien joué Tim, mon repas y est passé.

Vous me demanderez : Et notre nouvelle blonde, qui est là pour remplacer la déjà regrettée Nikki, qu’est-ce qu’elle devient dans cet épisode ?
Pas grand chose, elle regarde la télévision, couche avec un gouverneur et trouve que Nathan ferait un bon sénateur (les spécialistes cherchent encore pourquoi).

Mon scénario réussi, partie 4 : les dialogues

Tant de choses bien faites, et ça ne suffit pas pour faire un bon épisode ? Mais c’est que le monde de la télévision est exigeant...
Même avec une introduction haletante, des changements qui surprennent et extasient, et des intrigues solides, on peut encore tout gâcher avec un élément trop souvent méprisé : le dialogue.

Pour les débutants, le dialogue consiste à faire dire à un personnage des choses sensées. En rapport avec sa psychologie personnelle, en interaction avec celle des autres, et apportant sa contribution à l’intrigue générale. Démonstration :

Nathan a survécu à deux balles dans la poitrine. Il est doté de superpouvoirs, comme la moitié des gens qu’il connait. Sa conclusion est évidente quant à sa résurrection : Dieu est avec lui. S’ensuit un monologue magnifique, où sa vision de Dieu l’a remis dans le droit chemin : il est destiné à de grandes choses. Il doit oeuvrer pour le bien, et pour résumer pour ceux qui s’étaient endormis pendant sa tirade, il conclut par une phrase lyrique : “Nous sommes des Anges”. Et c’est beau. Familles de France est aux Anges, elle aussi.

Soucieux de ne pas perdre son statut de champion du monologue chiant à mourir, Mohinder se lance sur des considérations métaphysiques et la possibilité de donner des pouvoirs extraordinaires à n’importe qui, pour mieux compenser son complexe d’infériorité et confirmer son état de “débile mental patenté”.

Je vous laisserai compléter le podium vous même avec, au choix : les réfléxions temporelles de Hiro, les niaiseries de Claire, ou le lourd fardeau de Peter du Futur.

Mon scénario réussi, partie 5 : la conclusion

Patience, vous êtes presque au bout du scénario parfait. Il ne vous reste qu’à conclure.
La conclusion, dans une série, a pour but de répondre à quelques questions que les personnages et les spectateurs se posent depuis le début de l’épisode, cela pour mieux en poser de nouvelles (afin de lancer l’épisode suivant, et répéter le processus). Dans Heroes, c’est aussi le terrain propice à un monologue de notre scientifique préféré, Mohinder.
Malheureusement je n’ai rien écouté.

La conclusion de ce season premiere est donc pleine de trucs géniaux. En vrac : Parkman est dans le désert (le Peter du futur l’avait fait disparaître en plein épisode), Hiro se voit mort dans le futur, tué par Ando (ça c’était plutôt une bonne idée, que nous verrons comment gâcher un peu plus tard), Angela Petrelli explique à Peter qu’il a fait une connerie, Francis Capra se prend pour Peter Petrelli (ce qui explique son enfermement), Noah Bennett est lui aussi enfermé à la Compagnie et Mohinder se drogue à l’adrénaline boostée aux superpouvoirs. A défaut d’éclipse, d’Helix, ou de peinture d’Isaac Mendez, la prophétie de la fin de saison est annoncée par une série impressionnante de deux dessins identiques, sur le port de New York et à Tombouctou, Nevada.

Que de bonnes choses en perspective !


Ce que vous avez pensé de l’épisode :
Le tout est proprement ridicule, mais vous trouvez que la série a bien réussi le virage vers la comédie burlesque. Angela Petrelli est votre personnage préféré, en Sage sobre au milieu de l’océan de réactions improbables que tous les héros peuvent avoir en moins d’une heure.
Pour mieux pouvoir discuter en soirée de cet épisode, pensez à revoir quelques films d’horreur et érotiques, notamment italiens, c’est beaucoup plus snob. Faites semblant de porter un minimum d’intérêt à la formule chimique dérobée à Hiro, et lancez des théories. Pensez aussi à préciser que vous n’avez guère été surpris par la découverte de l’agresseur de Nathan, vous forcerez le respect.

[1copyright Ju

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